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samedi 18 janvier 2020

Pink Floyd : Wish You Were Here


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Nous sommes en 1975, lessivé par l’exploit que constitue « dark side of the moon », le floyd cherche un second souffle.  L’idée viendra encore de Waters, qui souhaite articuler le nouvel album autour de shine on you crazy diamond, son long poème, sur lequel Gilmour a plaqué son riff stellaire. « wish you were here » sera donc un disque sur l’absence, emballé par une pochette culte signée hignosis.

Alors qu’ils sont en plein travail au studio abbey road , les musiciens reçoivent la visite d’un homme chauve et bedonnant , qui attire leur attention sans qu’ils comprennent immédiatement pourquoi. C’est Roger Waters qui le reconnaîtra le premier, fondant en larmes lorsqu’il comprit que ce qu’il avait devant lui était le corps, et l’esprit, d’un Syd Barrett arrivé au terme de sa déchéance.

Bien que présent sur une courte période, Barett a toujours guidé la musique du floyd , une série d’images honorant la mémoire de ce génie détruit. Après avoir été  «  le fou dans l’herbe » de dark side of the moon » , le voilà transformé en diamant fou , symbole de l’insouciance perdue.

Wish you were here est un disque nostalgique, qui délivre un message universel à partir de l’histoire tragique de son ex leader. Quand, en introduction de shine on , Gilmour chante « remember when you were young , you shine like the sun » , il semble dresser un miroir à travers lequel chacun peut projeter son propre âge d’or. Sa guitare, lyre céleste lançant des homélies mélodiques, devient alors le réceptacle de toutes les joies perdues.

Cette fresque emmène l’auditeur vers des sommets réconfortant, chaque étape du titre s’apparentant au décompte sensé envoyer notre esprit sur orbite. Le clavier prend d’abord le temps de poser le décor, ses ambiances entourent l’auditeur comme une épais nuage blanc. Arrivent ensuite les quatre notes célestes de Gilmour, grand requiem annonçant l’évocation de Syd Barett. Un long instrumental laisse ensuite l’esprit de l’auditeur calquer ses propres souvenirs sur sa mélodie, le chant arrive alors comme une apothéose spirituelle, bientôt clôturé par un saxophone majestueux.  

Quelques minutes plus tard, le Floyd semble quitter Barett, pour laisser Roger Waters déverser son fiel contre l’industrie du disque. Mais, si le blues robotique de « welcome to the machine » est si violent envers ce musique business qui vient juste de rendre le floyd riche , c’est parce qu’il pense que la pression qu’il impose a poussé son ex leader vers la folie. Sur le même thème, « have a cigar » part dans un registre plus léger, Roy Harper balançant son funk irrésistible en haut du nuage délirant que tisse le Floyd.

C’est que le titre n’est qu’une petite récréation avant le véritable chef d’œuvre du disque, son merveilleux morceau titre. Il permet à Waters d’exprimer une nouvelle fois ses troubles, cette confrontation entre son « mauvais côté » arriviste, et son coté altruiste « lumineux », pour en arriver à la conclusion que le premier l’emporte le plus souvent sur le second. Encore une fois, la musique n’impose pas cette interprétation. L’auditeur est libre, lorsque gilmour chante 

«How I wish, how I wish you were here
We're just two lost souls
Swimming in a fish bowl
Year after year »

de calquer sur son texte le visage de celui qui a emporté avec lui une époque merveilleuse, qui ne reviendra plus. Country cosmique, le titre célèbre encore une fois le feeling majestueux de Gilmour , dont le riff acoustique débouche sur un solo hypnotique , la tradition country cohabitant avec la rêverie psychédélique dans une mélodie sortie de l’éden.  

Après cette apothéose, la seconde partie de Shine on you crazy diamond clos le bal sur un riff strident, ouvrant la voie à un solo rageur.  C’est un véritable cri de révolte face au cynisme du destin, qui est parfaitement résumé à travers le message d’espoir que dispense Roger Waters « Et nous nous réjouirons dans l’ombre du triomphe d’hier ». En écrivant un grand hommage à celui qui continue de marquer son histoire (Barett), Le floyd a produit une des plus belles odes à l’espoir de la musique pop.  



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