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lundi 15 juillet 2019

The White Stripes : éponyme


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Si l’histoire était juste, Jack White serait salué comme celui qui sauva le rock au début des années 2000. En 1999 déjà, son jeu avait permis à the go de ranimer la flamme de Détroit. Pour nous occidentaux, cet album est une curiosité peu connue. Mais, dans la ville du MC5, le premier album des go fit l’effet d’une bombe. Dans « Jack White :Comment bâtir un empire sur le blues » Nick Hasted dépeint très bien ce séisme , où des groupes, dont l’histoire n’a malheureusement pas retenu le nom, jouaient leur vie à chaque concert.

Rénovant des meubles pour payer ses factures , Jack White sait qu’un travail artistique exige une concentration parfaite, car c’est un peu de l’âme de l’artiste qui transparaît dans chaque production. Ses riffs suivent la même logique et, si il fut clairement inspiré par les stooges et led zeppelin , c’est bien sa rage de réussir qui transparaît dans ses notes. Les go étaient un groupe aussi essentiel que les stooges en leurs temps , mais Jack avait déjà l’esprit ailleurs , et formait en parallèle un duo avec sa femme Meg.

Celle-ci n’est pas musicienne, mais c’est précisément ce qu’il recherche en lui apprenant seulement les rudiments les plus basiques. Dès lors , il sent que les titres propulsés par ce jeu enfantin réinventent l’énergie primaire de ses modèles. Résultat, quand le manager lui signale que son contrat ne lui permet pas de se consacrer à un autre groupe que the go , le guitariste n’hésite pas longtemps et claque la porte. Aujourd’hui, plusieurs de ses ex collègues affirment leurs regrets. Le coté mégalomane de Jack White créait certes des tensions, mais ils l’auraient accepté si ils avaient eu conscience de son talent.    

Le premier disque des white stripes est sorti la même année que « watcha doin » , Jack n’ayant pas attendu la fin de son groupe pour entamer son nouveau projet. Aujourd’hui encore, ce premier disque garde une place à part dans son cœur, et c’est peut-être le plus proche de la philosophie minimaliste du duo.

Du début à la fin, Meg massacre ses fûts avec la spontanéité d’un gosse à qui on a offert un objet à joyeusement massacrer. Elever le rythme à un tel degré de minimalisme mérite le respect, astro étant doté d’une rythmique enfantine capable de faire passer ACDC pour de pompeux virtuoses. La spontanéité de cette batterie permet surtout à Jack White de se lâcher, ses riffs semblant frapper sur le clou autrefois martelé par les frères Asheton.

Au milieu du déluge, sa voix plaintive semble annoncer le début d’une nouvelle ère, au point que ses riffs ont autant de force que nirvana balançant les premières notes de nevermind dans une petite salle. Même avec les white stripes , il ne retrouvera plus jamais cette spontanéité rugueuse , ne donnera plus jamais de tels coups de boutoir contre les murs étriqués de la culture pop.

On parle  beaucoup des strokes , et de son premier album sorti en 2001, pour situer le début de la vague alternative. Mais, comparé à ce disque, « is this it » est une œuvre de vieux réacs tentant désespérément d’approcher les mélodies décadentes du Velvet, pour n’en tirer qu’un disque sympathique mais désuet.

Pour les white stripes eux même, des mélodies commenceront ensuite à s’insérer entre leurs charges tonitruantes, et la production deviendra plus soignée. L’énergie sera toujours là, mais elle ne sera plus jamais aussi pure.   

Si après ça vous doutez encore du fait qu’on tient ici le meilleur disque du duo, écoutez ce qu’il fait de « one more cup of cofee » du grand Dylan. Entre leurs mains, cette complainte folk devient un blues habité, porté par le riff envoûtant de Jack, et ponctué par une meg toujours aussi directe mais moins violente.  

N’oubliez pas de mettre le volume au maximum, les grandes cérémonies se doivent faire vibrer les murs, et en cette année 1999 le rock venait de renaître une nouvelle fois.  

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