L’album live est le passage obligé de ces sauvages seventies. Les grands anciens ont lancé les première salves , live at Leeds montrant aux futurs punks la voie d’une énergie nihiliste , pendant que les Stones ramenaient tout le monde au blues sur le classieux Get yer yaya’s out. Du côté du hard rock , Deep Purple a ouvert les hostilités avec le massif live in Japan, après que Humble pie ait ramené le rock au fillmore. N’oublions pas non plus Uriah Heep , trop vite considéré comme des mollassons progressifs , et qui durcirent le ton sur Uriah Heep Live.
Deux grands groupes manquent encore à l’appel , Led Zeppelin et le Blue oyster cult. On your feet or on your knees sort enfin en 1975 et c’est encore la pochette qui attire d’abord les foudres de la critique. Garée devant une église inquiétante, une limousine fait vaguement penser aux véhicules transportant les grands leaders fascistes et nazis. La pochette de ce double album s’ouvre ensuite, pour laisser apparaître le groupe jouant devant des individus à cagoules pointues. Le groupe serait-il en train de jouer pour le KKK ? La question est posée et va encore occuper certains critiques pendant quelques temps.
Qu’importe, le scandale booste encore les ventes , et tout le monde finira par admettre que ces images menaçantes et mystérieuses collent parfaitement à la musique du groupe. La messe démarre par the subhuman , dont le clavier raisonne avec la ferveur d’un orgue célébrant une messe païenne. Le riff ponctue les prêches sombres du chanteur, lacère la rêverie mystique du clavier à coup de solos déchirants.
Sorties de ces cages que sont les studios modernes, les guitares du cult rugissent comme de grands fauves indomptables, imposent leur suprématie sur ce grand espace scénique. Leurs chorus électriques bondissent sur une batterie robuste comme un arbre millénaire, lacèrent son tronc avec une fureur désordonnée. Les montées en pression débouchent sur des éruption tonitruante, pendant lesquels les claviers gémissent comme les habitants d’une nouvelle Babylone frappée par le déchainement des éléments.
Ce torrent ne connaît pas de barrière, sa furie électrique déborde des digues qui rendaient les versions studio si carrées. Si le cult peut ouvrir harvester of eyes sur un swing rigoureux, ce n’est que pour laisser ses chorus de six cordes le massacrer avec une violence jouissive. Le déchainement ne s’est pas fait sans prévenir, la batterie menaçait déjà, accélérant le rythme comme pour rapprocher les débordements de son éruption heavy. Chauffés à blanc par cette montée en pression, les guitaristes répandent leurs instrumentaux brulants sur ces percussions hargneuses.
Et puis ces cavaliers de l’apocalypse décident de percer le mur du son , ce que le déluge de riffs de Hot Rail to hell réussit dans un grondement menaçant. La cadence s’accélère de nouveau sur the red and the black , décharge héroïque secouant le blues comme un épileptique en transe. Jouant sur les vibrations d’une batterie sismique, les solos secouent le corps tremblant du rock n roll avec une violence inouïe. Si 7 Screaming Dizbusters démarre sur une mélodie plus méditative, ce n’est que pour accentuer la violence de ses débordements sonores.
La mélodie ouvrant le
titre a le charisme inquiétant d’une cathédrale vouée à un culte obscur ,
impressionnant monument que les croisés du riffs mitraillent de leurs notes
meurtrières. Le mysticisme du Blue oyster cult est un rideau cachant son armurerie heavy
, c’est le pelage derrière lequel la bête cache ses griffes.
Pour calmer un peu les ardeurs de ses mercenaires sanguinaires, le cult s’embarque dans une grande improvisation boogie blues. En hommage aux pionniers, les musiciens retiennent difficilement leurs ardeurs, et parviennent à maintenir un mojo digne d’un Allman Brother Band sous speed. Ses ardeurs apaisées par le feeling de ces maîtres , le soliste du cult chasse désormais sur les terres de Cooperhead et Cactus. Après ce petit intermède, la ballade the last day of may nous ramène doucement dans la cathédrale vouée au culte de l’huitre bleue. Il s’agit encore de blues, un blues mélancolique où les guitares sonnent désormais comme des gémissements déchirants.
Puis vient le cri de guerre de ces croisés du rock n roll, un hymne au riff aussi mémorable que whole lotta love ou fire on the water. Cities on flame with rock n roll raisonne ici avec la grandiloquence d’une section de tanks prenant possession d’un territoire conquis. Lorsque les dernières notes de cette dernière charge percent le silence , le Cult sait qu’il a définitivement conquis le monde. Il hisse donc ses couleurs avec deux blitz chromés, avant de tirer sa révérence avec Born to be wild.
Quand Steppenwolf a écrit
ce titre, en 1968, il annonçait l’avènement d’un blues plus tranchant et
abrasif. Avec On your feet or on your knees , Blue oyster cult réalise cette
prédiction mieux que n’importe qui.
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