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mercredi 28 juillet 2021

Neil Young : Mirror Ball

 


C’est un temple sacré, un lieu de mémoire où l’on célèbre le génie du rock. Le rock n roll hall of fame permet de raconter la légende du rock , de préserver cette culture frôlant le demi siècle. Ses cérémonies d’introduction sont aussi le théâtre du passage de témoin entre une arrière garde honorée et la jeune génération. Green day vint rendre hommage aux Ramones , Steven Tyler reprit un tube de Paul Mccartney , alors que Pearl Jam introduisit Neil Young dans ce grand mausolée.  Lors de son discours , Neil rendit bien sûr hommage à Kurt Cobain , qu’il considérait comme un des plus grands artistes de tous les temps. Alors qu’il prévoyait de commencer l’enregistrement d’un nouvel album avec REM , Neil changea totalement ses plans.   

Eddie Vedder lui a proposé de jouer avec son groupe dans le cadre d’un concert en faveur de l’avortement. Pour l’occasion , Neil composa le titre Act of love , qu’il joue avec l’un des derniers survivants de l’ère grunge. Poussé par la puissance abrasive d’un Pearl Jam au sommet de sa forme, le loner redevient la brute fascinante de l’album Weld , le vieux lion imposant le respect à une jeunesse agitée. Galvanisé par cette prestation , Neil embarque Pearl Jam en studio pour graver Act of love. La force des jeunes loups qui l’accompagnent réveille sa muse , il est comme un prophète possédé écrivant les nouvelles tables de la loi. En quatre jours, Neil et son backing band de luxe enregistrent ce qui devient l’album Mirror Ball. Si cet album est un des meilleurs auquel le groupe d’Eddie Vedder ait participé , c’est en grande partie parce qu’il se contenta d’être le serviteur appliqué de son prestigieux leader.

Contrairement à son prédécesseur, Mirror ball ne révolutionne pas la musique de Neil , il permet juste de retrouver une énergie digne des premières heures. Trop enraciné dans sa tradition musicale pour jouer les sauveur du grunge, Neil Young se nourrit de l’agressivité de ses derniers survivants , la galvanise dans de grandes chevauchées épiques , la sublime dans des power ballades envoutantes. Mirror Ball est l’album d’un vieux rocker bien décider à faire trembler les murs tant qu’il le peut encore. Alors il ouvre le bal en s’amusant à chanter une chanson de marin plongée dans un déluge de guitares sursaturées. Placé derrière cette ouverture impressionnante , Act of love fait le lien entre la légèreté du boogie blues et la puissance du grunge. Ce riff sautillant comme un gnome obèse annonce une partie de l’œuvre de Ty Segall , dernier génie solitaire que le rock ait connu. 

La puissance de ces riffs gras montrent que , si le grunge est bien mort , son fantome n’a pas fini de hanter le rock. Malgré leur relative discrétion , les musiciens de Pearl Jam décuplent la puissance de chaque titre à grands coups de riffs sursaturés. Plus bruitiste que le Crazy horse , Pearl Jam fait gronder ses solos comme des orages au dessus des montagnes que Neil élève à chaque à chaque mélodie.

Au bout du compte, même si ce Mirror ball n’invente pas la poudre , c’est un sympatique festival de boogie destroy, un brasier post grunge rajeunissant la puissance épique inventée par le Crazy horse. La jeunesse , attirée par l’agressivité bruitiste du gang d’Eddie Vedder , propulsa rapidement l’album au sommet des charts. Mirror n’est pas un grand album , juste un disque honnête joué par des musiciens à l’enthousiasme communicatif.

En prenant ainsi son pied, Neil Young redevient le gamin jammant dans son garage de Winnipeg. A plus de cinquante ans , il a toujours le même enthousiasme , la même énergie. Continuer à envoyer la purée malgré les stigmates du temps, dire merde à la vieillesse le temps d’un accord, d’un riff, d’une improvisation , c’est exactement la définition de ce que le rock doit être.

A son âge , Neil n’a plus rien à prouver et l’on peut se réjouir qu’il parvienne encore à sortir un tel album.

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