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mardi 18 juin 2019

Bob Dylan : John Wesley Harding



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Bob Dylan/Johnny Cash, ces deux hommes furent les deux pôles opposés du rock quand Dylan passa à l’électrique, pendant que Cash imposait un live acoustique à sa maison de disque. Ils l’étaient aussi au niveau de leurs paroles , Dylan ayant construit sa légende sur ses textes utopiques, poétiques et prophétiques. Johnny Cash , lui , était la voix du peuple , celui qui parlait aux détenus de folsom avec des mots et des images qu’ils ne comprenaient que trop bien.

Et puis les deux hommes se sont rapprochés , la rugosité country de l’homme en noir influençant un Dylan cherchant à fuir sa propre légende. L’année 66 fut pourtant riche, et a vu Dylan retrouver la joie de jouer simplement dans une cave avec the band. Le disque qui naitra de ces sessions ne sera pourtant pas édité tout de suite, Dylan préférant passer à autre chose au plus vite. Il se nourrit donc des légendes de l’ouest américain, des rythmes de l’amérique profonde, et en tire ce John Wesley Harding, qui sort en 1967. Son morceau titre sera sans doute le déclic qui aménera Peckinpah à le recruter pour jouer et composer la BO de Pat Garett et Billy the kid. Cette histoire de robin des bois de l’Amérique profonde fait furieusement penser au romantisme de ce western.

Mais comment parler de ce disque sans parler de « all allong the watchtower » ? Devenu un hymne anti vietnam grâce à Hendrix, on pourrait presque lui préférer la version d’origine , plus légère et mélodique. Dylan y exprimait juste son intention de ne plus se laisser plumer par «  ces hommes d’affaire qui boivent son vin » , mais les hurlements de la guitare Hendrixienne lui donnèrent un tout autre sens.

Le disque est pourtant d’une légèreté qui semble interdire ce genre d’interprétation contestataire. Toujours respectueux d’une country folk qui est au peuple américain ce que la littérature est à la France, c'est-à-dire une partie de son identité, il s’inspire de la bible pour composer ce qui restera la plus belle ballade du disque. On peut d’ailleurs s’étonner que cette mélodie champêtre ait donné son nom à un géant du heavy métal anglais. On trouve aussi dans cette chanson les premiers signes d’une quête d’épanouissement mystique, qui s’exprimera d’abord via les prêches de « slow train coming » et « saved ».

Les textes sont proches des préoccupations des classes modestes autrefois dépeintes par Steinbeck, et  « As I Went Out One Morning » en est l’exemple le plus vibrant. Derrière la douceur de cette mélodie simple se cache une attaque véhémente des marchands de rêves, qui ont défiguré l’utopie de Thomas Paine. Dylan n’a donc pas quitté son rôle de porte parole , il refuse seulement de se laisser associer éternellement à une génération qui est déjà en voie de fossilisation.

Du coté de la musique , la grande partie de la scène Californienne, qui a démarré en imitant les mélodies folk rock de Dylan, quitte le psychédélisme , pour suivre de nouveau les traces de son guide. Toujours premier quand il s’agit de suivre les pas du Zim , les Byrds produisent les mélodies de saloon qui composent « sweathear of the rodeo » dès 1968. Le grateful Dead ne lui emboitera le pas qu’en 1970 , avec wokingman’s dead , avant qu’une partie du jefferson airplane ne s’y mette sous le nom de hot tuna.

La country était alors devenue une autre source d’inspiration pour tout un pan du rock américain, mais Dylan avait déjà la tête ailleurs. Après avoir approfondi le sillon country sur « nashville skylline » , sorti en 1969, il sort les mélodies boursouflées de self portrait. Le ratage de cet album montre un artiste qui cherche une nouvelle voie, et ne la trouvera qu’après les parenthèses folk (new morning ) et bucoliques (pat garrett and billy the kid). Dylan restait un artiste insaisissable, et découvrir ses albums s’apparente toujours à une expérience sans précédent.

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