Rubriques

dimanche 1 mars 2020

The saints : I'm Stranded


Résultat de recherche d'images pour "the saints i'm stranded"

Nous sommes en 1977 et, menée par une bande de faux frères New Yorkais, une horde de musiciens amateurs lancent leurs glaviots minimalistes sur le cadavre du mouvement hippie.
La révolte fut en réalité initiée dès la fin des sixties, avec les cris rageurs d’Iggy Pop , et la poésie nihiliste du Velvet Underground. Fustigeant l’immobilisme d’une musique qui trainait ses vieilles légendes comme des boulets, le punk est progressivement tombé dans une autre impasse.

Sa philosophie incitait les groupes à se saborder après quelques mois. La plupart n’avait même pas le temps de laisser une trace de leur passage. Le punk était une étoile filante au milieu d’un champ de ruine, et on essaie aujourd’hui de reconstituer son fulgurant parcours.

Les saints sont sans doute une des parties les plus lumineuses de cet héritage oublié. Respectant à la lettre l’esthétique « do it yourself » , ils produisirent eux mêmes leur premier single. Nous sommes à l’apogée du punk et de la power pop et, si il n’a pas fait de vague dans les charts , le 45 tours attire rapidement l’intérêt d’un label. Sire record s’empresse donc de signer le groupe, et de promouvoir son disque aux Etat Unis.

La firme est bien consciente qu’une déflagration pareille risque de ne pas durer, et elle doit elle aussi en profiter. L’album « I’m stranged » sort donc en 1977, quelques mois avant nevermind the bollocks.

On peut logiquement se demander ce que le punk serait devenu si, à sa sortie, I’m stranded avait été aussi célébré que son petit frère anglais. Rugueux est corrosif, une bonne part de ce disque ramène l’auditeur à l’époque où les stooges balançait un rock plus bruyant que toutes les usines de Detroit.

Les saints étaient des gladiateurs chargés de mettre l’Amérique face à cette énergie d’une violence inouïe, que les stooges domptèrent au péril de leur vie. Guerriers de la routes, ces australiens n’hésitent pas à croiser le fer avec les riffs déchirants des frères Asheton.

« Erotic neurotic » et « I wanna Be your dog » sont aussi synonyme que « Come together » et « you can’t catch me » , ce sont les puissants échos d’une énergie abrasive. La production très crue fait tout pour accentuer cette proximité, et nous transporte dans la genèse du son de Détroit.

Heureusement, contrairement au groupe d’Iggy, les saints ne feront pas l’erreur de ralentir le rythme à mi parcours. Ils parviennent au contraire à insuffler un peu de finesse à ce brasier électrique.

Story of love et missin with the kid sont dotés d’une douceur punk pop qui annonce les jams , plusieurs mois avant la sortie d’in the city . One way street, lui, place le groupe dans le sillon du punk new yorkais, ses riffs speedés flirtant avec le son des Ramones.

Après ça, le punk pouvait déjà mourir. Suite à la sortie de « nevermind the bollocks » , la critique ne verra « i ‘m stranded » que comme un autre écho de la verve du groupe de Johnny Rotten.

En fin de compte, le mouvement Punk n’est pas mort assez tôt pour rendre justice à ses plus grands héros.       

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire