Rubriques

jeudi 26 mars 2020

Lou Reed : The Image of the poete in the breaze partie 1

Résultat de recherche d'images pour "velvet and nico"

On commence à attacher Lou Reed sur la table qui va accueillir son calvaire. Il savait que ses sautes d’humeur, son goût de la provocation , et son amour du rock n roll lui vaudrait les représailles de ses géniteurs. Mais pas au point de le faire embarquer par les hommes en blouses blanches.

Le guet-apens s’était mis en place simplement, comme si tout ce cirque était fait pour son bien. Les américains s’effraient des hopitaux psychiatriques, dans lesquels les dictatures communistes envoient les opposants politiques, ils ne se rendent même pas compte qu’ils fabriquent aussi leurs fous.
                                                    
La normalité est une notion fasciste, surtout dans une amérique à la morale étriquée. Et ses parents envoyaient donc leur fils au supplice, avec la même bonne conscience que les agents Staliniens s’occupant des goulags. Pendant qu’il ruminait, un de ses geôliers humectait consciencieusement ses tempes, avant d’y appliquer ce casque, digne descendant de la couronne d’épine du Christ. 

On lui flanque ensuite dans la bouche un instrument sensé retenir sa langue, afin qu’il ne l’avale pas pendant ses convulsions. Le système est d’une simplicité démoniaque, il s’agit juste d’un casque transportant le courant de la gégène à votre caboche. L’infirmier lance l’ordre avec une vigueur d’officier Allemand « choque ! ».

Là tout le monde se recule, et un bruit sourd et sec raisonne dans la pièce. Lou n’a pas le temps de l’entendre, sa boite crânienne est déjà transpercée par une lame destructrice. Ses convulsions sont si fortes, que la table qui le retient semble prête à s’effondrer sous ses tremblements.

Le choc laisse le patient assommé, l’œil torve et l’air docile. Les parents de Lou Reed pensent avoir matés cet ennemi de la société. Mais ils n’ont réussi qu’à faire naître une rage subversive, qui va bientôt secouer le totalitarisme qu’ils croient défendre.

Toujours fasciné par Bo Diddley , sa révolte trouve un moyen d’expression lorsqu’il suit l’enseignement de Delmore Shwartz. Poète adoubé par TS Eliott , Shwartz lui donne le goût de la phrase simple. Pour toucher plus profondément, les mots doivent être précis, et toute fioriture inutile dilue leur puissance.

Trois mots, trois accords , trois battements. La formule est un peu simpliste mais résume bien le credo qui guidera les débuts de Lou Reed. Après cette découverte, Reed trouve un contrat chez Picwick , et devient un auteur de tubes neuneu pour la jeunesse libérée. 

Devenus plus libres, les jeunes constituent désormais un marché prometteur. Les labels comme pickwick ont comme seul objectif de se faire un maximum d’argent grâce à ce nouveau public, mais Lou a besoin d’argent.

C’est là qu’il rencontre John Cale, jeune avant gardiste gagnant sa croute dans les studios de ce label pourri. Entre les deux hommes le courant passent bien, ils partagent cette envie d’emmener le rock plus loin. Le poète a trouvé son musicien, la plume s’épanouissait au contact du défricheur de son.
Basé sur une seul note , the ostrich , le premier tube produit pour les studios , recyclait le jungle beat de Bo Diddley. Lou avait réussi à imposer son obsession musicale, mais pas littéraire. 
                                                                                                     
D’ailleurs, personne ne se doutait qu’il écrivait ses propres textes , jusqu’au jour où il se mit à improviser. Il se mit alors à réciter son texte au milieu d’une jam, et Cale fut si sidéré qu’il s’arrêta de jouer.   

«  I don’t know , just where I’m going
But I’m gonna try , from the kingdom if I can
Cause it make me feel like I’m a man
When I put a spike into my vein
Then I tell you things aren’t quite the same
When I’m rushin on my run
And I feel just like jesus son
And I guess I just don’t know
And I guess that I just don’t know »

« Mais comment tu peux accepter de ressasser une daube comme the ostrich, alors que tu sais pondre un truc pareil ! »

Lou se figea avec la nonchalance inexpressive qui le caractérise.

« J’ai bien essayé de proposer mes titres, mais Pickwick n’en veut pas. »

Il laisse un blanc , comme pour souligner la gravité de sa conclusion. 

«  Et ils ont raison. Les gens sont sourds, et les jeunes qui écoutent de la musique auraient du mal à faire la différence entre un titre des stones et des beatles. Ça leur procure juste une vibration agréable, le fond sonore masquant leur vide existentiel. »

Malgré cette sentence, Lou ne rêve que de succès. Il désire ardemment l’amour de ce grand public qu’il semble mépriser. Et surtout, il veut imposer sa musique, pas une commande réalisée pour un quelconque crétin à cigare. 

L’aventure picwick prit fin aussi vite qu’elle avait commencé, Lou Reed entama son parcours initiatique de poète des bas-fonds. Dans les bars malfamés qu’il fréquente, le duo s’initie à l’héroïne, à la débauche, et rencontre les personnages qui peupleront les chansons de Lou.

C’est aussi là qu’ils croisent Moe Tucker et Sterling Morrison , deux musiciens aussi mordus de Bo Diddley que Reed. Ils forment une section rythmique parfaite, la racine permettant à l’avant gardisme de Cale de s’épanouir sans se perdre. 

Encore nommé the warlock , la formation trouve son nom dans les rues malfamées de Bowlery. C’est là que Lou ramassa un livre racoleur sur les déviances sexuelles aux Etats Unis, avant de s’écrier «  On tient le nom de notre groupe ». 

Le Velvet est ainsi né, mais ses concerts sont une série de catastrophes. Le velvet underground était minimaliste à une époque de délires psychédéliques , réaliste dans un monde friand de rêveries planantes , violent en plein peace and love.
                                                                                      
Comment une génération fascinée par les beach boys et les beatles aurait-elle pu comprendre cette agressivité sonore primaire ? Tout le monde voulait oublier la réalité et ces mecs leur remettaient le nez dans le purin le plus nauséabond. A la guitare, Lou avait développé sa propre vision du minimalisme musical. Un jeu tranchant, qui se mariait  aux rythmes industrielles de Moe Tucker.

Si les salles où le Velvet jouent se vident rapidement, elles leur permettent tout de même d’attirer l’œil de Barbara Rubin. La jeune femme est proche d’Andy Warhol, et va faire tout son possible pour que le pape du pop art rencontre le velvet.

Elle ouvre aux musiciens les portes de la factory , le nouvel atelier où Warhol accueille un mélange de minables prétentieux et d’avant gardistes plus ou moins visionnaires. C’est là que Gerard Malenga fait leur connaissance. Bras droit de Warhol, il a déjà joué dans une poignée de films d’Andy Warhol, et aide ce dernier dans sa quête d’un nouvel art avant gardiste.

Le velvet commence rapidement à jouer devant le parterre de marginaux qui constitue la faune de la factory. C’est là que Warhol tombe enfin sur eux, et il est fasciné par ce qu’il entend.

Le groupe jouait alors héroïn , longue transe toxique dont l’alto de Cale soulignait l’attrait subversif. Immédiatement, Warhol imagine un show décadent, où le groupe jouerait sous un éclairage épileptique, devant un Malenga effectuant ses danses sados masochistes.

Dans le même temps , il devient très proche de Lou Reed, et l’incite à travailler sans cesse. Il lui lancera cette phrase admirative «  Vous faites avec la musique ce que je fais avec la peinture. »

Andy et le Velvet partageaient ce réalisme pessimiste, cette fascination pour les déviances américaines. Tout cela n’allait pas tarder à changer la face du rock.   
       
  

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire