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samedi 29 février 2020

ACDC : Burnin Balls

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Si je suis si attaché au support physique, c’est aussi grâce au nombre faramineux de disques non officiels que ce support a permis. Appelés vulgairement bootlegs , ces live, sortis à l’insu de leurs protagonistes , permettent de revisiter l’histoire.

Ils nourrissent ainsi un vieux fantasme de fans , trouver LE grand live inconnu de sa formation préférée. La recherche peut parfois s’avérer frustrante, les pirates du rock n’ayant pas les mêmes normes audio que les maisons de disques reconnues. On peut ainsi se retrouver avec un disque issu d’un enregistrement cassette, pris du fond de la salle, et vendu au prix fort.
                                                                                                                                  
Après avoir écouté en boucle toute la discographie d’acdc , je me suis tout de même embarqué dans cette entreprise d’archéologie musicale. J’avais mon repère, planqué au milieu d’une zone commerciale du cap d’agde , et tenu par un passionné bien sympathique, qui me laissait tester la qualité sonore de mes trouvailles.Pour des raisons financières, je me suis rapidement limité à la période Bon Scott, qui reste de toute façon la plus brillante du gang australien.

Entré dans le groupe quand les frères Young cherchaient désespérément un remplaçant à la diva Dave Evans, Bon a donné au groupe ce charisme viril, sans lequel ACDC ne serait qu’une version punk des tauliers du rock n roll.

Si Bon Scott était, et restera, le meilleur chanteur de rock , c’est parce que cette musique le traversait comme une décharge libératrice. Après des années passées à imiter divers chanteurs à la mode, il pouvait enfin développer son propre charisme. Et c’est en 1977, dans cet auditorium de Cleveland , que celui-ci est le plus explosif.

Nous sommes au lendemain de la sortie de let there be rock , le disque qui permit au groupe de mettre l’europe à genou. Le vieux continent conquis, il fallait maintenant prendre d’assaut le pays du blues.

Pour réussir dans le monde du rock , le plan était immuable. Les groupes imposaient d’abord leurs noms en Angleterre , puis partaient en Amérique pour rafler la mise. Vu comme un groupe punk , ACDC devaient aussi remettre les pendules à l’heure.

Les australiens n’ont jamais cédé aux sirènes du nihilisme cher à Johnny Rotten , et encore moins à celles du heavy metal naissant. Eduqué par le vieux culte du riff en trois accords, les frères Young n’étaient qu’une grandiose réincarnation du groove primaire inventé par le grand Chuck Berry.

En cette chaude soirée d’aout 1977, ce groove allait faire trembler les murs de l’auditorium de Cleaveland. Les pulsations sèches de la batterie lancent un live wire en forme de décompte apocalyptique. Toute la grandeur de Phil Rudd brille déjà dans cette introduction sulfureuse. Ses battements métronomiques sont des signaux explosifs, la détonation qui permet aux riffs tendus des frères Young de foudroyer l’auditoire.

Burnin balls , c’est aussi et surtout le son d’un groupe pur, lâchant ses salves avec une ferveur sans calcul. Bon est la véritable incarnation de cette force innocente, qui explose sur la meilleure version de Problem child jamais produite.

Le son , lui , est parfait , et restitue bien le tranchant des riffs acdciens. On est transporté au milieu du public, la tête secouée par le boogie déchirant d’high voltage. Le groupe sonne ici comme il ne sonnera plus jamais, il était déjà trop mur lorsqu’ils sortirent leur premier live officiel.

« Burnin balls » , c’est le manifeste d’un gang exprimant sa soif de reconnaissance , l’assaut violent de barbares venus s’approprier les terres du vrai rock n roll. Petite pause au milieu de ce brasier, the jack montre qu’acdc est plus proche du blues vicieux des stones, que de n’importe quoi d’autre. Mais , même ce riff langoureux crépite comme une ligne haute tension.

Ce soir-là, ACDC ne joue pas le rock n roll, il est le rock n roll, dans ce qu’il a de plus pur et excitant.       

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