1976, les sex pistols sont à l’affiche du Wollhampton
assembly theatre . Bien que nevermind the bollocks ne soit pas encore
sorti , les concerts chaotiques des mercenaires de Mclarren les ont placés en
tête de l’invasion punk. Le public présent ce soir n’est pourtant pas venu pour eux, mais pour les looser de Killburn and the Hight Road.
Crée depuis plusieurs mois, le groupe n’a pas encore
réussi à publier un disque, mais il rassure sans doute les organisateurs.
Vénéré par quelques Teddy Boy , il est mené par Ian Dury , une sorte de
Skinhead fan de Gene Vincent. La polio lui a taillé un physique de pantin punk,
qu’il accentue pour profiter de la révolution en marche. Les moqueries dont il
faisait l’objet dès ses sept ans l’ont aussi mené à développer un humour absurde,
qui achève de le faire ressembler à une incarnation du nihilisme no future.
Le punk est composé de jeunes pecnos, qui se faisaient les
dents sur la musique qu’il jouait avant eux. Les chroniqueurs ont appelés ça
pub rock , et ont préféré saluer le down by the jetty de Dr Feelgood, que les
rock vintage que son groupe jouait dans les bars. Ces types pensent avoir
découvert le fil à couper le beurre, et nomme ce proto punk « pub rock ».
En réalité, il n’y avait rien de nouveau sous le soleil, et,
si Gene Vincent vivait toujours, il jouerait sans doute avec Wilco Johnson. Il
pourrait aussi bien jouer avec les sex pistols , tant tous ces musiciens ont eu
leur révélation en écoutant le rock des origines , et découvraient que tout ce
dont le rock avait besoin était là.
Alors, quand Ian Dury a vu arriver les pistols , il a senti
qu’il tenait sa revanche, et ça n’a pas manqué. Quelques mois après sa
performance introduite par les sex pistols , il formait les blokheads , et
sortait enfin son premier disque. Les têtes de cons (blockheads) furent
rapidement adopter par une génération de crétins (traduction de punk), et le
disque fit un carton.
Sur la pochette le pantin punk semble déjà penser aux
chemises qu’il espère sur le titre de son album. Finit les séances de relooking
dans les friperies, le chanteur allait enfin pouvoir se procurer des habits
neufs.
Le disque est culte dès ses première minutes, qui
introduisent un riff clashien en diable. On retrouve ici l’humour grivois de
little Richard , qui n’aurait pas renié cette histoire d’homme se levant avec « un
cadeau pour le genre féminin » , et suppliant sa femme de le soulager de
son érection matinale. Ian Dury ne renie pas ses influences , mais il sait
comment les vendre. Des titres comme « blackmar men » ou « blockead »
sonnent comme du Chuck Berry joués sur un tourne-disque réglé à la vitesse maximum.
Le rythme se pose ensuite sur une mélodie doo woop , qui va vite partir sur une décharge de pur rock n roll , le tout en hommage à ce « sweet Gene
Vincent ».
Il y’a aussi chez notre cockney un coté pop digne des
kinks. Dury ne se contente pas d’une énergie brute et puérile, il emballe le
tout dans un vernis classieux qui sort du lot. Ce n’est pas pour rien que Paul
Mccartney reprendra plus tard « I’m a partial to your abracadabra »,
il sonne comme une version protéinée de ces « chansons de grand mères »,
haïes par John Lennon. Ian Dury réussit à donner au punk l’attrait des vieux
tubes pop anglais. On pense d’ailleurs encore aux Kinks , quand son accent
cockney introduit la gigue obscène « billbiway dixies ». Consécration
ultime, cette mélodie fait furieusement penser à « David Watts » , le
classique des frères Davies.
Ian Dury , malgré l’air léger de ses titres , donne aux
punks la finesse qui leur manquait jusque-là. Plus sérieux, le ska punk de my
old man achève de le placer parmi les artistes les plus intéressants de sa
génération.
Quelques jours plus tard , il fera l’erreur de publier « sex
drugs and rock n roll » en single. Sur disque, le titre aurait été la
cerise sur le gâteau, il ne deviendra qu’un single culte.
La version cd répare cette erreur, en l’ajoutant en
bonus. On peut alors apprécier à sa juste valeur ce sergent pepper de la
génération « no future ». Car, si le punk était une tarte lancée au
visage d’un rock trop prétentieux, new boots and panties est la pièce
montée qui écrase sa rage juvénile.
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