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vendredi 9 août 2019

the black crowes : Shake your money maker


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Oubliez Nirvana, smashin pumpkin et autres idoles sous anti dépresseurs, le salut du rock venait du Texas. Sujet à controverse chez les amateurs de rock sudiste , les black crowes eurent le mérite de restaurer le culte du riff tranchant au milieu du bourbier grunge. En plus de l’allman brother band et de lynyrd , les corbeaux noires s’inspirent du blues survolté des faces. La voix éraillée de Chris Robinson réinvente d’ailleurs le chant granuleux de Rod Steward.

Sorti en 1990, le premier disque des crowes atteint rapidement le sommet des charts, reposant ainsi l’éternelle question : Assiste t’on à l’âge d’or du dernier grand groupe de rock ? Il est vrai que , depuis la fin  des seventies , rares sont les groupes ayant atteint le sommet des ventes avec une musique aussi root.

Il y’a bien eu quelques petites tentatives de retour aux sources, comme le premier guns n roses ou le fameux electric de the cult. Mais même ces disques semblent manquer de relief face à ce shake your money maker, les guns et le cult montrant leurs muscles sans atteindre la classe des frères Robinson.

A mi chemin entre Keith Richard et Jimmy Page , avec qui ils effectueront bientôt une tournée historique, les guitaristes soignent leurs tempos. Les solos débarquent comme une apothéose aux riffs lancinants, fascinante lumière au milieu d’un tunnel somptueux.  

Twice is hard ouvre le bal sur un riff stonien en diable, avant de s’emballer comme une diligence en plein désert. Même l’aerosmith des débuts n’atteignait pas un tel degré d’énergie blues. Des riffs viscéraux , ce disque en contient un paquet , le piano boogie de jealous again rehaussant une de ses plus belles réussites.

Le point d’orgue du disque est pourtant une ballade , « she talk to angel » développant une grâce perdue depuis que Keith écrivit Angie pendant sa cure de désintox. Résumer ce premier album à l’étiquette rock sudiste serait bien réducteur , même si le groupe ne manquera pas de s’en rapprocher sur l’album suivant.

En revanche, ce disque représente un sommet que nombre de musiciens actuels tenteront d’égaler. Des temperance movement , en passant par blackberry smoke et autres my dynamite, tous ont une dette envers les corbeaux noirs. Devenu plus underground , le culte du riff se perpétue ainsi à travers des disques comme « white bear » , « find a light » …  Ces disques représentant autant d’écho à l’énergie des nouveaux pionniers texans.

D'ailleurs, les black crowes eux même n’atteindront plus ce niveau de puissance rythmique, et partiront dans une direction plus traditionaliste, avant de se décomposer progressivement.  Ils avaient atteint le sommet de leur art dès le premier essai et même si ils construiront une discographie passionnante par la suite, beaucoup continueront à y chercher l’énergie spontanée qui illumine « shake your money maker ».   

mardi 6 août 2019

Caravan : If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You


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Venez les amis : Entrez dans les terres merveilleuses de Canterbury !
En cette fin de seventies , la ville baigne dans un psychédelisme cotonneux , qui commence timidement à flirter avec le jazz. Des premiers représentants de cette scène naissante , the wildflowers , il ne subsiste aucun enregistrement. Mais la formation fait encore rêver les partisans de cette scène de Canterbury.

Les wildflowers furent l’épicentre à partir duquel une certaine vision du jazz rock va prendre forme. A la fin de son parcours méteorique , Daevid Allen et Robert Wyatt rejoignent soft machine, avant que le premier ne fonde une communauté d’allumés nommée gong. Mais surtout , Pye Hasting et David Sinclair fondent caravan.

Alors que soft machine connait rapidement un grand succès , caravan suivra toujours ses traces. Alors que le succès a mené la machine molle hors de son Albion natale, le groupe de David Sinclair se forge une réputation sur scène en reprenant une partie de son délirant répertoire.

Le son de Canterbury se limite encore , à l’époque, à un psychédelisme follement expérimental. C’est ainsi que les titres avant gardistes et déjantés présents sur le premier disque de soft machine, sorti en 1968, imposent son statut de groupe culte.

Lui aussi influencé par le psychédelisme anglais , qui fascine les jeunes depuis la sortie de revolver des Beatles, caravan commence à se forger son répertoire. Une prestation au Marquee club permet aux anglais d’être repérés par international times , le journal de Barry Miles.

Célébre club anglais , le marquee a accueilli les wildflowers , qui ouvrait à l’époque pour ten years after. Après le passage de caravan, des producteurs sont conviés à leurs répétitions , et un contrat est signé avec Verve.

De cette union nait un premier disque orné d’un éloge délirant , que Barry Miles a écrit dans un état second. Malgré ces louanges folles, le son du groupe se résume encore à une pop planante , et très accrochée à la vielle formule couplet / refrain.

Pendant ce temps , soft machine est déjà parti ailleurs, fixant l’identité de toute une scène grâce à un second album plus jazzy. Malgré cette limite , la popularité de caravan  ne cessa d’augmenter au fil des concerts. Cette popularité permet au groupe de signer avec Decca, une maison de disques plus importante , et le succès artistique rejoint bientôt le succès commercial.

  If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You, le second album de la formation, n’est rien de moins qu’un des premiers témoins de l’âge d’or du Jazz rock Canterburyen. La production est luxuriante , le groupe au sommet de son art , et surtout les limites du format pop sont dépassées.

Si soft machine a construit son volume two avec une suite de pastilles musicales, caravan est plus bavard. A l’image de King Crimson , les structures se succèdent, laissant les envolées solistes percer de somptueux nuages jazzy.

Les instrumentaux soignés emportent l’auditeur dans de doux rêves , alors que la voix de Pye Hasting lui susurre des formules apaisantes. Tout en gardant le charme propre à la pop anglaise, caravan emmène sa musique à la frontière du Jazz élitiste.

Alors que soft machine commence à abandonner toute forme de simplicité, pour partir sur les traces plus académiques de Coltrane et Davis, If I Could Do It All Over Again, I'd Do It All Over You va s’imposer comme le second visage d’une certaine classe anglaise.  



lundi 5 août 2019

BLUE OYSTER CULT : Cultösaurus Erectus (1980)


Formation
Eric Bloom (chant, guitare)
Donald « Buck Dharma » Roeser (guitare, chant)
Joe Bouchard (basse)
Albert Bouchard (batterie)
Allen Lanier (claviers, guitare)


Après trois albums devenus des classiques sortis entre 1971 et 1974 puis un double live cultissime « On your feet or on your knnes » (1975), l'un des meilleurs albums enregistrés en public de tous les temps, Blue Oyster Cult avait pris un tournant hard FM / grand public qui lui avait valu la notoriété ; autant Agents of fortune (avec le hit « Don't fear the reaper ») et Spectres restaient corrects autant avec « Mirrors » (1979) B.O.C touchait le fond du médiocre. On croyait le groupe définitivement mort.
Mais avec « Cultosaurus erectus » il relève la tête pour sortir un grand album qui mélange le meilleur de la période 71-74 avec le meilleur des années 76-78. Et se repisitionne à nouveau comme l'un des leaders du hard rock de l'époque.
Pour moi « Cultosaurus Erectus » est le deuxième meilleur album studio de B.O.C derrière Secret treaties mais le plus créatif et le plus original, le plus innovant, le plus diversifié aussi.

Pris dans sa globalité je trouve les compositions meilleurs sur « Secret Treaties » mais ici l'album est mieux produit et a donc mieux vieilli (c'est mon opinion en tout cas mais il est vrai qu'il a été enregistré six ans plus tard ! )
Cette « modernité » est aussi dùe à la production sans fausse note, superbe, de Martin Birch (Black sabbath, Iron Maiden, Rainbow), LE producteur du début des années 80, celui qui transforme un bon album en or ; une production excellente donc.
« Black blade » qui ouvre l'album est excellent, on navigue dans un univers SF, toujours la voix si particulière et parfois ouvertemet menaçante de Bloom, une rythmique de feu, synthé/guitares qui alternent , un classique du groupe avec son break quasi psychédélique ; toutes les caractéristiques et les ingrédients du Blue Oyster Cult sont dans ce morceau.
Suit « Monster » tout simplement « monstrueux » de créativité avec son break jazzy du meilleur goût, un des grands titres (trop méconnu) du groupe.


Sont présentes sur l'album trois ballades à la sauce B.O.C (comme le groupe en fait régulièrement : « Then came the last days of May » et « Astronomy » notamment, cette dernière étant ma petite préférée) donc ne vous attendez pas à des slows !! « Divine wind » est à mon avis la plus réussie des trois avec un beau solo de Donald « Buck Dharma » Roeser, une ballade « heavy » !
« Deadline » est l'autre ballade intéressante, dans un registre plus FM, chanté par Buck Dharma, avec très bon refrain.
J'aime aussi beaucoup « Hungry Boys » (boogie rock rapide enchanteur avec des voix qui semblent venus d'ailleurs, un refrain accrocheur et une guitare qui s'invite par petites touches : une belle réussite) et « Lips in the hills », les deux perles de la seconde partie du disque.


Par contre « The Mashall plan », logiquement le titre phare de l'album, est assez moyen, faux live, riff et refrain convenus (on retiendra l'hommage à Deep Purple et Smoke on the water) mais néanmoins un titre parfait pour concert.
Voix, refrains, riffs tout est diablement bien en place, carré, impeccable, B .O.C a toujours été maître en précision, quasi chirurgicale, ce qui m'empêche pas de surprendre l'auditeur (monster, hungry boys) par quelqes passages inattendus.
L'album s'achève par « Unknown tongue » encore un morceau plein d'originalité et le côté FM se mélange à des passages plus novateurs et créatifs.
Du grand Rock, avec un grand R.


« Cultosaurus Erectus » est en quelque sorte le compromis parfait entre le côté sombre, mystérieux et heavy de B.O.C et le côté plus léger, mélodique et entrainant, en tout cas un des albums où l'alchimie fonctionne le mieux.

Et trois titres époustouflants qui cassent la baraque « Hungry boys », « Black blade » et « Monster ».
« Fire of the unkown origin » l'album suivant, également réussi mais légèrement inférieur, conservera les mêmes particularités.




vendredi 2 août 2019

Fleetwood Mac : Rumours


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Il faudrait abolir cette légende qui affirme qu’il existait deux fleetwood Mac.  Dirigé par Peter Green, la version anglaise n’était qu’une tentative maladroite de prolonger ses grandes heures au sein des bluesbreaker. Ce fleetwood mac là n’avait ni le raffinement des stones , ni la puissance de cream , c’était un attelage poussiéreux profitant du retour en grâce du blues.

Si Peter Green n’était pas parti dans ses délires mystiques, obligeant ainsi ses collègue à chercher une autre voie en Californie, les premiers disques du mac seraient juste ressortis par une poignée de snobinards.

Après une longue période d’instabilité, le groupe ne doit sa seconde vie qu’à Lindsay Buckingham et Stevie Nick, deux des plus belles voix que le rock ait connue.

Elles obligent le groupe à partir dans une direction plus harmonique, soignant ses mélodies pour permettre à ses chœurs de dépoussiérer la formule inventée par Crosby Still Nash et Young.  Le premier résultat de ce revirement, sobrement appelé Fleetwood Mac, passe en boucle à la radio. La rythmique est encore vieillotte, mais le groupe est sur la bonne voie.

Et pourtant, malgré un avenir qui s’annonce radieux, fleetwood mac est une formation sous tension. Stevie Nick et Lindsay Buckingham sont en pleine rupture, John McVie est un peu trop porté sur la boisson, et Mick Fleetwood est lui aussi en instance de divorce.

Cette tension fait naître une douce mélancolie, qui parcourt Rumours , envoûtant les oreilles de millions de baby boomer nostalgiques des trente glorieuses, qui commencent à mourir en cette fin de seventies.

Musicalement aussi une page se tourne. Les ex gloires des seventies se réfugient dans une musique de plus en plus plate et synthétique, pendant que les punks viennent balayer ces has been indignes de leurs gloires passées.

C’est pourtant cette même production ultra clean et clinquante que le mac tente d’emmener au sommet de sa classe, lors d’une gestation qui dure plus d’un an. Sortie la même année que nevermind the bollocks , Rumours marquera autant l’œil et les oreilles des rockers de ce dernier âge d’or.

Les deux disques représentent la contradiction d’une époque qui vénère la simplicité retrouvée grâce au punk, tout en emmenant au sommet des charts des productions très pop, qui annoncent l’avènement de la new wave.

Heureusement , Rumours est loin des hymnes dépressifs de Cure , ou de la guimauve écœurante de depeche mode , c’est un disque coincé entre deux époques. Son attachement aux seventies est flagrant sur ses chœurs délectables, qui dépoussièrent les diamand pop de l’album « déjà vue ». On trouve encore des traces du blues des débuts sur « the chain » , mais c’est un blues plus mystique et moderne que celui pratiqué en Angleterre.

Country , blues , folk , tous les styles ayant marqué leur douce Californie sont revisités à travers une production ample, et qui annonce une décennie qui ne verra plus beaucoup de disques aussi variés. Contrairement à beaucoup d’œuvres forgées dans le même moule pop , Rumours ne contient que des titres intemporels , allant de la légèreté de second hand new au spleen envoûtant de « oh daddy » ou « dreams », pour atteindre son apothéose dans la sublime tension émotionnelle de « go your own way ».

Si vous voulez entendre le vrai fleetwood mac , celui qu’on célébrera encore dans cent ans , c’est vers ce disque qu’il faut vous tourner.    


SHAKIN' STREET EPONYME (1980)


FORMATION
Fabienne Shine : chant
Eric Lewy : guitare
Ross the Boss : guitare
Mike Winter : basse
Jean Lou Kalinowski : batterie

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Avant d'aborder la chronique de cet album il faut bien avoir à l'esprit qu'à l'époque – la fin des années 70 - Fabienne Shine était l'un des très rares rockeuses en France. Et la seule à être connue dans le monde du hard rock (Speed Queen ou Lawlessness n'arriveront qu'un peu plus tard). Shakin’ Street a été formé en 1975 par Eric Lewy (avec également au début des musiciens qui plus tard rejoindront Téléphone en l'occurrence Corine Marienneau et Jean Louis Bertignac) et la divine Fabienne Shine au chant. Voici le second album du groupe après « Vampire rock » sorti en 1978, deuxième album s'appelant tout simplement « Shakin’ Street » mais parfois davantage connu sous le nom de « Solid as a rock ». Ross the boss (ex Dictators et futur Manowar, excusez du peu !) a rejoint l'équipe en tant que second guitariste.

La voix de Fabienne Shine est excellente et elle est définitivement l'une des meilleurs chanteuses de l'histoire du hard des années 70 et 80. La voix est agressive quand il faut mais elle sait aussi être plus sensuelle par moment. D'ailleurs Shakin’ Street, globalement, n'a pas grand chose à envier à la plupart des groupes américains, anglais ou allemands qui tiennent le haut du pavé en 1980. Vraiment un des meilleurs groupes de hard français de l'époque, Shakin’ Street se positionnant nettement comme étant le dauphin de Trust, même s'il est vrai que la concurrence était assez faible (Warning, Océan, Ganafoul, Voie de Fait...) mais il n'empêche la valeur et le potentiel étaient bien réels ! Tout est vraiment bon, les musiciens, vraiment pas des manchots, assurent bien et sont largement au dessus de la moyenne, les compositions tiennent la route sans problèmes, notamment « Solid as a rock », « No time to lose » (mon titre préféré), « Every man every woman is a star » et « I want to box you ». Les guitares sont incisives, la rythmique n'est jamais prise en défaut. Du bon hard rock assez classique, pas de quoi crier au génie certes mais c'est rudement efficace et surtout on a l'impression que le groupe a encore une marge de progression, qu'il peut monter plus haut.

Le groupe participe même à la deuxième édition du festival punk de Mont de Marsan (labélisé punk mais qui en réalité regroupait également des groupes hard ou plus simplement rock). Malheureusement Shakin’ Street se sépare et plus rien jusqu'en 2004 année de la reformation avec Fabienne Shine et Ross the boss mais sans Eric Léwy qui privilégie son nouveau projet ERA et ses compositions de musique de films (notamment pour Jean Marie Poiré !). Depuis le groupe sort de temps en temps des albums et tourne régulièrement (récemment en concert à Paris) mais comme pour beaucoup de groupes français on a l'impression d'un grand gâchis et d'un potentiel qui n'a pas été entièrement exploité car Shakin’ Street avait toutes les qualités pour faire une meilleure carrière.

Mais malheureusement ce constat vaut aussi pour d'autres groupes français, prometteurs et qui ont, pour divers raisons, trop tôt jeté l'éponge ou encore pour certains qui ont persévéré sans connaître le succès d'estime qu'ils auraient mérité.

mercredi 31 juillet 2019

Blackfoot : Strikes


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Nous sommes à Jacksonville en Géorgie , au beau milieu des seventies triomphantes. Après avoir payé chèrement le prix de la rébellion lors de la guerre de sécession , qui lui a couté toutes ses infrastructures, la ville est désormais une terre fertile, où les usines pullulent comme des champignons.

L’industrie , voilà la menace qui poussa de nombreux jeunes de cette période dans les bras du blues. Dans le sud , c’est toute une scène qui commence à se lever , encouragée par le succès de Lynyrd Skynyrd. Les journaux s’émeuvent des prestations de cette scène, dont les musiciens n’hésitent pas à brandir le drapeau confédéré, ce qui est interprété comme une envie de refaire l’histoire.

Mais ces hommes ne furent pas plus attachés à l’esclavage qu’au racisme qu’on impute souvent à l’ouvrier de cette Amérique profonde. Pour eux , cet emblème est une marque d’affection pour leur terre natale , pour les bluesmen qui y sont nés , et l’identité culturelle qui s’y est développée.

Car , si la terre nourrit les hommes , elle détermine aussi une part de leur culture, et la musique que joue Lynyrd Skynyrd and co n’auraient pu naitre nulle part ailleurs. Cela n’empêche pas ces musiciens de vénérer certaines grandes figures du rock anglais , faisant ainsi évoluer une musique qui se veut être la nouvelle façon de célébrer le blues et la country.

L’histoire de Blakfoot est profondément liée à celle de Lynyrd , Ricke Medlocke ayant d’abord rejoint le groupe des Van Zant en 1971 , en tant que batteur. L’expérience est de courte durée et , l’homme préférant la basse à la batterie, il forme Blackfoot en 1972.

Le rock sudiste n’étant pas encore à la mode, le groupe propose d’abord une sorte de hard rock un peu plat, qu’il enregistre sur son premier album en 1975. Les ingrédients sont là , le blues côtoyant la country et le hard rock , dans un mélange qu’on devine prometteur.

Il faudra pourtant attendre 1979, et la sortie de ce strikes pour que blackfoot trouve ses marques. Leurs concerts en première partie de Ted Nuggent ont été bénéfiques, et les pieds noirs haussent enfin le ton.

Affirmant l’identité de certains de ses membres , dont les familles ont vu l’invasion de hordes européennes massacrer les indiens lors d’heures sombres dont l’Amérique portera toujours les traces, le groupe lance des cavalcades rythmiques faisant penser à une charge de bisons sur le desert de red rock.   

Le groupe est d’ailleurs passé maître dans l’art sudiste du duel de guitares, celles-ci joutant, se complétant, et s’alliant dans de glorieuses chevauchées boogies. Lancé sur un rythme infernale, sans perdre ce feeling irrésistible qui caractérise les groupes de leurs régions, blackfoot annonce un durcissement de la musique sudiste que des groupes comme molly hatchet ne manqueront pas d’approfondir.

Dans ce cadre , la montée en puissance de « highway song » n’est pas qu’une simple façon de saluer Lynyrd , c’est aussi un symbole de ce durcissement que vit la musique du sud.

Il faut dire qu’une page vient de se tourner dans l’histoire du rock sudiste, après l’accident d’avion tragique qui couta la vie à plusieurs musiciens de Lynyrd Skynyrd. Alors, comme pour crier sa révolte face à un destin injuste, les sudistes font cracher leurs amplis , n’hésitant plus à rivaliser avec la violence des hard rockers.

Blackfoot avait raté l’occasion d’être célébré comme un des précurseurs du rock sudiste, il se rattrape en prolongeant son âge d’or de quelques années.   


jeudi 25 juillet 2019

MELT BANANA : Bambi's dilemma (2007)


Formation :
chant : Yasuko Onuki
guitare : Ichorou Agata
basse : Rika Mmm'
batterie : *







Melt Banana est un groupe japonais composé de 2 filles et 2 gars, formé au début des 90's et jouant un mélange noise grind punk hardcore expérimental assez inclassable tant la musique proposée, violente et agressive à souhait, sort de l'ordinaire, avec un son et un univers propre. En schématisant de façon grossière on pourrait dire que c'est le croisement improbable entre Sonic Youth et Napalm Death !

Le groupe a depuis ses débuts une longue discographie derrière lui (albums, EP, split, compilations...) et il bénéficie d'une excellente réputation scénique, plus que justifiée, avec des concerts époustouflants en pagaille, terribles, explosifs à souhait et où il se passe toujours quelque chose et d'ailleurs mon meilleur concert dans la longue liste de ceux que j'ai vus reste celui de Melt Banana au début des années 2000 des les grottes troglodytes de Doué près de Saumur où Melt Banana avait entamé son set à 1 heure du matin devant un public stupéfait et médusé devant tant de déferlements chaotiques et une chanteuse qui avait débarqué sur scène….en robe de soirée !

Au cours de sa carrière Melt Banana a enregistré et tissé des liens avec des artistes aussi différents que Napalm Death, The Locust, Fantomas, Mr Bungle, Merzbow...
Particularité : Melt Banana, bien que n'évoluant pas au sein de la scène punk, est adepte du Do It Yourself (mais sans le côté politique du terme), produit lui-même ses disques au sein de son propre label A-zap, même s'il peut à l'occasion faire appel à des personnes extérieures tel Jim O'Rourke et tourne beaucoup sur le circuit parallèle des concerts, appelons le underground ou indépendant comme vous voulez.

Et puis surtout Melt Banana gratifie le public français d'une tournée à chaque sortie d'album et avec un public de plus en plus connaisseur et de plus en plus nombreux au fil des années. Et ceci est tout à leur honneur alors que beaucoup de groupes japonais hésitent à sortir de leurs frontières.
Après plusieurs enregistrements expérimentaux mais souvent excellents (« Charlie » et « Scratch or stitch » notamment) Melt Banana a un peu évolué à partir de Teeny Shiny (2000) ou plus encore sur Cell-scape (2003) vers des albums plus accessibles (notamment « Cell space » et « Bambi's dilemma »), un léger virage et une nouvelle direction musicale avec des morceaux plus structurés qu'auparavant donc mais toujours dans l'esprit hardcore noise punk et tout en gardant malgré tout une base noise-core  des débuts; mais les morceaux sonnent davantage punk rock « classiques ».

Toutefois attention : si c'est davantage punk/hardcore « traditionnel » ça reste malgré tout noise et expérimental et Ichouro Agata le guitariste ne rechigne pas à effectuer quelques bidouillages (fuzz, distorsions...) dont il a le secret et qui donne le fameux « son Melt Banana » et la deuxième partie de l'album comporte quelques titres plus expérimentaux dont un dernier morceau électro/ambient assez bizarre ici «Last  target on the last day... » sans oublier « Type Ecco system » qui rappelle les premiers albums.
Les morceaux de quelques secondes très présents sur les premiers disques ne sont plus de mise ; disons que sur cet album on a 2/3 de punk hardcore assez classique (mais à la sauce Melt banana tout de même) et 1/3 de noise-core bruitiste et expérimental.
Melt banana nous concocte ici un déluge de décibels soniques, une avalanche de guitares saturées.

Et toujours ces changements de rythme titanesques avec des passages plus rapides presque grind qui contraste avec toujours la voix suraiguë et hystérique de Yasuko, la chanteuse déjantée.
Comme le dit elle même Yasuko, qui avoue d'ailleurs très mal maîtriser l'anglais, les textes sont peu importants ce sont avant tout les sonorités vocales émises phonétiquement qui priment.

Difficile de ressortir des morceaux tant c'est compact niveau qualité, ma préférence allant vers le sublime « Cat brain land » (un des meilleurs titres du groupe et dont je conseille le visionnage de la vidéo sur YouTube, je ne sais pas si il est officiel ou non mais il est représentatif du groupe) et je citerais aussi « Plasma gate quest » « Spider snipe » et « Dog song » (clin d'oeil à Nina Hagen?) .
« Bambi's dilemma » est pour moi le meilleur album de la deuxième partie de « carrière » du groupe. Une sorte d'apogée.


Avant de conclure une petite explication sur le titre de l'album s'impose : lors d'une tournée américaine le van du groupe a involontairement écrasé une biche d'où le nom Bambi's dilemma.
Depuis 2012, le groupe n'est plus constitué que de Yasuko et Ichouro, et a ralenti ses activités (attention des dates sont néanmoins prévues en Europe fin 2019).
Un groupe unique, vraiment unique, à écouter une fois dans sa vie.
Un groupe que beaucoup n'apprécieront pas, tant pis pour eux mais d'un autre côté tant mieux si ce genre de musique n'est pas "grand public" ! Moi cela me donne le grand frisson à chaque écoute.
En tout cas un des groupes les plus intéressants et excitants des années 1990/2000 avec deux grands albums noise-core expérimentaux "Scratch or stitch" et "Charlie", deux albums plus classiques mais incontournables "Cell scape" et "Bambi's dilemma" et deux autres disques légèrement moins bons mais qui méritent qu'on s'y arrête un instant "Teeny shiny" et "Fetch" le dernier en date sorti en 2013.

*Un certain mystère flotte sur le nom du batteur du groupe. Melt Banana a évolué avec Toshiaki Sudoh puis Oshima Watchma puis enfin l'américain Dave Witte (batteur de nombreux groupes notamment Discordance Axis) puis à partir de Cell scape (2003) difficile de savoir qui est derrière les fûts. Certains ont émis l'hypothèse que le groupe utilisait une boîte à rythme pour ses enregistrements. Possible. Toujours est–il que sur scène le groupe, tant qu'il était à quatre, avait toujours un batteur sur scène ce qui n'est plus le cas depuis 2012, date à partir de laquelle Melt Banana est devenu duo avec les seuls Yasuko et Ichouro.