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vendredi 1 novembre 2019

Robert Wyatt different every time : Partie 1 , des Wildflowers à Soft Machine


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Comment résumer un mouvement aussi foisonnant que celui regroupé autour du terme « école de Canterbury » ? Quel personnage serait capable de nous guider dans ces terres merveilleuses, où , pendant que Londres commençait à swinguer , une poignée de merveilleux snobs donnaient au jazz la portée fascinante du blues ? Les livres de références ne sont pas légions , le pavé d’Aymeric Leroy s’imposant comme la seule bible pour les mordus d’avant gardisme jazzy. A la relecture de ce livre , un groupe s’impose , Soft Machine , bande de lutins devant leur nom à un roman secondaire de Burrough , et coqueluche de l’underground anglais.

Ils auraient aussi bien pu s’appeler junky ou festin nu, mais the soft machine (le roman) résumait bien mieux leurs influences dadaïstes, ce mélange d’élitisme culturel et de simplicité pop qui fera leur gloire. A la base de cette simplicité pop , il y a un batteur névrosé chantant comme un lutin beat , Robert Wyatt.

Le voilà mon fil conducteur, le personnage capable de guider le lecteur dans les rythmes hallucinants et les mélodies rêveuses de Canterbury. L’homme entame sa carrière au sein de « the Wildflower » , qui devient rapidement le centre d’apprentissage où tout une partie du rock Canterburien fait ses premiers pas. Composé au départ de Wyatt au chant , Hugh Hopper à la basse, Brian Hopper à la guitare , et Richard Coughlan à la batterie. La formation ne tient que quelques jours, et Wyatt ne tarde pas à partir vers d’autres horizons. Le groupe voit alors défiler Richard Sinclair , le futur bassiste de Caravan , et David Aellen , qui partira rapidement en France pour créer le vaisseau gong.  Sans oublier Hugh Hopper et Wyatt qui, en compagnie de Rattlehedge, forment la première monture de soft machine.

Avant de fonder gong , Aellen a aussi passé quelques mois au sein de cette formation née des cendres des wildflowers. Comme un signe, la nouvelle formation parvient à effectuer ses premiers concerts au star club de Hambourg , la salle où les beatles ont entamé leur irrésistible ascension.  Mais l’histoire n’était pas encore prête à retenir le nom de ses musiciens qui , en plus de passer leurs nuits dans un hôtel miteux , sont rapidement poussés vers la sortie par un public qui ne comprend pas le sens de cette musique sans étiquette, et franchement avant gardiste.

Si Wyatt et Aellen ont déjà vécu ce genre de réactions intolérantes, les wild flowers ayant souvent joué sans interruption, pour éviter d’être interrompus par les huées, ces réactions poussent le groupe à se rapatrier en Angleterre. Depuis que les Beatles ont changés la face du rock, élevant le 33 tours au rang d’œuvre sérieuse, le pays est en pleine ébullition, les kinks , small faces et autres move tentant d’atteindre les mêmes sommets expérimentaux.

Le succès n’est plus le seul critère de reconnaissance, et l’underground s’épanouit au son des premiers délires planants de pink floyd , alors que Barry Miles grave son histoire dans le marbre en écrivant les lignes du international time. C’est d’ailleurs en compagnie de pink floyd que soft machine va se refaire une santé, ses relations dans le milieu underground Londonien lui permettant d’obtenir une place lors de la soirée de lancement de l’international time.

Ce soir-là , malgré la vétusté de la salle , les deux groupe livrent une prestation magique devant 2500 personnes. La présence de Mccartney revêt une portée symbolique : plus que jamais, l’histoire du rock démarre dans l’underground.

Soft Machine a enfin trouvé sa place, l’underground Londonien adoptant immédiatement cette bande de beats faisant cohabiter pop et jazz dans une musique affranchie de toutes limites. Salle fétiche de cette sous culture anglaise, l’UFO devient rapidement leur refuge, l’endroit où le groupe est libre de définir les règles de son art.
                                       
Signé sur un label , la formation de Robert Wyatt vit cette éternelle lutte frustrante entre l’artiste et le manager , l’avant-garde et le mercantilisme réactionnaire. Resté bloqué dix ans en arrière, le label tente d’abord d’imposer la sortie d’un 45 tours , en expliquant que pour sortir un album entier il faut d’abord avoir produit un tube. Quelques jours plus tard , le groupe croise la route de Donovan lors d’un concert au marquis. Auréolé du succès de son poulain, et de son travail pour Jeff Beck , le manager Mickie Most propose de s’occuper du premier album de la machine molle, à condition qu’il sélectionne les titres qui seront retenus.

Farouchement attaché à sa liberté artistique , le groupe refuse catégoriquement d’être censuré par un producteur , aussi brillant soit il . Lâché par un label qui ne supporte pas son refus , soft machine est sauvé par l’aide providentielle de Frank Zappa , qui n’hésite pas à financer la sortie de son premier 45 tours. Cette sortie permet au groupe de rester la coqueluche de l’underground anglais , et d’obtenir la première partie du Jimi Hendrix Experience lors de sa première tournée Américaine.

Auréolé du succès du tonitruant « are you experience » , et son proto hard rock ravageur , l’ange guitariste a produit un second disque plus aventureux et brillant, et revient conquérir une terre natale qui l’a rejeté à ses débuts. Si l’on cherche les prémices de cette lutte entre élitisme virtuose et sauvagerie viscérale qui qualifiera la décennie suivante, on les trouvera sans doute dans cette longue tournée américaine de 1968 , où la folie dadaïste de la machine molle laissait place au bombardements électriques de l’enfant voodoo.   

Récupéré par Chandler, soft machine profite d’une pose entre les enregistrements d’electric ladyland pour enregistrer le premier album du groupe de Robert Wyatt dans un studio record plant flambant neuf. Le peu de temps dont il dispose , et le manque d’attention d’un Tom Wilson très absent , les oblige à enregistrer dans les conditions du live. « the soft machine » sort enfin en décembre 1968, un peu trop tard pour profiter du succès de la tournée du groupe en compagnie de l’expérience. Il confirme ainsi que l’histoire de la musique est souvent à chercher dans ses plus bas-fonds.  


The soft machine



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L’arrivé du jazz dans le rock était elle écrite depuis le début ? Après tout, ces écrivains beat, vénérés par nos plus grands poètes, rock devaient le nom de leur genre littéraire aux beats de Mingus , Coltrane , et autres Miles Davis. Lou Reed définira très bien cette proximité lorsque, pour justifier la douceur cool de the bell, il dira que , pour lui , « les jazzmans jouaient un autre blues ».  Plus sarcastique, Reed ira jusqu’à confirmer ce parallèle en lançant «  un rocker c’est quelqu’un qui joue trois notes devant des milliers de personnes, un jazzmen fait le contraire ».

N’allait pas croire que je vois désormais le rock et le blues comme un sous jazz , un frelaté bruyant pour musiciens maladroits. Ces deux musiques expriment juste le même culte du feeling , cette science aujourd’hui oubliée qui visait à jouer sur les silences , à manier les sons comme autant de couleurs sonores.

Voilà pourquoi le jazz était fait pour rencontrer les idéaux du rock de ces années 60-70.  Il représentait en plus la liberté de musiciens se lançant sans filet dans des improvisations spontanées , comme si ils cherchaient leurs voies dans le dédale de leur imagination sans limites. Se libérer des conventions pour découvrir de nouvelles possibilités, le credo définit par Huxley ne pouvait que mener à mélanger les genres dans une orgie libératrice.

C’est donc l’époque qui a mené les musiciens de soft machine, qui vénéraient plus Mingus que Chuck Berry, à déployer leurs ambitions musicales et leurs tessitures cotonneuses dans un grand tonnerre électrique.
Pour faire le lien entre la fureur électrique des enfant d’Elvis, et la liberté expérimentale du jazz, l’orgue est omniprésent, et fait le lien entre les cassures rythmiques à grands coups de notes saturées.

Instrument à part entière, la voix de Wyatt annonce la prose absurde, intellectuelle, ou humoristique, qui lancera l’invasion d’une poignée de lutins jazz rock. Très présente, la batterie accentue la force de ces pastilles pop expérimentales, et permet à cette musique sans équivalent de rivaliser avec la violence du Jimi Hendrix Experience.
                                                                                                                           
Ce premier essai a les faiblesses des disques enregistrés dans l’urgence, sa matière sonore manquant encore un peu de cette sophistication qui fera la beauté de ce rock venu de Canterbury. Il a aussi la puissance fascinante de ces œuvres qui ouvrent les portes d’un nouveau territoire sonore.  
       

mardi 29 octobre 2019

Hammer Of the God épisode II: le chant du cygne


De 1973 à 1975 , led zeppelin est au sommet de sa popularité , ses concerts réunissant plus de fans que les Beatles à l’époque de leur arrivée historique en Amérique. Dans le même temps ,  le contrat qui les lie à Atlantic touche à sa fin. Peter Grant est donc en position de force pour renégocier les avantages dont le groupe bénéficiait jusque-là.

Page ayant monté son propre label , swan song, Atlantic devra désormais se contenter de distribuer les albums produits par le label. Cette initiative servira aussi à aider quelques groupes, dont le plus fameux reste bad company , et rappelle bien évidement la création d’apple record par les beatles. Voilà donc notre gang produit par son propre label , qui sera dirigé par un Peter Grant qui leur laisse une totale liberté.

Cette liberté a sans doute motivé les musiciens, qui ont déjà presque bouclé leur sixième album lorsqu’ils sont conviés à la fête célébrant la naissance de swan song. Celui-ci sera double, pour ne rien jeter de la précieuse matière que le groupe a accumulé depuis des mois.

Physical graffiti


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Dans un immeuble à l’apparence vétuste , les musiciens du zepp apparaissent aux fenêtres , où l’on peut aussi apercevoir Elisabeth Taylor , la reine Elisabeth, la vierge Marie …
Led zeppelin semble se prendre pour les beatles , mais nous n’oserons dire que ce disque est leur sergent pepper. Le chef d’œuvre des beatles était célébré pour son avant gardisme, les scarabées lançant la mode des concepts albums, bientôt suivie par Towshend , les pretty thing , et plus tard par Lou Reed, tout en ouvrant une voie que le rock progressif ne manquera pas d’explorer avec « a day in the life.

La grandeur de physical graffiti se situe plutôt dans son inventaire des contrées visitées par le zeppelin de plomb. Composé de quelques titres issus des sessions de IV et de house of the holy , il est le manifeste d’un groupe qui , après s’être abreuvé aux sources du blues , avoir dansé sur les rythmes ska et funk, et avoir déchiqueté les normes du rock, revient sur terre chargé de trésors somptueux.

C’est bien sur le blues qui ouvre le bal, et voit le groupe développer une énergie plus sèche, où la réverb a disparu pour accentuer le tranchant de ses riffs syncopés, qui s’allie à la violence du clavier de John Paul Jones. Abandonné lors des sessions de house of the holy , the rover prend le relais sur une introduction percutante de John Bonham. D’une simplicité irrésistible, le riff joué par Page donne une idée de comment Keith Richard aurait pu jouer, si il avait démarré sa carrière quelques années plus tard. Joe Perry n’atteindra d’ailleurs jamais cette efficacité à mi-chemin entre les canons du rock dit heavy, et les contemporains de Little Richard, il faut dire qu’il n’avait pas un Robert Plant pour donner au tout une touche mélodique des plus séduisantes.

Led Zeppelin cite ensuite Dylan et, entre ses mains, ce qui était une folk song issue du premier disque du Zim devient le manifeste épique d’un homme attendant la mort, avec l’assurance de celui qui a fait son devoir. Les licks de Jimmy Page ouvrent le morceau sur un rythme langoureux, que Bonham explose d’un monumental riff de batterie. Son kit semble résonner au milieu d’un dôme, ajoutant au côté solennel de ce manifeste épique, qui prend toujours ses racines dans les terres inépuisables du blues.

Le titre fut enregistré en deux prises, le groupe entrant dans une véritable transe collective qui se passe d’artifice. D’une richesse incroyable, ce long blues mystique se paie même le luxe de flirter avec le funk le temps d’un riff, avant de se clôturer dans un tonnerre plombé qui fait écho aux grands déluges virtuoses produit par le quartet.
Après les sonorités mysticos funks de « house of the holy », suivis du blues corrosif de trampled underfoot, on entre dans le monument de ce disque, le titre chargé de succéder à Stairway to heaven pour marquer un nouveau chapitre de l’odyssée musicale du Zepp.

Kashmir est inspiré par le passage de Page et Plant au Maroc , en 1973. Profitant d’une pause entre deux concerts , les deux hommes visitèrent le désert sur une route vierge, et qui semblait ne jamais s’achever. Séduit par cette sérénité et ce paysage serein, Page le met en musique sur Kashmir. Son riff tournoie autour d’un rythme hypnotique dans une boucle fascinante. Blues de bédouin, rock venu des terres orientales , aucun qualificatif ne semble coller parfaitement à ce titre qui , plus qu’aucun autre , transcende les courants et les normes musicales pour imposer un nouvel objet de fascination.

La partie la plus virulente de l’album se clôt sur ce voyage oriental, laissant le second disque prendre le relais dans une ambiance plus apaisée.  In the light ouvre le bal de façon plus méditative, Page soignant désormais ses harmonies instrumentales pour renouer avec les sonorités « hard/prog » de no quarter. Comme sur le chef d’œuvre de house of the holy , les variations de rythme s’enchainent, Plant plaçant même un chant bluesy digne du premier album.

On revient ensuite au folk , d’abord parcouru de sonorités celtiques sur brown yr aur, puis nourrit par la douceur sompteuse du folk Californien sur « down by the seaside ». Cette partie est sans doute la plus intéressante , celle qui montre la finesse d’un groupe qu’on a trop souvent réduit à ses charges électriques.

Ten Years Gone renoue ainsi avec la beauté mélancolique de rain song, qui prouve encore que le duo Page/ Plant n’a rien à envier au fameux Lennon/ Mccartney. C’est d’ailleurs les sonorités de la pop anglaise qui sublime le boogie rock de Night Flight , rehaussé par une des meilleures prestations vocales de Plant.

Puis led Zeppelin fait de nouveau parler la poudre avec le duo rock « the wanton song » et boogie with stu ,  dernier tribut payé au rock n roll, avant un retour vers les plaines verdoyantes exploré dans le led zeppelin III.

Black country woman renoue avec ce mélange de folk et de blues qui illuminait le troisième album du zepp, tout justes rehaussés par la mandoline mystique de John Paul Jones. Sick Again clôt ensuite l’affaire sur un hard rock alambiqué et bourré de cassures rythmiques , une ruade hard rock comme seul le groupe de Jimmy Page sait en produire.

6 ans après avoir annoncé une nouvelle ère sur le premier album, led zeppelin a digéré toutes les innovations de son époque, et les restitue dans une célébration virtuose.


Après la sortie de physical graffiti, led zeppelin suit l’exemple des stones , et donne son dernier concert en Angleterre, avant de s’exiler aux Etats Unis pour des raisons fiscales. Dans le même temps , les ennuis s’accumulent , et font dire à certains que Page est en train de payer le pacte qu’il aurait signé avec le diable, pour obtenir son fulgurant jeu de guitare.

Lors d’un voyage en famille , Robert Plant est victime d’un accident de voiture qui l’oblige à se déplacer en fauteuil roulant , les médecins affirment qu’il ne pourra pas remarcher avant six mois. Quelques temps auparavant, Page c’était blessé la main en sortant du train de Victoria Station, et a dû adapter son jeu à ce nouvel handicap. Sans oublier les concerts que le groupe dut annuler à cause de la grippe que son chanteur contracta quelques jours avant son accident.

Ajoutez à cela l’absence d’un John Paul Jones qui semble fuir le rythme infernal des tournées, et la descente aux enfers d’un Bonham qui noie son mal du pays dans l’alcool, et vous obtenez l’ambiance délétère qui influence la production de « presence ».

Presence


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Aucune piste acoustique, aucun break mélodique, aucune ballade. Presence c’est led zeppelin au bord de l’implosion, c’est le catharsis sauvage d’un groupe qui sent sa fin s’approcher. Le premier titre « achille last stand » aurait presque pu donner l’illusion que le groupe était toujours au sommet , que son génie n’avait pas fini par s’étioler dans le rythme infernale de ses tournées.

En plus de suivre la tradition qui veut que chaque disque du zepp s’ouvre sur une explosion électrique, le titre est une véritable symphonie de guitare, une mêlée sauvage et épique tricotant une fresque homérique contée par Robert Plant. Le titre montre que le zepp avait encore de grandioses monuments à produire , que la relative baisse de régime qui va suivre n’était qu’un essoufflement temporaire.

Si les registres sont toujours variés ,  for your life et royal orlean renouant avec les sonorités funk de house of the holy , avant que le groupe ne renoue avec le heavy rock sur hots from nowhere , le zepp semble avoir perdu une bonne part de son feeling.

Toujours calé sur la même puissance, chargeant sans réellement savoir ce qu’il vise led zeppelin est comme les troupes gauloises lors de la bataille d’Alésia. Il crie, lance ses charges avec la force du désespoir, répète le même schéma jusqu’à le rendre insupportable.  Son désespoir est parfois magnifique, comme sur le blues héroïque de nobdy’s fault but mine, mais le manque de finesse de l’album émousse sa puissance épique.

On peut , lors des premières écoutes , s’enthousiasmer sur cette puissance cathartique , mais l’effet ne dure pas, et on finit rapidement par ranger ce disque au côté des hurlements juvéniles de groupes que le zepp avait toujours surpassé jusque-là.   

Quand l’album se clôt sur une version frelatée de « since i’ve been loving you » , on ne peut que constater que la machine est grippée , ses rouages tournent désormais à vide et sa grandeur appartient désormais au passé.  

Le groupe survivra en célébrant sa gloire scénique sur le live « the song remain the same » , avant de définitivement sombrer dans les mélodies sirupeuses de In throught the out door .
 Peu de temps après , John Bonham meurt d’une intoxication à l’alcool , entrainant la chute d’un groupe qui ne pouvait continuer sans lui.


De cette glorieuse épopée se terminant dans une déchéance tragique digne de Shakespeare, il nous reste une œuvre foisonnante et immortelle, nous ouvrant les portes d’un univers unique.


mardi 22 octobre 2019

Led zeppelin : Hammer of the god épisode I



En cette fin de sixties , un des plus grands groupes de blues anglais est en pleine décomposition. Les yardbirds furent l’épicentre du rock britannique, le volcan propageant les flammes ardentes d’un nouveau rock. C’est là que commença la légende d’Eric Clapton , qui quitte le groupe quand celui ci tombe dans ses égarements pop. Jeff Beck prend alors le pouvoir , poussant le groupe vers un son plus violent, qui donne naissance au brûlant Roger the enginer.

Dernier maillon de de ce fabuleux défilé de guitaristes, Jimmy Page ne côtoie Beck que quelques jours. C’est néanmoins la notoriété des yardbirds qui permet au grand musicien de studio de sortir de l’ombre, et de diriger le groupe après que Jeff Beck soit parti démarrer une brillante carrière solo. Devenu seul maître à bord , Page expérimente , cherchant une façon de réinventer sa culture blues. C’est là qu’il joue les premières version de « dazed and confused » , utilisant son archet de violon pour accentuer la violence de ses improvisations.

Mais rapidement, les yardbirds ne lui suffisent plus , et il se met en quête de musiciens capables de donner vie aux sons qu’il a en tête. Il se dirige d’abord vers Steve Mariott, mais le chanteur n’est pas encore prêt à quitter des small faces en pleine gloire psychédelique. Rencontré alors qu’il faisait la première partie des stones en même temps que les yardbirds , Terry Reid lui oppose le même refus . Reid lui conseil toutefois d’assister au concert du band of joy, vantant les mérites de son chanteur.

Là , dans une petite salle proche du black country , où les ouvriers anglais gagnent péniblement leur vie, il a une révélation. Véritable Janis Joplin male , Plant chante avec une ferveur qui réinvente la vision du chanteur rock tel qu’elle fut définie depuis Elvis.

Les deux hommes se retrouvent peu de temps après , et s’entendent rapidement grâce à leurs passions pour les grands pionniers du blues. Rapidement choisi pour devenir le chanteur du groupe que Page souhaite monter , Robert Plant en profite pour imposer son ami John Bonham au poste de batteur. Ce souhait fut un vrai cadeau pour Page , tant Bonham est un véritable Hephaistos rock , forgeant ses rythmes sauvages et groovy avec la puissance d’un dieu grec.

La légende est enfin en marche lorsque John Paul Jones , qui a côtoyé Page lorsque les deux hommes travaillaient dans l’ombre des studios, rejoint le gang. Renommé New Yardbird , le groupe commence à se souder en répétant « train kept a rollin », classique des yardbirds lancé sur un rythme en forme de cavalcade, qui dut coller parfaitement à la frappe écrasante de Bonham.

Dans la salle de répétition , les musiciens entrent dans une symbiose tonitruante, comme si la réunion de ces cinq musiciens donnait naissance à un cinquième élément. Pendant ce temps, un des personnages clef de notre histoire commence à fréquenter le milieu rock.

Peter Grant est un homme hors norme , dans tous les sens que l’on peut donner à ce terme. Son physique de géant russe lui ouvre les portes du catch , avant que le cinéma ne le récupère pour le faire jouer dans des séries B sous-rémunérées. Économisant ses cachets , l’ogre anglais parvient à s’offrir un minibus.

Embauché par un grand tour manager , il conduit Chuck Berry , Bo Diddley et Gene Vincent. Quelques mois plus tard , il s’associe à Mickie Most , l’homme qui découvrit les animals, et avec qui il rachète le contrat des Yardbirds. Lorsque le groupe se sépare , Grant devient naturellement le manager des new yardbirds, qui deviennent Led Zeppelin après leur première tournée.

Nous sommes enfin entrés au cœur de notre récit !

Convaincu du talent de ses poulains , Grant parvient à les faire signer chez Atlantic. Alléché par le succès de l’ex groupe de Page , la maison de disque de Cream offre au zepp une liberté totale , et un cachet jamais vu à l’époque.

Ce qui a sans doute convaincu Ertegun , c’est aussi le premier pressage de ce qui deviendra led zeppelin I , apporté comme un précieux message par Peter Grant. Ces riffs étaient en train d’écrire une nouvelle histoire , et Atlantic devait en faire partie.


Led Zeppelin I



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Trente-cinq heures , c’est le temps que pris Led Zeppelin pour enregistrer l’annonce d’une nouvelle ère . Il faut dire que les bombes qui composent ce disque furent mises en place à l’ancienne , la scène étant le véritable cratère d’où naquit les explosions groovies du zepp. Le disque est lui aussi doté d’une production minimaliste , Plant se contentant de chercher le placement de micro capable de reproduire toute l’ampleur de ce nouveau brasier . Les titres sont à peine retouchés, et laissent ainsi les pistes déborder les unes sur les autres pour retrouver le groove spontané des sun sessions.

Sans aucun artifice , la puissance de led zeppelin explose dans nos oreilles dans une orgie hard blues. Page commence déjà à marier les extrêmes, ses riffs plombés s’éteignant dans les arpèges mélodieux qui ponctuent les débordements de babe i’m gonna leave you. Le rock cherche , toutes les décennies, une nouvelle façon de jouer le blues. Cette musique n’a pas de d’âge , pas de but , elle est telle une vieille bécane que chaque génération emmène vers d’autres chemins inexplorés.

Et tout dans ce disque annonce la voie que le rock prendra lors de la prochaine décennie, des riffs tranchant de Page en passant par la voix perçante de Plant , sans oublier bien sur la frappe pachydermique de Bonham.

Les hommages se multiplient , soutenues par une musique qui tient plus de la réinvention que de la récitation appliquée , ce qui n’empêchera pas les soupçons de pillage. Il est vrai que les références sont nombreuses, le groupe se réappropriant le « i can’t quit you babe » d’Otis Rush , avant de citer « the hunter » d’Howlin Wolf au milieu de « how many more time ». Ajoutez à cela le texte de black mountain side , largement inspiré de blackwaterside d’Anne Briggs , et la réadaptation de babe i’m gonna leave you de Joan Baez, et vous obtenez des soupçons de plagiat qui perdurent aujourd’hui.

Pourtant , la musique que les anglais déploient , en plus de montrer l’amour que le groupe voue au folk et au blues , fait muter ses deux institutions musicales, avec une violence qui s’impose comme une réponse anglais au chaos de Detroit (où les stooges et le MC5 débutent une carrière chaotique). Ce mélange va vite devenir la bible d’une nouvelle génération de musiciens amoureux de décibels , tout en restant très attachés au génie mélodique de la pop sixties. En dehors des hard rockers , Johnny Ramones avouera avoir forgé son jeu en reproduisant la simplicité viscérale de « communication breakdown ».  

Cet album n’est pourtant pas le plus fulgurant du zepp, l’orgue de John Paul Jones plombant l’ambiance à mi parcours (your time is gonna come). C’est néanmoins le plus influent , celui qui annonce le passage à une nouvelle ère confirmée par la séparation des Beatles la même année.  


A sa sortie en 1969 , le premier album est un succès , surtout célébré dans une Amérique sensible au son de cette bande de rosbeef jouant le blues avec une ferveur peu commune. Le Zepp va donc d’abord chercher la reconnaissance sur la terre de ses pères spirituels, qui lui ouvrent les portes du Fillmore.

Fondée par Bill Graham , la salle est le lieu de pèlerinage ou des centaines de hippies vont rencontrer les nouveaux héros de la pop mondiale. Zappa , le grateful dead , les allman brother , et de nombreux autres groupes cultes ont foulé ce temple de la révolution psychédélique. Après son passage , le zeppelin entre dans une spirale infernale faite de concerts aux quatre coins du globe, et d’orgies en compagnies de groupies locales, avant qu’Ahmet Ertegun ne vienne leur imposer un retour rapide en studio.

Le rock est alors en pleine ébullition, Dylan a sorti sa fameuse trilogie folk rock , les beatles ont écrit leur somptueux épitaphe avec abbey road, et les stones démarrent leur retour au blues avec beggars banquet et let it bleed.

Ajoutez à cela une ribambelle de groupes plus underground , mais pas moins brillants , et vous comprenez que le rock est devenu un champs de bataille où chaque groupe lutte pour sauver sa peau. Comme ci cela ne suffisait pas , les média américains critiquent violemment Robert Plant , dont ils ne supportent pas les gémissements Jopliniens . Jimmy Page lui-même commence à douter de son chanteur , qui n’a pas rempli toutes ses attentes lors des premières tournées.

Toutes ces tensions nourrissent la puissance de led zeppelin II, enregistré entre les concerts , dans pas moins de treize studios. Les sessions s’éternisent pendant plusieurs mois , la rythmique étant enregistrée dans un premier studio , avant que le chant ne soit ajouté quelques jours plus tard , ce qui transforme l’enregistrement du disque en assemblage sans fin.

La première partie de ces enregistrements est réalisée en Angleterre, avec le producteur qui sera responsable du second soft machine , et de l’album de blind faith. En Amérique , Eddie Kramer prend le relais après avoir produit les trois classiques du Jimi Hendrix experience. Ces nom prestigieux montre que led zeppelin est sur le point d’entrer dans la légende , une entrée confirmée dès la sortie d’un album qu’on surnomme déjà «  le bombardier marron ».

Led Zeppelin II



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Désolé de vous l’annoncer comme ça les mecs mais c’est plié , terminé , naze !
Bon d’accord , vous avez maintenu l’illusion , ça fait quand même presque cinquante ans que vous nous balancez la même sauce sans réussir à la projeter aussi loin. On y a même cru , régulièrement , et on avait pas tout à fait tort à l’époque.

« Machine head » était presque plus puissant , mais manquait un peu de relief , Uriah Heep avait un vrai talent pour les mélodies épiques mais était un poil trop pompeux, et Cactus restait accroché au blues comme un morpion à son testicule.

Mais bon , on avait déjà fait notre deuil , led zeppelin ayant lui-même abandonné ces contrées sulfureuses pour flirter avec la folk de Crosby Still et Nash. Ce II n’est pas seulement le prolongement logique du premier , c’est un nirvana que le hard rock ne retrouvera jamais.

L’ascension démarre avec Whole Lotta love , et son riff aussi puissant qu’une charge de mammouths en rut. Plant défend chèrement sa place de chanteur, sa voix devenant un véritable instrument s’unissant à la guitare dans un grondement lubrique.  

Véritable alchimiste sonore , Page fait cohabiter l’ombre et la lumière , des titres comme what is and what should never be ou ramble on reprenant la structure en montagnes russes de dazed and confused. Led Zeppelin prend désormais le temps de préparer ses décharges , ses éclaircies mélodiques envoûtant l’auditeur avant qu’une nouvelle éruption heavy ne le transporte dans une transe sauvage.
Ici , les breaks restent chargés de plomb, ce sont des poudrières qui explosent lorsque les hurlements de Plant allument la mèche . Les thèmes rejoignent ceux des grands pionniers du blues , et se partagent entre les manifestes libidineux de whole lotta love et lemon song , et les complaintes d’amants trompés tel que « heartbreaker ». Sorte de communication breakdown sous speed, heartbreaker sera d’ailleurs repris par nirvana au début des années 90.

Led Zeppelin en profite pour déployer sa finesse mélodique sur « thank you » , ballade à la mélodie Byrdsienne qui semble annoncer le virage folk que son groupe prendra ensuite. Ajoutez à cela « ramble on » sorte de rock Tolkenien épique à souhait , et vous obtenez la base de la mythologie Zeppelinienne.

Alors , les marmots hurlant , vous allez sans doute me demander pourquoi ce disque résonne plus fort que toutes vos ébauches tonitruantes. Le dernier élément de réponse est sans doute à chercher dans ce bring it on home qui clôture le disque.

C’est un nouveau blues qui se dégage de ce riff assommant , une nouvelle matière faisant carburer la locomotive rock plus vite que jamais , et confirmant ce II comme l’aboutissement de ce qui fut entamé sur le premier.

Led Zeppelin était rock avant d’être hard , et de ses enseignements on ne retiendra malheureusement que les clichés.


Après la sortie du second album , led zeppelin est sur le toit du monde. Les concerts deviennent alors de véritables triomphes , et les cachets des musiciens leur permettent de mener la grande vie. Mais le rythme infernale des tournées excède le groupe , qui accentue ses excès, pour le bonheur de « journalistes » avides de scandales. Il est temps de prendre du recul sur cette vie folle , et led zeppelin va profiter de la demande d’Ertegun , qui réclame déjà un nouvel album, pour s’exiler au pays de Galles.

Théâtre des mythes Arthuriens, le vert pays leurs permet de profiter du calme d’un cottage qui n’est même pas doté de l’eau courante et de l’électricité. Le groupe n’y achèvera qu’un titre , « that’s the way » , mais l’ambiance des plaines celtiques va largement inspirer les mélodies de son troisième album.

Led Zeppelin III



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« Nous venons du soleil de minuit où soufflent les chauds printemps / le marteau de dieu mènera nos bateaux vers de nouvelles terres. »

Comment imaginer meilleure ouverture que cet immigrant song ?
Sur l’introduction, la voix de Plant sonne comme le tocsin annonçant l’arrivée des sanguinaires nordistes sur les terres anglaises. L'alliance entre ce récit épique et la guitare tonitruante de Page fait le lien entre le II et la douche froide que les fans vont prendre sur les titres suivants.

Comme le disait Page lui-même , il aurait été impossible de faire la même chose une nouvelle fois , le résultat n’aurait pu sonner que comme un décevant frelaté de l’originale. Ce qui choquera , c’est donc cette seconde face , et les larmoiement acoustiques de Friends , qui font dire à beaucoup que Led Zepp creuse désormais le même sillon soporifique que Crosby Still and Nash.

Aux titres acoustiques , le zepp offre pourtant des mélodies mystiques, tel un Dylan ayant troqué la philosophie beat pour les récits chevaleresques de Chretien de Troyes. Gallows Pole fait même cohabiter la rusticité du country folk , et les récits sombres du blues originel, sur un rythme qui flirte avec le bluegrass.

« Ton frère m’a apporté de l’or, ta sœur a réchauffé mon âme/ Mais maintenant je ris et tire de toutes mes forces et te regarde te balancer au bout de cette potence. »
Ces mots sont de Robert Plant , comme tous ceux qui compose ce III, et ils montrent un talent d’écriture que n’aurait pas renié Leadbeally.

Le blues , Led Zeppelin le transcende d’ailleurs une nouvelle fois sur « since I’ve been loving you », monument inoxydable du répertoire zeppelinien. Cinq notes, une voix, un rythme , voilà de quoi est fait ce classique. Comme tous les classiques du blues , c’est la ferveur de l’interprétation qui fait toute la différence.

Et puis il y’a bien sur son parfait opposé, celebration day, compilation de quatre riffs succédant dans un chaos virtuose que les fils de King Crimson ne feront qu’effleurer. Et pourtant , on retiendra surtout cette seconde face mal aimée, où la batterie sait être puissante sans devenir envahissante, où le chant de Plant s’adapte au registre des titres , et où la guitare de Page sonne parfois comme celle d’un troubadour céleste.

Ce sont ces titres qui font que ce disque est devenu le plus incompris de l’histoire du zepp, C’est eux aussi qui le rendent passionnant. Plus que Wishbone ash, le zep a su donner ses lettres de noblesse à un son enivrant, une nouvelle forme de puissance hard folk aussi transcendante que les déflagrations précédentes.       


Bien que décrié , III est loin d’être un échec commercial. A sa sortie, le disque est premier des classements américains et australiens , et le constat est le même dans plusieurs pays européens. C’est un résultat jamais vu depuis les beatles, mais ce bon classement ne durera que quelques jours. Alerté par ce rapide déclin des ventes , Ahmet Ertegun demande au groupe de revenir à un son plus proche de ses deux premiers albums, pour éviter que la fièvre ne retombe.

Nous somme alors en 1971, les stones viennent de sortir sticky finger , et les Who partent promouvoir Tommy lors de performances grandiloquentes. Dans sa maison de Pangbourne , Jimmy Page se passionne pour les théories de Crowley, et commence à écrire ce qui deviendra « l’album aux runes ».

Pour l’enregistrement , Andy John propose de louer le studio mobile des stones, mais Page préfère ramener son groupe dans le cottage où fut conçu led zeppelin III, avec quelques escales au studio island. Ne supportant plus l’acharnement des critiques , qui prennent son groupe pour un effet de mode, le guitariste impose une pochette sans titre ni nom.

IV deviendra vite un des disques les plus vendus de tous les temps, et la critique ne pourra que saluer l’exploit.


Led Zeppelin IV


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Dans le grand débat visant à élire le plus grand disque du Zepp , deux noms sortent du lot , le second et ce IV. Ce constat montre une vision étriquée de ce premier album , tout juste salué comme un retour dans la forge électrique, après la pause bucolique du III.

Ce IV n’est pourtant pas fait du même bois, une maturité aux accents heavy folk ayant remplacé la sauvagerie primaire du bombardier brun. Séduit par l’écho profond de « everybody know this is nowhere », Page l’adapte parfaitement ici. C’est surtout sur la batterie que cet écho fait des merveilles, le guitariste ayant placé les micros en hauteur afin de restituer toute la raisonnance de cette machine à groove qu’est John Bonham.

Décharge électrique tonitruante , Black Dog est la rencontre de deux riffs s’enchainant dans une successions de transitions abruptes . Hurlant au mileu de la tempête , Plant fait le lien entre les deux secousses, bien aidé par la frappe pleine d’autorité de John Bonham, dont le feeling boogie justifie largement son surnom de « bête ».

« Faire ce que tu veux doit être ta seule loi » . Page applique à la lettre cette pensée de Crowley , ne renouant avec la tradition que le temps d’un « rock n roll » à faire rougir Chuck Berry, et du blues langoureux de « when the leave break ». Autant que l’ombre des grands pionniers du rock et du blues , l’influence de Tolkien plane plus que jamais sur ce disque.

Influencé par les écrits de l’auteur du seigneur des anneaux, et par l’histoire de l’Ecosse, Plant signe une fresque folk , avec la mandoline de Page en guise de harpe Homérique. Sa voix laisse régulièrement la place aux lamentations de Sandy Denny , qui illustre ainsi ce mélange de drame et d’exploits glorieux qui fait les grands récits épiques.

Le titre représente surtout une introduction parfaite pour Stairway to heaven, grand poème mystique dont la mélodie semble effectuer une longue ascension vers le Vahalla. La recherche de l’originalité a toujours été le credo qui a guidé la carrière du zepp, avec ce IV cette recherche trouvait un nouvel aboutissement.

« Trample underfoot » invente un blues syncopé et synthétique , avant que four stick ne montre toute la virtuosité d’un Bonham poussé dans ses derniers retranchements. Tout ici sonne neuf , original, comme si chaque disque du groupe devait définir une nouvelle route musicale.

IV n’est pas meilleur que le II , mais il n’est pas moins bon non plus. C’est un exploit musical destiné à marquer les siècles à venir.


Le succès de IV dépassa toutes les espérances de ses géniteurs. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires , et affectueusement surnommé l’album aux runes, le vinyle a prouvé que Led Zeppelin était bien plus qu’une mode passagère, et a fait du groupe une institution respectée .

Jouissant enfin d’un succès obtenu au terme d’une dure lutte , le groupe ralentit le rythme, chacun profitant des pauses entre les tournées pour goûter aux joies d’une vie plus apaisée. Le rythme des tournées reste tous de même soutenu , le rock est encore en pleine ébullition et Peter Grant ne veut pas que ses poulains se fassent éclipser par l’avalanche de chefs-d’œuvre de cette année 1972.

Cette année là , Bowie initie la vague glam sous les trait de Ziggy Stardust, et les stones font encore parler la poudre blues rock sur « exil on the main street ». Mais surtout , les mélodies jazzy de King Crimson annoncent l’avènement de sa cour vouée au culte de l’élitisme symphonique, et des rythmes cool de Miles Davis.

L’époque célébre de nouveau l’élitisme , tout en gardant ce goût pour la violence initiée par Led Zepp I et les sauvages de Detroit.

House of the Holy



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La naissance d’un hard rock progressif ?
Voilà comment Jean Michel Guesdon ouvrait son chapitre sur house of the holy. Tout d’abord , il faudrait se mettre d'accord sur la définition du rock progressif. Certains diront qu’il s’agit du chemin balisé par Jethro Tull , Yes , et autres Genesis . Mais c’est oublier le renouveau qui eu lieu dans les années 90.

 Comme toute les étiquettes , rock progressif sert surtout à qualifier une tendance temporaire , c’est-à-dire celle des seventies. Mais , si l’on prend la définition de progressif au pied de la lettre , on peut aussi bien y ajouter le sergent pepper des beatles , village green des kinks , la trilogie électrique de Dylan , et autres monuments avant gardistes.

A ce moment là , Led Zeppelin arrive dans les premiers groupes capable de qualifier ce désir de partir sans cesse sur des routes inexplorées. Il a déjà payé les frais de ses expérimentations après la sortie du III , disque qui aurait mérité mieux que les commentaires tièdes qu’il déclencha . La majorité aurait préféré voir le groupe barboter dans la même mare juvénile que ses rejetons hard rock , le succès aurait ainsi été plus immédiat, mais la fascination moins durable.

Et voilà que , avec house of the holy , ces même fans se retrouvaient face au disque le plus complexe , le plus travaillé , et le plus aventureux que leur groupe ait produit. Placé en ouverture , the song remain the same démarre sur un riff en forme de compte à rebours , avant que Bonham et Jones ne fassent décoller la machine sur un rythme ébouriffant.

Page tresse alors une somptueuse fresque sonore , ses enchaînements de riffs donnant une leçon de virtuosité à Yes. Les harmonies somptueuses explosent ainsi dans un riff plein de reverb, sommet d’un feu d’artifice lumineux. Quelques titres plus tard , les claviers hypnotiques de John Paul Jones permettent au Zepp de retrouver cette ambiance épique , la voix d’elfe de Plant ajoutant au récit fascinant de « no quarter » une aura mystique.

Rain song prend le relais sur un ton plus apaisé que l’on doit à une remarque de George Harrison. Lors de sa rencontre avec le Zepp , celui-ci aurait affirmé : « Le problème avec vous les gars , c’est que vous n’écrivez jamais de ballade ». Piqué au vif , Page crée une harmonie romantique , qui permet à son chanteur de retrouver la classe mélodieuse de « thank you ».

Cette fois l’incompréhension viendra du nouvel amour de Page pour le Ska et les rythmes jamaicains, qui colore le riff de « dyer maker » , qui veut tout simplement dire jamaica. Le groupe en profite pour faire un petit clin d’œil à James Brown avec le rythme funky de the crunge.

Deep purple ne tardera d’ailleurs pas à reprendre ses rythmes funky sur « burn » , prouvant ainsi que , même si il est encore incompris , led zeppelin a encore sorti un grand disque .  


jeudi 26 septembre 2019

Endless Boogie : Le blues du futur


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De John Lee Hooker à Iggy Pop , des cannead Heat à Lou Reed , l’avenir du rock américain s’est toujours joué dans les bas-fonds de l’underground.  C’est là que Warhol construisit sa factory , atelier décadent qui donnera naissance à l’album à banane , là aussi que canned heat s’initia au blues lors de longues jams passionnées.

Cette culture souterraine est la marque d’une philosophie disparue, celle qui veut que le musicien doit faire ses preuves, explorer les bas-fonds et passer des années avec son art comme seul réconfort , pour espérer un jour percer.

Il sont nombreux les artistes ayant foulé le béton, le ventre vide mais l’esprit libre, suivant ainsi un parcours initiatique indispensable aux vrais marginaux. Mais cette philosophie semble morte et , condamnée à réussir immédiatement ou jamais , les artistes piochent dans un grand vivier de références qu’il ne parviennent souvent qu’à ressasser avec plus ou moins de brio.

Car il faut une vraie expérience pour donner vie au blues, cette musique étant comme le cheval blanc dompté par Napoléon dans une peinture historique. C’est au terme d’années de lutte que les jeunes ambitieux pourront dompter la bête, et l’emmener dans des contrées qu’elle n’aurait pas traversé d’elle-même.

Voilà pourquoi Endless Boogie est un groupe d’une importance vitale, il détient cette expérience liée aux derniers originaux de cette époque morne. Il faut dire que ces musiciens ont de la bouteille, et n’ont sorti leurs premiers méfaits qu’après avoir passé des années terrés dans les bas fonds culturels de New York.
                                                                                     
Le premier album montrait d’ailleurs un groupe qui n’a jamais cessé de lutter. Lutter contre la tentation d’imiter ses héros, lutter aussi pour maintenir le feeling poisseux du blues lors de plus de 10 minutes de jams fiévreuses.   A l’époque où la technologie et le commerce raccourcissent tout, de la taille des fichiers musicaux à la durée des productions visuelles, Endless Boogie ne s’épanouit que dans de longs instrumentaux hypnotiques.

Là , les accords deviennent une véritable machine à remonter le temps , des stooges sous dopes joue le blues en compagnie de Muddy Water , ACDC déploie son hard blues en compagnie de Keith Richard , adaptant son énergie juvénile au feeling du riff master. D’une voix paranoïaque,  le chanteur imite Iggy Pop en se curant le nez, et le temps ne semble plus avoir de prise sur l’auditeur.

Dans le dernier rock et folk, Iggy Pop qualifiait la musique de Miles Davis en ces termes « Il ne cherchait pas de son, même pas de mélodie, il se contentait juste de jouer. Et c’est pour ça que cette musique est intemporelle. »

Et c’est exactement ce que fait endless boogie , il joue , entamant ses jams comme Cavanna entamait ses livres , c’est-à-dire sans réellement savoir où tout ça va le mener. Les américains sont comme Iggy, une certaine finesse se cache derrière leur apparence rugueuse. Mais , là où chez beaucoup celle-ci nécessite des heures de dur labeur , la leur ne s’exprime que dans la spontanéité .

Je ne vais pas vous rejouer le bon vieux « back in mono » , ou ressasser un hommage de vieux chroniqueur sénile bercé par les hymnes no future de Richard Hell et des pistols. Non , endless boogie est au-dessus de ses tendances passagères , et est aussi isolé que beefheart en son temps.

On a pourtant cru à une explosion, lorsque long island avait déclenché l’admiration de rock critiques ayant troqué leur flair contre une nostalgie abrutissante. Vu avec plus d’enthousiasme, le groupe aurait pu devenir énorme , et soulever des foules gigantesques, lors d’orgies sonores qui auraient renvoyer tous leurs concurrents à leurs tablatures.
Mais , caricaturé comme le fils d’une alliance contre nature entre les stooges et cannead Heat , le groupe ne fut qu’une lubie de plus dans un monde mainstream sans ambitions. Il est vrai que long island est un disque moins original que ces prédécesseurs, les trois premiers étant bien plus innovants.

Full house head et focus level sont des chefs d’œuvre, deux cris rageurs où les influences ne sont que des ombres lointaines. Le groupe y élève la répétition au rang d’art brut, partant dans des rythmiques à deux ou trois accords que n’aurait pas renié le crazy horse, si il avait quitté les mélodies campagnardes pour embrasser  la chaleur poisseuse du Mississipi.

Ces musiciens semblent tous frapper sur le même mur, élargissant la faille qu’ils créent à grands coups de solos Hendrixiens. Le stoner n’a jamais atteint les sommets orgasmiques qu’ils atteignent lorsque le rythme monte en pression, comme une centrale nucléaire prête à exploser. Chaque titre nous fait progressivement entrer dans un univers inconnu, où le blues vous tient par la main pour vous mener dans des contrées inexplorées.

Plus violent depuis long island , le groupe a juste augmenté sa puissance de frappe, flirtant un peu plus avec la violence abrasive de détroit. Les deux disques qui sont issus de ce changement, long island et vibe killer sont de grands albums, mais ils ne représentent pas encore le sommet que le groupe avait atteint à ses débuts.

On peut donc s’attendre à ce que ce nouveau cratère donne lieu à une explosion plus violente, plus puissante , et où le feeling blues sera remplacé par un chaos free jazz réinventant le brasier initié par fun house. Et nous voilà en haut de ce Vésuve , à attendre le déluge tant espéré avec une excitation que seuls les grands groupes peuvent provoquer.   

                                                                                                    



lundi 2 septembre 2019

Et le metal ? Il va bien merci.

Bon le moment est arrivé de vous déballer ma grande passion pour le metal a travers un dossier. Mais je vais d'abord définir le metal, qu'est ce que je met dedans.

Pour moi le metal n'englobe pas le Hard Rock, qui comme son nom l'indique est du rock. Donc pour faire simple, le Hard Rock a une base Blues que n'a pas (ou moins le ) le metal. Donc Led Zeppelin, Deep Purple, ACDC, Aerosmith c'est du hard rock. Et le metal n'est pas du heavy metal, le metal englobe tous les types de metal dont le heavy metal.

Les bases posées de quoi je vais vous parler dans ce dossier ? Je ne suis pas là pour raconter l'histoire du metal. Non je veux souligner à travers ce dossier que si aujourd'hui la musique qui domine les ventes est ce que l'on appelle "la musique urbaine" ('R'n'B et rap entres autres), un autre style de musique tire son épingle du jeu. Le rock existe toujours mais tourne un peu en rond depuis quelques temps, il existe des très bonnes choses dans la scène rock actuelle mais rien de bien nouveau sous le soleil. La scène indépendante vit comme elle peut, les dinosaures du rock survivent pour la plupart à coup de grandes tournées plutôt qu'a coup de nouveaux albums. Les jeunes font ce qu'ils peuvent. Mais le metal lui est très vivant. Il fédère de plus en plus d'adeptes, il suffit de voir de voir le nombres de festival du genre qui pullulent partout dans le monde et les stades que certains gros noms du genres remplissent.

Même si hormis les gros noms du genre, les ventes ne sont pas forcément significative, le metal s'est développé depuis les années 80 pour arriver à ce qu'il est aujourd'hui. Et le metal il est quoi aujourd'hui ? Et bien il est une musique qui arrive à vivre à travers ses fans fidèles sans avoir une exposition médiatique phénoménale du moins en France. Le metal n'a pas voix au chapitre à la télé et à la radio française sauf pour les polémiques qui ressortent tous les ans à propos du Hellfest qui reste un succès d'année en année et qui à fait plein de petit dont le Motocultor.

Le plus gros groupe français du moment, Gojira est un groupe de metal totalement ignoré chez nous mais qui en ce moment tourne avec Slipknot, Behemoth et Volbeat. Le groupe a été nommé aux Grammy Awards alors qu'ils sont ignoré des récompenses dans leur propre pays. Mais ce phénomène est bien français, ou la variété française et la musique urbaine est privilégié. La plupart des pays qui nous entourent ont tous un très grosse scène métal, active et qui a produit des groupes respectés.

Mais ce qui à part ses fans à permis au metal de survivre, c'est a diversité et son renouvellement perpétuel. Du heavy traditionnel des années 70, à la naissance du metal extreme et du metal progressif dans les années 80, l'émergence du neo metal dans les années 90, les styles crossover qui se sont développés, et aujourd'hui une scène avant-gardiste et technique en pleine expansion, le metal a sur faire sa mue pour rester en vie

Grosso modo le metal est né avec le premier album de Black Sabbath en 1970. Dès les années 70 on voit apparaître d'autres groupes qui vont formé un peu plus tard ce que l'on appelera la New Wave of British Heavy Metal (NWOBHM pour plus de facilité). Les années 70 voit aussi apparaître deux groupes classé dans la NWOBHM mais qui n'en sont pas vraiment : Judas Priest et Motorhead. Le premier car il est formé en 1969. Avec un premier album sorti en 1974 il est trop précoce pour Etre de la pure NWOBHM. Et le deuxième, Mötorhead est dans le style bien trop éloigné des standards du metal classique pour vraiment y être intégré.

Deux des groupes majeurs des années 80 sont formé dans les années 70 : Iron Maiden en 1975 et Saxon en 1977. Il seront les fers de lance de la NWOBHM. Et le succès de ces groupes va en amener plein d'autres et va voir la formation de plein de sous genres du metal, l'un des principaux est  le Thrash (avec un h apres le t) Metal, qui mélange l'agressivité et la vitesse du punk rock avec les mélodies du metal. Deux grosses scène thrash se développent : aux Etats-Unis (Metallica, Slayer entre autres) et en Allemagne (Sodom et Kreator). Les années 80 voient aussi la naissance de ce que l'on a appelé le metal extreme. Extreme dans l'imagerie, dans la musique. les deux principaux genres dérivés seront le death metal et le black metal. Et aujourd'hui le black et le death metal restent deux des genres les plus porteurs. A leur modeste échelle bien sur, même si ce que les puristes appelle "le true black metal" est aujourd'hui quasi mort et que s'est développe une scène black metal plus ancré dans la réalité de l'industrie musicale et plus accessible au public. 

Et c'est ça qui fait la force du metal, son perpétuel renouvellement, sa perpétuelle remise en question, dans les années 80 il est devenu le contrepoint de la scène new wave et synthpop, "sauvant" les années 80 des "horribles" synthétiseurs, dans les années 90, bien que balayé par la vague grunge il a su une fois de plus se renouveller et mélanger les genres. Les années 90 ont été les années de la fusion avec certes Rage against the Machine mais aussi un genre qui  est aujourd'hui un vilain mot a prononcer dans la bouche d'un fan de metal : le "neo metal". Mélange de metal donc et de hip hop tant dans la musique que dans le look (dreadlocks, pantalon baggy, casquette) ainsi qu'a travers des collaborations entre metalleux et rappeur. C'est l'arrivé de Korn, de Limp Bizkit, de Slipknot et de Linkin Park. Ce genre de metal est décrié pour son mélange des genres et son aspect commercial. la plupart de ces groupe existent encore aujourd'hui mais font un autre style de metal, Slipknot dont le nouvel album est sorti récemment en est la preuve. Le genre a ouvert la voix a un nouveau public plus jeunes qui avaient une dizaine d'année dans les années 90 (et dont je fais partie) et a permis encore une fois au metal de changer de peau. Les années 2000 ont vu arriver un autre type de "fusion", tout ce qui se termine par -core en particulier le metalcore, mélange de metal et de punk hardcore qui reste un genre très prisé aujourd'hui. Depuis plein de styles de metal ce sont développés qui mélange les genres ou qui poussent encore plus loin l'expérimentation.

Sur internet, les sites consacrés au metal pullulent, les chaines Youtube également, elles sont très suivies. Et c'est comme ça que le metal survit, à travers des passionnés qui font tout pour donner de la visibilité a cette musique, qui encore aujourd'hui souffre de préjugés ce qui explique aussi sa non médiatisation, le metal fait peur.

 La plupart des musiciens de metal sont inoffensifs et sont plus dans la provocation et l'envie de faire peur (c'est l'imagerie qui veut ça) que réellement méchants. Même si les accusations de satanisme sont encore présentes (il existe chez certains dans le metal mais c'est tres minoritaire) et que les  souvenirs des affaires d'incendie et de meurtres dans la scène black metal des années 90 restent encore présentes et fascinent encore chez certains.

Pour illustrer la bonne santé du metal en spécialement en France, Slipknot a détrôné Angele du top albums (qui inclue les ventes physiques et digitales hors streaming), et ce sans aucun passage en radio en France sauf dans des radios spécialisé sur Internet. L'album de Slipknot est excellent, Corey Taylor prouve qu'il reste l'un des meilleurs chanteurs au monde et que quand il veut bien faire l'effort de chanter et non pas de hurler, il a peu de gens qui lui arrive à la cheville.

Le metal reste donc l'un des rares remparts musicaux contre la musique urbaine qui envahie les ondes et qu'en faisant l'effort de s’intéresser on peu découvrir une scène très riche dans tous les genres même si le heavy classique est en déclin. Mais la bonne santé de la scène extrême, et en particulier du black metal qui s'est énormément diversifié et offre des albums très aventureux parfois sans guitares parfois avec des mélanges avec d'autres genres, du thrash, et de la scène plus actuelle type metalcore, deathcore, djent (dérivé du metal progressif) donne un coup de fouet bienvenu au genre.


Pour terminer, je signale aimablement qu'aucun mouton n'a été égorgé sur l'autel de Satan pour écrire cette chronique.

dimanche 14 juillet 2019

Edito : Mad Max 2945


Nous sommes en 2945 , la chine a gagné la troisième guerre mondiale , sans trop combattre d’ailleurs, et l’Amérique se reconstruit progressivement grâce aux bras de nouveaux pionniers. Dans une maison si vétuste qu’elle semble sortie du film « les raisins de la colère », un homme pense au passé.
                                                                 
Il était là lorsque, méprisé par un parti démocrate décadent, l’amérique profonde fut traitée de tous les noms. Raciste, homophobe, violent , illettré , le salarié blanc , qui représentait la majorité du pays , était sacrifié sur l’autel du vivre ensemble. Ce qu’il a pu se faire insulter lorsque, ayant rejoint Clint Eastwood et quelques philosophes de tous pays, il attaquait violement une doctrine morbide.

Sous couvert de bonnes intentions, les lobbies communautaires inventaient un nouveau racisme , une ségrégation culturelle d’autant plus vicieuse qu’elle était chérie par une jeunesse décadente. Ils commencèrent sur des sujets en apparence futiles, demandant l’interdiction de pièces où des blanc se déguisaient en noir , hurlant que ces mêmes noirs n’étaient, en plus, pas assez représentés au cinéma.

C’est d’ailleurs la réponse à ce premier grief, « il y’a autant de noirs à Hollywood que de blancs à bollywood ou dans le cinéma africain »,  qui lui valut sa première peine de prison. Condamné pour des idées, il n’aurait jamais cru ça possible dans le pays de la liberté.

Alors il a purgé sa peine, presque prêt à se résigner, pour lui une telle absurdité ne pouvait qu’être passagère. Et puis, ils ont osé attaquer l’inattaquable, faire passer un symbole de libération pour un emblème de leur fascisme fantasmé, ils s’en sont pris au rock. Il leur fallait un symbole, et ce fut les stones. Ces hommes ayant participé à mélanger la culture noire et blanche , chiant ainsi sur la connerie de l’apartheid, étaient aujourd’hui qualifiés de symboles du « racisme structurel ».

Appropriation culturelle , voilà le terme de novlangue qui fit tomber le plus grand groupe du monde. La jeune génération ne réfléchissait déjà plus, sa raison était enfermée dans le temps présent comme dans un étau , et cet étau avait fini par l’asphyxier. Non éduqué par des parents les imitant pour ne pas paraitre « vieux » , insulte suprême dans un monde voué au culte de la jeunesse, celle-ci était en plus largement abrutie par les smartphones , et des réseaux sociaux devenus un redoutable outil de propagande.

On fit alors des émissions expliquant que ces « oppresseurs » avaient pillé les formules de Muddy Water , le condamnant ainsi à l’anonymat. Qu’importe que le succès des stones ait en réalité déteint sur pas mal de bluesmen, leur assurant ainsi une notoriété qu’ils n’espéraient plus, la machine était en marche.

De peur de se faire attaquer par une jeunesse hystérique, amazon et les principales chaines de distributions ne vendirent plus aucun disque des stones. Après ça, de nouveaux « musicologues » , sortis de facs inconnues , passaient au crible chaque artiste et chaque titre , décrétant ce qui était acceptable ou pas.
                                                        
La bataille était gagnée d’avance , le rock ayant déjà essuyé les assauts d’une pop ultra commerciale , son massacre par une bande de nouveaux curés politiquement corrects ne choqua pas grand monde. Alors quand notre héros continua tranquillement son site, utilisant sa plume pour ouvrir ces esprits étriqués, les menaces tombèrent. Pour s’intéresser à une musique aussi dépassée, et en faire la promotion alors que les grands lobbies avait dénoncé ses travers, il devait avoir des idées racistes.

Les Etats Unis étant désormais regroupés avec l’Europe dans une grande confédération occidentale, les émissions diffusées dans plusieurs pays s’indignaient de ses chroniques, moquaient la passion de cet « ignoble raciste réactionnaire », comme le disait un Yann Barthes toujours prompt à suivre le conformisme ambiant.   
Invité à son émission, il fit face à trois adversaires d’autant plus redoutables qu’ils avaient la morale populaire de leur côté. Il s’en sortit pourtant plutôt bien, rappelant simplement que ce que ces hystériques voyaient comme un vol culturel était en réalité un formidable brassage, sans oublier de citer les nombreux groupes multiraciaux.

Mais comme le disait Engels : « Arrivé à un certain niveau, le nombre devient une qualité », et les cerveaux étaient déjà trop empoisonnés pour raisonner autrement que selon la philosophie dominante. Résultat,  son intervention eut un effet catastrophique, les jeunes brûlant disques et livres sur le rock en place publique. Pensant avoir trouvé un excellent filon électoral, présidents et ministres se réunirent pour prononcer un discours vibrant … de connerie. « Jeunesse occidentale, continuez de nous interpeler sans relâche. C’est sous les coups passionnés de votre indignation que la bête immonde de l’intolérance finira par mourir. »  

Quelques jours plus tard , on l’interpela , au coté de Philippe Manœuvre , Zegut , Eudeline , et autres grandes figures de la critique rock, ainsi qu’une poignée de musiciens impies. Cette fois il était parti pour prendre perpette, et ne devait sa liberté qu’aux chinois. Ayant pris conscience de la faiblesse de l’occident, ceux-ci envoyèrent quelques missiles en direction de l’Europe.

La réaction ne se fit pas attendre, l’occident s’étant totalement démilitarisé pour « ne plus jamais commettre les erreurs du passé », une capitulation fut signée dès la chute du premier missile. La chine organisa alors un grand déplacement de populations, faisant de l’Amérique une terre vierge, qui n’apparaissait même plus sur les cartes.

Heureusement, la bombe avait pété assez proche de la prison de notre dissident pour en faire tomber un mur. Il réussit donc, après un long périple, à rejoindre une Amérique revenue à l’époque de ses tribus indiennes. Ne jugeant pas nécessaire de les massacrer, les chinois avaient laissé en vie les dernières tribus amérindiennes.

Pacifiste, ces tribus laissèrent nos rock addicts rebâtir l’ex superpuissance. A une époque où les hommes étaient immortels, ils avaient tout leur temps. Ayant retrouvé une pile de disques , qui ont échappé à l’obscurantisme passé , ils passaient sans cesse les stones et autres classiques du rock.

Ils finirent par reconstituer une grande puissance après plusieurs siècles, une puissance ayant sa culture, mais la faisant évoluer au contact d’un empire chinois qui prit conscience de son importance, après plusieurs siècles d’ignorance.

Notre homme était alors devenu président d’une terre brillant par sa culture, et où tous contribuaient à l’élévation de l’esprit humain à travers leurs créations. Et bien sur , le rock en était l’emblème , « rockin in the free word » étant devenu l’hymne de cette nouvelle terre.  

Si il y’a une leçon à retenir de cette fable, c’est que l’anti racisme ne vise pas à opposer « oppresseurs et opprimés » , où à inciter chacun de surjouer son « identité », mais tout simplement à créer des mœurs favorables à tous.

Le rock l’a compris avant toute autre culture, mêlant les sons et les ethnies sans présenter ce changement de façon clivant. Ce brassage était juste naturel, cette culture dépassant les questions d’identité égoïste , pour créer une œuvre dépassant l’égo de ses géniteurs.