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lundi 18 janvier 2021

THE SONICS : Introducing the sonics (1967)


J'ai lu que les Sonics n'aimaient pas trop cet album (leur troisième et dernier), notamment le son, pourtant il me semble représentatif de ce que pouvait produire le groupe, un bon aperçu et témoignage sur cette période (le milieu des années 60).
Bien sûr il faut reconnaître que leur premier « Here’s the sonics », sorti en 1965 est un poil meilleur, en tout cas c'est celui qui créera la légende. 

Les Sonics nous viennent de Seattle (tiens donc quelle coïncidence…), ville dont les groupes ont toujours aimé le son brut, et a signé entre 1965 et 1967 trois albums monumentaux après s’être fait connaître par une reprise de « Louie Louie » et un premier 45 tours « the witch » en 1964.
Formé aux débuts des années 60 le groupe a révolutionné le rock mais ne récoltera les fruits que beaucoup plus tard, après sa séparation, dans les années 80 et 90’s.
Les Sonics sont en effet parmi les pionniers du rock garage , parmi les fondateurs de ce style musical avec ce son si particulier : basique et primaire. Mais le garage 60's n'est pas tombé du ciel par la grâce de Dieu, il est une extension,  un prolongement logique du rock'n'roll des années 50, mais plus brut et plus violent.
 
Pour mieux apprécier il faut se remettre dans le contexte de l'époque (1965-1966) ; le rock « moderne » n'en est qu'à ses débuts et était plutôt pauvre au niveau de la diversité , les Beatles font de la pop assez gentille , les Who, les Kinks et les Stones connaissaient tout juste leurs premiers succès (sinon tout le reste était pop acidulé ou rockabilly / rock'n'roll 50's) .

Donc il faut bien avoir en tête que ce qu'ont fait les Sonics personne ou presque ne l'avait fait jusque-là ! On n'avait encore jamais entendu un son aussi basique et électrique à la fois, aussi sale, aussi sauvage.
Un son crade, le groupe reprend ouvertement le côté le plus « sale » du rock’n’roll des années 50, des hurlements légendaires (sur « the witch » et surtout sur le final de « psycho », un must), un son de guitare sale aussi bien pour les intros, la rythmique ou les solos (écoutez par exemple « Like no other man » pour vous faire votre propre idée). Idem pour la batterie, basique et survolté à la fois.
Les Sonics populariseront ce fameux son saturé et garage en trafiquant leurs amplis !
Cela ressemble un peu aux Animals (autre groupe incontournable des 60's) en plus violent, en plus brut et bien sûr en plus garage. Mais la voix de Gerry Roslie est assez proche de celle d’Eric Burdon et on sent l’influence des chanteurs noirs, ceux qui viennent du blues.

Sur ce troisième album les classiques du rock garage sont légions même si l'on sent encore l'influence évidente du rythm'n'blues et rock’n'roll « traditionnel » sur certains morceaux.
Pour moi les meilleurs titres sont « The witch », « Psycho », (ces deux titres sortis en single figurent déjà sur le premier album), « Dirty old man »* (avec son rire de maniaque diabolique en intro !) mais « High time » (et son superbe refrain), « Like no other man » et « I m going home » auraient tout à fait pu devenir des tubes rock des sixties. De même que « I m a rolling stone »,plus cool, dont le clavier n’est pas sans rappeler celui des Doors. Avec « Maintening my cool » on est plus dans un registre soul/ rythm’n’blues/blues rock. 

Quant à la ballade « Love lights » elle est ici presque comme une intruse, ne collant pas trop avec le reste !
La version CD éditée plus tard nous offre en bonus quelques reprises de rock’n’roll (comme de nombreux groupes le faisaient à l’époque) et davantage de saxo (bien utilisé toutefois) pas franchement indispensable mais « Leave my kitten alone » de Little Willie John vaut néanmoins qu’on y prête une oreille.

Et même si on peut aujourd’hui trouver ça un peu « daté » (mais tellement original et moderne pour l’époque) l’ensemble reste très bon et surtout il s’agit d’un moment important de l'histoire du rock, un groupe qui a compté et leur influence sur les Stooges, MC5, White Stripes, le punk, le grunge (Nirvana a souvent cité les Sonics comme inspiration majeure) et tous les groupes "garage rock" de façon générale est indéniable, notamment dans les années 80/90 où ce courant va connaître un nouvel essor et que The Sonics deviendront cultes, le mot n’est pas galvaudé, tant il est évident qu’ils sont les géniaux précurseurs de ce genre.

Car lorsqu'il faudra dépoussiérer les oeuvres majeures de ces années là celles des Sonics, déjà populaires malgré tout dans les années 60, seront largement remises sur le devant de la scène et considérés comme incontournables et le groupe aura alors la place qu'il mérite dans l'histoire du rock jusqu'à devenir "tendance" et entraîner une reformation autour de Roslie et des frères Parypa, dans les années 90 puis en 2008.
Certains considèrent d'ailleurs The Sonics comme le premier groupe proto-punk et en écoutant des titres comme The Witch ou Psycho on ne peut pas leur donner tout à fait tort

* Seulement sur la réédition en CD datant de 1991 de l’album sous le titre de « Maintening my cool »

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