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mardi 2 juillet 2019

Bob Dylan : Street Legal


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La fin d’une époque, voilà comment on peut résumer l’année 1978. Commencée en 1977 , la révolution punk ne tardera pas à s’écraser lamentablement . Les seuls à y survivre s’appellent Strummer , Thunder , Costello ou Rotten , des musiciens trop inventifs pour se limiter aux mœurs simplistes du punk. Dans le même temps, Elvis meurt d’une crise cardiaque dans ses toilettes, achevant ainsi une longue descente aux enfers démarrée lors de son retour du service militaire. 

Pour Dylan , la mort du king fut un traumatisme rejoignant la dégradation de son mariage, pour l’entrainer dans sa période sombre. Tout d’abord, il eut l’envie urgente de rendre hommage à celui qui brisa les barrières culturelles entre noirs et blancs. Il réunit donc un véritable big bang , dans lequel on retrouve des musiciens ayant participé à la période la plus spectaculaire du king, et adapte ses morceaux à cet hommage. Sauf que les fidèles ne lui pardonnent pas cette façon de défigurer ses plus grands classiques , le tout avec un groupe jouant dans l’urgence une musique qui parait improvisée.

Résultat , le double album retraçant cette performance ne sort pas tout de suite et , en rentrant de tournée , Dylan retrouve la formation qui l’a accompagnée lors de la rollin thunder revue. Les séances sont catastrophiques , Dylan est perdu et ne parvient pas à obtenir le son qu’il veut. Finalement, il congédie son groupe, et décide de faire un album avec plus de cuivres , plus de chœurs , et plus de gospel.

Malgré la chute de son mariage, qui ouvre une de ses périodes les plus sombre , Dylan est encore au sommet des ventes. « blood on the trak » et « desire » n’ont en commun que leurs ventes plus que satisfaisantes, et semblent montrer que Dylan peut désormais tout se permettre. Surtout que sa plume est encore à son zénith sur « street legall » , qui sort en 1978. Doté d’un refrain qui a dû donner des idées à John Mellencamp , Changing of the guard est d’ailleurs un de ses plus grands classiques.

Sa rupture amoureuse est désormais imminente, et la tristesse nostalgique de blood on the tracks a fait place aux reproches amères voire vindicatifs. Les textes de « love in vain » et « baby stop cryin » ont pu être mal interprétés, mais il faut les limiter à la colère d’un homme qui voit une partie de sa vie s’effondrer devant ses yeux. Ce Dylan qui, d’ailleurs, fut rarement aussi grandiloquent qu’ici, sa voix s’élevant au milieu des chœurs gospel comme une apparition divine, cherche un échappatoire.

 Sur le verso de la pochette, on le voit en tenue blanche, comme le king sur la scène de Memphis , symbole d’un rock n roll qui ne cessera de le fasciner. Mais ce disque a le même « défaut » que le live à Budokan , le groupe derrière le Zim semblant improviser selon le lyrisme de ses vers. Dans une interview, Dylan disait qu’il entendait la musique, et savait ensuite quel mot calqué sur la mélodie. Ici , sa voix semble diriger la musique comme un chef d’orchestre exigeant , Dylan ayant rarement chanté aussi bien.

Mais cette grandiloquence, ces vers mystiques s’élevant au milieu de chœurs fervents, n’empêcheront pas le disque de se vendre moins que ses prédécesseurs. Au fil des années , ce disque sera de plus en plus décrié , ses chœurs gospels annonçant une période chrétienne que les fans de Dylan n’ont jamais accepté.

La plume du grand Bob était encore féconde, mais de moins en moins de gens étaient prêts à s’y intéresser. Une page se tournait définitivement, celle des rockers vénérés comme des guides générationnels, et le plus grand d’entre eux ne pouvait échapper à ce changement. Et oui , « the times they are really changing ».   
                                                                                       
    


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