Mike Patton : chant
Jim Martin : guitare
Roddy Bottum : claviers
Billy Gould : basse
Mike Bordin : batterie
Années
80 : Faith No More vient de sortir deux albums, « We care a
lot » assez anecdotique puis « Introduce Yourself »
plus intéressant et qui figurent avec d'autres disques
(de
Red Hot Chili Peppers ou Fishbone notamment) parmi les albums précurseurs de la scène "fusion" qui va exploser dans les
années 90s,
mélange de métal, de funk, de rap voire de punk suivant les
groupes.
Chuck
Mosley, le chanteur, qui ne s’entend plus avec le reste du
groupe part et est remplacé
par un nouveau venu Mike Patton. Son arrivée apporte
indéniablement un souffle nouveau et va
révolutionner le
groupe qui tout en restant dans le genre « fusion » et
toujours ouvert à différents
styles musicaux, va effectuer un virage métal.
D’emblée
on sent que vocalement Mike Patton, qui en 15 jours compose
l’ensemble des textes avant l’enregistrement, est supérieur à
Mosley, le dépasse, avec un registre plus étendu, il amène une
dimension nouvelle par ses capacités à s’adapter et à maîtriser
presque tous les genres musicaux y compris l’expérimental (mais
avant tout le métal et le phrasé rap) et surtout une voix un brin plus
déjantée, plus démonstrative, expressive, moins monocorde, moins
terne.
Le
son également est nettement plus incisif sur cet album, ce
qui le rend plus efficace qu’ « Introduce
Yourself », plus puissant, mieux produit (pourtant le
label et le producteur
sont les mêmes – sans doute plus de moyens).
« Introduce
Yourself » malgré ses imperfections était un album avec un
charme particulier et une ambiance spéciale
qu’on ne retrouve pas entièrement ici (certains ne seront
forcément pas d’accord). Toujours est-il que si « Introduce
Yourself » et « The Real Thing » ont une base
musicale commune les deux albums sont assez différents.
« The
real thing », le troisième album de Faith no more, sort donc en 1989.
FNM
alterne les styles et les ambiances et on a déjà un aperçu de ce
que sera leur chef d’oeuvre « Angel Dust » (où
cette variation sera plus poussée et plus réussie encore).
On
passe d’un genre musical à
l’autre avec aisance même
si le métal reste le fil conducteur (mais encore une fois Angel
Dust poussera
à tout point de vue les limites un peu plus loin dans la
démesure et franchira un cap).
En
tout cas FNM est le premier groupe a avoir mis une telle dose de rap
et de funk dans son métal. C’est un nouveau Faith no more que
déboule pour un album qui va s’avérer marquant.
Les
riffs de guitares sont plus tranchants mais globalement – et c’est
rare – le clavier et la basse sont loin d'être négligés, bien au contraire.
L’utilisation
du clavier est magistrale (déjà
sur l’album précédent il est vrai) : sur « From
out to nowhere » le très bon titre qui ouvre l’album, « The
real thing » et l’excellent instrumental
« Woodpecker from Mars » notamment, il apporte
une atmosphère et une coloration aux morceaux, leur donne une autre
dimension, comme une touche de peinture qui change un tableau.
« Epic »
est le single du disque avec son intro et ses passages rap métal
très réussis, assez remarquable en intensité. Le style du groupe
est parfaitement résumé dans ce titre. Du rap métal 3 ans avant
Rage Against the machine.
« Surprise !
You’re dead » lui sonne quasiment thrash métal et ne ferait
pas tâche sur un album de Metallica.
« Zombie
eaters » c’est la pièce maîtresse de l’album, plus
complexe, entre ballade et heavy rock, le meilleur titre avec « The
real thing » et
« Woodpecker from Mars » , « The real
thing » étant
davantage dans
l’expérimental et qui mixe ambiances à géométrie
variables. Pour mieux
désorienter l’auditeur.
« Underwater
love » est le seul titre un peu faiblard et sans grande
originalité de l’album.
L’instrumental « Woodpecker
from Mars » est remarquable avec en avant – ce qui est
rare – la basse et le clavier qui se taillent la part du lion ;
changements de rythme, break, un grand morceau.
« War
Pigs », la reprise de Black Sabbath est à la fois réussie et
décevante; très bien certes mais beaucoup trop fidèle à
l’original.
Quand
on s’appelle Faith no more on doit prendre des risques sur ce genre
de reprise et nous donner une version différente et plus déjantée
qu’une simple copie.
Je
m’attendais donc à mieux, dommage, étant entendu que War Pigs
reste un immense morceau.
Enfin
« Edge of the world » qui clôture l’album est une très
belle ballade, qui montre que FNM est aussi doué sur ce style
musical.
Si
« The real thing » est moins original et moins diversifié
que ne le
sera l’album suivant « Angel Dust »,
moins dans la créativité (avec Angel Dust
Faith no more rend une copie quasi parfaite) il
est néanmoins très
convaincant.
En
tout cas un must du rock fusion de cet fin des années 80 et qui
inaugure ces 90s où
les barrières auront
véritablement explosé entre les styles.
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