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lundi 10 décembre 2018

[CHRONIQUE] Motörhead - No Sleep n'till Hammersmith (1981)


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On ne le dira jamais assez, Lemmy Kilmister était déjà un grand bassiste avant de former Motörhead. Après avoir été Roadies pour Hendrix, il commence à se faire connaitre au sein d’Hawkwind. Poussant le psychédélisme au sommet de sa violence, le groupe joue dans des salles fermées à clef après l’arrivée du public. Cette précaution permet aux observateurs les moins téméraires de suivre leur mauvais trip musical jusqu’au bout.

Pour en arriver à ce brouhaha terrifiant, la basse de Lemmy est aussi importante que les discours apocalyptiques écrits par Michael Moorcock. Jouant de son instrument avec la férocité d’un guitariste, Kilmister livre un magma sonore inédit. Avec lui, la basse n’était plus seulement un soutient rythmique, et rivalisait d’agressivité avec la guitare.

Et puis le colosse est sorti de son rôle de discret bassiste, en écrivant "Silver Machine", le seul tube d’Hawkwind. A partir de là, des tensions commencent à apparaitre, et les autres musiciens finissent par le virer sous prétexte qu’il consomme trop d’amphétamine. Dans un  groupe ou tous les autres membres sont friands de LSD, Lemmy estimera que son éviction était liée au fait « qu’il ne consommait pas la bonne drogue ». Cette fin brutale l’incite à abandonner la basse, qu’il ne touchera pas pendant plusieurs jours.
Mais son ambition n’avait pas disparue avec Hawkwind, et il engage vite Larry Wallis, avec qui il réunit la première version de Motörhead. Issu des Pink Fairies, autre ténor d’un psychédélisme lourd et violent, Wallis semble parfait pour créer le rock sous amphétamines que veut produire son leader.

Cette formation ne durera pas longtemps et, alors que le groupe s’apprête à enregistrer son premier album, le batteur jette l’éponge. C’est à ce moment que Phil Taylor, que Lemmy connait depuis longtemps, lui révèle qu’il est aussi batteur. Le trio enregistre donc On Parole, mais les critiques ainsi que les concerts qui suivent la sortie de l’album son calamiteux. Suite à un de ces concerts ratés, le groupe récolte en 1976 le titre de « pire groupe de l’année » de la part de la presse spécialisée.

Après cette triste aventure, c’est au tour de Larry Wallis de jeter l’éponge, et c’est encore Phil Taylor qui va sauver le groupe. Celui-ci propose d’engager Eddie Clarke, également guitariste émérite, avec qui il a travaillé sur différents chantiers.
La formation la plus populaire de Motörhead est en place et , si les ventes ne sont pas encore impressionnantes, le trio d’album Overkill, Bomber et Ace Of Spades, leur permet d’être enfin pris au sérieux.
Sortis en 1979 et 1980, les trois albums montraient un groupe soudé comme une phalange grecque, transperçant le mur du son à grands coup de riffs Rock paranoïaques. Car oui, Motörhead était avant tout un groupe de Rock, reprenant les formules carrées de Little Richard et Chuck Berry à un rythme effréné.
                                                                                                                                                    
C’est en live que ces bombardements sonores, assommant une nué de Hard Rocker reconnaissants, prennent toute leur ampleur. Enregistré à l’Hammersmith Odeon, No Sleep n’till Hammersmith est un véritable Best Of sous amphétamine. Il permet également de voir que ce groupe de colosses barbus ne se résumait pas à une bande de bourrins hyperactif, tapant sans cesse sur le même clou de façon obsessionnelle. S'il reste les meilleurs lorsqu’il s’agit de déverser du Rocks 'speedé', comme le tonitruant "Ace Of Spades", le pattern de batterie de "Overkill" débouchant sur une explosion orgiaque, ou encore l’hymne vindicatif "Bomber", on aurait tord de résumer ce live à ces quelques assauts assourdissants.
Sans doute encore influencé par son passé psychédélique, Lemmy est aussi capable de changer son énergie agressive en une lourdeur planante. Avec sa rythmique hypnotique, "Metropolis" semble annoncer le Stoner Rock , alors que "Iron Horse" est doté d’un riff plombé, qui semble rivaliser avec la guitare pachydermique de Tony Iommy.

Ce qui lie le tout, c’est bien sûr la force d’un groupe soudé pour célébrer la percée de son 
Rock lourd. La force de Motörhead, comme celle des Stooges, n’était pas liée à la virtuosité de leurs membres, mais à la cohérence de leur union. Tous les titres durent moins de cinq minutes, le groupe ne se perd pas dans des solos et autres improvisations superficielles, et se contente de marteler son Hard Rock avec une cohésion sans faille.

Sorti en 1981, No Sleep n’till Hammersmith reste aujourd’hui le disque le plus vendu de Motörhead. C’est aussi un Live incontournable.         

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