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samedi 30 novembre 2019

The White Stripes : Under Great Northern Lights


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D’abord tourné vers une carrière de prêtre, Jack White a découvert la musique comme Jeanne D'arc découvrit sa foi. Amoureux du blues originel, il apprenait une leçon essentielle : less is more. Les débuts sont difficiles et, bien que la scène de Détroit entre de nouveau en ébullition, rares sont les musiciens du coin qui puissent vivre de leur art.

Alors Jack se débrouille, et arrondit ses fins de mois en restaurant des vieux meubles, un métier qui lui apprend le goût du bel ouvrage. D’une certaine façon, c’est un homme pétri de valeur qui semble disparaitre, et son amour de l’authenticité, de la patience menant à la perfection, et d’une certaine simplicité, ne pouvait qu’en faire la coqueluche d’une nouvelle vague de rockers.

Car, si ils eurent une carrière extrêmement courte , the go fut un condensé de ce souffre musical qui renaissait dans la motor city. Ecoutez watcha doin , le premier et seul réel album de la formation , et vous comprendrez que Jack White a annoncé le renouveau du rock bien avant les strokes.

The go devait une bonne part de sa puissance de feu à la verve soliste d’un Jack tombé très jeune dans le chaudron stoogien , et qui dépoussière les formules incandescentes de ses héros sur un disque magnifiquement crade. Watcha doin était trop rugueux pour séduire le grand public, il avait la puissance sans calcul de fun house et kick out the jams , des albums qui ne pouvaient se vendre qu’au milieu du brasier seventies.

Mais Jack White menait déjà un projet parallèle, un groupe de deux musiciens qu’il comptait bien mener au sommet. Alors, quand son manager lui rappelle la clause d’exclusivité qui le lie à the go, il n’hésite pas une seconde à quitter un groupe dont il ne parvenait pas à prendre le contrôle.

Oui , Jack White voulait avoir un contrôle total sur son œuvre , et la docile Meg White ne risquait pas de lui opposer la même résistance que le quartet de Detroit. La suite on la connait, un premier album dès plus rugueux transforme les White Stripes en coqueluche d’un nouvel underground , avant que le groupe n’accède aux sommets suite à la sortie de « White blood cell » et « elephant ». 

Mais Meg White supporte mal les concerts devant des foules impressionnantes, et l’énorme popularité des White Stripes. Victime de crises d’angoisse , elle pousse le groupe à se séparer après la sortie de « Icky Thump » , un disque foisonnant qui clôt une carrière exemplaire.

Issu de la dernière tournée du duo , « under white northern light » finit d’imposer les rayures blanches dans la longue mythologie rock . Tout groupe qui se respecte impose son statut sur scène, c’est ce qui permit aux stones de se maintenir malgré une production discographique de plus en plus calamiteuse, et c’est ce qui fit la grandeur des gangs les plus vénérés.

Dans le grand nord canadien, Jack et Meg viennent promouvoir le culte d’Elmore James , et de toute cette musique dépouillée qui vous secoue les tripes. Dès l’ouverture sur le riff primitif de let’s shake hands , le groupe réveille notre cerveau reptilien à grands coups de rythmes primitifs.

On a beaucoup moqué le jeu de Meg White , en rappelant qu’elle savait à peine manier sa batterie lorsque le groupe fut créé. Mais c’est justement cette innocence que Jack White cherchait désespérément, cette simplicité donnant encore plus d’impact à ses riffs où se croisent l’influence des stooges et de led zepp.

Il faut bien comprendre que, de Cobain à lui, tout ce que le rock compte d’excitant fut construit pour balayer les finesses artificielles des eighties. Nirvana , Metallica , Guns N rose et les White stripes menaient le même combat pour un retour à une certaine férocité directe , même si leurs influences sont bien sûr très différentes.

Pour en revenir à ce live, c’est tout simplement la plus pure expression de ce que les white stripes font depuis dix ans, c’est-à-dire décupler le chaos sonore initié par le premier disque de the go. Black math et when I hear my name sont de véritables boogie sous hormone, avec un riff lourd comme un coït de mammouth .

Déshabillé devant une foule déchaînée, le blues n’a jamais été aussi poignant que sur les lamentations suaves de « Jolene » , aussi vibrant que « I just don’t know what to do with myself » , alors que « balls of biscuit » pourrait rivaliser avec les plus grands jungle beats de John Lee Hoocker.

Les white stripes sont passés maîtres dans cette virtuosité minimaliste, que les black keys et royal blood ne feront que parodier. Alors, quand seven nation army résonne plus violemment que jamais dans la salle Canadienne , il s’impose comme le dernier soupir d’un géant déclinant.

Après cela, Jack White ne pourra que passer à autre chose. L’avant-gardiste prenant alors la place du rocker sauvage, pour une deuxième partie de carrière, qui ne tentera jamais de rivaliser avec cette force minimaliste.      

    

lundi 15 juillet 2019

The White Stripes : éponyme


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Si l’histoire était juste, Jack White serait salué comme celui qui sauva le rock au début des années 2000. En 1999 déjà, son jeu avait permis à the go de ranimer la flamme de Détroit. Pour nous occidentaux, cet album est une curiosité peu connue. Mais, dans la ville du MC5, le premier album des go fit l’effet d’une bombe. Dans « Jack White :Comment bâtir un empire sur le blues » Nick Hasted dépeint très bien ce séisme , où des groupes, dont l’histoire n’a malheureusement pas retenu le nom, jouaient leur vie à chaque concert.

Rénovant des meubles pour payer ses factures , Jack White sait qu’un travail artistique exige une concentration parfaite, car c’est un peu de l’âme de l’artiste qui transparaît dans chaque production. Ses riffs suivent la même logique et, si il fut clairement inspiré par les stooges et led zeppelin , c’est bien sa rage de réussir qui transparaît dans ses notes. Les go étaient un groupe aussi essentiel que les stooges en leurs temps , mais Jack avait déjà l’esprit ailleurs , et formait en parallèle un duo avec sa femme Meg.

Celle-ci n’est pas musicienne, mais c’est précisément ce qu’il recherche en lui apprenant seulement les rudiments les plus basiques. Dès lors , il sent que les titres propulsés par ce jeu enfantin réinventent l’énergie primaire de ses modèles. Résultat, quand le manager lui signale que son contrat ne lui permet pas de se consacrer à un autre groupe que the go , le guitariste n’hésite pas longtemps et claque la porte. Aujourd’hui, plusieurs de ses ex collègues affirment leurs regrets. Le coté mégalomane de Jack White créait certes des tensions, mais ils l’auraient accepté si ils avaient eu conscience de son talent.    

Le premier disque des white stripes est sorti la même année que « watcha doin » , Jack n’ayant pas attendu la fin de son groupe pour entamer son nouveau projet. Aujourd’hui encore, ce premier disque garde une place à part dans son cœur, et c’est peut-être le plus proche de la philosophie minimaliste du duo.

Du début à la fin, Meg massacre ses fûts avec la spontanéité d’un gosse à qui on a offert un objet à joyeusement massacrer. Elever le rythme à un tel degré de minimalisme mérite le respect, astro étant doté d’une rythmique enfantine capable de faire passer ACDC pour de pompeux virtuoses. La spontanéité de cette batterie permet surtout à Jack White de se lâcher, ses riffs semblant frapper sur le clou autrefois martelé par les frères Asheton.

Au milieu du déluge, sa voix plaintive semble annoncer le début d’une nouvelle ère, au point que ses riffs ont autant de force que nirvana balançant les premières notes de nevermind dans une petite salle. Même avec les white stripes , il ne retrouvera plus jamais cette spontanéité rugueuse , ne donnera plus jamais de tels coups de boutoir contre les murs étriqués de la culture pop.

On parle  beaucoup des strokes , et de son premier album sorti en 2001, pour situer le début de la vague alternative. Mais, comparé à ce disque, « is this it » est une œuvre de vieux réacs tentant désespérément d’approcher les mélodies décadentes du Velvet, pour n’en tirer qu’un disque sympathique mais désuet.

Pour les white stripes eux même, des mélodies commenceront ensuite à s’insérer entre leurs charges tonitruantes, et la production deviendra plus soignée. L’énergie sera toujours là, mais elle ne sera plus jamais aussi pure.   

Si après ça vous doutez encore du fait qu’on tient ici le meilleur disque du duo, écoutez ce qu’il fait de « one more cup of cofee » du grand Dylan. Entre leurs mains, cette complainte folk devient un blues habité, porté par le riff envoûtant de Jack, et ponctué par une meg toujours aussi directe mais moins violente.  

N’oubliez pas de mettre le volume au maximum, les grandes cérémonies se doivent faire vibrer les murs, et en cette année 1999 le rock venait de renaître une nouvelle fois.