On ne le dira jamais assez
, mais les sixties sont au rock moderne ce que le big bang est à la terre , un
moment fondateur. Nous sommes à la veille du Zenith de ce grand déferlement, en
1963, dernière année où un groupe de doo woop comme Danny and the memories peut
prétendre à la gloire. Le style est déjà loin de son âge d’or, et il sera
balayé par la british invasion dans quelques mois, laissant ses derniers
représentants en rade.
Il faut alors trouver une
nouvelle voie, se soumettre aux humeurs d’une époque lunatique, et dont les
cycles sont de plus en plus courts. Danny and the memories devient donc
rapidement « the psyrcle », et prête allégeance à la pop rêveuse
importée d’Angleterre. Ce virage semble marcher quand Sly Stones , qui deviendra
bientôt un dieu hippie sur la scène de Woodstock , produit le premier single de
ce groupe de pop baroque. Nous sommes à San Francisco, et le lsd commence déjà
à projeter ses rêveries hypnotiques sur la folk Californienne. Pourtant, the
psyrcle rate encore le coche, et ses membres décident de se replier en
Californie.
Là, le groupe cherche sa voie dans de longues improvisations ,
laissant ainsi l’air du temps prendre possession de ses instruments. Au fil des
improvisations , un folk rock puissant et planant se met en place. Après
quelques mois de silence, cette nouvelle personnalité est immortalisée sur un
album. Le groupe a encore changé de nom pour the rocket.
Le disque qu’il sort ne se
vend qu’a 5000 exemplaires , mais Neil Young fait partie de ces 5000 auditeurs.
L’homme est déjà un demi dieu, le Buffalo Springfield ayant atteint une
notoriété comparable à celle des Byrds. D’ailleurs, une rumeur annonce déjà que
le loner s’apprête à former un supergroupe avec David Crosby et Graham Nash.
Pour l’heure, Neil Young
cherche surtout à faire décoller une carrière solo mal entamée . Enregistré à
la va vite, son premier disque souffre d’une production catastrophique, malgré
la beauté de ses mélodies. Il rejoint donc les rocket, et trouve son nouveau
souffle en improvisant avec ces amoureux d’une nouvelle simplicité folk. Le
résultat sera « everybody know this is nowhere », sorti sous le nom
« Neil Young and crazy horse ».
Le loner a offert au
groupe son nom définitif , et lui a offert le classique qui lui permet d’entrer
dans l’histoire. Mais le Canadien est aussi versatile que les tendances de son
époque , et sa collaboration avec le crazy horse est un projet qu’il ressuscite
au gré de ses envies.
Trop occupé par son travail
auprès de Crosby Still and Nash , Neil Young abandonne momentanément le crazy
horse. Prolongé par les problèmes de dos de son leader ponctuel , cette
parenthèse permet au cheval fou de travailler sur son premier album. Tout juste
sortie des sessions d’after the gold rush , Nils Lofgren et Jack Nitzsche
viennent prêter mains forte au groupe.
La formation enregistre,
en 1970, ce crazy horse, perle lumineuse que le temps a malheureusement oublié.
« Gone Dead train » creuse le sillon du country rock popularisé par
le band. D’abord vue comme la musique d’une amérique raciste, la country devient le nouveau jouet d’une
génération de musiciens qui est revenue de ses voyages acides.
« Gone Dead
train » rejoint les rangs d’une série de « beauté américaine » ,
comme l’avait nommé le grateful dead sur son album du même nom. Puis vient la
somptuosité cachée derrière l’apparente simplicité d’un folk pas si basique. Les
chœurs s’envolent alors sur des bluettes qui volent vers les mêmes sommets que
les homélies hippies de Crosby Still and Nash.
Une force rythmique vient
tout de même affirmer la vrai grandeur de ce groupe, c’est la guitare binaire
de Danny Whitten. Ses riffs dansent sur la mélodie , marquant des rythmes
nourris aux mamelles du rock et de la country. Sur « crow Jane Lady »,
il développe une beauté poussiéreuse que l’on croyait réservée à Brian
Robbertson.
Crazy horse est avant tout
un groupe de rock , accroché à ses rythmes, qui sont autant de solides racines
à partir desquelles sa splendeur croît. A l’origine de son apparente simplicité,
ses rythmes lui permettent de transformer « dowtown » en hymne
binaire.
Crazy horse sort en 1970 ,
et obtient un succès d’estime aux Etats Unis. Le groupe voit enfin le bout du tunnel,
mais Danny Whitten est rongé par sa dépendance à l’héroïne. Alors que le groupe
est en tournée avec Neil Young, en 1972, le guitariste utilise le cachet de son
dernier concert pour se procurer la dose qui lui sera fatal.
Le Loner sort tonight the
night pour lui rendre hommage. Mais le véritable chant du cygne de ce grand
guitariste se trouve ici, sur ce disque aussi varié que direct.
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