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mercredi 14 août 2019

Johnny Thunders : So Alone


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L’histoire de Johnny Thunders est proche de bien des artistes maudits. L’homme faisait partie de ces personnages dont la personnalité, à un moment précis, croise l’histoire. On aurait presque pu imaginer cette vie mise en scène par Scorcese , avec en toile de fond les tubes des stooges et du MC5, que le jeune Thunders allait écouter au terme de plusieurs kilomètres de pèlerinage.

Et puis il voyage en Angleterre, prend la vague glam en pleine figure, et adopte le look androgyne de Marc Bolan. Si le glam a engendré le punk , c’est grâce à ce jour où le guitariste s’entoura d’autres musiciens aussi décadents que lui. On tenait là le signe d’une ascension fulgurante, la rencontre entre un guitariste fan des glam rockers et un chanteur fou des stones.

C’est sans doute aussi le charisme Jaggerien de Johansen qui décida Todd Rundgren à produire le premier disque des dolls.  Rundgren est alors dans une très bonne passe , sa carrière solo semblant devenir plus populaire que sa collaboration avec the Nazz, mais sa patience va être mise à rude épreuve.

Il se souviendra longtemps du cauchemar que constitua l’enregistrement du premier dolls , de ces musiciens jouant sur des guitares désaccordées , et de la foule de parasites suivant le groupe partout. Mais , du côté de leur management , Malcolm Mclaren prenait des notes sur ce qu’il voyait comme le son du futur.

D'un point de vue purement musical, le disque lui donnera raison, « the new york dolls » faisant partie de ces enregistrements fulgurants qui font briller toute l’énergie et la spontanéité du rock. Mais les ventes ne suivent pas, et la chute est brutale.

Les Dolls commencent alors une descente aux enfers faite de drogues et de lutte d’égos, pour finir par se séparer lamentablement. Johnny monte alors the heartbreakers, le groupe dont l’attitude et le look seront réadaptés par Mcclaren pour les sex pistols.

Sauf qu’on ne sort pas d’un échec aussi lamentable que celui des dolls sans séquelles, et les maisons de disques sont trop effrayées par la réputation de l’ex groupe de thunders pour signer ses heartbreakers.

Entre temps , Mcclaren a pris en charge les sex pistols , et propose aux heartbreakers de migrer en Angleterre pour faire la première partie de ses nouveaux poulains. Le groupe accepte, et se retrouve embarqué dans l’une des plus grandes mascarades produite par le gang de Johnny Rotten. C’est pourtant les sex pistols qui, planqués backstage , prenaient des notes pendant que Thunders insultait copieusement la foule pour introduire ses bombes punks.

Lamentables, les concerts des pistols furent surtout le théâtre de scènes de chaos , construisant un buzz sur lequel Mclaren avait tout misé. Résultat, quand Rotten eut le malheur de prononcer le mot fuck en direct à la télévision anglaise, une bonne partie de l’anarchie tour fut immédiatement annulé.

Les heartbreakers ne se remettront jamais de ce voyage, Richard Hell quitte rapidement le groupe pour former les voidoids, et le seul album du groupe devra attendre plus de dix ans avant de sortir dans une version décente. On découvrait alors un pavé aussi puissant et direct qu’un album des ramones, et le public ne pouvait que se demander  comment ces musiciens ont pu se saborder à ce point.

Désormais seul, Johnny Thunders obtient l’aide de quelques illustres rejetons pour produire ce qui restera son chef d’œuvre. Portant très mal son nom, « so alone » est le disque qui aurait dû l’envoyer au sommet, tant il contenait tous les ingrédients qui font un classique.  

Avant d’être un punk , thunders fut surtout un songwritter de premier ordre , et son « you can’t put your arm around a memory » rendit jaloux Bob Dylan. Il faut dire que cette mélodie doucereuse semble exprimer toute la résignation d’un homme qui « irait arracher la défaite dans la gueule de la victoire ».

Pipeline montrait pourtant une rage de vaincre intacte, les riffs tranchant venant rappeler aux gamins punks tout ce qu’ils devaient à ce gavroche rock. C’est d’ailleurs sur les pistols que thunders glaviote quand il lance les premiers accords vengeurs de London boy, le souvenir de leurs collaborations quelques années auparavant lui ayant laissé un souvenir amer.

On découvre aussi le fan de pop , reprenant brillamment les changri la et les chantays sur des riffs dynamitant les premières versions. Great big kiss garde ses chœurs clinquants, et un saxophone qui n’aurait pas fait tache chez Springsteen, mais le tout est accéléré par une guitare lancée à la vitesse d’une charge ramonesque.

Alors bien sûr ce disque, comme tous ses prédécesseurs , va se casser la figure de façon inexplicable , laissant quelques afficionados batailler pour faire reconnaître l’importance de cette dernière production. Pendant ce temps, l’homme semble s’effondrer progressivement, et sur scène il ressemble de plus en plus à un pantin rigide et au bord de la chute.

Comble de l’ironie, le héros punk finira sa course sur les côtes du Mississippi où il était parti enregistrer un disque inspiré par la nouvelle Orléans. Plusieurs de ses affaires ont disparu, mais l’homme étant rongé par une leucémie l’enquête se conclura rapidement sur une mort par overdose.

Finalement, « so alone » fut le titre parfait pour un chef d’œuvre écrit par un tel gavroche punk.
  

   


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