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mercredi 17 avril 2019

perle oubliée -Guru Guru : Kanguru


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Lâché pour la première fois au début des années 70, le Krautrock définit deux catégories de musiciens qui n’ont pas grand-chose à voir. Utilisé au départ par les anglophones, pour se moquer de  cette bande de teutons tentant de réinventer leur culture, il regroupe aussi bien l’avant-garde électronique chère à Bowie, que le psychédélisme radical de Amon Dull et Guru Guru.

Les deux sont absolument indispensables pour comprendre l’évolution de la Pop, mais des groupes comme Tangerine Dream ou Neu étaient beaucoup plus froids et synthétiques que le groupe qui nous intéresse aujourd’hui. Fondé à la fin des années 60, Guru Guru est la réunion d’utopistes hippies, vivant la vie de libertinage décrite dans une partie d’ Easy Rider. Mais, comme Amon Dull, ce mode de vie vise surtout à créer un nouveau moyen d’expression. Fasciné par l’inventivité de Hendrix, ils travaillent une musique faite de riffs planants, rallongée par la virtuosité d’un batteur issu du Jazz, et dont les rythmes hypnotiques façonnent le psychédélisme délirant du groupe.

De leurs délires cosmiques naitront trois albums incendiaires, mais masqués par le succès des poids lourds anglais et américains. Troisième de cette série, Kanguru est le disque parfait du groupe, celui que l’histoire devrait retenir pour rendre enfin justice à ces avant-gardistes virtuoses.

On conseillera à l’auditeur d’envoyer cette musique le plus fort possible, afin de mieux ressentir les secousses de ce voyage spatial. En fond sonore, les bruitages électroniques font décoller notre cerveau encore plus haut que les contrés magnifiques d’ Electric Ladyland, la guitare abusant de la distorsion, comme si ces riffs se perdaient dans des sommets éloignés de l’atmosphère terrestre.

Les musiciens ayant participé à ce grand délire spatial ne semblent pas conscients de ce qu’ils font, le groupe fonctionnant comme une communauté anarchiste, où ils cherchaient leurs voies à travers de longs instrumentaux planants. Cela ne fait que renforcer la légende de ce disque, dont la cohésion incroyable semble guidée par une conscience supérieure, qui aurait dirigé le groupe lors de ses improvisations sous acides. 
« Ouvrez les portes de la perception. » 
disait Huxclet dans un livre aussi ennuyeux que culte, et c’est sans doute ce que Guru Guru parvient à faire ici, la console ce contentant d’enregistrer leur voyage cosmique.  

La guitare monte lentement, plane dans des nuages sonores enivrants, s’embarque parfois dans de grands délires déstructurés, avant de revenir à un Jazz Rock martiens, nous embarquant vers de nouveaux paysages colorés. Le temps suspend son envol pendants quelques minutes. Le voyage dans lequel nous nous sommes embarqués n’a pas d’âge, et ne ressemble à aucun repère connu. C’est un joyau façonné par une foule d’influences devenues méconnaissables.    

Alors si, dans une caisse poussiéreuse, vous apercevez cette pochette Dadaïste , ne la laissez pas passer.  

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