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mardi 9 mars 2021

  Leonard Cohen : 


Connexion astrale

C'est assez complexe et simple à la fois d'écouter LC. Complexe parce qu'il te touche profondément quasi immédiatement simple parce que son matériel, en apparence, ce sont de toutes petites chansons et quelques maigres arpèges de guitare sèche. Alors quand l'album se termine une question arrive. Comment un type qui ressemble à un banquier, à tout ce que tu veux mais qui n'a rien à voir avec le cirque ROcKNroLL,(il participera en 70 au festival de l'île de Wight) qui ne fait que psalmodier des berceuses, peut-il te plonger dans une telle hébétude tranquille et te secouer l'âme ? 


On peut être amusé de voir un Iggy Pop ou un Mick Jagger de 70 balais gesticuler sur la scène pour renaitre à nouveau dans les vieux tubes qui ont fait leur gloire. Quand tu n'as plus vingt ans et que tu continues à te mentir comme ils se mentent à eux mêmes il ne reste que le rire. Alors tu t'amuses de voir ces gars nier l'âge. Ils sont tellement drôles à secouer encore l'élan fougueux qui les rendait si "sex" et fous il y a presque cinquante ans. 

**Quand Leonard Cohen plus âgé encore s'avance vers un micro, tu n'as pas envie de rire.
Quand Leonard Cohen fin sixties s'avançait vers un micro pour chanter le silence se faisait.**

L'homme dégage une ataraxie communicative alors les gens murmurent, se calment et écoutent. Ce Marc Aurèle contemporain distant de tout mais si proche insuffle dans ses mots et sa musique son équanimité bienfaisante. Il n'est pas un prophète muni d'un passeport céleste, d'une connexion divine, pas un prêtre qui pratique la transsubstantiation des humeurs, pas un chaman qui t'emporte dans sa transe incantatoire mais un simple poète. Les sixties s'achèvent, les sixties imprégnées des délires de musiciens psychédéliques qui s'évertuent à gagner plus d'argent, fédérer plus de fans, prendre plus de drogue et plus de sexe tandis que Cohen  se contraint à l'ascèse, à l'isolement. Il s'exile dans une petite maison face à la plage sur l'île grecque d'Hydra pour recevoir des mots, sa poésie.
Cette poésie il se doit de la transmettre. Alors après l'avoir dite il se mettra à la chanter et le mystère qui est en lui imprégnant sa pensée tout en le protégeant s'exhale. En l'écoutant on comprend qu'on peut être jeune et vénérable, choisir sa vie en brisant les liens, refuser l'assistance pour se forger seul. Cohen inspire et souffle le Monde, non pas celui d'un messie prescient mais celui d'un poète au présent.

Le disque tourne et le mystère hypnotique s'insinue. On pense souvent qu'un texte, qu'une chanson doit avoir du sens mais quand elle sort du plus profond d'un type comme Léonard Cohen elle finit par nous toucher comme une "Master Song", et à notre tour on la reçoit sans même la comprendre comme une liaison astrale.

 Jerry Lee Lewis : 


Le Killer casse la baraque

Avis à tous les amoureux de musiques actuelles vous tenez entre vos oreilles un des plus chouettes live Rock'n'roll de tous les temps.

**Naaaannn, tu déconnes !**
Le sulfureux JLL au meilleur de sa forme et loin de ses errements country (chacun ses goûts !) y propulse le Rock à son sommet. Son style nourrira le futur et sera remis au gout du jour, magnifié dans les années 80 par le fabuleux Stray Cats de Brian Setzer.
Live At The Star-Club, Hamburg, 1964 est une perle, un album d’une petite quarantaine de minutes qui permet de s’immerger dans l’ambiance concert du « Killer ». L'incestueux Jerry, il est tombé amoureux de sa cousine qui avait 13 ans et il s’est marié avec elle, une espèce de négatif de Screamin Jay Hawkins y joue comme à son habitude vite et bien. C’est un énervé, un excité, une pile électrique, un secoueur de "bas ventre", un agitateur de braguettes ("Whole /Lotta Shakin' Goin' On" assez torride), un des premiers « Bad Boys » qui bien avant Hendrix mettra le feu à son piano lors d’un concert. 

**Bouge ton Boule...On n'a rien inventé...No ?**
https://www.youtube.com/watch?v=1w_EqO0CmnQ

Sans maitrise la puissance n’est rien. Axiome vraiment caractéristique. Jerry lee transpire, étouffe et casse la baraque debout à côté ou sur son piano, matraquant les touches avec ses fesses, ses coudes, ses talons sans pour autant perdre le contrôle de sa voix ou de sa musique. Rien de tel que son Boogie Woogie puissant pour redonner sourire et énergie. Les grands standards de l’époque défilent mais deux tubes « Great Balls of fire » ou « Whole lotta shakin goin home » deviendront sa marque de fabrique.
Il donnera aussi des versions mémorables du « What i’d say » de Ray Charles (Give me one more time !), de « Hound Dog » ou de « Good golly Miss Molly » de Little Richard, autre grand « allumé » le précédent de peu.
A l’époque du green book et peu avant l’assassinat des grands leaders noirs Malcom X (65) et Martin Luther King (68) Elvis et Jerry Lee osent s’aventurer en terrain afro-américain par amour de la musique tout en se moquant des interdits, de la fracture raciale et culturelle. Ils sont tout de suite suivis par le jeune public blanc qui regarde les Noirs chanter et danser faisant de la vie une fête réjouissante. Eux aussi veulent s’éclater ! En revanche pour les musiciens noirs La musique qui coule en eux depuis toujours héritage des chants d'esclaves est une porte de sortie, un moyen de s’extraire des « ghettos » ou d’échapper au joug de la discrimination raciale. 

**Main mise sur le Rock qui vient du plus profond du cœur afro-américain par Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Eddie Cochran, Buddy Holly, Gene Vincent !
C'est sans compter sur Chuck Berry et Little Richard qui demeureront de beaux aiguillons noirs fichés profondément dans leurs culs tout blancs !**

C’est ainsi qu’au milieu du bouillonnement des années 60 : *assassinat de Kennedy en 63, naissance des communautés, de la contre culture hippie jusqu’en 70 (Woodstock 69),  manifestation en 67  à Washington contre l'intervention américaine au Vietnam (une jeune manifestante s'approche de soldats équipés de fusils à baïonnette et s’oppose avec…une fleur), grande Marche sur Washington en 63 pour la cause des noirs qui réunit entre 200 000 et 300 000 personnes…* le Rock mis en route dans les années 50 par Eddie Cochran, Gene Vincent, Elvis Presley ou Little Richard (certainement inspirant pour JLL) poursuit son bonhomme de chemin jusqu’en Europe, à ce prestigieux concert de Hambourg qui consacre une grande personnalité des musiques actuelles.


 
Il dit "Awopbopaloobop Alopbamboom"


**Et le RoCK fut !**

 En magie il existe bien des formules consacrées de Abracadabra ou Shazam voire Hocus Pocus en passant par une liste insupportable des locutions arcaniques du Harry Potter dont Avada Kedavra sortilège de mort que l’horrible Voldemort utilisa pour tuer les parents de Harry. 

*« Pas gentil, méchant Voldemort, c’est pas bien ! »*…et bien sur la fabuleuse incantation Hannal nathrar, ourwassbethud, doriel diembhe de Excalibur, le délectable Banzaï de Coluche.

*« Ah bon c’est pas une formule magique…et c’est pas de Coluche ?  De quoi tu t’mèles ? C’est mon papier so…Shut the fuck up et laisse moi avancer ! »*

Donc beaucoup, beaucoup de formules qui font rêver les pitizenfants mais vous l’aurez constaté en grandissant ça ne marche JAMAIS !

Si, il en reste une, une seule qui déclenche des frissons érectiles dans tout tes putains de chakras, électrise cheveux et poils qui se dressent sur la tête et ailleurs. A ce niveau les chauves sont bien emmerdés. Elle fait remonter l’énergie du centre de la Terre vers un certain point du corps un peu en dessous du nombril.

*« Ah bon, où ça ? »*. Alors les jambes, les bras, la tête, tout le corps se met à bouger de manière frénétique. C’est tribal, cela vient du temps où l’homme était uniquement guidé par ses pulsions animales. Oui, quand « l’architecte du rOck’N roLL » Richard Penimann alias le « Petit Richard » hurle «Awopbopaloobop Alopbamboom » la magie opère…enfin !


Etre noir et homosexuel dans les années 50/60 au centre d’un pays imprégné de racisme ou le KKK (Ku Klux Klan) qui comptait trois millions de membres dans les années 20 est encore très actif ça ne devait pas être du gâteau mais quand on est un artiste de la trempe de Richard, une simple phrase bourrée d’autodérision remet les pendules à l’heure !


**“If Elvis is the king of rock & roll then I’m the queen.”**


Les blancs se sont emparés du RoCK qu’à la base ils rejetaient et considéraient comme une musique de sauvage mais il est si coloré de Blues, de Gospel, de Boogie, de Rythm’n blues qu’on ne peut le nier, c’est ainsi : 


**l’âme du ROcK est noire !** 


Il en va de même pour le Jazz, le Funk mais aussi du Hard Rock (naissance des sons très saturés avec une guitare) enflammé par Jimi Hendrix qui jouera pendant deux ans (64/65) avec Little Richard.

De Bowie à Keith Richards en passant par les Beatles tous sont unanimes et reconnaissent que ce cri fut un choc, un vent de folie, un Big Bang qui a donné naissance au pur RoCK. Il résonne encore aujourd’hui. 

Les compos « Tutti frutti » chanson homosexuelle remaniée nous ne le saurons jamais, « Lucille » (avec le grand guitariste de blues Albert Collins),  « Long tall sally » (Hymne Rock repris par des centaines d’artistes Presley en tête mais aussi Beatles et Kinks pour les plus connus), « Jenny, Jenny » ou avec Larry Williams, "Bony Moronie", "Short Fat Fannie", "Slow Down", "Dizzy, Miss Lizzy" (Beatles album Help 65), mais aussi la voix puissante, une des premières voix saturée et chaude ponctuée de cris jouissifs ou le jeu  « matraqué » au piano font de Little Richard une "étoile brillante" dixit Bob Dylan qui aura marquée son époque et influencée profondément toute la veine du RoCk pour donner naissance à une certaine sauvagerie un catharsis musical brûlant qui n’est pas près de s’éteindre.

 

Nouvelle Rock Detroit 3

 


Arrivé sur le lieu du concert, Alain reconnait un visage familier dans la foule.

Le voyant s’approcher, Jac Holzman eut le sourire ravi de celui qui retrouve un vieil ami.

A : J’ai oublié de te remercier pour l’album forever changes que tu m’as envoyé. Dans quelques années tu seras fier d’avoir produit une merveille pareille.

Jack Holzman est le patron d’Elektra , le label qui a lancé le Paul Butterfield blues band et a soutenu Love autant qu’il le put. C’est d’ailleurs grâce à Love que les deux hommes se sont rencontrés, le label ayant envoyé son dernier album Forever Change à Cream. Lester Bang n’en voulait pas, la douceur hippie commençait à franchement l’irriter, c’est donc Alain qui fut chargé de chroniquer le disque. A force de l’écouter en boucle, il était convaincu que ce disque était le chant du signe de la pop psychédélique, une telle beauté ne pouvant être reproduite ou dépassée. Il avait qualifié l’album de « chant du cygne d’une beauté flétrie », et c’est en partie ce chef d’oeuvre qui le poussa à partir chercher où le rock allait se réinventer.

De son coté , Holzman compris que Love était arrivé trop tard , que son génie pop ne convenait déjà plus à cette fin de sixties. « Forever Change » aurait fait un carton si il était sorti en 1966, mais aujourd’hui l’avenir est du côté d’une musique plus tendue. Alors il a signé les Doors , dont le premier album fait partie des premières détonations de la décennie à venir.

Pour Holzman , concentrer l’énergie de sa maison de disques sur les Doors  lui permettait de survivre au fiasco commercial de Love. Pour Alain il s’agissait d’une trahison. D’un autre coté, il comprenait maintenant que la mort de Love était aussi nécessaire à la survie du rock.                                                              

H : Ta chronique était magnifique mais Love ne pouvait survivre. C’est la drogue qui a tué ce groupe, et je ne tenais pas à sombrer avec eux. 

A : Donc tu cherches de nouveaux génies à détruire ?

H : Et toi tu cherches quoi ? J’ai appris que tu avais quitté Cream, tu laisses le champ libre à ce malade de Lester Bang.

A : Bang fait partie de ces malades dont on se souviendra dans 30 ans.

H : Il a la dent trop dure et trop de pouvoir. Un seul de ses papiers peut tuer un groupe. Ce type est un gourou pas un critique.

A : Chaque culture a besoin de ce genre de gourou. Pour en revenir à Love sache que je ne t’en veux plus. C’est grâce à ta décision que je suis ici en train d’attendre l’avenir du rock.

H : Et bien tu me dois encore une fière chandelle ! C’est moi qui ait signé le MC5 et les Stooges.

A : Les Stooges ?

H : Oui, une bande de sauvages dirigé par un chanteur complétement cinglé.

La discussion fut coupée nette par un riff d’une violence inouïe , sur lequel s’élevait rapidement le hurlement sauvage d’Iggy.

 « Well It’s 1969 ok

All Across the USA

It’s another year for me and you

Another Year with nothin to do. »

Après tant d’années de pop rêveuse , Iggy et ses Stooges remettaient le nez dans le réel , et on était loin des Strawberry fields merveilleuses. Sur scène Iggy ressemblait à un pantin convulsant au rythme des riffs foudroyant de Ron Asheton. Ce qui fascine chez les Stooges , c’est la symbiose destructrice qui les unit. Entendre les Stooges , c’est se prendre les uppercuts parfaitement synchronisés de quatre champions poids lourds , cette musique atteint un niveau de violence inégalable. Les Stooges jouent comme si ils étaient le dernier groupe du monde, comme si ils devaient détruire toute la guimauve accumulée pendant des années de pop gluante. I wanna be your dog – TV eyes –No fun , chaque titre semblait se débattre violemment contre l’ennui de cette fin de sixties. Après un Louie Louie boosté aux hormones, les Stooges laissèrent la scène au MC5… Enfin plus précisément au présentateur du MC5.

Un excité s’était emparé du micro lâché par Iggy, et pointait ses deux bras vers le ciel dans une posture presque christique. Ses mains tremblaient d’excitation, et ses  Ray Ban devaient cacher le regard fou d’un homme possédé par un quelconque dieu païen. Avec son perfecto et son look de motard , on s’attendait plus à une annonce grandiloquente , à un fan de Steppenwolf annonçant les nouveaux maîtres de « la foudre heavy métal », mais c’est une émeute que l’homme venait annoncer.

« Frères et sœurs , je veux voir vos mains levées.

Faites-moi voir une mer de mains.

Je veux que tout le monde face un maximum de bruit.

Je veux entendre la révolution ici mes frères.

Frères et sœurs , il est temps de choisir si vous serez le problème ou la solution.

Cela ne prend que 5 secondes , 5 secondes pour réaliser ce que nous vous proposons.

Il est temps de bouger , il est temps d’affirmer que l’heure de la révolte est venue.

Je vous présente cette déclaration : le MC5 ! »

Alors que notre révolutionnaire mystique n’était pas encore sorti de scène, le MC5 chargeait déjà comme une troupe de Viet minh prenant par surprise la racaille impérialiste. La victime de cette charge fut d’abord le blues rock, vieux symbole que Fred Sonic Smith bombardait de ses riffs incendiaires. Avec le MC5 le rock redevenait une musique de révolte, sa puissance sonore était le napalm prêt à réduire en poussière l’ordre établi. A côté de kick out the jams , ride my lama , starship , les Who passent pour de vieux bluesmen fatigués.

Le MC5 n’a pas de musiciens aussi visionnaires que Pete Townshend , de batteur aussi fou que Keith Moon , il n’avait pas besoin d’individualités aussi fortes . Ce groupe était juste une horde barbare faisant de leurs limites intellectuelles une force. La simplicité de leurs rythmes, la brièveté de leurs solos lancés comme des décharges de Kalachnikov, la hargne d’un chanteur hurlant comme un révolutionnaire aux portes du pouvoir qu’il cherche à détruire, toute cette simplicité permettait au gang de développer la rage la plus pure et virulente.

Le public hurlait sa reconnaissance car il comprenait que ce rythm n blues, devenu le son de la révolte, était l’expression d’un peuple étranglé par une oppression raciste et capitaliste. Ce soir-là à Détroit , on avait vraiment l’impression que le rock avait levé une armée prête à faire la peau à l’immonde oncle Sam. Ce n’était qu’une illusion, mais il n’en fallait pas plus pour affirmer que le rock était en train de renaître à Détroit.                                                                                     

Alors que les dernières braises de ce feu révolutionnaire s’éteignaient , Alain partit discuter avec Holzman dans un bar du coin. Celui-ci avait une tête à effrayer un mort, comme si c’était contre lui qu’était dirigée cette révolte hargneuse.

Alors que les deux hommes prenaient place , le producteur frappa la table avec une violence qui fit sursauter son interlocuteur.

H : Ce crétin en ouverture n’était pas prévu au programme ! 

Le producteur avait dit ça avec la colère froide de celui qui sent qu’il est en train de tout perdre.

A : Le groupe que tu viens de signer a joué le concert du siècle et toi tu te plains !

H : Concert du siècle mon cul ! Je viens surtout d’immortaliser son suicide.

A : Et en plus c’était enregistré ! Mais l’album sera au rock ce que free jazz d’Ornett Coleman fut au jazz ! Une libération historique !

H : Et voilà. Tu repars dans tes envolées lyriques. Tu sais quelle est la seule chose sur laquelle producteur et musiciens sont d’accord ? Le mépris de la critique. Quand vous vous enthousiasmez, c’est toujours pour les musiciens foutus d’avance, les fous furieux, les kamikazes. Il suffit de répertorier les coups de cœur de ton ami Lester Bang pour comprendre le problème.

Après cette phrase, il marqua une pause pour avaler d’un trait le verre de vodka qu’on venait de lui servir. Avant de reprendre son réquisitoire.

H : Les critiques sont des gosses qui s’amusent à construire une mythologie bancale, avant de s’étonner quand la musique qu’ils prétendent défendre finit par s’écrouler. Tu te rends compte que ces conneries ne passeront jamais à la radio ? Toute l’Amérique n’a qu’une peur c’est le communisme et je leur sers le grand chaperon rouge sur un plateau. Ce sera symbolique, mais le show biz bouffera le MC5, ils serviront de gri-gris à travers lequel l’Amérique se soulagera de sa peur du grand méchant rouge ! 

A : A toi de faire en sorte que ça n’arrive pas. Elektra a assez de pognon pour graisser quelques pattes.

H : Le pognon a ses limites ! Soutenir le MC5 sera comme pactiser avec l’ennemi, tu verras que ce concert marquera le groupe du sceau de l’infamie. De toute façon je ne les garderais pas. Atlantic a fait une offre … Ils pourront maintenir le groupe à flot quelques mois.

A : Tu lâches encore la rampe, tu préfères le succès plus pépère des Doors. Avec toi la pop se serait limitée aux premiers albums des Beatles et à quelques tubes des Beach boys.

H : Ne méprise pas ces groupes. C’est grâce à eux que tes fous furieux peuvent enregistrer des disques. La plupart des majors n’auraient jamais produit des albums tels que Freak out , Trout mask replica , et les autres bizarreries que vous vénérez, si elles n’étaient pas devenues riches grâce à la pop que vous vomissez. Pour une maison de disques, la production d’un album de Zappa ou Beafheart est un accident industriel, la plupart d’entres elles ne savaient pas ce que ces cinglés produiraient avant de les signer.

A : Donc tu penses que seules les ventes comptent ?

H : Je pense qu’aucune maison de disques ne peut se permettre de maintenir éternellement en vie un groupe comme le MC5. Aussi révolutionnaire soit elle, cette musique ne peut que disparaitre aussi vite qu’elle est arrivée.

Pendant la discussion, Alain avait remarqué que son interlocuteur écrivait quelque chose sur une petite feuille de papier. Après l’avoir glissé sous son verre, Holzman quitta le bar en titubant. Avant qu’il ne passe la porte, Alain eut le temps de l’entendre marmonner « Et en plus ce con de Lester Bang risque de démolir le MC5 dans le prochain Rolling stones. »

Quand son ami quitta son champ de vision, Alain lut le papier qu'il lui avait laissé.

« Les Stooges enregistrent leur premier album demain dans nos studios. John Cale se charge de la production. Si tu veux venir assister aux séances tu es le bienvenu. »   

Holzman savait comment redonner la banane au chroniqueur qu’il adorait détester.           

samedi 6 mars 2021

URBAN DANCE SQUAD : Persona non grata (1994)

 


Urban dance squad est un groupe néerlandais et « Persona non grata », sorti en 1994, est leur troisième album, album où le groupe muscle sa musique, son rock, avec plus de guitares et d’agressivité et moins de samples.
On peut le considérer comme un classique de la période de "rock fusion" des années 90, un album d'une redoutable efficacité sur certains titres et Urban Dance Squad comme un des meilleurs groupe du genre.

Les cinq premiers morceaux sont excellents, d'un haut niveau, un enchaînement tonitruant avec « Demagogue » (le tube), « Good grief », « No honestly », « Alienated » et « Candy strip exp. », du funk / rock/ métal de haute tenue, des riffs qui font mouche, un flow excellent, on est dans la lignée de Rage Against the Machine (avec toutefois le côté hardcore en moins), un groove à faire réveiller un macchabée.
Malheureusement sur la durée de l'album le niveau baisse et à partir du huitième morceau ça s'essouffle un peu. Dommage !

De la bonne fusion réussie car le groupe mixe à merveille ses influences ce qui est loin d'être le cas de tous les groupes naviguant dans cette catégorie relativement vaste (entre rap, funk, hardcore, rock, électro…). Et une fusion qui reste très électrique et où les guitares se taillent la part du lion, même si le côté funk est bien identifiable.
Gloire à cette période, la fin des années 80’s et le début des 90’s, où les barrières musicales ont explosé, où les groupes ont pu, davantage qu’avant, mélanger les styles et quand cela atteint le niveau des meilleurs titres de "Persona non grata" c’est tout simplement jubilatoire.

Par rapport à Red hot chili peppers , UDS a également quelques points communs mais on est moins dans les subtilités techniques, plus dans les gros riffs qui déménagent tout en restant subtils et « Alienated » et « Some chitchat » montre que Urban dance squad peut aussi la jouer "finement" et atteindre un niveau correct de ce point de vue (mais à mon avis le groupe est plus efficace en général sur les morceaux qui « arrachent »).
La voix de « Rudeboy » ressemble un peu à celle de Zack de la Rocha (RATM), ce qui n'est pas déplaisant bien au contraire et il semble même tout à fait probable que les deux premiers albums d'Urban Dance Squad - avec d'autres disques sortis avant 1992 - aient consciemment ou non influencé Rage Against the Machine. 

En tout cas nous avons là un bon album, plaisant à écouter (surtout dans sa première partie), qui rivalise avec les meilleurs albums de rock « fusion » et qu'on peut placer aisément dans le top 10 de ce style au côté de Rage Against the Machine, Senser, Faith no more, Red hot Chili Peppers, Dog Eat Dog, Fishbone et deux ou trois autres…Il montre aussi que ce qu'on qualifie de fusion dans les années 90 recoupe des horizons qui peuvent s'avérer assez différent d'un groupe à l'autre.
Urban Dance Squad ne retrouvera jamais plus l'inspiration de ce "Persona non grata" et comme beaucoup de groupes de grunge, de fusion ou de rock alternatif de cette période il ne se relèvera pas de la funeste vague "électro" qui va déferler et contraindre le rock de mettre un genou à terre. 

Nouvelle Rock : Les possédés de Détroit épisode 2


 

« John Sinclair ! »

Après plusieurs minutes de poursuite, Alain avait enfin rattrapé son gourou trotskiste.

JS : - Désolé mais je ne fais confiance qu’à mes fournisseurs. Depuis qu’un flic m’a coffré pour possession d’une poignée de shit qu’il venait lui-même de me vendre, je me méfie de tout le monde. 

A : Je ne te poursuis pas du tout pour ça . Je suis juste un ancien journaliste de cream qui pense avoir trouvé la révélation qu’il est venu chercher. 

Après cette phrase , Sinclair devint bien plus sympathique avec notre héros. Comme tout bon communiste, il considérait la culture comme un formidable outil de propagande.

JS : Excuse-moi pour cette méprise camarade, depuis que j’ai J Edgard Hoover aux fesses je me méfie de tout. »

 A : Je ne suis pas non plus venu te parler de politique … Mais revenons à nos moutons électriques. Je pense que vous êtes l’avenir du rock, je pourrais écrire un papier qui fera décoller votre groupe sur les mêmes sommets que les Stones. 

A ces mots, John eu un sourire carnassier digne de ces dessins de 40, où Staline apparaissait avec un grand couteau entre les dents.

JS : Le MC5 l’est sans doute, mais suis moi puisque je t’intéresse tant.                                                    

Les deux hommes marchèrent pendant de longues minutes, Alain se contentant d’observer les rues pour ne pas perturber la réflexion de son guide. Au bout d’une bonne demi-heure de marche, les deux hommes atteignirent un hôtel sordide où une pancarte précisait « Hôtel réservé aux noirs ».

Voyant Alain continuer naturellement son chemin , John lui secoua l’épaule en lui disant : « Nous y sommes ! Tu ne sais donc pas que je suis noir à l’intérieur ! » Voyant la surprise de son hôte, John expliqua sur un ton amusé comment il était arrivé ici. « Tu sais, les noirs sont plus accueillants envers les blancs que certains beaufs du coin le sont avec les noirs. Un leader des black panthers m’a proposé cette chambre, il disait que je ne pouvais pas militer pour les opprimés sans avoir mis les pieds dans un de ces taudis. »

  Sur un ton sarcastique, il commenta chaque étage que le duo passait :

« Là c’est les toilettes … Ils sont lavés une fois par an . Au point que chaque utilisateur finit par le faire lui-même après son passage. Les canalisations sont si pourries que ça se bouche régulièrement. Quand personne n’a le temps de s’en occuper l’odeur devient vite intenable. »

Il remarquait que , à plusieurs étages , des types le regardaient passer avec un air menaçant. « Ne leur renvoie surtout pas leur regard, beaucoup de types ici arrondissent leur fin de mois en vendant de la drogue ou le corps de leurs poules, alors le moindre nouveau visage est vu comme une taupe potentielle. Le seul moment où ce pays montre un peu de respect pour les noirs, c’est pour les envoyer se faire trouer la peau au Vietnam… Et encore ! Et en plus, si ils tentent de se débrouiller sans les métiers qu’on refuse de leur donner, ils finissent en taule. »

 Arrivé dans la chambre de John , le tarzan rouge fonça chercher un article de journal, et le tendit à son invité.

Sur la couverture, on pouvait lire en grand « Des policiers agressés dans un bar noir ».

JS : Les journalistes sont des chiens du pouvoir, toujours prêt à aboyer les conneries qui feront plaisir à leurs maitres beaufs et racistes. Je te résume rapidement les faits : Un vétéran du Viêtnam venait tranquillement fêter son retour dans ce bar, quand les cognes décidèrent de faire une descente pour vérifier si le taulier avait son autorisation de vendre de l’alcool. Dans la pièce , 82 noirs buvaient joyeusement pour fêter le retour de leur ami , ce qui suffit à ces gros beaufs pour décider de coffrer tout le monde.

Alors , excédé , le taulier a allumé la première étincelle de la révolte , en envoyant un verre à bière sur la tête pleine d’eau d’un milicien hydrocéphale . Mec, ce verre eut à ce moment-là une aura sacrée, un verre à boisson aussi symbolique que le vase de Soissons.

Unis autour de ses éclats  , les hordes opprimées boutèrent les flics hors de ce qui était devenu l’épicentre de la révolution. Car oui, les cinq jours de révolte que Détroit a vécu il y’a trois ans furent enclenchés par le harcèlement stupide d’une bande de poulets prêt à rôtir. 

Comme essoufflé par son récit, John Sinclair partit vers le tourne disque situé au fond de la pièce. Ce qui permis à son hôte d’en placer une.

A : Et c’est pour ça que fut créé le MC5 ?  

JS : En partie, leur musique est nourri par la colère des hommes ayant lutté ce jour-là. Mais il ne faut pas oublier que, même si les blancs du coin les voient comme des sauvages, ce sont bien les noirs qui furent les premiers à répondre à l’oppression de notre état fasciste. Les flics ne tenaient plus rien, le chaos s’installait tout doucement, on était à deux doigts de faire de Détroit la première anarchie américaine. Et puis Johnson a envoyé les chars et tout le monde a préféré arrêter les frais. 

A : «  A t’entendre, on dirait que tu vois la culture comme un moyen d’achever ce que Détroit a commencé il y’a trois ans. Comme si la culture n’était qu’un moyen de propagande. »

JS : « Elle l’a toujours été ! Même si elle ne se résume pas à ça. »

A ce moment, le tourne disque envoya un magma cuivré hallucinant, un ultra free jazz qu’Alain connaissait bien. Avant que notre ex critique ne puisse réagir, Sinclair lâcha sur un ton soulagé.

 JS : Ouf l’électricité passe aujourd’hui. Ecoute moi ça ! Pour moi tu as ici la musique la plus puissante, la plus ambitieuse, et la plus trippante que la terre ait porté. Je suis avant tout un amateur de jazz, je l’ai toujours été , et Sun Ra fait partie de mes dieux. 

Là-dessus Alain et John parlèrent longuement de Sun Ra qui, comme Mahomet, s’était construit deux personnalités distinctes. Il y’eut d’abord le Sun Ra de Chicago, bebopper se laissant progressivement influencer par la musique africaine. C’était l’époque de Jazz by Sun Ra, et surtout du somptueux « Jazz in silhouette ». On pourrait écrire des livres entiers sur l’introduction de saxophone que John Gilmore effectue pour ce disque. Son souffle, limpide comme l’eau du Nil abreuvant les premiers hommes, amène le bop au berceau de l’humanité.

Alain avait découvert ce disque grâce à Lester Bang , qui avait pour habitude de récupérer les albums que les disquaires ne parvenaient pas à vendre. Ne pouvant écouter que du rock, le critique laissait les quelques jazzeries qu’il repêchait à Alain , qui avait ainsi pu suivre passionnément la carrière de Sun Ra.

Après ses années à Chicago, le grand Ra a rejoint New York, sa Mecque à lui, où il est devenu le seul défenseur d’un free jazz cosmique. Sorti en 1965, the héliocentrique word of sun ra faisait passer Ornett Colemann pour un bebopper austère. Les percutions raisonnaient sur un tempo mystique, déchirées par les gloussements sanguinaires de cuivres en rut.

John Sinclair lui fit ensuite un laïus fulgurant sur le Free Jazz , dont la liberté était autant musicale que politique. Largement improvisée et percussive, c’était une musique cent pour cent noir, un black power musical largement revendiqué, entre autres, par Archie Sheep. Musicalement, le free s’évadait des structures austères des dieux du bop , que seul Miles Davis semblait encore représenter.

JS : Tu vois, le free jazz , c’est le rock des noirs . Des types comme Sun Ra expriment la révolte d’un peuple qui ne veut plus que sa couleur de peau l’oblige à fréquenter les hôtels les plus crasseux, subir le mépris le plus virulent, et le harcèlement de policiers bas des képis.

A : Et le MC5 fait le lien entre la révolte exprimée par le free et celle exprimée par le rock .

JS : Tu commences à piger ! La révolte doit d’abord se faire dans les esprits , et le MC5 y contribue. Le jour où l’ouvrier suant 8 heures par jour sur une chaine d’usine et le noir réduit au chômage comprendront qu’ils subissent la même oppression, un vrai changement sera possible. »

Sur ces mots , Sinclair incitât gentiment son hôte à sortir.

« Le concert du MC5 approche. Il est temps que tu ailles trouver ce que tu es venu chercher. »

Après ces belles paroles Alain courut assister à la naissance du rock de Détroit.         

 

 

   

mercredi 3 mars 2021

Nouvelle rock : Les possédés de Détroit épisode 1


Allez les gars , on a encore dix bécanes à produire pour atteindre l’objectif journalier ! Je sais que vous pouvez le faire !

Penché sur sa chaine de montage, Alain commençait à ne plus supporter ces encouragements paternalistes. Il aurait encore préféré qu’on le fouette, qu’on l’insulte, qu’on le menace des pires sévices, plutôt que de subir ces encouragements infantilisants. Et dire que, en 1969 à Détroit, travailler à l’usine était devenu le graal de tout ouvrier.

Allez leur expliquer vous, à tous ces aigris enchainés à leur vie d’homme moyen, que ce cher Taylor a privé leur classe social de dignité. Fini le travail finement ciselé, la concentration d’un homme mettant toute son énergie mentale et physique sur un ouvrage unique. L’époque moderne ne veut plus de ces artistes du quotidien, de ces grands hommes qui mettaient leur âme dans leurs ouvrages. L’ouvrier est la chair à canon de la guerre de tous contre tous instaurée par le capitalisme. D’ailleurs, que les responsables du personnel soient devenus des Directeurs des ressources humaines n’est pas un hasard.

Les pires abominations commencent souvent par un changement lexical, il faut que les mots fassent progressivement leur travail de modification du réel. En usine plus qu’ailleurs, l’ouvrier est une ressource qu’il faut optimiser, une machine que l’on use comme un vieux tracteur. Ford a achevé le travail d’esclavage moderne démarré par Taylor, en donnant une carotte aux workin' class hero humiliés. Cette carotte, c’était le salaire, qu’il augmenta fortement dans ses usines, pour permettre à ses salariés d’acheter ses voitures. Résultat, le salarié devenait aussi con-sommateur , il nourrissait le système qui lui brisait le dos , lui ramollissait le cerveau , et détruisait sa dignité.  

Mais le travail était encore facile à trouver, ce qui permettait aussi aux hippies en perdition et autres libertaires de se refaire avant de repartir sur les routes. Il faisait partie de ceux-là , Kerouac et le mouvement hippie lui ayant montré la voie de la liberté. D’abord pigiste pour le magazine cream , il a eu l’occasion de côtoyer ce que le rock américain faisait de mieux , des Byrds à Canned Heat , en passant par le Grateful dead. S'il admirait chacun de ces groupes, il pensait que leurs mélodies de plus en plus hors-sol finiraient par tuer le rock.

Le temps du psychédélisme était, selon lui , déjà révolu , une musique aussi révolutionnaire que le rock ne pouvant s’éterniser dans ces bluettes où les lapins blancs croisent des morses, avant de dépeindre le rêve californien.  Il était plutôt d’accord avec ce génie fou de Lester Bang , le rock n roll avait besoin de choses plus primaires. Cela ne l’empêchait pas d’admirer les Beatles , les Beach boys et autres Fugs , il pensait juste que la révolte devait redevenir le centre du truc.

Alors , pendant que Bangs lynchait sans pitié les restes planant d’une époque finie , Alain décida de prendre la route. Il a donc fait le chemin de New York à Détroit, convaincu que la révolte la plus agressive ne pouvait venir que de cette ville. C’est quand même là que , deux ans plus tôt , Lyndon Johnson a dû envoyer l’armée pour mettre fin à une semaine d’émeute.

Les rues portent encore les stigmates de cette révolte. Certaines vitres n’ont pas été remplacées, et on trouve encore des traces de balles sur certains murs. Alain pensait souvent à ces événements sur sa chaîne de montage, lorsqu’un cri le sortit de ses réflexions. En se retournant, il vit un homme planté au milieu de l’atelier, et hurlant comme un possédé. Le type avait une coiffure de cro magnon , la moustache et les lunettes de Léon Trotski , et beuglait avec un tel charisme que lui et ses collègues vinrent rapidement l’entourer. « Mes frères et sœurs quittez vos chaines ! Cessez de nourrir les porcs qui vous exploitent ! »

Là , l’activiste marqua un temps d’arrêt , et déploya une banderole où l’on pouvait voir le logo des White Panthers et la photo d’un groupe. «  Comme le disait le grand Lénine , les révolutions sont des fêtes pour les opprimés et les exploités. Lyndon Johnson a réussi à stopper les premières festivités , mais qu’il ne croit pas pour autant qu’il pourra mater le peuple comme il tente de mater les vietnamiens. Je suis John Sinclair ,  leader du White Panters parti , et voici notre programme : L’abolition de l’argent  et la libération du peuple par le rock n roll , la dope et la baise dans les rues !

Ce soir , le groupe que je manage passe dans votre ville pour y propager le chaos.  Car , comme le dit si bien Engels « Alors que la civilisation décline et agonise ,  seuls les barbares peuvent offrir une nouvelle jeunesse au monde. » 

Là , le poing levé avec la ferveur d’un ouvrier russe un jour de Février 1917, John Sinclair lança cette dernière phrase comme on pose la première pierre d’une barricade. «  Ce sera ce soir, dans la rue principale . Libre à vous de choisir si vous voulez construire la solution ou si vous voulez faire partie du problème. » 

Quand un petit chef de chaîne se pointa avec deux flics au regard bovin (pléonasme), John s’était déjà sauvé par l’issue de secours. On chercha alors Alain, avant que quelques ouvriers finissent par avouer qu’ils l’avaient vu fuir avec le sauvage rouge. Notre ex chroniqueur n’allait pas laisser le but de sa quête filer sous ses yeux pour serrer des boulons.