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mercredi 21 juillet 2021

Neil Young : Life

 


Dans la lignée de ce qu’il fit pour les fermiers, Neil Young inaugure en cette année 1985 la bridge school , un institut dédié aux soins des handicapés souffrants de graves problèmes d’expression. Pour la financer, il organise un nouveau concert réunissant Jeff Beck, David Bowie , Simon and Garfunkel et Elvis Costello. Aussi honorables que soient ses engagements , ils ne peuvent cacher le déclin de sa carrière. C’est ainsi que, quand Neil effectua une nouvelle tournée européenne, il dut jouer dans des salles à moitié vides. Il n’était plus retourné sur le vieux continent depuis la tournée de promotion de Trans et le public n’avait pas digéré cette cacophonie électronique. Pour se refaire une santé, le loner rappelle son fidèle Crazy horse, mais la magie des belles années semble bien morte.

Rongé par l’alcool, le bassiste peine à retrouver la vélocité de ses grandes années. Ce groupe, qui fut un pur sang fougueux, ressemble désormais à un vieux canasson bon pour la boucherie. En répétition, les conflits s’enchainent entre ces musiciens en pleine crise de la quarantaine. Cette attelage bancale parvient pourtant à terminer l’enregistrement de Life, qui n’en sera pas moins le disque le plus faible de son histoire.

Difficile de trouver des qualité à un album qui , par sa production boursouflée et la faiblesse de ses titres , semble coulé dans le même moule infâme que Landing on water. Embourbé dans une mélasse pop, tenu en bride par des synthétiseurs toujours aussi bavards, notre vieux cheval fatigué rue désespérément dans ses sordides brancards. Force est de constater que les sursauts d’orgueil de musiciens qui ne demandent qu’à faire parler la poudre ne parviennent pas à sauver un tel navet. Au bout de quelques minutes mielleuses, l’auditeur trouve enfin un peu d’énergie dans le boogie de Too lonely. Son regain d’enthousiasme est vite déçu par une batterie sonnant comme une boite à rythme, un cœur synthétique qui remet dans le coma une formation qui semblait enfin retrouver la vie. Quand quelques solos osent enfin sortir de ce cadre très pop, leur tranchant est émoussé par une production gommant toute distorsion, aseptisant toute envolée un peu trop spontanée.

Et, quand cette camisole ne suffit plus, on cache cette violence derrière des chœurs mielleux digne de Queen. Life est le disque de musiciens perdus, le succès s’éloigne de notre canadien, qui semble pour la première fois prêt à toutes les compromissions pour le récupérer. On trouvera tout de même quelques rapides instants où nos musiciens fatigués parviennent à se libérer du carcan qui se sont eux mêmes imposé. Mais ces instants sont trop courts,  au point que l’on ne retient que ces refrains simplets, ces solos sans saveur, ces chœurs gluants.

Si Neil Young avait besoin de toucher le fond pour remonter à la surface, c’est désormais chose faite. Life est finalement une sorte de Landing on water II , le témoin d’une fragilité qui va heureusement prendre fin. Dans l’ombre de dinosaures fatigués , une nouvelle génération s’apprête à redonner aux jeunes rockers le gout de la spontanéité. Cette fin d’eighties verra la sortie de Electric de the Cult , du premier album des Guns n roses , sans oublier quelques grands disques de Mellenchamps.

C’est toute une musique qui souhaite oublier ses errements pop, comme s'il fallait reprendre les choses là où les seventies les avaient laissés. Cette tendance ne ressuscitera jamais totalement la grandeur des sixties seventies, mais elle permit à une génération que l’on croyait enterré de se régénérer. Les fans se consolèrent donc en se disant que Life ferme une page qu’il ne reste plus qu’à oublier.         

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