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mardi 2 février 2021

THE STOOGES : The Stooges (1969)


On connaît l'histoire : 1967, Iggy Pop, accompagné des frères Asheton et de Dave Alexander, embauché car il avait une voiture, forment les Stooges.
Detroit et ses environs : 1968/69 avec MC5 les Stooges se font remarquer par des prestations scéniques hallucinantes et des plus sauvages.

Si les Stooges et les MC5 qui viennent tous deux de la même région (le Michigan, à l'époque fleuron de l’industrie l’automobile américaine), ont tourné ensemble, sapprécient et ont une vision proche de la musique, ils ont toutefois une approche « philosophique » totalement différente: politisée, rebelle et revendicative pour les MC5 dont les appels à la révolte inquiètent les autorités en ces temps agités de contestation alors les Stooges sont davantage dans l’autodestruction et le mal de vivre, le nihilisme et le désarroi.
Mais les deux sont en rupture totale avec le mouvement hippie, non violent et pleins d’utopies « enfumées », tant sur le plan musical qu'autour des thèmes abordés.

Pour canaliser l’énergie et la fougue bordélique de ces "fous furieux" qui composent le groupe et pour mettre un peu d’ordre, Elektra, le label, fait appel à John Cale du Velvet Underground pour produire leur premier album qui sort en 1969.
Une vraie bombe pour l'époque car même si le rock était en pleine évolution le degré d'intensité et de violence dépasse tout ce qui avait pu être produire jusque là.
Dès les premiers accords de « 1969 » le ton est donné, sorte de Stones en plus "destroy", plus cradingue et hystérique, à la rythmique saccadée et au chant sauvage.
Des textes bruts, qui suinte le chaos, l’ennui et le désenchantement mais loin du spleen poétique d’un Jim Morrison par exemple.

Des riffs qui sont de plomb, tranchants, sans concession.
Un album où le mot d'urgence prend toute sa signification, le quatuor enchaîne les morceaux comme si sa vie en dépendait.
Le fameux son « stoogien » incisif, reptilien, qui s’infiltre, se faufile en vous, pour ne plus vous lâcher est bel et bien là, véritable marque de fabrique.
Ce premier album des Stooges est un missile qui va propulser le groupe dans le top 10 des artistes qui ont marqués l'Histoire du Rock (et ce en seulement 2 ou 3 albums selon que l'on compte ou pas Raw power).

Plusieurs classiques sont déjà présents et non des moindres: « 1969 », « I wanna be your dog » (déjà vraiment punk celle-là), « No fun » (et sa guitare garage déglinguée et dévastatrice ), « Little doll » (peut-être ma préférée et qui pourtant ne figure pas parmi des classiques des Stooges) et à un degré moindre « Not Right ».
C'est crade, brut, du rock qui vient du cœur, du fond des tripes, sans artifices.

Pour moi il n'y a qu'un seul titre un peu déroutant (comme dans chaque album des Stooges d'ailleurs) : « We will fall » aux accents trop psychédéliques par rapport au reste du disque.
Je préfère néanmoins légèrement l'album suivant « Fun House », au son encore plus crade, aux rythmes plus tranchés et avec l'apport incroyable d'un saxophone sur la deuxième face, plus expérimental et avant-gardiste aussi qui mélange avec bonheur rock ultra violent et free jazz halluciné. Et ce « Fun house » reste pour moi le chef d’œuvre du groupe au-delà de l’aspect original de ce premier opus.

Mais c’est ce premier album éponyme qui a consacré à jamais The Stooges comme pionniers du punk, du hard et plus globalement du rock « sale » (avec MC5 que l'on doit associer), un album et un groupe qui ont marqué des générations de musiciens et de fans.
Un classique indémodable, un album référence, un disque culte. Un disque qui représente l'essence même du rock tel qu'il ne devrait jamais cesser d'être.

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