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vendredi 19 juin 2020

lightning raiders : sweet revenge


Sweet Revenge" - Lightning Raiders - Rock Fever

Cherchez toujours dans les poubelles de l’histoire, c’est là que le rock cache sa puissance la plus pure. Quand les ligthnings raiders se forment, le pub rock vient d’accoucher du punk , et le bébé commence à crier sa hargne dans une Angleterre en récession. En très peu de temps, les pionniers de cette génération influencent de nouveaux gangs. Les clash sont nourris par l’énergie primaire des Ramones, et reprennent le militantisme des sex pistols. Je ne parle même pas des Jam, qui se servent de la fougue de la bande à Rotten , pour réveiller la fureur mods.

Avant eux , Iggy pop avait donner le mot d’ordre ,  « chercher à détruire ». Détruire le désespoir d’une jeunesse condamnée au travail à la chaîne ou au chômage, détruire les prétentions des dinosaures de stades, détruire le passé pour pouvoir de nouveau le célébrer. Dans ce contexte, les lightning raiders auraient pu devenir les héros de l’époque, mais l’histoire n’est jamais aussi simple.

Même le nihilisme punk a créé une esthétique qu’il ne vaut mieux pas outrager , et les raiders ne sont pas vraiment issus de ce moule. C’est une bande de mercenaires crée par deux vétérans de l’underground anglais , des renégats habitués au mépris des charts. Andy Allan a fait ses armes chez les deviants , icone des amateurs de contre-culture de la fin des sixties-début seventies. Les deviants étaient les trouble-fêtes du psychédélisme , ceux qui, avec les pink fairies et Hawkwind, influencèrent des trips plus violents et subversifs.

The lightning raiders est né de l’alliance de cette génération, c’est d’abord la réunion du bassiste des pink fairies et d’un ex deviants. Hendrix admirait déjà cette puissance compacte, et Lemmy réinventera le mur électrique des fairies avec motörhead. Des stooges aux fairies , des deviants à motörhead , cette radicalité n’a jamais été très appréciée des charts.

Les choses semblaient pourtant bien commencer quand Steve Jones et Paul Cook participèrent à l’enregistrement de « psychedelic music ». Premier single des raiders , le titre sort à une époque où la furie des sex pistols n’est déjà plus qu’un lointain souvenir. Les seventies sont déjà mourantes, et les années à venir s’annoncent bien plus tranquilles. Police a transformé le reggae rock des clash en mièvrerie pour radio ,  et Island prépare déjà le succès planétaire de U2. 

Dans ce contexte, les producteurs supportent de moins en moins cette bande de sauvages , qui est trop radicale pour espérer surfer sur la nouvelle vague de heavy metal britannique . Le premier album du gang est en préparation, mais les gérants sentent le désastre arriver. Les séances sont stoppées brutalement , et le groupe mis dehors. Abandonné de tous, ces musiciens retournent dans les bas-fonds de l’underground anglais, où il survivent au sein de groupes obscures et autres reformations des pink fairies.

Les bandes de l’album enregistré par les lightning raiders vont donc dormir dans une cave pendant plus de 20 ans , avant d’être enfin publiées en 2002. On retrouve sur ce disque une énergie du désespoir perdue depuis la sortie de raw power.

Sweet revenge est une déflagration vindicative, le rock de detroit annonçant le jour où cette musique piétinera le cadavre de ceux qui l’ont enterré. « Criminal word » a presque des airs d’hymne punk, il aurait sans doute pu marquer l’histoire si il était sorti en 1977.
Et puis , il y’a ce barrage électrique , un bombardement motoredien se mêlant à l’énergie initiée par les ramones. La seule erreur de ce disque est d’avoir été produit en 1982, à une époque où la sincérité artistique était presque une faute professionnelle.

Aujourd’hui , « lightning raiders » est devenu une disque culte , une relique dont on chérit la splendeur sous-estimée.        

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