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jeudi 2 septembre 2021

SLOY : Plug (1995)

 


Après les Thugs, Skippies, Kill the Thrill, Davy Jones Locker, et sans doute avant encore quelques autres très bientôt, je continue mon tour d'horizon de groupes de rock français des années 90, disparus trop tôt, n'ayant pas eu la reconnaissance suffisante et demeurant trop méconnus à mon goût. Voici un autre "spécimen" des plus intéressants ; Sloy est un trio de Béziers émigré à Rennes, jouant une musique entre pop rock énergique, noise, et rock alternatif (voire même une touche post-punk sur certains titres et notamment pour le son de guitare) ; vraiment original et avec un côté délibérément loufoque qui rend le groupe irrésistiblement sympathique.
C'est vif, frais, spontané et vocalement assez délirant. Avec un côté déstructuré qui donne une vraie touche particulière au groupe.
« Plug » est le premier de leurs trois albums, le groupe ayant juste sorti précédemment un maxi EP 4 titres « Fuse » en 1994.
Premier album et coup de maître ; déjà le disque est produit par Steve Albini, l'un des producteurs phares du rock alternatif des années 90 (Nirvana, Pixies, PJ Harvey, les Thugs*...).
Ensuite Sloy se distingue par une certaine originalité, un style propre dans ses compositions qui en font un groupe définitivement à part. Et les diverses influences - voir plus loin - sont tellement bien digérées que le mélange se transforme en cocktail explosif.
John Peel himself, grand manitou du rock en Grande Bretagne et animateur radio sur la BBC, avait fait l'éloge de "Plug", invitant même la formation à participer à une de ses fameuses "Sessions". A l'époque Sloy n'est que le septième artiste ou groupe français à y être convié. 

« First animal », sorte de noise expérimental qui débute l'album, est déroutant et peut désarçonner l'auditeur non averti.
Puis vient « Pop » le « tube », le délire, un titre excellent qu'on peut passer en boucle, une voix hallucinante de folie, épileptique, désarticulée, sorte de croisement improbable entre Devo (ou Talking Heads) et Jesus Lizard, bruitiste et farfelu à la fois. Un titre assez extraordinaire qui survole l'album et qui accroche sans être commercial (et qui vaut à lui seul l'écoute de Plug), une envie irrépressible de sauter en l'air. Je pense même que c'est l'un des morceaux les plus jouissisf et fous de l'Histoire du Rock français, ni plus ni moins...
Avec « Game », « My Flies », et le très réussi « Bad news » on est dans un registre noise rock, plus brut, plus expérimental.
« Exactly », « Many things (to wear) » et surtout « Old faces » (presque punk celui-là) sont les meilleurs titres après « Pop » et ils montrent le potentiel indiscutable du groupe.
Sloy sortira encore deux bons albums ("Planet of tubes" et "Electrelite") avant de tirer sa révérence à la fin des 90's.
A noter que le groupe a joué trois fois en live à l'émission « Nulle Part Ailleurs » sur Canal +, qui en ce temps-là avait une programmation musicale des plus excitante.
En tout cas Sloy reste l'un des groupes français les plus passionnants des années 90. Et un groupe qui musicalement sort du lot.
Soulignons également que depuis quelques années, deux ex musiciens de la formation, Armand Gonzalez (chanteur-guitariste) et Virginie Peitavi (bassiste) se sont retrouvés autour du groupe 69, projet davantage minimaliste et expérimental, pour plusieurs albums des plus intéressants.

*Même si les Thugs gardent une impression mitigée de l'enregistrement et de la production réalisée sur "Strike".