Après un premier 45
tours autoproduit sorti dès 1976 les australiens de The Saints enregistrent un
premier album en 77, véritable brûlot punk déjà plus que convaincant, « (I m)
stranded »* (lequel sort d’ailleurs avant le « Never Mind the Bollocks » des Sex
Pistols). Ils sont vite repérés par ceux qui profitent de la vague punk pour
trouver de nouveaux bons groupes ; d’ailleurs à peine arrivé en Angleterre que
The Saints tournent déjà 1977 aux côtés de Sex pistols et Talking heads
notamment.
Le groupe,
formé dès 1974, vient du pub rock, et donc contrairement à beaucoup d’autres
combos de l’époque ses musiciens ne sont pas complètement des nouveaux venus et
ont donc un peu de bouteille.
« Eternally
yours », sorti en 1978, est donc le 2e album des Saints.
Disons-le
tout de suite le groupe se trouve un peu à la marge du punk de par ses
influences et son histoire, avec un peu la même méthode que Buzzcocks, quoi que
les deux groupes soient malgré tout différents, c’est à dire qu’ici la mélodie
n’est jamais sacrifiée au profit de l’énergie, les deux s’équilibrant
parfaitement, avec en plus un côté assez crade.
Cela débute
par « Know your product » et d’entrée ce qui marque l’auditeur c’est la voix
atypique de Chris Bailey, assez proche de celle d’Iggy Pop (mais généralement
l’influence des Stooges sur The Saints est évidente), grave, veloutée, chaude
et sur certains morceaux presque crooner, en tout cas assez singulière dans le
punk et très éloignée d’un Jello Biafra et d’un Johnny Rotten.
Ce premier
morceau est un boogie punk rock’n’roll avec des cuivres ; c’est vraiment assez
osé de placer ce titre qui s’éloigne ouvertement du punk en ouverture de
l’album.
« This
perfect day » est un peu similaire mais sans les cuivres et avec une guitare
complètement déstructurée.
Sur « Lost
and found » ça dépote, on revient à de l’excellent punk rock « classique »,
plus rapide, plus traditionnel, archétype des années 76/78 tout comme « Run
down » et son harmonica qui donne un côté blues crade.
« New
Centre of the Universe » et « ( I m ) misanterstood » sont deux autres très
bons morceaux de l’album où les Saints montre que le punk rock ils connaissent
sur le bout des ongles.
« Memories
are made of this », « A minor aversion » et « Untitled » sont des « ballades
rock » bien ficelées, emmenées par une voix assez magique qui vous embarque
parfois assez loin, émotionnellement parlant.
« Ostralia
» est dans un autre registre, avec un beau refrain qui claque comme un « hymne
», tout comme « International Robots » qui clôture l’album et sa mélodie assez
bizarre.
Mais le
petit bijou, la petite pépite du disque reste le sublime « Private affair » :
du punk enveloppé dans du velours.
« Eternally
yours » se distingue par son alternance de titres punk rock parfois mâtinés de
garage/blues/boogie (un côté rock garage boogie blues somme toute logique,
comme pour tout australien qui se respecte) et de ballades rock mais au final
c’est tout simplement davantage un grand album de rock, bien au-delà du punk
rock dont The Saints s’éloigne en incorporant d’autres styles musicaux (garage,
R’n’B, blues rock...) et d’autres instruments (harmonica, cuivres,
piano/claviers) et de fait, comme d’autres groupes issus du punk, The Saints,
dès 1978 élargit sa palette musicale sans être trop commercial, c’est à souligner
et un gardant toujours un côté sale même dans ses titres les plus « pop ».
Bien sûr
cette évolution ne sera pas du goût de tout le monde et certains fans de « (Im)
stranded » seront déçus.
Et puis
comme les Ramones les Saints sont des punks aux cheveux longs, avec un look
plus à la Rory Gallagher qu’à la Johnny Rotten !!
« Eternally
yours » est un album sans prétention mais remarquablement construit, vif, brut,
nerveux, représentatif de l’époque et des plus efficaces tout simplement.
Du punk
rock bien ficelé et surtout la découverte d’une voix trop méconnue mais
franchement bluffante.
Et cet
album, comme le précédent, fait partie d’un héritage qu’on a parfois tendance à
oublier et à trop résumer aux mêmes groupes (Sex Pistols, Clash, Ramones,
Buzzcocks…).
Car on
tient ici assurément l’un des 10 meilleurs groupes de la période 76/79.
Pour
résumer les meilleurs titres selon moi : « Private affair », « Lost and found
», « New center of the univers » et à un degré moindre « Know your product », «
(I m ) misanterstood » et « Untitled »
*Album que Benjamin a
fort bien chroniqué ici même
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