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mardi 31 mars 2020

Lou Reed : The image of the poet in the breaze partie 4


The Story of Lou Reed 'Transformer' | Classic Album Sundays

Parachuté d’urgence à Londres , Lou Reed enregistre en rapidement son premier album solo, qui sort en 1972. La vague glam est en pleine explosion, t rex vient de sortir electric warrior , et toute une génération ne va pas tarder à suivre son exemple. Slayed , all the young dudes , the rise and fall of ziggy stardust and the spiders from mars , tous ces disques sortirent en 1972.

Leurs auteurs reprenaient la simplicité classieuse du premier Velvet , et Bowie ne cessait de crier son admiration pour l’album à la banane. Sorti à la va-vite et privé de promotion sérieuse, le premier album de Lou rejoint vite les bacs à solde.

Aujourd’hui encore, on sous-estime ce disque, et beaucoup le résume comme un simple nanard stonien. Enregistré en compagnie d’ex membres de tomorrow et autres musiciens de yes ,  le disque représente pourtant un basculement historique. C’est le triomphe de la simplicité Reedienne sur le pompiérisme pop.

Seule sa version de « i can’t stand it » , titre déjà joué avec le velvet , est doté d’un riff qui semble sortie de sticky fingers. Pour le reste, Lou pose ici les bases de ce que sera son œuvre solo. Les ballades acoustiques renouent avec cette noirceur séduisante, qui fascinait Bowie lorsqu’il découvrit le Velvet. 
                                             
Si il manque d’unité pour rivaliser avec « the rise and fall of ziggy stardust and the spiders from mars », les rocks de ce disque n’ont d’équivalents que chez les fous de rythm n blues que sont mott the hoople.

Manquant de tubes et de promotion, Lou Reed rate encore le coche, l’époque paraissait faite pour lui mais le succès continue de le fuir. Après cet échec cuisant, il est invité à diner avec Bowie.

Les deux hommes se sont rencontrés lors d’une de ces soirées qui attire le gotha du rock contemporain. A l’époque, Bowie trainait avec un excité partageant la même admiration vis-à-vis de l’œuvre Reedienne. Lou avait déjà vu cet Iggy Pop en concert et, si son groupe manquait de finesse, il faut avouer que sa musique donnait au rock une dose d’énergie salutaire.  
                                                       
La photo réunissant ce trio culte devint vite légendaire, elle représentait la sainte trinité du rock seventies. Pendant que Lou se remémore cet épisode, Bowie arrive enfin à la table qu’il a réservé. 

Comme il le chante sur Ziggy Stardust , « le personnage a tué l’homme » , et Bowie est Ziggy sur et en dehors de la scène. Celui qui se décrit comme un glaçon entame la conversation avec le sourire radieux des vrais écorchés vifs.

DB :Salut Lou , j’ai une chose importante à te proposer
LR : Ton dernier album est pas mauvais, félicitations. Je t’écoute.
DB : Justement. Tu sais, j’ai produit ce disque moi-même.
LR : Ouaip, tous les pisseurs d’encre ne cesse de te porter aux nues pour ça. Il parait que tu as inventé la pop moderne.
Il y’avait dans cette réponse une pointe de jalousie méprisante, mais Bowie n’en tient pas compte.

DB : Je vais appliquer cette production à Mott The Hoople. J’espère aussi qu’Iggy acceptera que je m’occupe de son dernier disque. 

Bowie parait de plus en plus tendu, et Lou semble apprécier cette crainte. C’est la preuve d’admiration de son ami pour son père spirituel.

DB : Alors voilà, j’aimerais produire ton prochain album, je pense que je peux lui donner le vernis qui permettra à ton talent d’être reconnu. 

Lou prit cette déclaration comme une décharge, le fait que ce gamin lui propose son aide lui paraissait être une insulte inacceptable. Le coup qu’il envoya au visage de Bowie fut si violent, que plusieurs autres clients se précipitèrent pour l’immobiliser.

Lou était animé par une rage d’animal blessé, et cinq personnes furent nécessaires pour l’empêcher de tuer la cause de sa rage. Solidement ceinturé, le forcené continuait de hurler «  Ne répète jamais ça ! »

Malgré cet incident , Lou finit par accepter l’aide de Bowie, une aide qui allait lui permettre de produire son plus grand succès. En apparence, « transformer » est une trahison, l’acte de soumission par lequel le poète décadent demande la grâce du grand public.

La production, luxuriante et léchée, entrait parfaitement dans le moule de la pop moderne. Ces mélodies enjouées n’étaient pourtant qu’un leurre, un piège sensé attiré le chaland dans les récits décadents du dandy électrique.

Symbole de ce tour de force, « walk on the wild side » tournait en boucle sur des radios incapables de comprendre ses paroles.

« Andy came from Miami FLA
Hitchiked her way accros the USA
Plucked her everyhow on the way
Shaved her leg and he was a she
She say , hey babe , take a walk on the wild side »

Le plus grand tube de Lou Reed était aussi un de ses titres les plus osés. Inspiré par le livre du même nom, écrit par Nelson Algreen, « walk on the wild side rend le new york décadent irrésistible.

Et c’est là le génie de Bowie, il a offert l’écrin capable de rendre le rock toxique de Lou accessible au grand public. « perfect day » et satellite of love font partie de ses plus belles mélodies, alors que ses rocks acquièrent la luminosité du glam rock.
                   
Transformer fait partie de ces disques irréprochables, une beauté universelle au service de la  prose la plus subversive.



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