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mardi 20 juillet 2021

Neil Young : Landing on Water

 


C’est un nouveau Woodstock , une nouvelle façon d’affirmer que le rock peut et doit changer le monde. Bob Geldolf est un ex punk , son Live aid s’inscrit pourtant dans la lignée des grands idéalistes hippies. Alors bien sûr, les visages des rockers se sont ridés, ceux du public aussi , nombre d’entre eux vivent des eighties compliqués et la relève se fait rare. Il n’empêche que, quand vous inscrivez les noms de Keith Richard , Bob Dylan , Led Zeppelin , Neil Young et autres vieilles icônes , c’est encore une foule immense qui se presse pour assister à l’événement. Ce soir, tous ces ténors joueront gratuitement, les bénéfices de la soirée devant servir à lutter contre la famine en Ethiopie. Ce soir-là , il y eut de cruelles déceptions , comme la reformation calamiteuse de Led Zeppelin , mais aussi et surtout beaucoup de moments merveilleux. Bowie fut encore au sommet de son charisme spectaculaire, Status Quo livra un set éblouissant, et je ne parle pas de la prestation légendaire de U2.

Après un set plus que correct, Neil Young remarque le visage contrarié de Bob Dylan. Quand son regard croise celui du Zim , celui-ci déclare sur un ton désabusé « C’est bien beau de venir en aide aux pays pauvres . Mais que fait-on pour nos fermiers qui croulent sous les charges ? » Neil décida alors de devenir le porte-voix de l’Amérique rurale, il se mit à défendre la cause des fermiers américains auprès des puissants dès que l’occasion lui en était donné. Il chargea surtout John Mellenchamp et Willie Nelson de trouver des artistes acceptant de jouer lors d’un concert dont les profits seront reversés à ces damnés de la terre. Le premier Farm aid réunit donc Johnny Mitchell , Tom Petty et Lou Reed . Avec cet événement il paie d’une certaine façon sa dette vis-à-vis de ce peuple qui lui apporta tant. Paradoxalement, alors que cette engagement aurait pu l’inciter à creuser de nouveau le sillon rustique d’Old ways , il sortit son album le plus moderniste.

Landing on water est le disque que tous les fans du loner voudraient oublier, le premier fiasco d’une carrière qui fut jusque-là exemplaire. Pour masquer la faiblesse de son inspiration, Neil abusa des claviers grandiloquents dignes de Van Halen. Sur Weight of the word , leurs sifflements horripilants parviennent à rendre la guitare inaudible, la rythmique robotique est morne comme une journée de travail à l’usine. Cette ouverture donne le ton d’un album boursouflé, comme si une production aussi grandiloquente pouvait transformer ces étrons synthétiques en tube. Sur violent side, les chœurs enfantins sont ridicules, le solo de guitare incongru, Neil imitant Roger Daltrey au milieu d’une guimauve digne de Who are you.

Landing on water est trop lisse, il donne l’impression que le loner court après un public qu’il ne comprend plus. Ce disque s'inscrit dans la ligné de Human Touch , Down in the groove et autres mascarades de has been tentant désespérément de rester dans le coup. Landing on water s’inscrit dans une tendance pop qui va presque tuer une bonne partie de sa génération. Il faudra encore quelques années pour que Springsteen, Dylan, et notre canadien comprennent qu’ils ne pourront survivre qu’en restant fidèles à eux même. Ce n’est pas au public de dicter sa loi aux artistes, mais aux artistes de créer des œuvres que le public doit faire l’effort de comprendre.

Avec landing on water, Neil tentait de rajeunir son public, de prendre sa part de l’immense gâteau que constitue le business de la musique. Springsteen parvint à le faire avec Born in the USA , David Bowie toucha le gros lot avec Let’s dance, mais le loner n’était pas fait pour devenir une superstar.

Comme Bowie et Springsteen , il mettra des mois à se remettre de son dérapage commercial , tout en ayant raté le coup qu’il a tenté.      

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