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jeudi 12 septembre 2019

The Jam : All Mods cons


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Les punks doivent tout à la vague psychédelique et progressive, ne serait-ce que parce qu’elle donnait une définition de plus en plus floue de ce monument aux multiple facettes qu’est le rock. En Angleterre , la vague progressive a survécu jusque 1975 , sous les crachats d’une critique trop amoureuse des stooges pour dérouler le tapis rouge à ces virtuoses pompeux. D’ailleurs, ce sont les musiciens de ce rock dit progressif qui donneront la première réponse au mouvement qui les rendirent célèbre : Marche arrière toute !

Comme pour rassurer les auditeurs déboussolés, ils ont nettoyé leur son de toute originalité , ont répété des formules que l’on disait modernes , se sont rendus au culte de la ballade synthétique et mielleuse. Yes devenait Asia , king crimson lançait discipline , et ELP pondait le gluant love beach.

Les chantres de l’inventivité finirent plus conservateurs que les futures stars de la « new wave » , dépeche mode n’ayant rien à envier à leur platitude moderniste. Heureusement, entre temps, les sex pistols avaient lancé l’invasion d’une bande de nihilistes à trois accords, qui contaminent l’angleterre dès 1977.

Dr feelgood avait tout annoncé dès 1975, et son rock basique, joué dans les pubs anglais, déclencha la vocation d’un certain Joe Strummer . Sans oublier que bon nombre de punks, qui ont entamés leur carrière en reproduisant la puissance rythm n blues du groupe de Wilko Johnson.

Voilà pourquoi , à ses débuts , le punk anglais fut plus dur que celui venu de New York , les rosbifs souhaitant massacrer la pop à grand coups d’hymnes basiques. Les damned et les sex pistols étaient bien plus violents, agressifs et basiques que des Ramones dont on ne voudra jamais reconnaitre la finesse.

Les sex pistols voulait tuer la pop alors que les Ramones cherchaient à s’y faire une place, les damned vénéraient les stooges alors que les Ramones devaient leurs noms à l’histoire des beatles. Heureusement, la balance s’est vite réequilibrée , et aux premiers cris des pionniers anglais sont venus succéder l’énergie plus mature des clash et des jam.

Les jam sont d’ailleurs la grande affaire qui divise la génération no future, ceux-ci n’en partageant ni le style ni la violence agressive. Le premier disque nous présentait même trois jeunes hommes propres sur eux , cintrés dans des costards de banquiers.  On sentait aussi dans la musique que quelque chose de plus ancien pointait derrière cette débauche de riffs joyeusement simplistes, mais cette beauté n’était pas encore prête à éclore.

Comme leurs contemporains, les jam avaient trouvé leurs vocations dans les disques de rythm n blues des Who et de dr feelgood , mais contrairement à ses semblables il le revendiquait encore dans leur son. Leur look était aussi un pied de nez à ceux qui voulaient effacer le passé , tant leurs dégaines n’auraient pas fait tache dans une scène du film quadrophenia.

Mais le premier album était encore mal dégrossi, et la plupart des auditeurs retinrent surtout les tempos speedés portant des décharges de quelques minutes, joués toutes guitares dehors. Le second disque sera un échec totale, le genre de disque que l’on voudrait oublier, avant que le groupe ne trouve enfin la clef de voute capable de faire éclore sa classe.

C’est encore une formation anglaise qui sera à l’origine de cette révolution , Paul Weller ayant eu la bonne idée de se repencher sur les disques trop méconnus des kinks. Il ressort de ses écoutes régénéré , le groupe eut un parcours proche du sien , passant du rythm n blues à une pop de plus en plus raffinée.

Cette influence l’incite à soigner la production, qui ne sera jamais aussi clinquante que sur ce disque, mais elle lui donne surtout la formule du refrain inoubliable. Paul Weller manie les rythmes syncopés comme Ray Davies maniait les mélodies nostalgiques , en virtuose. Sous sa plume, l’euphorie moderne issue du punk se pare de refrains dignes du swinging london, la pop redevenant excitante au contact de son euphorie rythmique.

Le culte du riff cher aux mods trouve une nouvelle expression dès le morceau titre, qui ouvre le disque sur un rythme dansant que n’aurait pas renié Costello. Les jam n’ont pourtant pas perdu la simplicité punk d’in the city , « billy hunt » et « a bomb in wardour street » possédant une vivacité capable de faire rougir les Pistols.

Pourtant , Paul Weller continue de refuser d’être rapproché des musiciens de sa génération : « nous ne faisons pas de punk mais de la new wave » lâche-t-il à un journaliste de rock et folk. Quand sa reprise de « David Watts » arrive à nos oreilles , on finit par comprendre ce qu’il veut dire.

 Le titre fait partie des morceaux d’anthologie qu’il faudrait intégrer si l’on voulait résumer le rock anglais en quelques titres, et le groupe parvient à en faire une version speedée, sans perdre l’efficacité de son refrain d’anthologie.

A travers cette reprise, c’est le rock qui entrait définitivement dans les eighties, qui ont peut être vraiment commencé à la sortie de ce disque en 1978.     


   

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