Rubriques

mardi 22 octobre 2019

Led zeppelin : Hammer of the god épisode I



En cette fin de sixties , un des plus grands groupes de blues anglais est en pleine décomposition. Les yardbirds furent l’épicentre du rock britannique, le volcan propageant les flammes ardentes d’un nouveau rock. C’est là que commença la légende d’Eric Clapton , qui quitte le groupe quand celui ci tombe dans ses égarements pop. Jeff Beck prend alors le pouvoir , poussant le groupe vers un son plus violent, qui donne naissance au brûlant Roger the enginer.

Dernier maillon de de ce fabuleux défilé de guitaristes, Jimmy Page ne côtoie Beck que quelques jours. C’est néanmoins la notoriété des yardbirds qui permet au grand musicien de studio de sortir de l’ombre, et de diriger le groupe après que Jeff Beck soit parti démarrer une brillante carrière solo. Devenu seul maître à bord , Page expérimente , cherchant une façon de réinventer sa culture blues. C’est là qu’il joue les premières version de « dazed and confused » , utilisant son archet de violon pour accentuer la violence de ses improvisations.

Mais rapidement, les yardbirds ne lui suffisent plus , et il se met en quête de musiciens capables de donner vie aux sons qu’il a en tête. Il se dirige d’abord vers Steve Mariott, mais le chanteur n’est pas encore prêt à quitter des small faces en pleine gloire psychédelique. Rencontré alors qu’il faisait la première partie des stones en même temps que les yardbirds , Terry Reid lui oppose le même refus . Reid lui conseil toutefois d’assister au concert du band of joy, vantant les mérites de son chanteur.

Là , dans une petite salle proche du black country , où les ouvriers anglais gagnent péniblement leur vie, il a une révélation. Véritable Janis Joplin male , Plant chante avec une ferveur qui réinvente la vision du chanteur rock tel qu’elle fut définie depuis Elvis.

Les deux hommes se retrouvent peu de temps après , et s’entendent rapidement grâce à leurs passions pour les grands pionniers du blues. Rapidement choisi pour devenir le chanteur du groupe que Page souhaite monter , Robert Plant en profite pour imposer son ami John Bonham au poste de batteur. Ce souhait fut un vrai cadeau pour Page , tant Bonham est un véritable Hephaistos rock , forgeant ses rythmes sauvages et groovy avec la puissance d’un dieu grec.

La légende est enfin en marche lorsque John Paul Jones , qui a côtoyé Page lorsque les deux hommes travaillaient dans l’ombre des studios, rejoint le gang. Renommé New Yardbird , le groupe commence à se souder en répétant « train kept a rollin », classique des yardbirds lancé sur un rythme en forme de cavalcade, qui dut coller parfaitement à la frappe écrasante de Bonham.

Dans la salle de répétition , les musiciens entrent dans une symbiose tonitruante, comme si la réunion de ces cinq musiciens donnait naissance à un cinquième élément. Pendant ce temps, un des personnages clef de notre histoire commence à fréquenter le milieu rock.

Peter Grant est un homme hors norme , dans tous les sens que l’on peut donner à ce terme. Son physique de géant russe lui ouvre les portes du catch , avant que le cinéma ne le récupère pour le faire jouer dans des séries B sous-rémunérées. Économisant ses cachets , l’ogre anglais parvient à s’offrir un minibus.

Embauché par un grand tour manager , il conduit Chuck Berry , Bo Diddley et Gene Vincent. Quelques mois plus tard , il s’associe à Mickie Most , l’homme qui découvrit les animals, et avec qui il rachète le contrat des Yardbirds. Lorsque le groupe se sépare , Grant devient naturellement le manager des new yardbirds, qui deviennent Led Zeppelin après leur première tournée.

Nous sommes enfin entrés au cœur de notre récit !

Convaincu du talent de ses poulains , Grant parvient à les faire signer chez Atlantic. Alléché par le succès de l’ex groupe de Page , la maison de disque de Cream offre au zepp une liberté totale , et un cachet jamais vu à l’époque.

Ce qui a sans doute convaincu Ertegun , c’est aussi le premier pressage de ce qui deviendra led zeppelin I , apporté comme un précieux message par Peter Grant. Ces riffs étaient en train d’écrire une nouvelle histoire , et Atlantic devait en faire partie.


Led Zeppelin I



Résultat de recherche d'images pour "discographie led zepp"

Trente-cinq heures , c’est le temps que pris Led Zeppelin pour enregistrer l’annonce d’une nouvelle ère . Il faut dire que les bombes qui composent ce disque furent mises en place à l’ancienne , la scène étant le véritable cratère d’où naquit les explosions groovies du zepp. Le disque est lui aussi doté d’une production minimaliste , Plant se contentant de chercher le placement de micro capable de reproduire toute l’ampleur de ce nouveau brasier . Les titres sont à peine retouchés, et laissent ainsi les pistes déborder les unes sur les autres pour retrouver le groove spontané des sun sessions.

Sans aucun artifice , la puissance de led zeppelin explose dans nos oreilles dans une orgie hard blues. Page commence déjà à marier les extrêmes, ses riffs plombés s’éteignant dans les arpèges mélodieux qui ponctuent les débordements de babe i’m gonna leave you. Le rock cherche , toutes les décennies, une nouvelle façon de jouer le blues. Cette musique n’a pas de d’âge , pas de but , elle est telle une vieille bécane que chaque génération emmène vers d’autres chemins inexplorés.

Et tout dans ce disque annonce la voie que le rock prendra lors de la prochaine décennie, des riffs tranchant de Page en passant par la voix perçante de Plant , sans oublier bien sur la frappe pachydermique de Bonham.

Les hommages se multiplient , soutenues par une musique qui tient plus de la réinvention que de la récitation appliquée , ce qui n’empêchera pas les soupçons de pillage. Il est vrai que les références sont nombreuses, le groupe se réappropriant le « i can’t quit you babe » d’Otis Rush , avant de citer « the hunter » d’Howlin Wolf au milieu de « how many more time ». Ajoutez à cela le texte de black mountain side , largement inspiré de blackwaterside d’Anne Briggs , et la réadaptation de babe i’m gonna leave you de Joan Baez, et vous obtenez des soupçons de plagiat qui perdurent aujourd’hui.

Pourtant , la musique que les anglais déploient , en plus de montrer l’amour que le groupe voue au folk et au blues , fait muter ses deux institutions musicales, avec une violence qui s’impose comme une réponse anglais au chaos de Detroit (où les stooges et le MC5 débutent une carrière chaotique). Ce mélange va vite devenir la bible d’une nouvelle génération de musiciens amoureux de décibels , tout en restant très attachés au génie mélodique de la pop sixties. En dehors des hard rockers , Johnny Ramones avouera avoir forgé son jeu en reproduisant la simplicité viscérale de « communication breakdown ».  

Cet album n’est pourtant pas le plus fulgurant du zepp, l’orgue de John Paul Jones plombant l’ambiance à mi parcours (your time is gonna come). C’est néanmoins le plus influent , celui qui annonce le passage à une nouvelle ère confirmée par la séparation des Beatles la même année.  


A sa sortie en 1969 , le premier album est un succès , surtout célébré dans une Amérique sensible au son de cette bande de rosbeef jouant le blues avec une ferveur peu commune. Le Zepp va donc d’abord chercher la reconnaissance sur la terre de ses pères spirituels, qui lui ouvrent les portes du Fillmore.

Fondée par Bill Graham , la salle est le lieu de pèlerinage ou des centaines de hippies vont rencontrer les nouveaux héros de la pop mondiale. Zappa , le grateful dead , les allman brother , et de nombreux autres groupes cultes ont foulé ce temple de la révolution psychédélique. Après son passage , le zeppelin entre dans une spirale infernale faite de concerts aux quatre coins du globe, et d’orgies en compagnies de groupies locales, avant qu’Ahmet Ertegun ne vienne leur imposer un retour rapide en studio.

Le rock est alors en pleine ébullition, Dylan a sorti sa fameuse trilogie folk rock , les beatles ont écrit leur somptueux épitaphe avec abbey road, et les stones démarrent leur retour au blues avec beggars banquet et let it bleed.

Ajoutez à cela une ribambelle de groupes plus underground , mais pas moins brillants , et vous comprenez que le rock est devenu un champs de bataille où chaque groupe lutte pour sauver sa peau. Comme ci cela ne suffisait pas , les média américains critiquent violemment Robert Plant , dont ils ne supportent pas les gémissements Jopliniens . Jimmy Page lui-même commence à douter de son chanteur , qui n’a pas rempli toutes ses attentes lors des premières tournées.

Toutes ces tensions nourrissent la puissance de led zeppelin II, enregistré entre les concerts , dans pas moins de treize studios. Les sessions s’éternisent pendant plusieurs mois , la rythmique étant enregistrée dans un premier studio , avant que le chant ne soit ajouté quelques jours plus tard , ce qui transforme l’enregistrement du disque en assemblage sans fin.

La première partie de ces enregistrements est réalisée en Angleterre, avec le producteur qui sera responsable du second soft machine , et de l’album de blind faith. En Amérique , Eddie Kramer prend le relais après avoir produit les trois classiques du Jimi Hendrix experience. Ces nom prestigieux montre que led zeppelin est sur le point d’entrer dans la légende , une entrée confirmée dès la sortie d’un album qu’on surnomme déjà «  le bombardier marron ».

Led Zeppelin II



Résultat de recherche d'images pour "discographie led zepp"

Désolé de vous l’annoncer comme ça les mecs mais c’est plié , terminé , naze !
Bon d’accord , vous avez maintenu l’illusion , ça fait quand même presque cinquante ans que vous nous balancez la même sauce sans réussir à la projeter aussi loin. On y a même cru , régulièrement , et on avait pas tout à fait tort à l’époque.

« Machine head » était presque plus puissant , mais manquait un peu de relief , Uriah Heep avait un vrai talent pour les mélodies épiques mais était un poil trop pompeux, et Cactus restait accroché au blues comme un morpion à son testicule.

Mais bon , on avait déjà fait notre deuil , led zeppelin ayant lui-même abandonné ces contrées sulfureuses pour flirter avec la folk de Crosby Still et Nash. Ce II n’est pas seulement le prolongement logique du premier , c’est un nirvana que le hard rock ne retrouvera jamais.

L’ascension démarre avec Whole Lotta love , et son riff aussi puissant qu’une charge de mammouths en rut. Plant défend chèrement sa place de chanteur, sa voix devenant un véritable instrument s’unissant à la guitare dans un grondement lubrique.  

Véritable alchimiste sonore , Page fait cohabiter l’ombre et la lumière , des titres comme what is and what should never be ou ramble on reprenant la structure en montagnes russes de dazed and confused. Led Zeppelin prend désormais le temps de préparer ses décharges , ses éclaircies mélodiques envoûtant l’auditeur avant qu’une nouvelle éruption heavy ne le transporte dans une transe sauvage.
Ici , les breaks restent chargés de plomb, ce sont des poudrières qui explosent lorsque les hurlements de Plant allument la mèche . Les thèmes rejoignent ceux des grands pionniers du blues , et se partagent entre les manifestes libidineux de whole lotta love et lemon song , et les complaintes d’amants trompés tel que « heartbreaker ». Sorte de communication breakdown sous speed, heartbreaker sera d’ailleurs repris par nirvana au début des années 90.

Led Zeppelin en profite pour déployer sa finesse mélodique sur « thank you » , ballade à la mélodie Byrdsienne qui semble annoncer le virage folk que son groupe prendra ensuite. Ajoutez à cela « ramble on » sorte de rock Tolkenien épique à souhait , et vous obtenez la base de la mythologie Zeppelinienne.

Alors , les marmots hurlant , vous allez sans doute me demander pourquoi ce disque résonne plus fort que toutes vos ébauches tonitruantes. Le dernier élément de réponse est sans doute à chercher dans ce bring it on home qui clôture le disque.

C’est un nouveau blues qui se dégage de ce riff assommant , une nouvelle matière faisant carburer la locomotive rock plus vite que jamais , et confirmant ce II comme l’aboutissement de ce qui fut entamé sur le premier.

Led Zeppelin était rock avant d’être hard , et de ses enseignements on ne retiendra malheureusement que les clichés.


Après la sortie du second album , led zeppelin est sur le toit du monde. Les concerts deviennent alors de véritables triomphes , et les cachets des musiciens leur permettent de mener la grande vie. Mais le rythme infernale des tournées excède le groupe , qui accentue ses excès, pour le bonheur de « journalistes » avides de scandales. Il est temps de prendre du recul sur cette vie folle , et led zeppelin va profiter de la demande d’Ertegun , qui réclame déjà un nouvel album, pour s’exiler au pays de Galles.

Théâtre des mythes Arthuriens, le vert pays leurs permet de profiter du calme d’un cottage qui n’est même pas doté de l’eau courante et de l’électricité. Le groupe n’y achèvera qu’un titre , « that’s the way » , mais l’ambiance des plaines celtiques va largement inspirer les mélodies de son troisième album.

Led Zeppelin III



Résultat de recherche d'images pour "discographie led zepp"

« Nous venons du soleil de minuit où soufflent les chauds printemps / le marteau de dieu mènera nos bateaux vers de nouvelles terres. »

Comment imaginer meilleure ouverture que cet immigrant song ?
Sur l’introduction, la voix de Plant sonne comme le tocsin annonçant l’arrivée des sanguinaires nordistes sur les terres anglaises. L'alliance entre ce récit épique et la guitare tonitruante de Page fait le lien entre le II et la douche froide que les fans vont prendre sur les titres suivants.

Comme le disait Page lui-même , il aurait été impossible de faire la même chose une nouvelle fois , le résultat n’aurait pu sonner que comme un décevant frelaté de l’originale. Ce qui choquera , c’est donc cette seconde face , et les larmoiement acoustiques de Friends , qui font dire à beaucoup que Led Zepp creuse désormais le même sillon soporifique que Crosby Still and Nash.

Aux titres acoustiques , le zepp offre pourtant des mélodies mystiques, tel un Dylan ayant troqué la philosophie beat pour les récits chevaleresques de Chretien de Troyes. Gallows Pole fait même cohabiter la rusticité du country folk , et les récits sombres du blues originel, sur un rythme qui flirte avec le bluegrass.

« Ton frère m’a apporté de l’or, ta sœur a réchauffé mon âme/ Mais maintenant je ris et tire de toutes mes forces et te regarde te balancer au bout de cette potence. »
Ces mots sont de Robert Plant , comme tous ceux qui compose ce III, et ils montrent un talent d’écriture que n’aurait pas renié Leadbeally.

Le blues , Led Zeppelin le transcende d’ailleurs une nouvelle fois sur « since I’ve been loving you », monument inoxydable du répertoire zeppelinien. Cinq notes, une voix, un rythme , voilà de quoi est fait ce classique. Comme tous les classiques du blues , c’est la ferveur de l’interprétation qui fait toute la différence.

Et puis il y’a bien sur son parfait opposé, celebration day, compilation de quatre riffs succédant dans un chaos virtuose que les fils de King Crimson ne feront qu’effleurer. Et pourtant , on retiendra surtout cette seconde face mal aimée, où la batterie sait être puissante sans devenir envahissante, où le chant de Plant s’adapte au registre des titres , et où la guitare de Page sonne parfois comme celle d’un troubadour céleste.

Ce sont ces titres qui font que ce disque est devenu le plus incompris de l’histoire du zepp, C’est eux aussi qui le rendent passionnant. Plus que Wishbone ash, le zep a su donner ses lettres de noblesse à un son enivrant, une nouvelle forme de puissance hard folk aussi transcendante que les déflagrations précédentes.       


Bien que décrié , III est loin d’être un échec commercial. A sa sortie, le disque est premier des classements américains et australiens , et le constat est le même dans plusieurs pays européens. C’est un résultat jamais vu depuis les beatles, mais ce bon classement ne durera que quelques jours. Alerté par ce rapide déclin des ventes , Ahmet Ertegun demande au groupe de revenir à un son plus proche de ses deux premiers albums, pour éviter que la fièvre ne retombe.

Nous somme alors en 1971, les stones viennent de sortir sticky finger , et les Who partent promouvoir Tommy lors de performances grandiloquentes. Dans sa maison de Pangbourne , Jimmy Page se passionne pour les théories de Crowley, et commence à écrire ce qui deviendra « l’album aux runes ».

Pour l’enregistrement , Andy John propose de louer le studio mobile des stones, mais Page préfère ramener son groupe dans le cottage où fut conçu led zeppelin III, avec quelques escales au studio island. Ne supportant plus l’acharnement des critiques , qui prennent son groupe pour un effet de mode, le guitariste impose une pochette sans titre ni nom.

IV deviendra vite un des disques les plus vendus de tous les temps, et la critique ne pourra que saluer l’exploit.


Led Zeppelin IV


Résultat de recherche d'images pour "discographie led zepp"

Dans le grand débat visant à élire le plus grand disque du Zepp , deux noms sortent du lot , le second et ce IV. Ce constat montre une vision étriquée de ce premier album , tout juste salué comme un retour dans la forge électrique, après la pause bucolique du III.

Ce IV n’est pourtant pas fait du même bois, une maturité aux accents heavy folk ayant remplacé la sauvagerie primaire du bombardier brun. Séduit par l’écho profond de « everybody know this is nowhere », Page l’adapte parfaitement ici. C’est surtout sur la batterie que cet écho fait des merveilles, le guitariste ayant placé les micros en hauteur afin de restituer toute la raisonnance de cette machine à groove qu’est John Bonham.

Décharge électrique tonitruante , Black Dog est la rencontre de deux riffs s’enchainant dans une successions de transitions abruptes . Hurlant au mileu de la tempête , Plant fait le lien entre les deux secousses, bien aidé par la frappe pleine d’autorité de John Bonham, dont le feeling boogie justifie largement son surnom de « bête ».

« Faire ce que tu veux doit être ta seule loi » . Page applique à la lettre cette pensée de Crowley , ne renouant avec la tradition que le temps d’un « rock n roll » à faire rougir Chuck Berry, et du blues langoureux de « when the leave break ». Autant que l’ombre des grands pionniers du rock et du blues , l’influence de Tolkien plane plus que jamais sur ce disque.

Influencé par les écrits de l’auteur du seigneur des anneaux, et par l’histoire de l’Ecosse, Plant signe une fresque folk , avec la mandoline de Page en guise de harpe Homérique. Sa voix laisse régulièrement la place aux lamentations de Sandy Denny , qui illustre ainsi ce mélange de drame et d’exploits glorieux qui fait les grands récits épiques.

Le titre représente surtout une introduction parfaite pour Stairway to heaven, grand poème mystique dont la mélodie semble effectuer une longue ascension vers le Vahalla. La recherche de l’originalité a toujours été le credo qui a guidé la carrière du zepp, avec ce IV cette recherche trouvait un nouvel aboutissement.

« Trample underfoot » invente un blues syncopé et synthétique , avant que four stick ne montre toute la virtuosité d’un Bonham poussé dans ses derniers retranchements. Tout ici sonne neuf , original, comme si chaque disque du groupe devait définir une nouvelle route musicale.

IV n’est pas meilleur que le II , mais il n’est pas moins bon non plus. C’est un exploit musical destiné à marquer les siècles à venir.


Le succès de IV dépassa toutes les espérances de ses géniteurs. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires , et affectueusement surnommé l’album aux runes, le vinyle a prouvé que Led Zeppelin était bien plus qu’une mode passagère, et a fait du groupe une institution respectée .

Jouissant enfin d’un succès obtenu au terme d’une dure lutte , le groupe ralentit le rythme, chacun profitant des pauses entre les tournées pour goûter aux joies d’une vie plus apaisée. Le rythme des tournées reste tous de même soutenu , le rock est encore en pleine ébullition et Peter Grant ne veut pas que ses poulains se fassent éclipser par l’avalanche de chefs-d’œuvre de cette année 1972.

Cette année là , Bowie initie la vague glam sous les trait de Ziggy Stardust, et les stones font encore parler la poudre blues rock sur « exil on the main street ». Mais surtout , les mélodies jazzy de King Crimson annoncent l’avènement de sa cour vouée au culte de l’élitisme symphonique, et des rythmes cool de Miles Davis.

L’époque célébre de nouveau l’élitisme , tout en gardant ce goût pour la violence initiée par Led Zepp I et les sauvages de Detroit.

House of the Holy



Résultat de recherche d'images pour "discographie led zepp house"

La naissance d’un hard rock progressif ?
Voilà comment Jean Michel Guesdon ouvrait son chapitre sur house of the holy. Tout d’abord , il faudrait se mettre d'accord sur la définition du rock progressif. Certains diront qu’il s’agit du chemin balisé par Jethro Tull , Yes , et autres Genesis . Mais c’est oublier le renouveau qui eu lieu dans les années 90.

 Comme toute les étiquettes , rock progressif sert surtout à qualifier une tendance temporaire , c’est-à-dire celle des seventies. Mais , si l’on prend la définition de progressif au pied de la lettre , on peut aussi bien y ajouter le sergent pepper des beatles , village green des kinks , la trilogie électrique de Dylan , et autres monuments avant gardistes.

A ce moment là , Led Zeppelin arrive dans les premiers groupes capable de qualifier ce désir de partir sans cesse sur des routes inexplorées. Il a déjà payé les frais de ses expérimentations après la sortie du III , disque qui aurait mérité mieux que les commentaires tièdes qu’il déclencha . La majorité aurait préféré voir le groupe barboter dans la même mare juvénile que ses rejetons hard rock , le succès aurait ainsi été plus immédiat, mais la fascination moins durable.

Et voilà que , avec house of the holy , ces même fans se retrouvaient face au disque le plus complexe , le plus travaillé , et le plus aventureux que leur groupe ait produit. Placé en ouverture , the song remain the same démarre sur un riff en forme de compte à rebours , avant que Bonham et Jones ne fassent décoller la machine sur un rythme ébouriffant.

Page tresse alors une somptueuse fresque sonore , ses enchaînements de riffs donnant une leçon de virtuosité à Yes. Les harmonies somptueuses explosent ainsi dans un riff plein de reverb, sommet d’un feu d’artifice lumineux. Quelques titres plus tard , les claviers hypnotiques de John Paul Jones permettent au Zepp de retrouver cette ambiance épique , la voix d’elfe de Plant ajoutant au récit fascinant de « no quarter » une aura mystique.

Rain song prend le relais sur un ton plus apaisé que l’on doit à une remarque de George Harrison. Lors de sa rencontre avec le Zepp , celui-ci aurait affirmé : « Le problème avec vous les gars , c’est que vous n’écrivez jamais de ballade ». Piqué au vif , Page crée une harmonie romantique , qui permet à son chanteur de retrouver la classe mélodieuse de « thank you ».

Cette fois l’incompréhension viendra du nouvel amour de Page pour le Ska et les rythmes jamaicains, qui colore le riff de « dyer maker » , qui veut tout simplement dire jamaica. Le groupe en profite pour faire un petit clin d’œil à James Brown avec le rythme funky de the crunge.

Deep purple ne tardera d’ailleurs pas à reprendre ses rythmes funky sur « burn » , prouvant ainsi que , même si il est encore incompris , led zeppelin a encore sorti un grand disque .  


jeudi 17 octobre 2019

NEW BOMB TURKS : !! Destroy-oh-boy !! (1993)



Formation

Eric Davidson : chant

Jim Weber : guitare

Matt Reber : basse

Bill Randt : batterie



« !! Destroy-oh-boy !! » est le premier album des New Bomb Turks sorti en 1993 chez Crypt, label garage s'il en est (ensuite le groupe signera sur Epitaph le label de Bad Religion plus branché punk mélodique).
Autant le dire tout de suite il s'agit du meilleur album de l'un des meilleurs groupe de garage punk rock .

Du punk garage typique mais différent des Ramones, plus bondissant, toutefois comme les new yorkais les New Bomb Turks ont l'art de trouver des mélodies et des refrains qui restent ancrés dans votre tête pour ne plus en sortir.

Tous les fans de punk garage des années 90 connaissent New Bomb Turks et savent que le groupe a été l'un des fers de lance de ce courant musical pendant de longues années.
Punk et garage, de la première à la dernière note. Et du lourd, du très lourd (enfin façon de parler !), notamment grace aux riffs de Jim Weber, le guitariste, artificier en chef, impossible à calmer !


Une tuerie en 14 titres (16 pour la réédition en CD), il suffit d'écouter « I want my baby dead ? », « Born Toulouse-Lautrec », (les deux meilleurs titres) « Tatooed apathetic boys », « We give a rat's ass », « Lone gone sister », « Sucker punch », « Runnin on go ». Si vous n'avez pas envie de sauter en l'air je n'y comprends rien.
« Mr suit » (reprise de Wire, groupe punk anglais de la fin des 70's) est dans un style un peu différent avec des choeurs « oï ».
Quant à « I m weak » c'est plus du côté des Stooges qu'il faut chercher.
Comme tout bon garage qui se respecte les guitares sont bien crades avec des riffs qui font mouche.


Mais ici c'est plus la voix de Eric Davidson qui fait la différence et qui apporte le plus, pas monocorde du tout, et qui cherche à sortir des sentiers battus au niveau des intonations (et pour ne rien gâcher pour qui a vu le groupe sur scène c'est un showman hors pair).
Les mélodies sont plutôt travaillées et intéressantes, il y a de la recherche et de fait les morceaux ne se ressemblent pas tous (ce qui malheureusement est très souvent le cas dans ce genre musical). Et des refrains hyper accrocheurs (par exemple « I want my baby dead ? »).


Globalement c'est assez rapide avec ici où là quelques morceaux/passages plus lents.
Du grand punk garage, le must du genre, un incontournable ; et si vous aimez ce style ou si vous voulez tout simplement découvrir alors ce « !! Destroy-oh-boy !! » est le disque qu'il vous faut.


(33 minutes de vrai punk, pas celui décrit dans les Inrocks, pour qui tout groupe émettant un son de guitare aussi mou et pop soit-il, est punk !! ).
Et vous pouvez aussi aller jeter une oreille sur "Information Highway Revisited" (1994) et "Scared straight" (1996) également des plus recommandables.



mardi 15 octobre 2019

Big Brother And the Holding Company : Cheap Trills


Résultat de recherche d'images pour "big brother cheap thrills"

Il y’a peu est sorti un livre qui a rallumé mon amour de ce que les critiques appellent vulgairement le « classique rock ». Ecrit par Jeanne Martine Vacher , « sur la route avec Janis Joplin » est un véritable voyage initiatique au cœur de cette époque vénérée , idéalisée , et porteuse de toute la mythologie que je raconte ici. Du Texas à San Francisco, on s’immerge dans la vie de celle qui à laisser son nom à coté de Jimi Hendrix et Jim Morrison.

Les grands évènements s’y succèdent, et le fameux fuck de country Joe laisse place au chaos virtuose des Who. Mais surtout, le livre répare une injustice, en rappelant l’importance de big brother and the holding compagnie dans la naissance du mythe Janis.

Ce sont eux qui l’initièrent au rock psychédélique, en l’emmenant à un concert qui déclencha sa vocation. A partir de là, celle qui était d’abord une folk singer se mue en braillarde électrique, le rock hurlant de big brother l’oblige à hausser le ton pour se faire entendre. Véritable feu follet au milieu du déluge, elle vibre de tout son corps, sautillant et s’arc-boutant sur la pointe des pieds pour aller chercher les sonorités les plus improbables. A Monterey , elle fut une véritable déesse beat , laissant toute une foule hippie assommée par son impressionnante voix.

Présent ce soir-là , Columbia ne tardera pas à signer le groupe , mais espère surtout faire monter cette chanteuse au larynx extraordinaire. Son groupe doit ainsi se battre pour éviter d’être relégué au second plan, et pour ce cheap trills l’arrangement est simple : les guitare seront très présentes mais Janis se charge de tous les vocaux.  

Conscient de devoir sortir le grand jeu pour se faire entendre, big brother ouvre le disque sur une jam sulfureuse, le riff écrasant le rythme, sur une cadence lourde comme une marche de mammouths. Dommage que certains oublient, quand la voix de Janis perce comme la foudre dans les plaines, que celle-ci serait bien moins transcendante sans le tonnerre de riffs qui l’accompagne.

Défoncé au LSD , le groupe illumine le disque de ses solos tortueux , blues acide chargé de plomb , sommet de sauvagerie corrosive que peu d’autres parviendront à égaler. « turtle blues » est d’ailleurs un bel exemple de ce que Huxley exprimait lorsqu’il disait que le LSD permettait « d’ouvrir les portes de la perception ». Partant du blues, le groupe décolle dans des contrées que même le grateful dead n’a pas exploré.

Cheap Trills montre un groupe soudé dans un feeling qui fait fusionner les esprits de ses musiciens, pour créer cette fameuse conscience supérieure fantasmé par Huxley , K Dick et Kesey. La scène est alors une allégorie du trip sous LSD, elle abolit toutes les règles liées à l’enregistrement pour permettre aux musiciens de retrouver une spontanéité pure et fascinante.

Si « piece of my heart » est si puissant, c’est parce que la guitare et la voix montent ensemble dans un grand orgasme cosmique, inventant ainsi une véritable machine à orgone musicale. Sur Summertime , les riffs tranchants viennent plutôt ponctuer les envolées lyriques de Janis, l’un préparant le terrain à l’autre dans un blues narcotique, la performance de big brother obligeant la texane à livrer ce qui restera sa meilleure performance vocale.

Car la route de Janis avec big brother s’arrêtera après cet album. Et son superbe testament musical, « pearl » , fera malheureusement oublier que c’est grâce à une bande de sauvage San Franciscain que Janis atteignit le sommet de son art avec ce « cheap trills ».    

                                                                       

samedi 12 octobre 2019

Lou Reed : Rock N Roll Animal


Résultat de recherche d'images pour "rock n roll animal lou reed"

Il y’a peu , avant d’écrire cette chronique , je lisais l’ « Œuvre » d’Emile Zola , m’étonnant de trouver chez son peintre maudit des préoccupations partagées par les grands artistes rejetés du rock. Transformez ce peintre en rocker , imaginez que l’œuvre qu’il construit n’est autre que Berlin , et vous découvrez le calvaire vécu par Lou Reed en 1973.

Sa grande œuvre , à jamais incomprise, n’obtiendra pas le rang si mérité de sgt pepper des seventies, et le chanteur se cache désormais derrière son personnage de Dandy décadent. Il avait compris que le public, obnubilé par les digressions instrumentales du hard rock et du prog, n’était pas encore prêt à subir ses histoires sordides sur fond de mélodies voluptueuses.

En 1973 , les dieux de la pop se nomment Black Sabbath , Led Zeppelin , et Deep Purple , et il fallait jouer aussi fort qu’eux pour se faire entendre. Lou va leur donner ce qu’ils veulent, après avoir promu Dick Wagner et Steve Hunter au rang de héro hard glam. Aminci par la drogue , le chanteur ressemble à un mix entre un personnage de Burroughs et Ziggy Stardust.

Son image marque ainsi une génération vouée au culte de l’artificiel et du narcissisme. Andy Warhol avait prouvé qu’une boite de conserve pouvait être une œuvre d’art, Lou allait beaucoup plus loin en annonçant que tout le monde pouvait l’être.

Une horde de jeunes imiterait bientôt ce style outrageant, profitant de son insouciance avant que « le Dandy ne meure sous les coups de boutoir du réel », comme disait ce cher Eudeline. Backstage , Lou n’est qu’un junkie pathétique , et il n’est pas rare de voir ses deux guitaristes le porter jusqu’à la scène. Là, la lumière des projecteurs agit comme la foudre sur le corps de ce frankenshtein rock , qui se voit soudain doté d’une aura impressionnante.

Columbia lui ayant forcé la main, afin de rattraper le naufrage de Berlin, Reed réduira ce live à un énième bourbier heavy rock. Au-delà du fait qu’aucun enfant de Led Zeppelin n’a su écrire des rimes aussi évocatrices que celles d’heroin , le jeu de ses deux émissaires est bien plus fin que celui des Iommi , Blackmore, et autres tacherons chevelus.

Pour ouvrir rock n roll animal , Steve Hunter compose une longue introduction instrumentale , sorte de boogie mécanique ouvrant la voie à un sweet jane métamorphosé. Dick Wagner offre une leçon de retenue aux hard rockers, leur réapprenant le gout du riff carré, du solo qui ne se perd pas dans des digressions interminables.  

Entre leurs mains , le chaos froid de « white light white heat » devient un brûlot fédérateur , où la guitare slide vient défier Duane Allman pendant quelques précieuses secondes. Issu de loaded , « rock n roll » n’a jamais si bien porté son nom , ses solos étincelants s’apparentant aux exploits classieux de Mick Ronson. Et puis il y’a heroin , froide observation des émotions successives d’un junkie, transformé ici en péplum rock.

Les stones avaient suivi cette voie provocatrice avec sister morphine , et il était temps que le poète de New York reprenne son trône de roi décadent. Cette version est un grand blues industriel, les solos déchirant la mélodie comme autant de transes narcotiques.

Comble de l’ironie, « lady day » voit tout le public communier devant la pièce maitresse d’un grand disque qu’elle a massivement rejeté. Et c’est là que se trouve justement le génie de rock n roll animal. Lou Reed s’y approprie le son de son époque pour imposer ses récits sombres.

Bien sûr, le disque sera un succès, un des rares albums où les ambitions commerciales et artistiques sont réconciliées. Lou Reed a beau avoir les même préoccupations, son histoire s’achève mieux que celle de Claude Lantier*.

·         Le peintre- Zola        

jeudi 10 octobre 2019

The Velvet Underground : The Velvet Underground


Résultat de recherche d'images pour "the velvet underground the velvet underground"

Le velvet c’est d’abord l’histoire d’un échec magnifique. Sorti en pleine période hippie, leur premier album était bien trop glauque pour s’attirer les faveurs des hippies. Plus proche de Burroughs que de Kerouac , les textes de Reed décrivait la décadence urbaine, à l’heure où le psychédélisme donnait des rêves d’exils champêtres . Contrairement aux plans d’Andy Warhol , la présence glaciale de Nico ne fera que renforcer le décalage entre le groupe et son époque.

Libéré de l’emprise de ce publicitaire prétentieux, et de la voix léthargique du glaçon allemand, le velvet accentua sa violence urbaine. Avec quelques mois d’avance « white light white heat » annonçait le séisme qui allait se propager à Detroit, les rugissements des stooges et du MC5 allant bientôt remplacer la douceur psychédélique. Le disque représentait les tourments d’un groupe sous tension , déchiré par son échec commercial et les délires de John Cale, qui tente désormais d’imiter le mur du son de Spector à l’aide d’un amplis défectueux.

Parallèlement, Sterling Morrison est devenue le nouveau manager du velvet, et fait gonfler l’égo de Lou Reed en lui faisant miroiter une carrière solo. Mis en confiance par un manager qui ne cesse de lui montrer son admiration, Lou lâche à John Cale « tu es marié à mon groupe », ce qui ressemble plus à une volonté d’imposer son leadership qu’à une réelle envie de garder son bassiste.

La tension entre les deux hommes ne fait que s’accroitre , Lou souhaitant aller chercher le succès en rendant la musique du velvet plus pop, alors que Cale veut rester dans l’avant-garde. Décidé à mettre fin à toute contestation, Lou convoque Sterling et Cale dans un bar New Yorkais. Les trois hommes se font face comme Clint Eastwood, Ellie Wallach , et Lee Van Cleef , dans la scène finale de « le bon la brute et le truand » , c’est Lou qui tirera le coup fatal.  

« Si John Cale ne part pas je dissous le groupe » lâche t-il sûr de sa victoire, obligeant un manager soucieux de préserver son groupe à accepter sa volonté. Pour remplacer ce musicien visionnaire, Lou choisit le plus docile Doug Yule , un inconnu qui ne risque pas de lui faire de l’ombre. Le bassiste favorise surtout le virage que le poète souhaite prendre, son jeu sensible transformant le son primitif du groupe en pop sensible et introspective.

La noirceur des textes est toujours là, mais elle est désormais enveloppée dans un somptueux velours mélodique. « Candy says » ouvre l’album sur une des plus belles chansons de Lou Reed, la voix de Doug Yule accentuant la beauté de cette ballade urbaine.

What goes on renoue ensuite un peu avec la puissance sonore des albums précédents, mais c’est désormais une puissance hypnotique et fascinante. La rythmique s’enroule autour d’une guitare déchirante, achevant de prendre possession de nos esprits innocents.  

Sous cet enrobage pop , les récits échangistes de some kinda love quittent la simple perversion , pour définir un nouveau romantisme, avec la splendeur de la guitare de Sterling Morrison en guise de sérénade.

De l’échangisme , on passe à l’adultère, « pale blue eyes » décrivant le spleen de l’amant trompé sur  fond d’arpèges déchirants. See the light repart sur un rock industriel, où l’on découvre les évangiles selon Lou Reed : « Du vin le matin et un petit déjeuner à minuit et je commence à voir la lumière ». Avec ce riff minimaliste et quelques chœurs beatlesiens nous voilà convertis.

« I’m set free » poursuit la transe mélodieuse entamée avec « pale blue eyes », le personnage Reedien affirmant que l’histoire de sa vie : « c’est la différence entre le bien et le mal ». The mysterie of murder conclut la réflexion en affirmant que cette différence n’existe pas, les mélodies sont toujours là mais le ton est resté sombre.

On achève ensuite le voyage sur un chaos sonore digne d’european son , prouvant ainsi que le velvet a su devenir accessible sans quitter l’avant-garde.     

mardi 8 octobre 2019

The doors : live at the bowl 68


Résultat de recherche d'images pour "the doors live at the bowl '68"

Les Doors ne sont rien sans Jim Morrison, et Morrison n’aurait jamais pu diffuser sa poésie sombre sans eux.  Parfois lumineux, le chanteur est devenu le boulet d’un groupe sous tension. C’est que, en cette année 1968, le poète a des rêves de gloire cinématographique et de reconnaissance littéraire.

Ses absences étirent les séances de « the soft parade » , qui devient rapidement le disque le plus cher que le groupe ait produit. Après un premier essai lumineux, le groupe n’a jamais su retrouver le même niveau, la formule de ses transes poétiques s’étant éteinte en même temps que les dernières notes de « the end ». Le second essai est encore valide , mais ressemble plus à un lointain écho de son prédécesseur qu’à un second séisme psychédélique . Je ne parle même pas de « waiting for the sun » , triste bourbier sonore produit par un groupe sous tension.

Alors , pour réunir une formation de plus en plus abandonnée par son leader, Paul Rotshild  entraine les doors dans ses délires jazzys / symphoniques. Il faut dire que l’élitisme est à la mode , les beatles ayant définitivement imposé la pop comme une musique sérieuse avec le grandiose « a day in the life ».

Il n’en fallait pas plus pour que, quelques mois plus tard , toute une scène anglaise se mette en tête de faire copuler rock , jazz et musique classique. Mais les doors ne sortent pas du même moule que procol harum ou le mashavishnu orchestra, leur musique est un cri orgiaque et primitif, leur finesse se situant dans la prose mystique de Morrison. Les faire entrer dans le même moule que les géants progressifs ne pouvait que leur nuire, et donner naissance à un exercice de style soporifique.

Les ventes sont tout de même au beau fixe, mais le groupe ne trouve pas sa nouvelle identité, laissant Morrison entretenir sa réputation à coup de prestations scandaleuses. Les tournées ne sont pas toutes plus encourageantes , comme celle qui verra le groupe jouer au Mexique devant un parterre de notables, ou le fameux chaos de Miami.

Fasciné par « la psychologie des foules » de Gustave Le Bon , Jim décida de pousser le public de Miami dans ses derniers retranchements. L’incident est superbement raconté dans le biopic d’Oliver Stone, où un James Carradine habité par son rôle entre littéralement dans la peau du roi lézard.

Le cinéaste donne toutefois une image idéalisée du leader des doors, gommant ainsi ce côté pathétique qui fait aussi sa légende. Si les doors furent grandiose pendant quelques fascinantes minutes, c’est aussi grâce à la folie de ce lutin dionysiaque , qui les poussait dans leurs derniers retranchements , et les obligeait à improviser pour masquer ses provocations et délires éthyliques.

C’est donc sur scène que les doors entretenaient leur mythologie, on comprend ainsi pourquoi ce live est tout simplement leur meilleur disque depuis le premier voyage « de l’autre coté ». Là, « the celebration of the lizard » devient la transe mystique que Jim rêvait de graver sur disque, un poème hypnotique où le chanteur devient mage.

Il faut dire que, quand ce live est enregistré , en 1969 , l’apollon décadent est devenu un musicien appliqué , assis sur sa chaise haute dans un accoutrement de clochard céleste. C’est comme si, d’un seul coup , les doors avaient réussi à maitriser la splendeur mystique qu’ils atteignaient autrefois par intermittence, et la restituait dans une grande communion sonore.

Le point d’orgue est atteint sur ce « the music is over », longue transe de plus de dix minutes, pendant lesquelles la voix de Morrison se marie au clavier solennel de Manzarek, dans une mélodie hypnotique. Et on retrouve enfin ses monument de violence larvée, tendue comme des soupapes au bord d’une implosion qui n’arrivera jamais.
Mais surtout, on entend beaucoup mieux les riffs de Densmore , qui annoncent le virage bluesy que les doors ne tarderont pas à prendre sur le fabuleux « LA Woman ». Son feeling déchire la danse voodoo installée par le clavier de break on through , et redéfinit les codes du rock épuré sur five to one.

Nous sommes en 1969 et les doors ont retrouvé leur mojo.

dimanche 6 octobre 2019

JETHRO TULL : STAND UP (1969)



Formation :
Ian Anderson : chant, flûte, guitare acoustique, piano, orgue
Martin Barre : guitare
Glenn Cornick : basse
Clive Bunker : batterie


Un an après « This was » paru en 1968 Jethro Tull sort "Stand up" qui est, disons le tout de suite, à classer dans le top 3 du groupe et à mon avis le deuxième en qualité derrière "Thick as a brick" (le chef d'oeuvre de Jethro Tull, leur magnifique album progressif) et d'un niveau similaire à « Aqualung ».

« Stand up » est l'album qui les a fait découvrir : il y a déjà là tout le subtil mélange qui fera la marque de fabrique de Jethro Tull entre blues rock (on reconnaît l'influence de Cream mais bien digéré par le groupe qui a déjà sa propre identité), pop et aussi un peu de folk mélangé à la sauce britannique c'est à dire à la musique traditionnelle anglaise (comme le fera également Genesis ou d'autres groupes de prog') et puis un zest de progressif, notamment sur "For a thousand mothers" (mais ça sera plus net ultérieurement, notamment sur « Thick as a brick » déjà cité).

Certains morceaux sont plus acoustiques / folk , d'autres plus électriques / rock, d'autres enfin mélangent les deux styles.
Et puis il y a bien entendu la flûte élément capital dans Jethro Tull qui est loin d'être le seul groupe à utiliser cet instrument (Genesis, Sweet Smoke...) mais Ian Anderson le chanteur/flûtiste (et compositeur) sait la manier à bon escient et avec dextérité.
Les fameuses passes d'arme guitare/flûte seront quasiment légendaire avec le discret mais excellent Martin Barre à la six cordes électriques.


J'ai toujours eu une attirance pour le rock de la fin des années 60 / début des années 70 et Jethro Tull est quasiment l'archétype du groupe de cette époque, avec son côté rock mais aussi "hippie" (voir la pochette mais aussi le look des musiciens ainsi que les photos d'époque de Ian Anderson sur scène avec sa flûte).
Dès que j'écoute ce groupe la nostalgie monte en moi et c'est d'autant plus vrai dès les premiers accords de "New Day Yesterday", le titre rock qui ouvre l'album.


La voix d'Anderson est chaude, chaleureuse et agréable, les compositions sont bien équilibrées entre titres cool et titres plus rock (mis à part "Fat man" que je n'aime pas beaucoup et seul titre raté de l'album).
Et puis Anderson s'avère un remarquable conteur.
Il y a bien sur "Bourrée" l'instrumental, culte, le grand tube de l'album, que tout le monde a déjà entendu une fois dans sa vie et qui est une adapation à la flûte d'un morceau de Jean Sebastien Bach.


"Back to family" alterne à merveille les deux facettes du groupe, avec son merveilleux solo de guitare/flûte qui se répondent. Magnifique. Un style et un univers propre, quasi unique et qui écrivent l'un des plus belles pages du rock anglais de la fin des années 60's.


"Look into the sun" la balade rock par excellence.
"Nothing is easy" le titre le plus énergique de l'album (avec "New Day yesterday") qui rappelle parfois Led Zeppelin.
"We used to know" morceau dont l'intro aurait inspiré "Hotel California" des Eagles
"Raisons for waiting" encore une magnifique balade.
Je ne vais pas détailler tous les morceaux !

Vous l'aurez compris, un grand groupe, original, un très bon album et si comme moi vous êtes nostalgique d'une certaine idée de la musique ce "Stand up" vous comblera (et toujours ces sublimes passages à la flûte) car comment ne pas tomber sous le charme de morceaux tels Bourrée, We used to know ou A new day yesterday ?
Et puis il y a ce côté intemporel, légèrement fantastique, l'impression d'être sur des chemins campagnards, hors du temps, à une époque indéfinie, de vivre au milieu d'un conte, avec des personnages de lutins farceurs... ; un univers à part, une ambiance unique que dégage l'album (différent du pop/rock, du folk, du prog ou du blues rock traditionnel), bucolique aussi. Avec  « Stand up » Jethro Tull affine ce style et ce son uniques et reconnaissables facilement et qui donne sa spécificité au groupe.

Et pour finir permettez moi de tirer un grand coup de chapeau à Ian Anderson et l'ensemble de sa carrière. Un immense artiste, un grand Monsieur du rock pas toujours reconnu à sa juste valeur, en tout cas en France.