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jeudi 10 octobre 2019

The Velvet Underground : The Velvet Underground


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Le velvet c’est d’abord l’histoire d’un échec magnifique. Sorti en pleine période hippie, leur premier album était bien trop glauque pour s’attirer les faveurs des hippies. Plus proche de Burroughs que de Kerouac , les textes de Reed décrivait la décadence urbaine, à l’heure où le psychédélisme donnait des rêves d’exils champêtres . Contrairement aux plans d’Andy Warhol , la présence glaciale de Nico ne fera que renforcer le décalage entre le groupe et son époque.

Libéré de l’emprise de ce publicitaire prétentieux, et de la voix léthargique du glaçon allemand, le velvet accentua sa violence urbaine. Avec quelques mois d’avance « white light white heat » annonçait le séisme qui allait se propager à Detroit, les rugissements des stooges et du MC5 allant bientôt remplacer la douceur psychédélique. Le disque représentait les tourments d’un groupe sous tension , déchiré par son échec commercial et les délires de John Cale, qui tente désormais d’imiter le mur du son de Spector à l’aide d’un amplis défectueux.

Parallèlement, Sterling Morrison est devenue le nouveau manager du velvet, et fait gonfler l’égo de Lou Reed en lui faisant miroiter une carrière solo. Mis en confiance par un manager qui ne cesse de lui montrer son admiration, Lou lâche à John Cale « tu es marié à mon groupe », ce qui ressemble plus à une volonté d’imposer son leadership qu’à une réelle envie de garder son bassiste.

La tension entre les deux hommes ne fait que s’accroitre , Lou souhaitant aller chercher le succès en rendant la musique du velvet plus pop, alors que Cale veut rester dans l’avant-garde. Décidé à mettre fin à toute contestation, Lou convoque Sterling et Cale dans un bar New Yorkais. Les trois hommes se font face comme Clint Eastwood, Ellie Wallach , et Lee Van Cleef , dans la scène finale de « le bon la brute et le truand » , c’est Lou qui tirera le coup fatal.  

« Si John Cale ne part pas je dissous le groupe » lâche t-il sûr de sa victoire, obligeant un manager soucieux de préserver son groupe à accepter sa volonté. Pour remplacer ce musicien visionnaire, Lou choisit le plus docile Doug Yule , un inconnu qui ne risque pas de lui faire de l’ombre. Le bassiste favorise surtout le virage que le poète souhaite prendre, son jeu sensible transformant le son primitif du groupe en pop sensible et introspective.

La noirceur des textes est toujours là, mais elle est désormais enveloppée dans un somptueux velours mélodique. « Candy says » ouvre l’album sur une des plus belles chansons de Lou Reed, la voix de Doug Yule accentuant la beauté de cette ballade urbaine.

What goes on renoue ensuite un peu avec la puissance sonore des albums précédents, mais c’est désormais une puissance hypnotique et fascinante. La rythmique s’enroule autour d’une guitare déchirante, achevant de prendre possession de nos esprits innocents.  

Sous cet enrobage pop , les récits échangistes de some kinda love quittent la simple perversion , pour définir un nouveau romantisme, avec la splendeur de la guitare de Sterling Morrison en guise de sérénade.

De l’échangisme , on passe à l’adultère, « pale blue eyes » décrivant le spleen de l’amant trompé sur  fond d’arpèges déchirants. See the light repart sur un rock industriel, où l’on découvre les évangiles selon Lou Reed : « Du vin le matin et un petit déjeuner à minuit et je commence à voir la lumière ». Avec ce riff minimaliste et quelques chœurs beatlesiens nous voilà convertis.

« I’m set free » poursuit la transe mélodieuse entamée avec « pale blue eyes », le personnage Reedien affirmant que l’histoire de sa vie : « c’est la différence entre le bien et le mal ». The mysterie of murder conclut la réflexion en affirmant que cette différence n’existe pas, les mélodies sont toujours là mais le ton est resté sombre.

On achève ensuite le voyage sur un chaos sonore digne d’european son , prouvant ainsi que le velvet a su devenir accessible sans quitter l’avant-garde.     

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