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samedi 4 avril 2020

Lou Reed : The image of the poet in the breaze partie 6

Coney Island Baby - Lou Reed Foto (22266260) - Fanpop

Sally can’t dance est enregistré rapidement, et représente le premier fourvoiement de Lou Reed. Bien conscient qu’il vient de publier son plus gros navet musical, il s’empresse de le descendre à chaque interview.

Selon-lui, le disque n’a été produit que pour inciter MGM à ressortir les disques du velvet underground. De ce point de vue, « sally can’t dance » remplit parfaitement son rôle, et la maison de disque s’empresse de ressortir l’œuvre du velvet. En bonus, un double live du groupe sort sous le titre de « live 1969 », il sera réédité plus tard sur deux cd hautement recommandables.

Sally can’t dance est vite devenu le disque le plus vendu du répertoire Reedien , déclenchant une avalanche de sarcasmes de la part de son auteur. « Plus je suis mauvais , plus ça se vend » déclare t’il. On ne peut pas lui donner tort, tant sally can’t dance est un disque plat et sans personnalité , comme si Lou avait laissé quelqu’un d’autre confectionner la musique capable de soutenir sa prose.

Alors sa rage renaît, son succès n’est dû qu’au conformisme béat de moutons abrutis. Il entre alors en studio pour préparer sa riposte, une compile des improvisations stridentes qu’il s’amuse à produire pour passer le temps. Il en tire un double album volontairement insipide, qu’il s’empresse de faire écouter à ses producteurs.

Dès les premières notes, les dirigeants de RCA deviennent aussi blancs que leur poulain héroïnomane. Ils prennent tout de même leur mal en patience, une mélodie finira peut-être par sortir de ce capharnaüm métallique. Leurs espoirs sont vite déçus et , amusé par son coup d’éclat , Lou sort de la pièce pour éclater de rire.

Il a réussi son coup , sa maison de disque est prise à son propre jeu. Le contrat qu’elle avait signée obligeait MGM à sortir ce suicide commercial. Alors les producteurs tentèrent de bricoler, pour limiter les pertes. « metal machine music » est illustré par une photo de concert de Lou, laissant ainsi penser qu’il s’agit d’un petit frère de « rock n roll animal ».

Lester Bang aura beau qualifier l’album de « chef d’œuvre », voir metal machine music comme autre chose qu’une mauvaise blague est une aberration absolue. Ne souhaitant pas justifier cette horreur, son auteur se contente d’en rajouter une couche.
                                               
« Quand vous allez voir un film d’horreur , vous y allez pour être agressé toutes les 15 minutes . Et bien metal machine music ne vous laisse même pas ces 15 minutes de répit. » Voilà ce qu’est metal machine music , l’agression d’un artiste en guerre contre son public. Avec ce disque, Lou semblait vouloir dire « Puis ce que vous ne comprenez rien, je vais tout détruire. » Et il a bien failli y parvenir. 

Devenu paranoïaque à cause de sa consommation de drogues, Lou ne parvient plus à monter sur scène. Pour éviter de trop lourdes pertes, Doug Yule le remplace sur les concerts suivants. Mais Lou ne veut pas de nouveau perdre le contrôle de sa carrière, et met rapidement fin à sa tournée. 

Bien décider à récupérer son investissement, RCA lui rappelle qu’il a une dette de 600 000 dollars envers le label, et qu’ils ne le produiront plus tant que cette somme n’a pas été remboursée. Au pied du mur, Lou parvient à trouver un arrangement avec le patron du label.

Il s’engage à produire un nouvel album plus commercial, et le label le loge en le payant 15 dollars par jours. Pressé de sauver sa peau, Lou entre immédiatement en studio, et reprend la méthode qui a fait les grandes heures du Velvet.

Les musiciens jament librement pendant que les bandes tournent , et le producteur se contente de sélectionner les meilleurs moments. Les paroles sont elles aussi écrites dans le feu de l’action, et le disque est bouclé en quelques jours.

S’il est difficile d’extraire un disque de la grande œuvre Reedienne, « cosney island baby » est sans doute un de ses plus grands albums. C’est le disque de l’apaisement, celui où la violence de « kicks » cohabite harmonieusement avec la douceur nostalgique de cosney island baby. 

Le son moelleux et voluptueux de l’album enrobe les riffs d’un Lou Reed au sommet de son swing. On ne saura d’ailleurs trop recommander l’écoute du vinyle, qui restitue bien mieux le feeling de ce grand guitariste que la version CD bien trop lisse.

Lou a réussi à produire un album personnel, tout en tricotant des mélodies classieuses aptes à séduire le grand public. Le succès est tel que Lou sortira un second disque dans la même veine, « rock n roll heart ».

Les cosney island baby et rock n roll heart sont, avec Berlin, les plus grands aboutissements de Lou Reed . Il n’ont pas la maladresse du premier album, ni la superficialité glam de transformer, ce sont des œuvres pures et sincères.

Malheureusement, l’époque a déjà changé, et « rock n roll heart » sort en pleine invasion punk. Tous ces jeunes eurent leur révélation en suivant les débuts du dandy de new York , et ne comprennent pas qu’il ait abandonné sa verve nihiliste. Qu’ils se rassurent, tonton Lou ne va pas tarder à déterrer la hache de guerre.
   
 
                                

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