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dimanche 17 novembre 2019

The Ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 1


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Attention, cet article est un plaidoyer à la gloire de la simplicité, une tomate envoyée à la figure de ceux qui oublièrent que le rock est avant tout un cri primaire. En un mot comme en mille, c’est un manifeste pour réhabiliter la foisonnante discographie d’un groupe qui fit tant, avec seulement 3 accords. Sur ce, lançons notre cri de guerre et entrons dans la légende : Gabba Gabba Hey !

La jeunesse des ramones semble tirée d’une chanson de Lou Reed , avec ses dealers attendant leurs dûs aux coins des rues , et ses couples dysfonctionnels créant leurs propres purgatoires. Johnny et Dee Dee venaient de ses bas-fonds new yorkais , et Dee Dee a connu la « fièvre blanche » dès ses quinze ans , afin d’oublier les délires d’une mère déséquilibrée et d’un père alcoolique.  Johnny n’est pas issu d’un milieu plus reluisant, et copiera vite le tempérament autoritaire d’un père qui n’hésite pas lui demandé « alors j’ai élevé une fiotte ? » à la moindre de ses défaillances.

Cet environnement particulièrement dur va forger le caractère agressif de Johnny, qui trouve vite en Dee Dee un compagnon de misère. Avec sa coupe au bol et son air paumé, Dee Dee ressemble à un fan des beatles perdu dans un roman de Burrough , alors que Johnny développe une rage qui force naturellement le respect.

Ce parcours erratique, les amènes à croiser la route de Tommy et Joey, comme si leur air paumé les avaient prédestiné à créer un groupe. Fondateur du gang , Tommy dira lui-même que personne n’aurait parié un kopec sur cette bande de marginaux , qui joue en public avant même de maitriser leur instrument.

Après plusieurs tâtonnements, les rôles se définissent, Dee Dee découvre « qu’il y’a un do sur cette putain de basse » , et Joey s’affirme comme le digne frontman de ce gang de marginaux. Ayant frôlé l’hôpital psychiatrique, après qu’on lui eut diagnostiqué une « schizophrénie paranoïaque, il se nourrira de cette expérience pour chanter les classiques délirants qui jalonneront l’histoire du groupe.

Le rock est la seule bouée de sauvetage des Ramones , le seul milieu susceptible de leur donner une place, et ils s’y jettent comme si leur vie en dépendaient . D’abord tiraillé entre un chanteur et un bassiste obnubilés par les beatles , et un guitariste vénérant la violence led zepplinienne , tout ce petit monde se met d’accord en découvrant le premier album des New York Dolls.

Véritable chainon manquant entre la simplicité des premiers beatles et la violence crue de led zepp, le groupe de Johnny Thunder montre la voie d’une agressivité sonore libérée de toutes préoccupations musicales.   
                                                                                                                               
Tout le monde peut le faire ! Voilà le message des Dolls , message que les ramones vont propager à un rythme infernal. D’abord catastrophique, leurs concerts prennent progressivement la forme de bombardements libérateurs , où les faux frères New Yorkais prennent à peine le temps de s’arrêter entre les titres.
                                      
Johnny résumera cette philosophie de manière un peu pompeuse en affirmant «  le rock se mourrait et nous voulions le sauver ». C’est que le rock commençait à sérieusement se regarder le nombril, se prenant lamentablement au sérieux à travers ses instrumentaux interminables , ses solos vertigineux , et ses concepts élitistes. Quand Dee Dee hurle « one , two, tree, four » , c’est plus pour annoncer une nouvelle salve contre cet académisme d’opérette, que pour fixer la mesure de titres souvent calqués sur la même cadence.   

Le groupe devient rapidement la coqueluche du CBGB ,un  club bluegrass sur le déclin, qui se refait une santé en devenant le haut lieu de l’underground Américain. Entre ses murs , les Iggy Pop , blondie , Patti Smith et la crème du nihilisme rock écrit les premières pages de sa légende. C’est aussi là que, subjugué par l’énergie des faux frères ramonseques , Mclaren trouve le dernier élément de son plan de conquête des charts : il se nommera sex pistols.

On retiendra aussi cette phrase lancée par Joey à Joe Strummer « Nous sommes nuls. Si tu attends d’être bon pour former un groupe, tu seras trop vieux quand ça arrivera ». En 1976, Danny Fields, l’homme qui découvrit le MC5 et les stooges , invite ces « nuls » à enregistrer leur premier album.
La cartoo… Euh la légende peut commencer.

Ramones

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Premier journaliste français ayant chroniqué ce disque , Philippe Manœuvre réussit au moins à résumer l’incompréhension , voire le mépris , dont le groupe sera victime tout au long de sa carrière .
« On avait besoin de nouveaux stooges , pas de mecs avec des T shirts mickeys » déclare t’il quelques années plus tard.

Les ramones ne faisaient pourtant que perpétuer le message du groupe d’Iggy Pop , en le radicalisant. « search and destroy » et « blitzkrieg bop » sont fait du même bois , ils rendent aux gamins une musique confisquée par les expérimentations prétentieuses des dinosaures de stades.

Fini les solos à rallonge , les instrumentaux se perdant dans des délires alambiqués , ce premier album se résume à quinze parpaings pop ne dépassant jamais les 3 minutes. Trois accords , trois phrases , trois minutes , voilà la sainte trinité promue par les ramones , et servit par une production ultra minimaliste.

« Now I wanna sniff some glue » donnera son nom au magazine emblématique de la scène punk , qui passera une bonne partie de son existence à défendre vaillamment la verve ramonesque. Récités comme des mantras , les refrains entétants de « 53 rd » , « blitzkrieg bop » , et autres « sheena is a punk » viennent nettoyer le rock de la boue complaisante dans laquelle il s’était englué.

Mal vendu , descendu par la critique , « ramones » deviendra tout de même le disque underground le plus influent depuis le premier velvet.


Leave Home

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« Résumons nous : Les ramones représentent une partie infime de cette énergie que les stooges ont canalisé au péril de leurs vies, avec une maestra bien connue. »
Non , Monsieur Manœuvre , les ramones n’étaient pas un simple coup tenté par un manager aux dents longues.

Leur nihilisme,  les ramones le font survivre grâce au rythme infernal de leurs tournées comme les stooges avant eux. Là , leurs riffs deviennent moins mécaniques , les mélodies plus fluides, mais la simplicité reste. Le message est le même , « carbonna not glue » s’incrivant dans le même sillon décadent que sniff some glue, dans une série qui ressemble à une version minimaliste d’heroin.

La seule différence majeure entre ce disque et le précèdent, c’est que Johnny Ramones n’a plus l’air de tenir une guitare pour la première fois de sa vie. Plus carré , les refrain s’imposent comme une version sous speed de la pop sixties, « now i wanna be a god boy » bénéficiant d’un refrain taillé pour devenir aussi culte que « all you need is love », avant que les chœurs ne fassent leurs  apparitions sur swallow my pride. Avec les bruitages pop de beach boys de cartoon , ils montrent le besoin de reconnaissance d’un groupe qui commence à draguer le grand public.    


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