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mardi 12 mai 2020

Gov't Mule : Sco Mule


Qu'est-ce que vous écoutez en ce moment ?  - Page 33 51UYYpcps0L

La disparition violente d’Allen Woody , au début des années 2000 fut un choc pour tous les fans de gov’t mule. Le bassiste était le moteur du groupe , celui qui permettait à ce jams band de développer une énergie dévastatrice , capable de rivaliser avec la puissance zeppelinienne des black crowes. La tragédie se situe surtout dans le fait que, après un début de carrière tonitruant, le groupe commençait à se diriger vers un rock plus complexe. Timidement esquissé sur « life before insanity », ce virage prometteur permettait au groupe de produire des ballades aux arrangements fouillés.

On pensait que cette évolution n’avait pas eu le temps d’aller plus loin lors de la période Woody, mais une vidéo est venue tous chambouler. Publiant ses hommages au compte-goutte , Warren Hayne a diffusé un extrait d’un live que le groupe effectua au Roxy , en 1999.

Nous sommes quelques mois seulement avant la mort de son bassiste et, avide de découvrir de nouvelles sonorités , gov’t mule a invité John Scotfield à se joindre à eux le temps d’un concert. Le guitariste fait partie des pionniers de cette fusion entre le blues et le jazz, qui contamina le rock dans les années 60-70.Cette fusion, il la développait déjà en compagnie de Gerry Mullighan et Chet Baker, avant de rejoindre un John Duke qui ne jouait pas encore avec Zappa.

Nourri par ses deux influences, l’homme a publié une série de disques qui s’insèrent dans le revival jazz porté par zappa , soft machine , et autres fils du grand Miles. La rencontre entre l’icône du jazz et les représentants modernes du rock sudiste se fera autour d’une série de titres piochés dans le répertoire des deux artistes , de John Coltrane, et de James Brown.

La rencontre entre deux des plus grands guitaristes vivant auraient pu faire craindre un duel pompeux, une série de mitraillages visant à aligner le plus de notes possibles. Heureusement, il n’en est rien, et les musiciens oublient totalement leur ego. 

Charger de diriger les explorations de ce nouveau big bang , Allen Woody est étonnamment à l’aise dans ce registre plus groovy. Dans un premier temps, la puissance tout en finesse qu’il développe avec Matt Abbs fait forcément penser aux Allman Brothers. Le rythme sautillant, parcouru de divagations hypnotiques , est dans la droite lignée de ce que le groupe de Duane livrait sur « in memory of Elisabeth Reed ».

Mais Hayne et Scotfield ont aussi fait leurs classes dans un tribute band de grateful dead , ils savent comment faire évoluer une mélodie. Le rythme se fait de plus en plus doux , les instrumentaux deviennent de confortables édredons sonores , et l’odeur du jazz se fait fortement sentir. On ne dira jamais assez de bien de afro blues et devil like it slow , qui flirtent avec les grandes heures du mashavishnu orchestra.

Ce n’est pas pour rien que ce disque est totalement instrumental, toute parole aurait brisé la beauté de cette symbiose virtuose. Les musiciens n’effectuent pas des reprises dans le sens le plus strict du terme , mais plutôt dans la tradition des grands big bang de jazz. Le titre est un repère, une base qui permet aux musiciens de progressivement construire une symbiose unique. La musique devient alors l’expression d’âmes unies dans un combat visant à maintenir la force mystique qu’ils ont créé.   
Cette symbiose permet au groupe de développer une version plus raffinée du groove de funkadelique, sans que l’on ait l’impression de changer d’univers.  




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