Jim Jones est un rocker
comme on en fait plus depuis la mort des stray cats. La Jim Jones revue, son
premier groupe, ramenait le rock au berceau. Une guitare, une basse , une
batterie , et un rythme binaire, voilà de quoi ressusciter cette devise immortelle :
bebopalulabebopbamboum !
La Jim Jones revue , c’était
les stray cats avec le feu au cul , Eddie Cochran croisant le fer avec le MC5.
Autant dire qu’en 2011, quand ces puristes ont tiré leur révérence, leurs
fans sont partis noyer leur chagrin dans les bars rétro. Et la cuite allait
durer 6 ans, jusqu’au jour où une bande de teddy boy recroisa le nom de Jim
Jones. C’était dans une de ces foires aux disques , qui sont autant de lieux de
résistance au milieu de la médiocrité ambiante.
La pochette les rebuta un
peu , elle ressemblait trop aux délires morbides des crétins du heavy metal. L’agressivité
des enfants de black sabbath était en grande partie responsable de la mort du
swing , alors ils ne voulaient pas voir Jim Jones tomber dans cette bouillie infâme.
Nos amis puristes prirent
tous de même le disque, et enfourchèrent leurs vieilles Harley pour écouter
cette curiosité. La vieille sonorisation crache un riff déchirant, qui ouvre la
voie à une orgie sonore assourdissante. Cette entrée les laisse sans voix, ce
qui est joué ici avec une force inédite, c’est bien le rock dans ce qu’il a de
plus cru.
S’inscrivant dans la lignée du pur rock n roll , ce premier riff semble ressusciter la hargne proto punk
des frères Asheton. Jim Jones and the righteous mind , c’est la Jim Jones revue
plongée dans un bain acide , et produisant sa propre version du rock psychédélique
psychotique.
Après une intro qui botte
les fesses d’Iggy Pop , les mercenaires s’en prennent au groove vicieux de John
Lee Hooker sur base is loaded. Le jungle beat est violement lacéré par un riff
chromé, tout droit sortie du Detroit de la belle époque. Le solo réveille d’ailleurs
le fantôme de Fred Sonic Smith, chaque note sonnant comme une décharge
dévastatrice.
Kick out the rock
motherfucker !
La pression ne redescend
même pas sur « somethings gonna get it hand on you » , cette dance
voodoo jouée avec un groove sulfureux. « Super Natural » fait partie
de ces disques qui prennent l’auditeur à la gorge dès les premières secondes,
pour ne plus le lâcher.
Quand le tempo ralentit ,
c’est pour mettre plus de force dans chaque décharge. La batterie de « no
fool » imprime un rythme tribal, sur lequel vient se calquer un riff
répétitif et dévastateur. Les distorsions donnent au titre un air de délire
psychotique, une simplicité dérangeante sortie du brasier « sister ray ».
Les auditeurs commencent
alors à demander grâce devant tant de violence groovy. Qu’ils se rassurent le piano de « aldecide » lui donne presque des airs de ballade. Mais la
guitare est encore là, rugissant entre deux cœurs vindicatifs, et le rythme ne
tarde pas à s’accélérer.
Sorte de pub rock sous
hormones, « boil yer blood » est un boogie saignant qui ferait passer
endless boogie pour une bande de sous allman brothers. Jim Jones ménage ensuite
ses effets , posant une voix plus apaisée sur le blues ésotérique « shallow
grave ».
Cette petite accalmie
prépare le terrain pour le dernier assaut, la charge électrique nettoyant l’auditeur
de toute la guimauve que ses oreilles ingèrent à longueur d’année. « till
it’s all gone » est le titre le plus sauvage de l’album et, si « everyone
but me » semble refermer le bal sur une note apaisée, il flotte dans
cette mélodie une aura de danger que l’on a plus croisé depuis la sortie de « raw
power ».
Lorsque les dernières
notes s’évanouissent, nos teddys boys finissent leurs jacks d’une traite. Le rock
n roll venait encore de se réinventer pour quelques années, et ce disque était
un acte de renaissance digne des grands disques de, Creedence , des Stooges , du
MC5 …
Il est le descendant de
tous ces groupes qui, de différentes manières, ont su ramener le rock au
bercail.
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