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mercredi 29 mai 2019

Endless Boogie : Long Island






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L’undergound est un milieu dont l’identité n’a cessé d’évoluer au fil  des années . Il désigne généralement des groupes qui ne sont pas encore glorifiés par la culture pop . L’underground se développe d’abord dans les bars plus ou moins miteux , où tout jeune rocker doit faire ses armes. Passez à Londres au début des sixties , et vous croiserez les stones travaillant leurs blues après avoir enfin embauché Charlie Watts. Pendant ce temps , des beatles en blousons noirs tentent d’entrer dans la lumière en jouant du rockabilly dans un bar souterrain de Liverpool. 

Quelques années plus tard, les années 70 produisent leurs lots de loosers magnifiques , qui ne seront reconnues que des années après leur séparation. Notre époque réévalue tout , et cela a heureusement permis de célébrer les stooges , le MC5 , ou le velvet des années après leur vie remplie de déceptions. D’autres n’auront pas cette chance , et je pourrais vous réécrire la discothèque rock idéal rien qu’avec ceux la . On y trouverais Gun à la place de Cream , les deviants pour faire oublier le psyché contemplatif de pink floyd , ou les pink fairies à la place d’Hendrix, et votre voyage dans leurs disques ne serait pas moins merveilleux. 

Si on veut vraiment le qualifier , l’underground est surtout porteur d’une idéologie libertaire et jusqu’au boutiste : Mieux vaut mourir intègre que vivre dans la corruption fusse telle artistique. Refus d’entrer dans le moule de son époque , rejet du moindre compromis , voilà ce qui fait la grandeur de la sous culture depuis les années 70.

Les New Yorkais de Endless Boogie appliquent ce credo à la lettre , renouant avec les jams sans filet du grateful dead à une époque où la concentration du public n’excède pas les 5 minutes. Et puis n’attendez pas d’eux qu’ils préparent de grandes campagnes de publicité , les maisons de disque n’en ont de toute façon plus les moyens, seule leur musique parle pour eux.

Ils se contentent tout simplement de jouer de longues minutes , jusqu'à ce que la grâce vienne toucher leurs instrumentaux brûlants. Le génie ne se calcule pas , il se manifeste après de longues heures de tâtonnements hasardeux. Et , dans le cas du rock , mieux vaut se contenter de monter les potards à 11, et produire le groove le plus puissant possible , jusqu'à ce que le plaisir des musiciens devienne universel. La console n’a plus qu’à enregistrer la séance, dont on coupera le superflu ensuite.   

Endless boogie en studio , c’est les stooges appliquant le free jazz de fun house sur une base boogie délicieusement grasse , alors que les solos distordus redéfinissent la violence de l’acid rock. Seule référence anglaise au milieu de ce brasier américain, la basse de « the savagist » gargouille si violemment qu’on a l’impression que Lemmy est venu se joindre à la fête. On regrettera juste que celle-ci se fasse plus discrète ensuite, pour mieux laisser les six cordes faire décoller ce bon vieux hard blues dans la stratosphère. Le groove du groupe s’épanouit alors dans toute sa richesse , passant d’un boogie blues qui s’apparente à du canned heat sous speed , à un space rock paranoïaque à faire pâlir the gun.

Et le résultat est d’autant plus passionnant qu’il semble spontané, et on en vient à se demander si le groupe ne découvre pas ses morceaux en même temps qu’il les joue. « long island » est un des disques underground les plus aboutis de ces dernières années , un monument de musique libre et insaisissable.  


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