Après le départ de Warhol
, Lou prend progressivement le pouvoir. Il impose Seasnick comme manager, et
commence à préparer l’éviction de John Cale. Lassé par le manque de succès, Lou
veut produire une musique plus conventionnelle.
Cale, lui, est plus que
jamais plongé dans l’expérimentation, et ses bricolages sur le matériel coûtent
une fortune au groupe. Les heurts entre lui et Lou Reed se multiplient, jusqu’au
jour où Lou convoque Sterling Morrison , Moe Tucker et Seasnick.
Les fixant avec un regard hargneux,
il déclare d’un ton péremptoire.
« John est
viré ! »
La déclaration laisse tout
le monde assommé, et Seasnick demande naïvement.
« Pour combien de
temps ? »
La naiveté de la question
parvient à faire sourire Lou, il sait qu’il tient ses collègues , et que sa
volonté sera faite.
« Pour toujours , je
ne veux plus jouer avec ce mec. »
Seasnick tente d’abord de refuser,
mais la réponse de son songwritter est sans appel.
« Si il ne part pas ,
c’est le groupe qui s’arrête. »
A la place de l’avant
gardiste Cale , Lou choisit Doug Yule , un jeune inconnu fan des premiers
Velvet. Il est convaincu que ce jeune loup ne lui fera pas d’ombre, et son jeu
convient parfaitement à la direction plus pop qu’il souhaite prendre.
Mieux, l’admiration du
nouveau venu stimule Lou Reed, qui dirige le velvet dans la production de son
troisième chef d’œuvre. Débarrassé des expérimentations de Cale, le Velvet
développe une musique plus douce.
Pale Blue eyes renoue avec
la beauté réconfortante de « I’ll be your mirror », et candy says »
a presque des airs de folk Dylanesque. La première face conserve cette
atmosphère apaisée, la prose de Lou Reed se faisant tendre et chaleureuse.
Simplement appelé
« the velvet underground », ce disque s’apparente à la lumière au
bout du tunnel pour Lou. Après des années de lutte, le martyr électrocuté a
trouvé sa liberté, et l’apaisement fait vite place à la célébration.
« I’m
beginning to see the light
I’m beginning to see the light
Some people work very hard
But they never get it right
I’m beginning to see the light »
A
part les stones, je connais peu de groupes capables de développer un tel
swing. Le velvet avant gardiste est mort , et le rock reprend ses droits.
Ensuite,« I’m
set free » monte délicatement en puissance, le groupe a quitté les transes
narcotiques pour produire une brillante dance transcendantale. La légèreté est
encore de mise sur « that’s the story of my life » , où le groupe
part visiter les chemins bucoliques de la country.
On
regretterait presque l’arrivée de « the murder mystery ». Ce sombre
poème expérimental semble sorti des outakes des deux premiers albums. On
pardonne vite cette petite dissonance. Le groupe a réussi à égaler la classe
des deux premier albums , tout en changeant radicalement de registre.
Si
les ventes ne suivent pas, le velvet s’est tout de même fait un nom dans le
milieu artistique. Sensible au talent de ces musiciens, Ahmet Ertegun les
signe sur son label Atlantic, qui produit déjà la plupart des gloires de
l’époque.
Tous
les feux étaient au vert, mais le velvet va encore rater le coche. Désormais à
l’origine de toute la musique du groupe, Lou Reed est persuadé que son virage
pop est en train de payer. Il poursuit donc dans cette voie, et pactise avec
les standards qui firent les belles heures des sixties.
Mais
l’époque a changé, les beatles sont proches de la fin de règne, et les beach
boys ne sont plus aussi brillants. Tout ce que le velvet avait prévu à ses
débuts est en train de se réaliser, la musique devient plus puissante, plus
violente , plus subversive.
Les
doors dynamitent le psychédelisme , led zeppelin lance l’invasion des hard
rockers , et les stones ne vont pas tarder à sortir Sticky Finger. Plus sombre
dans son propos, sticky finger montre des stones ayant trempé leurs blues dans
le bain acide du premier Velvet. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Andy
Warhol est choisi pour dessiner la fameuse braguette. Loaded est un excellent disque,
mais il montre un groupe prenant du retard sur une époque qu’il a lui-même
annoncé.
Résultat,
l’album n’obtient qu’un succès d’estime, et sera l’œuvre qui tuera le velvet.
La génération glam voue un véritable culte au poète maudit, et Lou décide de
récupérer ce qui lui revient de droit.
Il
attaque donc Seasnick en justice pour récupérer les droits sur tout le
répertoire du Velvet. Non seulement il n’aura pas gain de cause, mais le velvet
le pousse lentement sur la touche. Cette révolte vient de celui qu’il avait
fait rentrer, en pensant qu’il resterait docile.
Soucieux
de préserver sa carrière, Doug Yule est devenu la marionnette de Seasnick , et
sa mainmise oblige Lou à quitter le Velvet. Alors que la vague glam l’idolâtre,
Lou se retrouve sans groupe et trouve refuge en Angleterre. RCA le récupère rapidement.
Au royaume Uni plus qu’ailleurs , il
est vénéré par une génération qui sait que le Velvet n’est rien sans lui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire