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samedi 2 mars 2019

Humble Pie : Performance Rockin The Fillmore


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Les années 60 ont vu l’invasion des groupes anglais, et des mouvements pop allant avec. Les Beatles avaient ouvert la voie, allant même jusqu'à conquérir la grande Amérique dans un chaos hystérique. Si le rock anglais a aussi compté son lot de puriste du rythm’n’blues, comme Clapton ou les Stones, la pop raffinée et expérimentale, inventée par les quatre de Liverpool, fait un tabac. Kinks, Zombies, The Move, tous ces groupes ont tenté de s’approcher des merveilles psychédéliques de Revolver ou Sergent Pepper. Et puis il y a surtout eu les Small Faces, groupe chéri du mouvement Mods, qui ajouta  Ogden’sNut’s Flakes à la longue listes de monument pop des sixties.

Mais le virage effectué sur ce dernier album est loin de convenir à Steve Mariott, le guitariste de la formation, auquel toute une jeunesse anglaise commence à vouer un culte. Il faut dire que les autres guitaristes commencent à creuser un sillon beaucoup plus puissant et direct, Jeff Beck et Clapton réinventent le blues, les Stones effectuent un retour aux sources salvateur, et pendant ce temps les Small Face sont enfermés dans leur pop psychédélique. Refusant de produire des échos de Sergent Pepper à chaque nouvel album, Steve Mariott claque la porte et part rejoindre trois autres musiciens fuyant les mélodies psychédéliques de leurs débuts. C’est ainsi que nait  Humble Pie, qui sort un premier album où il se libère dans un déluge de décibels. Certains journalistes qualifientcette charge de « heavy metal », juste avant que le live de Steppenwolf ne reçoive le même qualificatif.Le terme ne se rapporte pas encore au mouvement qui naitra bien plus tard en Angleterre, grâce aux hurlements d’Iron Maiden et Judas Priest, mais qualifie une puissance sonore à laquelle les médiasmainstreams ne sont pas encore habitués.

Le second disque, plus intimiste, montre leur admiration pour le band de Bob Dylan. Malheureusement, les ventes sont moins importantes, et leur maison de disques met la clef sous la porte. Le label n’avait pas les épaules assez larges pour éponger les dettes de son groupe vedette, qui est rapidement récupéré par le label A et M .

Loin de marquer le pas, ce changement coïncide avec la véritable naissance de Humble Pie, qui sort  Humble Pie dans la foulée. Troisième disque du groupe, Humble Pie déploie un rock mêlant la puissance de la vague hard rock britannique, et la simplicité irrésistible des premiers rocks américains. La formule séduit d’ailleurs le berceau du rock, au point que la tournée de promotion de ce disque passera par le légendaire Fillmore East. Fondé par Bill Graham, la salle voit défiler Frank Zappa, les Who, les Doors, Grateful Dead, et est surtout le théâtre des improvisations jazzy de l’Allman Brothers Band, qui est vite devenu la coqueluche de la salle. A l’image du groupe de Gregg Allman, les formations défilant sur cette scène ont souvent tendance à partir dans des improvisations délirantes. Même les Who, alors qu’ils étaient encore les symboles d’un rythm’n’blues sauvage, avaient profité de leur passage dans la salle pour s’embarquer dans une version interminable de  My Generation.

Ce soir de 1971, le Pie est loin des expérimentations échevelées de leurs prédécesseurs, et s’apparente plutôt au plus américain des groupes anglais. L’Amérique est réellement  la terre promise pour ces musiciens, qui bottent le cul des héros vénérés du rythm’n’blues , en jouant des standards de Ray Charles, Muddy Water, ou Willie Dixon avec la férocité rythmique d’un Chuck Berry balançant ses rengaines délicieusement répétitives à pleine puissance. « Rockin the Fillmore » est la célébration de quatre repenties de la pop qui ont découvert la puissance salvatrice d’un rock viscérale et speedé, et qui ne veulent plus rien faire d’autre.

La rythmique, voici le nerf de la guerre, et même lorsque chacun prend sa minute de gloire le temps d’un I WalkOonGildredSplinters de 23 minutes, c’est toujours avec une apparente simplicité des rockers les plus puristes. L’époque est au gros son,Led Zeppelin a remplacé les Beatles dans le cœur d’une jeunesse avide de rêverie pop, mais le Pie ne s’éloignera jamais de ce rythm’n’blues tonitruant et juvénile.

 Rockin The Fillmore n’est pas un disque de hard rock, dans le sens que semble lui donner les amateurs de voyages sur-amplifiés. C’est l’œuvre d’un groupe qui à repris les formules usées du rock’n’roll, les a dépoussiérées avec une énergie impressionnante, et refait tourner la machine devant un public reconnaissant.  
                                                                                                    

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