Rubriques

samedi 13 février 2021

Blue Oyster Cult : Mirrors


Le voilà le point de rupture, le blasphème qui va éloigner les plus dévots de la secte de l’huitre bleue. Voyant que ses ventes se maintenaient à un niveau plus que respectable, le cult a voulu accentuer son virage pop. Pour cela, le cult se sépare de Sandy Pearlman , pour rejoindre Tom Werman , qui s’est fait connaitre grâce à son travail pour Ted Nugent et Cheap Trick. L’époque basculant résolument du côté de la pop , Werman bazarde tout l’attirail occulte du groupe d’Albert Bouchard. A la place, il concocte une production grandiloquente, ajoute des chœurs légers et aseptise le son du groupe.

Werman a offert au cult l’écrin qui fit la gloire de Cheap Trick , et le groupe a adapté ses titres à ce nouveau décor. Si spectres voyait le cult embrasser la pop à pleine bouche , mirrors célèbre les noces fiévreuses de son hard rock avec la légèreté la plus populaire. Sur la pochette arrière, les musiciens posent tels un boys band, annonçant le choc qui attendait l’auditeur à l’écoute de l’album. Si l’ensemble n’est pas encore à classer parmi les pires guimauves pop, le résultat n’est pas au niveau des classiques précédents.    

La voix , particulièrement mise en avant , perd sa rage proto punk, c’est le roucoulement d’un chanteur de variété devant sa grande kermesse pop. Les tempos tranchants du groupe s’émoussent au milieu de cette guimauve sonore, se noient dans les niaiseries de refrains Bon Joviens. Les fans de la première heure durent faire une drôle de tête en entendant Buck Dharma chantonnez la mélodie culcul de I am the storm (you’re not the one). C’est que leur groupe creuse désormais le sillon du stadium rock cher à UFO.

Découvrant ce nouvel univers avec un enthousiasme juvénile, le cult en reproduit les standards comme un élève appliqué. Lancés sur une batterie au swing synthétique, ses solos mélodieux ouvrant la voie à un refrain entêtant, Dr music est le symbole de tout ce qui ne va pas sur cet album. En chassant sur les terre de Mickael Schenker , le cult semble reprendre les choses à zéro , il se met de nouveau dans la position de l’outsider.

La formule chère au stadium rock est parfaitement exécutée, les mélodies fédératrices entrent dans le rang de « lights out » (UFO) et autres lovedrive (Scorpions) , mais aucun titre ne sort réellement du lot. Les mélodies ronronnent,  la musique sympathique est assez aseptisée pour ne pas déranger, mais cette platitude précipite Mirrors dans l’oubli.

Aujourd’hui, le temps a rendu cette production extrêmement kitsch , accentuant la faiblesse de titres sans énergie. Mirrors n’est qu’un galop d’essai, l’entrée ratée du groupe dans les grandiloquentes eighties.

Malgré tous ces griefs, on ne peut s’empêcher de se repasser Mirrors avec le même plaisir coupable qu’un cinéphile ressortant ses VHS de Steven Segall. Il y’a dans cette musique, aussi limitée soit elle, l’embryon d’une nouvelle ère. La production est grossière, les refrains un peu niais, mais cette légèreté addictive est un véritable miel auditif. Si ils ne parviennent pas encore à soulever un enthousiasme démesuré, certains de ces titres vous trotteront dans la tête pendant de longues minutes.

C’est cette attraction que le groupe va développer sur les albums suivants, c’est pour cette efficacité qu’il mis au placard son barnum mystique. Tremblez adeptes du rock de stades ,  Blue Oyster s’apprête à s’élever au-dessus de vos refrains bas du front.      

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire