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lundi 17 mai 2021

The Flower Kings : Stardust we are

 


Et les flowers kings inventèrent le triple album , une œuvre monumentale de plus de deux heures. Alors forcément, quand l’objet sort en 1997, on l’aborde avec une certaine méfiance. La perfection est une anguille qui ne cesse de glisser entre les mains de l’artiste, rares sont ceux qui parvinrent à la maintenir sous leur étreinte plus d’une trentaine de minutes. Cette poussière d’étoile dont parle le titre, n’est-ce pas de la poudre aux yeux pour éblouir les observateurs impressionnables ? Le groupe le plus fascinant du rock progressif moderne ne se perd t’il pas dans un délire mégalomane ? 

Comme pour accentuer les inquiétudes, stardust we are est annoncé comme un concept album centré autour de réflexions spirituelles de Roine Stolt. La première partie de l’album s’ouvre sur un sifflement martien, signal stellaire faisant pleuvoir les notes comme autant de météorites frappant un sol lunaire. On a l’impression d’entendre Yes perdu au milieu de la face cachée de la lune, son exubérance symphonique se diffusant dans l’écho du cosmos. La guitare devient le centre d’une danse héliocentrique folle, ce soleil rayonnant au milieu de constellations qui se croisent et se percutent. Les instruments déchainent une explosion de splendeurs célestes. Le feu d’artifice cosmique vire progressivement au théâtre spatial, grâce à une voix réinventant le charisme grandiloquent de Peter Gabriel.

Une telle entrée en matière donne le ton d’une première partie très aventureuse. Roine Stolt n’oublie pas pour autant de caresser les oreilles néophytes dans le sens du poil. C’est ainsi que des bluettes telles que « room with a view » permet aux tympans sensibles de se reposer sur un nuage cotonneux. Just this once démarre ensuite en fanfare, un clavier schizophrène dialoguant avec une guitare au lyrisme rageur. Progressivement, les contraires s’harmonisent, le toucher mélodieux de Stolt emportant ces claviers nerveux sur des terres plus apaisées. Le titre s’emporte alors dans de grandes envolées enthousiastes, les notes se succèdent avec la frénésie lumineuses des grandes fresques Yessiennes. 

Puis tout se calme, les comètes de cette galaxie se mettent à flotter majestueusement, l’auditeur se laissant bercer par ce slow cosmique. Comparé à cette procession, church of your heart semble renouer avec la grandiloquence un peu niaise du rock FM. Pourtant, le charme opère vite, l’orgue et une guitare aérienne permettant à l’auditeur de ne pas quitter les sommets stratosphériques des premiers titres. On se surprend alors à fredonner ce refrain de Beatles space rock , profitant ainsi d’une bonne chanson pour se détendre entre deux explorations.

Poor Mr Rain ordinary guitar perpétue ensuite ce rythme apaisé, ses arpèges chantant une folk mélodieuse, blues automnale gracieux et tranquillisant. The man who walk with king renoue ensuite avec les accents baroques des grands troubadours rock. Après une ouverture rappelant les fêtes royales de la renaissance, le toucher de Roine Stolt redonne un peu de lyrisme aérien à cette fresque poussiéreuse. Entre voyage dans le temps et méditations spirituelles , the man who would be king est un monument d’intensité compilé dans un format pop ( à peine 5 minutes).

Circus bringstone marque un nouveau déchainement des éléments, les décors sonores se succédant encore avec autant de rapidité que de fluidité. Le festival progressif a déjà durée plus d’une heure. Ces splendeurs nous ont pourtant enivrés au point de nous jeter sur le second disque comme un alcoolique en manque de boisson.

C’est un univers plus pop qui s’ouvre alors à nous, l’orgue ecclésiastique de pipe of peace ouvrant ce festival populaire. Populaire, cette seconde partie l’est dans le sens le plus noble du terme. Entre relent floydien et chant charmeur, cette seconde partie sait soigner ses mélodies en les rendant le plus accessible possible. Les petites trouvailles instrumentales et l’harmonie parfaite de ballades telles que different people et kingdom of lies montrent que l’on peut encore produire une musique exigeante et populaire.

Alors , bien sûr , cette suite est moins folle que les premières minutes , et les auditeurs les plus exigeants pourraient voir dans ces chœurs et refrains une relative baisse de régime. Pour fermer le claque merde de ces infâmes salisseurs de mémoire , les Flower kings referment leur symphonie sur le monumental « stardust we are » , qui regroupe tout ce que le groupe fait de mieux. Dans un défilé d’une incroyable cohérence, chacun des décors que nous avons visités vient nous saluer une dernière fois. La production somptueuse permet à cette dernière fresque de se dévoiler un peu plus à chaque écoute. On redécouvre ainsi des détails ratés lors de notre première contemplation, des subtilités cachées derrière le rideau lumineux de cette harmonie.

Arrivé au bout de notre long voyage, le périple parait presque trop court. Seul le temps pourra dire si stardust we are est un chef d’œuvre, il est néanmoins certain qu'il s’agit d’un très bon album.               

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