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dimanche 17 novembre 2019

The Ramones : Gabba Gabba Hey : épisode 1


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Attention, cet article est un plaidoyer à la gloire de la simplicité, une tomate envoyée à la figure de ceux qui oublièrent que le rock est avant tout un cri primaire. En un mot comme en mille, c’est un manifeste pour réhabiliter la foisonnante discographie d’un groupe qui fit tant, avec seulement 3 accords. Sur ce, lançons notre cri de guerre et entrons dans la légende : Gabba Gabba Hey !

La jeunesse des ramones semble tirée d’une chanson de Lou Reed , avec ses dealers attendant leurs dûs aux coins des rues , et ses couples dysfonctionnels créant leurs propres purgatoires. Johnny et Dee Dee venaient de ses bas-fonds new yorkais , et Dee Dee a connu la « fièvre blanche » dès ses quinze ans , afin d’oublier les délires d’une mère déséquilibrée et d’un père alcoolique.  Johnny n’est pas issu d’un milieu plus reluisant, et copiera vite le tempérament autoritaire d’un père qui n’hésite pas lui demandé « alors j’ai élevé une fiotte ? » à la moindre de ses défaillances.

Cet environnement particulièrement dur va forger le caractère agressif de Johnny, qui trouve vite en Dee Dee un compagnon de misère. Avec sa coupe au bol et son air paumé, Dee Dee ressemble à un fan des beatles perdu dans un roman de Burrough , alors que Johnny développe une rage qui force naturellement le respect.

Ce parcours erratique, les amènes à croiser la route de Tommy et Joey, comme si leur air paumé les avaient prédestiné à créer un groupe. Fondateur du gang , Tommy dira lui-même que personne n’aurait parié un kopec sur cette bande de marginaux , qui joue en public avant même de maitriser leur instrument.

Après plusieurs tâtonnements, les rôles se définissent, Dee Dee découvre « qu’il y’a un do sur cette putain de basse » , et Joey s’affirme comme le digne frontman de ce gang de marginaux. Ayant frôlé l’hôpital psychiatrique, après qu’on lui eut diagnostiqué une « schizophrénie paranoïaque, il se nourrira de cette expérience pour chanter les classiques délirants qui jalonneront l’histoire du groupe.

Le rock est la seule bouée de sauvetage des Ramones , le seul milieu susceptible de leur donner une place, et ils s’y jettent comme si leur vie en dépendaient . D’abord tiraillé entre un chanteur et un bassiste obnubilés par les beatles , et un guitariste vénérant la violence led zepplinienne , tout ce petit monde se met d’accord en découvrant le premier album des New York Dolls.

Véritable chainon manquant entre la simplicité des premiers beatles et la violence crue de led zepp, le groupe de Johnny Thunder montre la voie d’une agressivité sonore libérée de toutes préoccupations musicales.   
                                                                                                                               
Tout le monde peut le faire ! Voilà le message des Dolls , message que les ramones vont propager à un rythme infernal. D’abord catastrophique, leurs concerts prennent progressivement la forme de bombardements libérateurs , où les faux frères New Yorkais prennent à peine le temps de s’arrêter entre les titres.
                                      
Johnny résumera cette philosophie de manière un peu pompeuse en affirmant «  le rock se mourrait et nous voulions le sauver ». C’est que le rock commençait à sérieusement se regarder le nombril, se prenant lamentablement au sérieux à travers ses instrumentaux interminables , ses solos vertigineux , et ses concepts élitistes. Quand Dee Dee hurle « one , two, tree, four » , c’est plus pour annoncer une nouvelle salve contre cet académisme d’opérette, que pour fixer la mesure de titres souvent calqués sur la même cadence.   

Le groupe devient rapidement la coqueluche du CBGB ,un  club bluegrass sur le déclin, qui se refait une santé en devenant le haut lieu de l’underground Américain. Entre ses murs , les Iggy Pop , blondie , Patti Smith et la crème du nihilisme rock écrit les premières pages de sa légende. C’est aussi là que, subjugué par l’énergie des faux frères ramonseques , Mclaren trouve le dernier élément de son plan de conquête des charts : il se nommera sex pistols.

On retiendra aussi cette phrase lancée par Joey à Joe Strummer « Nous sommes nuls. Si tu attends d’être bon pour former un groupe, tu seras trop vieux quand ça arrivera ». En 1976, Danny Fields, l’homme qui découvrit le MC5 et les stooges , invite ces « nuls » à enregistrer leur premier album.
La cartoo… Euh la légende peut commencer.

Ramones

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Premier journaliste français ayant chroniqué ce disque , Philippe Manœuvre réussit au moins à résumer l’incompréhension , voire le mépris , dont le groupe sera victime tout au long de sa carrière .
« On avait besoin de nouveaux stooges , pas de mecs avec des T shirts mickeys » déclare t’il quelques années plus tard.

Les ramones ne faisaient pourtant que perpétuer le message du groupe d’Iggy Pop , en le radicalisant. « search and destroy » et « blitzkrieg bop » sont fait du même bois , ils rendent aux gamins une musique confisquée par les expérimentations prétentieuses des dinosaures de stades.

Fini les solos à rallonge , les instrumentaux se perdant dans des délires alambiqués , ce premier album se résume à quinze parpaings pop ne dépassant jamais les 3 minutes. Trois accords , trois phrases , trois minutes , voilà la sainte trinité promue par les ramones , et servit par une production ultra minimaliste.

« Now I wanna sniff some glue » donnera son nom au magazine emblématique de la scène punk , qui passera une bonne partie de son existence à défendre vaillamment la verve ramonesque. Récités comme des mantras , les refrains entétants de « 53 rd » , « blitzkrieg bop » , et autres « sheena is a punk » viennent nettoyer le rock de la boue complaisante dans laquelle il s’était englué.

Mal vendu , descendu par la critique , « ramones » deviendra tout de même le disque underground le plus influent depuis le premier velvet.


Leave Home

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« Résumons nous : Les ramones représentent une partie infime de cette énergie que les stooges ont canalisé au péril de leurs vies, avec une maestra bien connue. »
Non , Monsieur Manœuvre , les ramones n’étaient pas un simple coup tenté par un manager aux dents longues.

Leur nihilisme,  les ramones le font survivre grâce au rythme infernal de leurs tournées comme les stooges avant eux. Là , leurs riffs deviennent moins mécaniques , les mélodies plus fluides, mais la simplicité reste. Le message est le même , « carbonna not glue » s’incrivant dans le même sillon décadent que sniff some glue, dans une série qui ressemble à une version minimaliste d’heroin.

La seule différence majeure entre ce disque et le précèdent, c’est que Johnny Ramones n’a plus l’air de tenir une guitare pour la première fois de sa vie. Plus carré , les refrain s’imposent comme une version sous speed de la pop sixties, « now i wanna be a god boy » bénéficiant d’un refrain taillé pour devenir aussi culte que « all you need is love », avant que les chœurs ne fassent leurs  apparitions sur swallow my pride. Avec les bruitages pop de beach boys de cartoon , ils montrent le besoin de reconnaissance d’un groupe qui commence à draguer le grand public.    


lundi 11 novembre 2019

CRASS : Penis Envy (1981)


Formation :
Eve Libertine - chant
Joy De Vivre - chant sur "Health Surface", choeurs
Phil Free - guitare
B.A.Nana (N.A.Palmer) - guitare
Pete Wright - basse
Penny Rimbaud - batterie


« Penis Envy » est le troisième album de CRASS, le groupe fondateur de l'anarcho-punk, le groupe qui fonctionne comme un collectif. Pour commencer il faut bien avoir toujours en tête que dans ce courant musical la pochette et l’esthétisme en général (look, logo) et les textes (surtout les textes, qui ici sont engagés et intéressants) sont aussi importants voire plus que la musique. Le but étant ouvertement de faire passer un message politique, anarchiste et/ou pacifiste, de politiser les punks (en opposition par rapport aux punks uniquement dans un trip « destroy », « provocateurs » ou nihiliste et n’ayant aucune vision politique hormis de se revendiquer « anti-système »). De faire réfléchir. Le groupe s’en prend dès le départ à Clash, politisé certes, mais qui a signé chez le gros label CBS et les accuse de critiquer le capitalisme tout en signant sur une multinationale (cf morceau « Punk is dead » sur le premier LP), ce à quoi Clash rétorquera que cela permet d’avoir une audience et une portée beaucoup plus grandes, une meilleure visibilité (et de fait le London calling de Clash aura une audience plus importante que n’importe quel album de CRASS). Le débat n’est toujours pas résolu et reste ouvert (deux conceptions différentes de l’attitude à avoir face aux majors), malgré tout les faits montrent qu’au final c’est toujours la multinationale qui a le dernier mot (et très rares sont les groupes qui ont assez de poids pour ne pas faire de compromis). Toujours est-il que CRASS fidèle à ses idées créée son propre label, et le mouvement aura ses propres réseaux de distributions, ses propres réseaux de concerts (squats, centres autogérés) ses propres fanzines, les bases du DIY (do it yourself = le faire par soi-même) sont posées. CRASS dès ses débuts joue une musique basique, ultra primaire (notamment sur les deux premiers albums).

De prime abord, à la première écoute, c'est vrai que cela peut sembler très basique et primaire mais en écoutant plus attentivement on se rend compte qu'au delà de l'aspect minimaliste évident les compositions sont plus travaillées et mélodiques qu'elles n'y paraissent notamment sur « Where is Colombus ? » voire « Systematic death ».
Car musicalement parlant « Penis Envy » est le meilleur album du groupe », plus abouti que les deux précédents, le plus accessible aussi, avec les deux chanteuses au micro, Eve Libertine (la chanteuse principale), secondée de Joy de vivre (l’habituel chanteur de CRASS Steve Ignorant n’est donc pas présent sur cet album). J’ai d’ailleurs toujours trouvé que les voix féminines pouvaient amener des ambiances différentes au punk rock, quelque chose de plus, d’intéressant et là c’est clairement le cas avec un timbre de voix assez inhabituel pour l’époque (cf titre « Poison is a pretty pill »). On a beaucoup reproché à CRASS sa pauvreté musicale mais là le groupe s’est surpassé, c’est toujours minimaliste (mais ce punk minimaliste c'est aussi la marque de fabrique du collectif) mais ça tient parfaitement la route à tout point de vue. Oui CRASS sait jouer ! 

Le son, notamment des guitares, est assez typique des premiers groupes anarcho-punk anglais. Mais la voix atténue un peu le côté austère de l’ambiance générale. Sur cet album les textes, habituellement axés sur un pacifisme intransigeant et sur l’anarchisme, prennent ici une thématique plus féministe. Musicalement il y a vraiment de bonnes chansons, ma préférée étant « Where next Colombus ? » avec un refrain qui ne vous lâchera plus. Un très grand titre. Mais aussi « Bata motel », « Systematic death », « Poison is pretty pill » et “Berkertex bribe”. Et je ne vois que deux titres un peu faibles « What the fuck ? » (avec son texte récité) et « Our weeding ». En tout cas ce Penis Envy me réconcilie avec CRASS car j’avoue que musicalement parlant je ne suis pas trop fan du premier LP « The feeding of the 5000 » même s’il contient la plupart des standards du groupe.

Après la dissolution du groupe fondateur l’anarcho-punk verra quelques divergences apparaître entre ceux qui veulent rester sur la ligne anarcho-pacifiste de CRASS et d’autres qui auront une vision et une stratégie un peu différente (Conflict…), avec malgré tout une base et un cadre communs : le DIY… mais cela est une autre histoire et pour le moment ne boudons pas le plaisir d’écouter ce « Penis Envy » un classique de ce courant, plus important qu’il n’y paraît, mais souvent méconnu dans la mesure où l’intransigeance des groupes les confinait dans un (relatif) anonymat, alors que certains avaient un indéniable talent (Subhumans, Citizen Fish, Inner Terrestrials ou Oï Polloï…pour rester en Grande Bretagne).

Et puis si d'un point de vue strictement musical Clash est sans doute supérieur à CRASS ces derniers représentent l'autre facette, l'autre Histoire du mouvement punk, celle du Do it Yourself et celle de certains principes de fonctionnement non négociables.

jeudi 17 octobre 2019

NEW BOMB TURKS : !! Destroy-oh-boy !! (1993)



Formation

Eric Davidson : chant

Jim Weber : guitare

Matt Reber : basse

Bill Randt : batterie



« !! Destroy-oh-boy !! » est le premier album des New Bomb Turks sorti en 1993 chez Crypt, label garage s'il en est (ensuite le groupe signera sur Epitaph le label de Bad Religion plus branché punk mélodique).
Autant le dire tout de suite il s'agit du meilleur album de l'un des meilleurs groupe de garage punk rock .

Du punk garage typique mais différent des Ramones, plus bondissant, toutefois comme les new yorkais les New Bomb Turks ont l'art de trouver des mélodies et des refrains qui restent ancrés dans votre tête pour ne plus en sortir.

Tous les fans de punk garage des années 90 connaissent New Bomb Turks et savent que le groupe a été l'un des fers de lance de ce courant musical pendant de longues années.
Punk et garage, de la première à la dernière note. Et du lourd, du très lourd (enfin façon de parler !), notamment grace aux riffs de Jim Weber, le guitariste, artificier en chef, impossible à calmer !


Une tuerie en 14 titres (16 pour la réédition en CD), il suffit d'écouter « I want my baby dead ? », « Born Toulouse-Lautrec », (les deux meilleurs titres) « Tatooed apathetic boys », « We give a rat's ass », « Lone gone sister », « Sucker punch », « Runnin on go ». Si vous n'avez pas envie de sauter en l'air je n'y comprends rien.
« Mr suit » (reprise de Wire, groupe punk anglais de la fin des 70's) est dans un style un peu différent avec des choeurs « oï ».
Quant à « I m weak » c'est plus du côté des Stooges qu'il faut chercher.
Comme tout bon garage qui se respecte les guitares sont bien crades avec des riffs qui font mouche.


Mais ici c'est plus la voix de Eric Davidson qui fait la différence et qui apporte le plus, pas monocorde du tout, et qui cherche à sortir des sentiers battus au niveau des intonations (et pour ne rien gâcher pour qui a vu le groupe sur scène c'est un showman hors pair).
Les mélodies sont plutôt travaillées et intéressantes, il y a de la recherche et de fait les morceaux ne se ressemblent pas tous (ce qui malheureusement est très souvent le cas dans ce genre musical). Et des refrains hyper accrocheurs (par exemple « I want my baby dead ? »).


Globalement c'est assez rapide avec ici où là quelques morceaux/passages plus lents.
Du grand punk garage, le must du genre, un incontournable ; et si vous aimez ce style ou si vous voulez tout simplement découvrir alors ce « !! Destroy-oh-boy !! » est le disque qu'il vous faut.


(33 minutes de vrai punk, pas celui décrit dans les Inrocks, pour qui tout groupe émettant un son de guitare aussi mou et pop soit-il, est punk !! ).
Et vous pouvez aussi aller jeter une oreille sur "Information Highway Revisited" (1994) et "Scared straight" (1996) également des plus recommandables.



dimanche 25 août 2019

BUZZCOCKS : Another music in a different kitchen (1978)


Formation
Pete Shelley : chant, guitare
Steve Diggle : guitare
Steve Garvey : basse
John Maher : batterie




Buzzcocks a été formé en 1976 par Pete Shelley et Howard Devoto, deux guitaristes, mais ce dernier quittera assez vite le groupe. Dès la même année le groupe est de toute la série de concerts, tournées et festivals punk en Grande Bretagne organisés entre autres par Malcolm Mc Laren (avec Sex Pistols, Clash, Damned, Vibrators…et même Stinky Toys le groupe d’Eli et Jacno nos frenchies !).

Devoto parti il est remplacé par Steve Diggle et dès lors le duo Shelley/Diggle va vite trouver la vitesse de croisière, et se faire rapidement connaître par le single « Orgasm addict » sorti fin 1977. Comme un autre groupe important de la même époque, The Jam, les Buzzcocks sont fans des mods (et bien sur des Who) et plus globalement de la pop anglaise des années 60 (pour les Kinks la filiation paraît évidente aussi) mais comme de nombreux groupes de l'époque ils sont pris dans le tourbillon de la vague punk ; et les Buzzcocks vont de fait, concilier, notamment à leur début, ces deux facettes d’où un côté plus mélodique/pop que les punks « classiques » mais à l’inverse plus punk que la pop traditionnelle. Certes "Another music in a different kitchen" n'est pas un album 100% punk mais sorti à la même époque que le premier Clash et que Never mind des Sex Pistols le groupe est assimilé cette vague qui submerge la Grande Bretagne. Toutefois les Buzzcocks ne font pas dans la politique (à l'inverse de Clash) ni dans la provoc et le chaos (à l'inverse de Sex Pistols), excepté la censure dont fut victime « Orgasm addict ».

Punk ? Pas punk ? Faux débat, stérile et sans intérêt. On pourrait dire à la limite que « Another music… » est un album punk réalisé par un groupe pop/rock mais 77/78 c’est une autre époque, une autre classification, un chamboulement total et toutes les cartes sont rebattues dans un magnifique chaos tumultueux et beaucoup de groupes se sont engouffrés dans la voie punk pour la quitter ensuite ! Je ne me vois pas faire un inventaire et décerner les certifications!!!! « Another Music » est en fait le vrai faux premier album du groupe puisque le premier enregistrement des Buzzcocks « Time’s up » ne sortira qu'en 1991.Toutefois plusieurs titres de Time's up seront repris sur Another Music in a different kitchen. Bien que plus mélodique que la moyenne des groupes punk en général l'énergie des Buzzcocks est brute comme l'atteste les quelques brulots de l'album : "fast cars", "no reply", "love battery" , "You tear me up" (les premiers titres de l'album sont clairement les plus rentre dedans) et "I need".

 Les morceaux sont courts, agressifs, vifs mais la mélodie est toujours bien présente. Les deux guitares sont on ne peut plus incisives. La voix de Shelley peut surprendre au premier abord mais elle se révèle remarquable (une voix constamment sur le fil du rasoir dont on a l’impression qu’elle va trébucher à tout moment…mais non !). Sur « Sixteen » et « Move away from the pulsebeat » le rythme ralentit très légèrement, c’est plus lent et les guitares sont plus appuyées, des riffs en épaisseur et non en vitesse, des solos presque noise et deux titres qui annoncent déjà presque la vague post-punk qui va arriver; « Autonomy » quant à lui plus mélodique. J'ai gardé pour la fin « I don't mind » et « Fiction romance » deux morceaux « archétype » du son Buzzcocks, mi punk/mi pop, avec sur « I don' t mind » des choeurs vraiment bien utilisés qui donnent un refrain stylé. Des morceaux à l’énergie communicative et irrésistible et un sens aigu de la mélodie évident. Ensuite, dans une optique plus pop/rock, mais avec toujours beaucoup d'énergie, Buzzcocks continuera à enregistrer des albums, plus ou moins réussis mais jamais à la hauteur de « Another music... » ; toutefois leur enthousisame des débuts ne les a en tout cas jamais quitté.

Les Buzzcocks sont passés en concert il y a deux ou trois ans à Paris et 40 ans plus tard les morceaux joués n'avaient pas pris une ride, c'est un signe. Malheureusement la mort de leur leader Pete Shelley en fin 2018 met en suspens l'avenir du groupe. « Another Music in a different kitchen » reste à jamais un album d’anthologie qui figure au panthéon du punk anglais (c’est-à-dire dans le top 3) avec le premier Clash et "Never mind the bollocks…" des Sex Pistols, un album qui a réussi comme rarement à concillier énergie brute et agressive d'un côté et mélodies et refrains travaillées de l'autre.


dimanche 23 juin 2019

DEAD KENNEDYS : FRANKENCHRIST (1985)



Formation
Jello Biafra : chant
East Bay Ray : guitare
Klaus Flouride : basse
D.H Peligro : batterie
Dead Kennedys est un groupe formé à San Fransisco à la fin des années 70 par East Bay Ray et Jello Biafra rejoint par Klaus Flouride.
Leur premier album « Fresh fruit for rotting vegetables » pose dès 1980 les bases du punk hardcore (au côté de Black Flag, Minor Threat, MDC, Bad Brains notamment).
Avec « Plastic Surgery Disaster » (1981) et surtout « In God we trust » (1982) on est dans l'âge d'or du groupe, du punk Hardcore rapide, agressif, violent, avec des textes politiques de haut niveau maniant à merveille l'humour voire l'humour noir et la provocation, des textes drôles et argumentés (pas primaires comme chez beaucoup de groupes punk , ni austères comme chez de nombreux groupes anarcho-punk britanniques).
Entre temps Jello Biafra se présente à la mairie de San Fransisco où il fait un score honorable, ce qui lui vaut déjà une certaine réputation.

Mais avec cet album c'est aussi le début des ennuis et le début de la fin pour Dead Kennedys.
Le groupe commence à gêner et les institutions californiennes auront sa peau coûte que coûte.
En cause un poster de H.R Giger (le créateur d'Alien) inclus dans l'album vinyl et représentant une sorte de pénis, d'où s'en suivront des tracasseries, poursuites pour pornographie, perquisitions, procédures judiciaires...qui finiront par un non lieu.
Mais le groupe ne s'en remettra jamais totalement et par la suite ne sortira qu'un autre album studio « Bedtime For Democracy »  où Dead Kennedys fera une sorte de synthèse musicale de ses différents albums....puis « Give me Convenience or give me death » une compilation.
Pour cette chronique de Dead Kennedys je vais commencer par.... l'album le plus atypique du groupe, celui qui se démarque le plus des autres et celui que j'aime le moins (attention je le trouve très bon malgré tout !!) mais c'est aussi le plus original, celui où Dead Kennedys s'éloigne du punk traditionnel.

Celui que j'aime le moins car en théorie je préfère le Dead Kennedys évoluant dans le punk hardcore là où il est incontestablement le plus à l'aise.
Mais le plus original car le groupe sort ici des sentiers battus pour proposer une sorte de « psycho punk » des plus réussi.
« Frankenchrist » est un album différent des autres sur un plan musical, plus « psycho punk » presque du post punk « This could be anywhere », « A growing boy needs his lunch » et « Chicken Farm » sont d'ailleurs des modèles du genre.
L'album démarre doucement avec « Soup is good for you » qui déroutera obligatoirement celui qui reste encore sur l'écoute de l'agressif « In god we trust ».
Le son de guitare est complètement différent, les morceaux plus longs , moins rapides qu'à l'accoutumée.

Par contre la voix du charismatique et leader/chanteur Jello Biafra est toujours si particulière niveau intonations (reconnaissable entre 1000), légèrement nasillarde.
C'est surtout un disque que les non fan de punk pourront apprécier.
On trouve malgré tout deux ou trois titres 100% punk hardcore , notamment « Hellnation », hyper rapide et « MTV-Get off the air » (typique de Dead Kennedys avec en plus une trompette du meilleur effet et où leur facette délirante voire cartoonesque éclate).
« Jack o rama » avec un refrain qui claque, typique et classique comme le groupe sait en composer.
Par contre « At my job » qui sonne ouvertement noise rock industriel/expérimental/post punk est vraiment inattendu et surprenant de la part de Dead Kennedys ….mais au final plutôt réussi.
L'album s'achève par « Stars and stripes of corruption » : du Dead Kennedys classique, remise en cause de la politique des USA et sa bannière étoilée , juste un son moins agressif (mais un des meilleurs morceaux du groupe autant pour la musique que pour le texte).

Ici pas de grands classiques du groupe, pas de « California Uber Alles », « Too drunk to fuck », « Holiday in Cambodia » ou « Nazi punks fuck off »...mais malgré tout des morceaux intéressants où DK prouve qu'il peut diversifier ses compositions.
Attention au risque de me répéter cet album est vraiment différent du reste de la discographie du groupe mais il mérite une attention toute particulière.
Depuis les années 90 Dead Kennedys s'est reformé mais pour moi le groupe est définitivement mort le jour où il y a eu un clash entre Jello Biafra et le reste du groupe et lorsque les trois compères restant ont eu le droit de continuer à jouer sous le nom de Dead Kennedys avec un nouveau chanteur. Mais l'âme du groupe (Jello Biafra) avait quant à lui décidé de s'orienter vers de nouveaux projets (avec D.O.A, Ministry, NoMeansNo.....entre autres), projets dans l'ensemble largement convaincants.

lundi 13 mai 2019

RAMONES : IT'S ALIVE (enregistré en 1977, sorti en 1979)


FORMATION
Joey (chant)
Dee Dee  (basse)
Johnny  (guitare)
Tommy  (batterie)





New York 1976, quatre types débarquent, sortis de nulle part, ou alors tout droit d'une BD, avec leur look de rockeurs des 60's, et ce chanteur dégingandé avec ses lunettes d'intello et ces cheveux longs (Joey a longtemps été proche du mouvement hippie) : ces quatre types vont bientôt enregistrer leur premier album ; leur nom ? les Ramones.
Et pourtant en l'espace de quelques années et de quelques albums ils vont tout simplement devenir culte.
En effet en 1976 sort le premier album du groupe considéré à juste titre comme le premier album punk rock de l'histoire.
Tout comme à Londres à la même période, à New York, tout s'accélère très vite y compris sur un plan musical.

Le punk a t-il été «inventé» à Londres ou à New York ? En fait peu importe, chacun a ses arguments, je me garderai bien de trancher. Il y a débat  car en fait les deux mouvements punk ont leurs points communs mais aussi leurs différences (ensuite il y a une autre thèse possible - et je l'avoue elle se défend - selon laquelle le punk serait apparu à New York et le mouvement punk à Londres).
A New York comme à Londres à la même époque 1974/75 la musique s'accélère, le look évolue, le mouvement hippie s'essouffle. Le glam rock est à la mode.

A New York l'influence d'Andy Warhol est prépondérante et le punk américain naît de fait d'un certain esthétisme (mais aussi d'une certaine révolte cela va de soit).
Les New York Dolls ont jeté l'éponge : les Heartbreakers n'ont encore rien enregistré et Blondie, Television, Patti Smith, Voivods ou Talking Heads ne peuvent pas encore être qualifiés de punk. Mais tous ces groupes commencent à faire parler d'eux ; toutefois c'est Ramones qui fera preuve de plus de réactivité.
Comme déjà dit le punk rock de NY a bien sur des points communs avec celui de Londres, mais ils ont aussi de nombreuses différences musicales et surtout sociales.
Le punk new yorkais s'inscrit dans une certaine continuité, le punk anglais s'inscrit lui dans la fracture qui secoue la perfide Albion.

A Londres le climat social est différent, quasi explosif, le mouvement est plus prolétaire, il porte en lui la rébellion, la haine du système, avec la provocation qui va avec. Le look aussi est différent, souvent plus « destroy ». La provocation pure et dure est également plus visible à Londres où les outrances et outrages sont monnaie courante.
Les Ramones sont moins provocateurs et nihilistes que les Sex Pistols , ils sont moins militants et politisés que Clash
A la différence des Clash les Ramones ne veulent pas changer la société et appeler à l'émeute
A la différence des Sex Pistols les Ramones ne veulent pas faire table rase du passé et cracher sur les vieux groupes

D'ailleurs les membres des Ramones revendiquent leur admiration pour les Beatles et les Beach Boys autant que pour les Stooges ou MC5.
Ce n'est pas leur truc (d'ailleurs Johnny est ouvertement républicain/conservateur), ils ne veulent rien changer du tout .
Les Ramones n'en veulent ni à la reine ni à l'Etat ni à la société, ils se contentent de décrire leur vie et leur état d'esprit.

Il n'y a pas la rébellion, la haine qu'on trouve chez de nombreux groupes punks anglais (sauf rares exceptions comme Buzzcocks)
Mais attention les Ramones ne dédaignent pas – punk oblige – une certaine provocation quand ils chantent « All the kids want sniff some glue ».
Et puis il y a leur dégaine : leur dégaine et leur look sont différents, ils cultivent une certaine « cool attitude », leurs paroles ne sont pas engagées (mais attention sans être extraordinaires elles sont moins « bêtes » et qu'elles n'y paraissent de prime abord ; mais le groupe à travers ses textes et son look perpétuent et cultivent cet aspect j'm'en foutiste un peu niais, l'air d'être indifférent à tout, un nihilisme un peu provocateur certes mais pas autodestructeur.

Et ce look différent des autres punk, cette dégaine, feront bientôt partis de la légende du groupe
Alors disons que les deux mouvements avaient chacun leur légitimité et leurs arguments (avec un état d'esprit un peu différents et peu importe qui étaient là le premier car les Ramones sont différents des Clash ou des Sex Pistols) ; et rappelons qu'avant eux existaient déjà des groupes « pub rock » ou « proto-punk » qui ont grandement influencé les premiers combos punk , qui ne sont pas sortis de nulle part.

Avec ce premier LP les Ramones posent les bases d'un certain punk rock. Objectivement il restera comme le premier album punk de l'histoire même si certains pensent comme je l'ai déjà dit plus haut, que le « vrai » punk vient de Londres mais au final peu importe.
Pour ma part je préfère cependant leur second disque « Leave home » sorti en 1977, mieux produit, mieux composé et qui est pour moi plus représentatif du « son Ramones » en studio
Toujours en 1977 sortira leur 3e LP « Rocket to Russia » très bon également (chaque album a ses fans)

Mais leur disque culte, celui qui met tout le monde d'accord, leur apogée, reste ce double album vinyl de 28 titres et environ 54 minutes enregistré en concert le 31 décembre 1977 à Londres et sorti en 1979.
Ce live, un des meilleurs jamais enregistré, contient les meilleurs titres des trois premiers albums, que du lourd, aucun temps mort, aucun temps faible et surtout les morceaux ont une rapidité d'exécution sans égale à l'époque
Il contient tous les classiques du groupes : : « Pinhead » « Now I wanna sniff some glue » « Blietzkrieg hop » « I wanna be a good boy » « Suzy is a headbanger » « Gimme gimme shock treatment » « Teenage lobotomy »...pour n'en citer que quelques uns parmi d'autres. Sans oublier le fameux « Hey oh let's go » et les « One two three four » qui débutent quasiment chaque titre.
En moins d'une heure les Ramones passent leur « tubes » à la moulinette avec ce fameux « son Ramones », les fameux riffs de trois accords de Johnny, basiques mais qui ont forgé la légende du groupe, la voix de Joey, chaude et plus mélodieuse que celle traditionnelle des autres chanteurs punk et dont le timbre se fera même sensuel sur les quelques balades que le groupe enregistrera.
Musicalement c'est du garage punk simpliste mais qui accroche et puis à cette époque les faux frères ne se détestaient pas encore notamment Joey et Johnny qui finiront par se haïr définitivement.
Quand un groupe sort trois excellents album de punk rock puis enregistre un double live avec un excellent son, live reprenant ses meilleurs titres cela donne un album...PARFAIT !

Ce « It's alive » est un sorte de « best of » en live des premières années des Ramones là où le son était le plus brut, le plus garage . Et on a quasiment jamais fait mieux depuis car ce « It's alive » malgré son côté simpliste est unique : 28 titres et 55 minutes de bonheur absolu  et de pogo sans fin !
Toutefois il faut noter que longtemps, et c'est parfois encore vrai de nos jours (mais beaucoup moins), le côté un peu « crétin » des textes et leur attitude en général ont rebuté la frange la plus radicale, la plus politisée et la plus sociale des punks qui pour certains n'ont pas considéré Ramones comme étant des leurs. Mais d'un autre côté le groupe a compensé en touchant d'autres fans (rock garage, headbangers..).

Pour conclure il faut rendre hommage aux Ramones car peu de groupes peuvent se vanter de faire partie du cercle fermé des groupes ou artistes ayant révolutionné le rock.
Les Ramones, quoiqu'on en pense, en tant que pionnier du punk, en font partie, sans rien revendiquer , en ayant l'air de rien, mais leurs riffs de guitare sans oublier leur dégaine sont rentrés à jamais dans la légende du rock. Culte pour toujours.