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jeudi 20 juin 2019

Bob Dylan : Under The Red Sky


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On le croyait mort , endormi par sa collaboration catastrophique avec le grateful dead, et achevé par des années 80 qui furent catastrophiques pour le rock. Dylan était le dernier des insoumis, celui qui pouvait décider de jouer une autre version de ses classiques en concert, en se moquant bien de l’avis des spectateurs ayant payé leur place.

Alors , quand son public l’a entendu se plier aux normes marketing des années 80 , à grand coup de boites à rythme et de productions synthétiques , il a bien failli signer l’acte de décès. Heureusement, l’homme a retrouvé la flamme grâce aux conseils avisés de bono , qui l’envoya enregistrer sous la houlette du producteur de unforgeatable fire.  De nouveau célébré, le barde s’est tourné vers une de ses obsessions récurrentes, rejoignant Tom Petty et George Harrison pour produire le premier disque des travelling wisbury.

En parallèle , il enregistre son prochain album sur le même principe , invitant une poignée de vétérans pour donner une nouvelle jeunesse à sa prose.  Elton John , Slash , George Harrison, la liste est impressionnante , et a malheureusement engendré une attente qui nuira à l’album. Le public voulait que ce disque soit un hommage au génie Dylanien , et attendait un retour de sa plume la plus séduisante. Mais under the red sky n’est rien d’autre qu’un excellent disque de rock.

Pris sous cette angle, on comprend l’apparente simplicité des textes, ils ne sont là que pour saluer l’énergie juvénile des enfants du rock. Le rock que Dylan a toujours admiré , celui dont il essaya régulièrement de s’approcher, c’est celui que jouait Chuck Berry , Eddie Cochran et , un peu plus tard , le band et le blues band de Paul Butterfield. Subterannean homesick blues annonçait déjà cet amour pour la simplicité rythmique, le rythme de ses paroles comptant plus que leurs sens, comme si la voix cherchait à ponctuer les riffs.

Si Dylan s’est relativement peu investi dans ces enregistrements , se cachant pour voir Slash effectuer sa partie , comme une ombre bienveillante surveillant discrètement la construction de sa prochaine œuvre, c’est sans doute pour retrouver ce charisme simple après lequel il a régulièrement  couru .

Et c’est peut être sur ce disque qu’il y parvient le mieux, démarrant le bal avec une rythmique rêche que n’aurait pas renié John Lee Hooker.  Sa voix est un métronome, imposant ses rythmes , ses respirations et accélérations , et ménageant des silences qui laissent le temps à la guitare de lancer des solos aussi brillants que minimalistes.

N’allez pourtant pas croire que l’homme ne sait plus soigner ses mélodies, le morceau titre développant une beauté folk annonçant les futures douceurs de tempest, le solo bluesy en plus. On en revient encore à ce vieux blues , auquel le rock se raccroche régulièrement , comme une bouée de sauvetage lancée à un enfant parti trop loin du rivage. Il est dommage de constater que son public refuse de lui accorder le droit de se raccrocher à cet éternel parent du rock.Comme si le blues était trop crasseux, prolos , inculte , pour ce disciple de la beat generation.

L’homme pourra toujours s’acharner à balancer des boogies aussi efficaces que « unbelivable » ou « tv talkin song", une part de son public restera trop snob pour gouter à ces plaisirs simples. Et si le plus grand drame de Dylan était de ne pas être Elvis ?



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