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samedi 1 mai 2021

National Health : First album

 


Le rock progressif n’était pas encore à son apogée lorsque, dans la petite ville de Canterbury, un groupe s’apprêtait à écrire une des plus belles pages de son histoire. Après un premier album encore proche du rock expérimental anglais, volume two inventait un modèle autour duquel toute une scène allait broder. Mélange de free jazz , de psychédélisme expérimental et d’une extravagance pop très anglaise, le second album de Soft machine est au rock de Canterbury ce que Led zeppelin I est au hard rock , une base incontournable.

C’est aussi le disque qui tua la formation légendaire de Soft machine. Après la sortie de l’album, la plupart de ses musiciens souhaitaient partir dans une direction plus élitiste , se rapprocher des grandes œuvres free jazz. Cette vision est loin de plaire à Robert Wyatt, le lutin batteur, auteur de certaines de leurs plus belles pastilles jazz pop. Après avoir supporté le virage de ses collègues sur third et fourth , Wyatt finit par claquer la porte. Il perpétue alors la légèreté de sa pop jazzy en formant matching molle , qui entre vite dans le rang d’une descendance qui salue son intégrité. C’est l’époque où Dave Steward joue au sein de Hatfield of the north , qu’il quitte après un bref passage chez Gong. Fils de la machine molle, Hatfield of the north enregistra deux monuments jazz rock avant de s’éteindre. Né des cendres de ce groupe éphémère , Gilgamesh connait le même sort , laissant ses musiciens perdus au milieu d’une époque devenue hostile.

En 1975, le rock progressif commence à perdre sa popularité, permettant ainsi à une presse qui ne l’a jamais aimé d’accélérer sa chute. Les grandes figures du mouvement sont en pleine crise , Peter Gabriel quittant Genesis alors que Emerson Lake et Palmer n’a plus sorti d’album depuis deux ans. Symbole du progressisme anglais, Yes est descendu par une critique qui ne supporte plus ses fresques alambiquées. Coté Canterburien , toutes les grandes figures sont mortes ou en perdition. Pendant ce temps, Dr Feelgood a ramené le rock à sa plus simple expression avec l’album Down by the jetty , et les futurs punks se font les dents sur son pub rock.   

1975, c’est aussi le renouveau du CBGB , un petit club New Yorkais où les Ramones , Patti Smith et autres icones destroys feront leurs débuts. Alors forcément, quand les ex membres de Gilgamesh forment un groupe dans la lignée du rock Canterburien , les maisons de disques ont tendance à les rejeter.  Le premier album de National Health sort enfin en 1977, en pleine explosion punk. Grandiose anomalie temporelle comme seul le rock sait en produire, ce premier album de National Health renoue avec les grandes heures des lutins de Canterbury.

Les climats aériens s’écrasent sur des envolées instrumentales complexes, l’orgue et le piano entrent dans un dialogue grandiloquent, pendant qu’une chanteuse issue d’Hatfield of the north souligne les passages les plus mélodiques de sa voix de Billie Holiday anglaise. A travers ce dialogue entre la pop la plus séduisante et le progressisme le plus exigeant, c’est toute une époque qui semble pousser son chant du cygne.

Plus intéressé par les braillements de Joey Ramone et Johnny Rotten, le grand public n’est pas prêt à se replonger dans un tel bain symphonique . Cette musique est désormais réservée à un public averti , cantonné aux bacs à soldes des disquaires. Les enchantements de Glastonbury sont devenus des reliques du passé, les témoins d’une certaine ambition pop qui ne reviendra plus. Après un second album coulé dans le même moule que ce premier essai somptueux , National Health disparait rapidement. 

Devenu culte, son premier album entre dans la lignée des grandes reliques produites par Soft machine , Matching Mole , Gong , et autres Hatfield and the north. En écoutant ce genre d’album , Robert Wyatt doit jubiler , lui qui défendit si bien cette musique contre les ambitions prétentieuses de ses ex partenaires.     

Nektar : Sound Like This

 


Groupe anglais formé en Allemagne, Nektar est un gang oublié dont les albums sont aujourd’hui devenus cultes . Fan des Beatles, le groupe se forme à Hambourg , la ville qui fut le théâtre des premiers concerts des quatre garçons dans le vent. A une époque où les rythm n bluesmen anglais font swinguer Londres , les musiciens de Nektar ont d’abord formé leurs propres formations. Mais la perfide Albion n’a pas voulu d’eux, obligeant ainsi les musiciens à s’exiler au pays de la choucroute.

Parmi ces losers, seul le guitariste Ray Allbrighton connut son heure de gloire. Nous étions alors au milieu des sixties, et Ray donna la réplique à un Hendrix venu trouver en Angleterre la notoriété que son pays lui a refusée. Nektar a ensuite la chance de rencontrer Mick Brockett , l’alchimiste génial ayant inventé le light show délirant de Pink floyd, qui accepte de produire ses effets délirants pour les concerts de Nektar.

Mis en valeur par un ses effets visuels, Nektar attire vite l’attention d’une Allemagne en pleine ébullition psychédélique. Pour oublier le traumatisme du nazisme, une horde de musiciens se sont jetés sur la pop anglaise et américaine, dont elle commence à réadapter la grandiose inventivité. Cette fin de sixties voit donc Amon Dull repousser les limites de l’acid rock dans de grandes improvisations, Can oublier la virtuosité de ses musiciens pour produire une musique se rapprochant de l’énergie primaire du Velvet, Guru guru creuser le sillon d’un heavy rock hypnotique…

Amusé par l’invasion de ces hippies teutons, les anglais qualifie cette musique de krautrock , ce qui signifie littéralement rock choucroute. Sous ses ricanements, un de ses groupes est en train de surfer sur la vague de ce « rock choucroute ». A une époque où les labels locaux signent des groupes à tour de bras, du moment qu’ils jouent une musique planante, Nektar enregistre vite un premier album. A tab in the ocean fait clairement du pied à la scène locale, ce premier album sera d’ailleurs le seul à reprendre aussi clairement les codes des contemporains d’Amon dull.

L’album suivant tentera de retrouver les faveurs d’une terre natale qui est maintenant envahie par la vague des prog rockers . Menée par des figures de proue tels que Yes , Genesis et Emerson Lake and Palmer , cette vague rallonge la durée des titres rock , qui dépassent souvent les dix minutes , et commence à centrer ses albums autours de concepts alambiqués. A tab in the ocean entre dans le rang des grandes fresques rock, ses deux titres deviennent les principaux chevaux de batailles des concerts du groupe. Les radios sont séduites par ce clavier électronique flirtant avec l’avant-garde progressive, ne se lasse pas de cette guitare jouant le blues du cosmos. Bien que très longs, les titres du groupe tournent en boucle sur plusieurs stations de radio, et les journalistes saluent cette verve cosmique.

On place aussi Nektar dans le rang du proto hard rock , on compare ses fresques heavy aux trips plombés de Vanilla fudge et Iron butterfly. Encouragé par cette bonne presse, Nektar s’enferme en studio, où il se contente de laisser les bandes tourner pendant qu’il improvise. Libéré de toute contrainte, un clavier gothique semble rivaliser avec la violence hard blues de Deep purple, la guitare baigne son swing implacable dans le chaudron délirant du psychédélisme. La fluidité d’une rythmique puissante sans être assourdissante permet au groupe de se poser sur des mélodies charmeuses, qui rappellent furieusement ses origines anglaises.

Solidement fixées sur une rythmique lourde comme un défilé de mammouths défoncés, des explorations cosmiques telles que « a day in the life of a preacher » font le lien entre le space rock et le hard rock naissant. Marqué par son expérience derrière Hendrix, Roy Allbrighton semble avoir absorbé un peu de cette fièvre voodoo qui changea à jamais le rock n roll.

Après avoir entendu ce bouillonnement space rock , Elton John parlera d’un album extraordinaire. Sound like this arrive malheureusement au plus mauvais moment. Poussé par un succès qui ne fait que croitre, Nektar enregistre rapidement un autre album. Porté par un son plus mélodique, remember the futur fait un carton aux Etats Unis, éclipsant ainsi son petit frère heavy. Sound Like this reste pourtant l’album le plus brillant du plus allemand des groupes anglais. Il montre une bande de renégats arrivés au carrefour des avant-gardes , des explorateurs fous prenant tous les chemins non balisés de leur époque.  

mercredi 28 avril 2021

The Tony Williams Lifetime : Emergency! (1969)



Bouillonnement de JaZZ, explosion de rOCk


Si vous voulez savoir ce qu'est le Jazz / Rock, la Fusion, la musique risquée mais canalisée par des maîtres instrumentistes, le summum de la virtuosité conjuguée à la maîtrise des sons, alors il faut écouter cet album mais aussi le suivant Turn it over (1970) noyé de Fuzz par un des plus grands guitaristes de son temps.  Au demeurant vous prenez le risque de renier vos disques de Hard, de regarder vos albums de Prog d'un autre œil et peut être de cracher sur vos albums de métal qui pourront vous paraitre un tantinet pâlots, falots mais surtout brutaux en regard de cette falaise musicale élevée que constitue la réunion des trois musiciens (puis quatre sur Turn it over avec l'adjonction du bassiste des Cream Jack Bruce) présents sur cet album. 

Fin sixties le Jazz / Rock est en gestation autour des musiciens prestigieux que sont Miles Davis, JMLaughlin, Herbie Hancock, Jaco Pastorius mais aussi Jimi Hendrix ou Zappa...et beaucoup d'autres.

La marmite chauffée à blanc bouillonne ! 

Il en sortira de nombreux albums et dans les tout premiers en cette année 1969 considéré comme un jalon du genre Fusion : Emergency ou encore Devotion (John Mac Laughlin le grand prêtre de la Fusion)...

https://www.senscritique.com/album/Devotion/1367297

Tony Williams y encadre le déluge à la batterie (Il est monstrueux sur Something spécial !) et donne de la voix comme un prêcheur (surtout dans Turn it over), John Mac Laughlin y développe son jeu savant alternant virtuosité invraisemblable gammes improbables et légèreté envoutante, quant à Larry Young il propulse son orgue vers des sommets expressionnistes.

La complémentarité de ces musiciens associée à leur niveau technique ahurissant leur donne tout pouvoir sur la musique. Une référence !

The WhO : Tommy (1969)


Maîtres de l'UnIvERs !


Pas besoin d'être un grand fan du WHO pour apprécier ses deux films Quadrophenia et Tommy tous deux marqueurs d'une époque avec ses modes et ses délires psychédéliques nourris aux substances innommables que seuls des fous peuvent absorber sans périr. Les Who ont changé le son de leur époque à travers leurs albums et tout particulièrement Tommy "Opéra Rock" qui marque une amélioration, un étage de plus à l'édifice du ROcK. 

On ne peut qu'être intrigué et secoué en visionnant cet opus ultra kitsch avec toutes les vedettes de l'époque qui défilent à l'écran de Acid Tina Queen Turner à Elton Lunettes John et ses Dr Martens géantes, deux grandes performances visuelles et sonores. Le film est un délire et il faut être soi même "un peu barré" pour l'apprécier pleinement. Ensuite à tête reposé écouter cet imparable coup de maître, cet album prestigieux qu'est Tommy. 

Cette musique est vraiment la création majeure de Pete Townshend,  la pierre précieuse qu'il a sculpté patiemment. Tout est bon depuis le chant de l'Ange Roger Daltrey jusqu'au chœurs en passant par la basse, le cor de John Entwistle et les orchestrations savantes dans ce double album planant et musical qui tourne sans ennui du premier au dernier titre.

Tommy a bercé l'adolescence de toute une génération - post soixante-huitards pour la France - à travers le Monde et continue de bercer leurs enfants. Opus incontournable qui fera un passage au délirant festival de Woodstock, de tout amoureux de rock culture il est et restera un disque majeur dans l'histoire des musiques actuelles. C'est vraiment un tournant, une consécration pour la carrière de Pete T et des Who que l'on pourrait résumer par : "Guitares brisées, amplis transpercés, les Who sont toujours en colère mais maintenant ils tutoient Dieu et jouent au flipper avec l'Univers !"


Question : Est-ce que Tommy a influencé les Floyd pour The Wall ?

Réponse : C'est sur !

Isaac Hayes : Hot Buttered Soul (1969)


Aldebert découvre la SoUL


- Salut Philibert qu'est ce t'écoutes là ?

- Tiens mon Alde voilà un album qui va te réjouir les oreilles, un album qui marque l'histoire de la SoUl / RoCK musique à grandes déferlantes d'orgue Hammond et de chorus déjantés de guitare ou de piano le tout enrobé par la voix suave du "Moïse Noir".

- Oki j'connais pas bien ce genre de zik ! J'en roule un et on va écouter ça bien peinardo !

**Peu après...**

- Mais enfin t'es pas un peu dingo ? Quatre titres, c'est tout ? Et puis la durée des morceaux...sont trop longs, c'est pas courant ça même pour de la SoUL, c'est du Saoule / Prog ? En plus y a des reprises !

- Et alors tout le monde fait des reprises même un groupe Punk le STrAnGLeRS a repris  "Walk on by" chanté par Dionne Warwick. Tu vois quand c'est bien fait tu reconnais même plus les morceaux, ils deviennent autre chose ! 

https://www.youtube.com/watch?v=vsGsCvJWEo8

https://www.youtube.com/watch?v=jqfqVDHNW6c

Et puis tu peux pas t'imaginer le potentiel émotionnel de cet album pillé par tant de Rappers ricains, les plus grosses pointures, pour donner un Hip Hop so classe !**"Hyperbolicsyllabicsesquedalymistic"** : Black Steel in the Hour of Chaos by Public Enemy (1988) / Born and Raised in Compton by DJ Quik (1991) / The Puppet Master by DJ Muggs, Dr. Dre and B-Real (1997) / **"Walk on By"** : Warning by The Notorious B.I.G. (1994) / Me Against the World by 2Pac (1995).Ils ont injecté ce groove dans leur musique pour lui donner une seconde vie, cherché la recette, la substantifique moëlle et ainsi placer leur Hip Hop en tête des charts. La musique, la bonne n'a pas d'âge mon poteau ! Quand t'écoutes ça tu es enrobé par une espèce de tranquillité, de sérénité que t'as pas idée !. Le groove lent...pas si évident...un peu comme si tu dansais comme un fou mais lentement...Coolitude nerveuse qui balance terriblement... j'te dis y a qu'les blacks pour groover comme ça, c'est un peu leur revanche sur tous ces blancs becs qui essaient de s'approprier leur musique tout en l'appauvrissant mais en gagnant pas mal de pez avec !

- Tu dis vraiment n'importe quoi !

- Attends j'esssplique. Le bal s'ouvre donc avec "Walk on by". Après une intro de plus de deux minutes, arrive la voix et tu comprends que ton cerveau va être infecté, réquisitionné ! 

- T'as pas tort j'me sentais vraiment bien mais bon le splif est aussi un peu responsable, non ?

- Non mon Alde c'est le  timbre de cette voix si Soul, si enveloppante soutenu par ces chœurs féminins..."Angel voices" mon pote... puis le morceau est sali "Rockifié" par cette guitare tranchante et aussi "Jazzifié" par ces longues vagues d'orgue hammond transformant ce titre en une espèce de JaZz RoCK à dominante SoUL. Les genres fusionnent, certainement la plus grande force de cet album ! Ce mec casse les frontières pour faire une ziq riche et novatrice.Ensuite sur "Hyper- bidule machin au nom imprononçable" tu prends un petit fix de Funk paisible et imparable. Sur !... c'est du même carat que "Walk on by", mais because ce groove de basse le Fonk s'impose. Nonobstant... Ha ha, t'as vu comme j'emploie des mots oubliés mon Alde... Nonobstant disais-je la structure est plus RoCK et là encore pour briser les frontières il te balance un solo de piano JaZZy de plus de 5 min !!! lancinant et prenant comme un verre, non deux, de Purple Drank la boisson des HipHopers, meilleure que le coca mon gars ! Dans "One woman" ça croone à mort mais soft un peu comme si Joe Cocker s'était enfilé une dizaine de pastilles Valda pour la gorge ou bu un litre de miel. C'est chaud et doux à la fois un peu comme les bras de ta femme.

- Sacré Philibert t'es jamais en manque de connerie ! Pour les deux premiers titres j'dis pas mais tu trouves pas les deux derniers "One Woman" et "By the time i get to phoenix" un peu sirupeux avec tous ces violons, ces arrangements mielleux !

- Ouaip je concède ces titres sont peut être un peu trop tranquille, mais quelle liberté ! Le type prend son temps il laisse dérouler "so cool". Vraiment sur le "By the time" c'est doux avec ce long monologue puis doucement tout doucement il fait monter la sauce pour à nouveau parasiter ta cervelle d'atrubi ! Plus de dix-huit minutes de "Lazy sounds". C'est bien simple ce titre est dans mon "top ten" les meilleures musiques pour faire l'amour....à ta femme !

- Quoi ! Tu vas voir !

Alors en plein milieu du "Hyperbidulemachin" quatrième écoute, Aldebert se jette sur son pote Philibert pour le bourrer de coups de poings amicaux et rieurs dans un environnement d'amitié complice opacifié par les volutes d'argent diaphanes d'un stick en fin de vie.


Chuck Berry : Berry Is on Top (1959)


Le Père d'Angus Young est noir, il s'appelle Chuck Berry

Putain, tout petit déjà Angus était émerveillé par le jeu de guitare de son père mais surtout ce qui le faisait rire aux éclats, ce qui éclairait son visage quand il voyait son idole sur scène c'était ce fameux Duck Walk, ce pas magique qui enflammait les fans. Angus tétait goulument la mamelle du RoCK, de ce black ROcK percutant et jouissif distillé par ce papa, cet inspirateur de haute volée qu'il admirait ! Pourtant ils étaient si dissemblables. Pensez donc l'un est Proud black de presque un mètre quatre vingt dix affublé d'une Gibson 335 habituellement dédiée au Jazz, l'autre blanc de moins d'un mètre soixante. Décemment Ang ne pouvait pas rêver transporter pareille guitare pour sauter dans tous les sens. Il trouvera toutefois son graal : la  gibson SG aux cornes de démon qu'il popularisera dans les seventies et ne se privera pas à chaque concert de faire revivre avec plus d'agitation, plus de hargne encore ce Duck Walk qui fout la banane aux salles ivres de RoCK' N RoLL !

Johnny B. Goode » pour chanter le RoCK d'un pauvre "black guy" du fin fond de la Louisiane ou « Maybellene » qui deviendra le deuxième tube de l'histoire du Rock'n roll. sans oublier « Roll Over Beethoven » pour claquer les monstres lointains de la musique classique ! 

***Retourne-toi dans ta tombe Beethoven, passe le message à Tchaïkovski, J'ai une pneumonie qui m'agite, besoin d'une injection de rythm'n blues.***

Putain oui que serait le RocK sans Chuck ? Il a enflammé l’adolescence de la jeunesse américaine comme le fera Angus un peu plus tard dans le monde entier et il sera un modèle pour des générations de guitaristes, dont Keith Richards, Jimi Hendrix. Les Beach Boys c'est sur se sont inspirés, emparés de « Sweet little sixteen » pour écrire « Surfin’ USA » et bien sur Elvis Presley, ou plus proche de nous le fabuleux Brian Setzer. Quel guitariste de bal, ou amateur éclairé n'a jamais repris Johnny B good et son intro légendaire, tube qui est et restera un des plus grands standards du RocK'n RoLL !

Il ne faut pas s'y tromper le RocK imprégné de Blues du Mississipi ou d'ailleurs, de swing, de punch, de racines populaires est noir et il s'appelle : Chuck Berry !


Blue Boy King / BB King Lucille (1968)


L'homme au plus de 300 concerts par an

Fuck ! Ce gars pendant des décennies jouait et chantait pratiquement tous les soirs ! Comment ne pas y voir un amour indéfectible pour la musique, pour le bLUes, pour Lucille !

Le rideau se lève le big band est là prêt à dérouler le tapis rouge des harmonies, des immuables 12 mesures pour le roi du BLueS : bLuES BoY KiNg !

Lentement avec une grandeur acquise par le travail incessant le roi de plus de 80 balais s'installe sur son trône et le show peut démarrer. Soixante ans de blues, de douleur du peuple noir trimballé dans sa guitare, ses cordes vocales…toute son âme ! La voix sonne, la guitare ponctue et les inlassables morceaux de 12 toutes petites mesures sont jouées encore et encore exorcisant la peine, le chagrin des anciens esclaves Afro-Américains tout d'abord mais aussi celle de l'homme tout court ! Nourri au jAzz de Charlie Christian ou encore du génial Django il n'aura cependant jamais quitté la route bleue, cette piste sauvage et belle qui lui aura permis de conquérir le Monde.

Depuis 2015 la belle Lucille (Gibson ES 335 instrument fétiche de tant de Jazzmen et de Chuck Berry) est seule ! BB à 89 ans est parti dans le décor, quelque part, loin et nous a laissé avec notre cicatrice béante dans le cœur. Lucille pleure maintenant en silence, elle aussi est morte…orpheline ! Elle a tant partagé avec son amant, tant joué pour lui, avec lui, tant pleuré tant ri...pour nous...sur la route...toujours, cette fabuleuse route de la vie où BB n'aura eu de cesse de chanter, de jouer ce BLueS, cette note bleue magnifiant la désolation de cette condition humaine chétive et dérisoire.