Même si ils sont au bord
de l’implosion, les whites stripes restent très demandés , et les concerts se
poursuivent à un rythme irrégulier. Du coup, Jack White passe de son duo phare
aux raconteurs et , si les concerts déçoivent rarement , on attend avec
impatience un nouvel album.
C’est logiquement les
raconteurs qui mettent fin à deux ans de silence discographique. Enregistré
dans l’urgence entre deux engagements, consoler of the lonely est bouclé
quelques jours seulement avant sa parution. Résultat, la presse découvre le LP
en même temps que les fans, ce qui ne lui laisse pas le temps de faire naître
la rumeur sensée porter un disque au sommet des ventes.
Orné d’une pochette rendant
hommage à sergent pepper , consoler of the lonely est l’œuvre la plus
ambitieuse des raconteurs. Le disque lorgne du côté du hard rock baroque , une
sorte de rencontre entre le bluegrass et led zeppelin III. La fougue venue de
Détroit laisse place à des mélodies tolkenniennes, Jack White redevient le
troubadour blafard de retour à cold Mountain. Ce disque a des airs de fresque épique,
la beauté chaleureuse de l’étoile guidant le voyageur égaré.
Les chœurs se font plus apaisés,
la musique développe un mysticisme qui semble sortie d’un autre âge. Même le
blues top yourself semble sorti des caravanes transportant les premiers conquérants de l’Amérique. L’influence de Détroit a beau ressortir le temps de
quelques riffs énervés , Salute your solution et hold up sont couverts de la même
patine que les grandes mélodies de ce disque.
Rich Kid blues réinvente
la poésie nonchalante de Lou Reed , alors que many shades of black s’inscrit
dans la lignée des grandes bluettes pop anglaise. Ce disque est le concert de
voyageurs ayant découvert le rock par hasard , et y injectent tout le
mysticisme de leur temps. C’est une symphonie folk heavy rock dont « carolina
drama » constitue le final lumineux.
Les raconteurs ne pouvaient
en lâcher quelques bribes avant sa parution , elles auraient sonné comme les
morceaux d’un édifice en construction. Ce disque ne comporte aucun tube, aucun
titre capable de fédérer l’humanité autour de son énergie viscérale. Et c’est
justement là que réside sa force, c’est un monolithe épique, une fresque
musicale.
Après avoir redonné au
rock une urgence qu’il avait un peu perdu , les raconteurs ressuscitait l’ambition
artistique de son âge d’or.
Imaginé en 2001, le studio
third man voit enfin le jour huit ans plus tard. C’est un grand jour et, alors
que son nouveau groupe se prépare, Jack se sent comme le citoyen Kane lors de
la fameuse scène du meeting. Seuls 150 chanceux sont invités à son triomphe, et
il compte bien profiter de l’occasion pour dévoiler son nouveau projet musical.
Alors que les invités sont
entrés dans la salle de concert de cet electric lady studio moderne, c’est
Allison Mossart qui se présente face à eux. Chanteuse d’un duo de power pop ,
elle semble à des années lumières de l’univers de l’organisateur de l’événement
, mais ses accompagnateurs rassurent tout le monde. Même si il participe
désormais à l’âge d’or de Queen of the Stone Edge , Dean Fertita restera
toujours un membre des raconteurs. Jack Lawrence vient lui aussi de cette formation,
et le public n’a pas encore remarqué l’homme qui se place discrètement
derrière la batterie. Le clavier ouvre
le bal sur un sifflement menaçant et moderne, un décor électronique qui tranche
radicalement avec ce que Jack White proposait jusque-là.
Qu’importe, il ne semble
pas décidé à se montrer, alors les invités se laissent embarquer par cette messe
noire. Ouvrant le bal, Treat me like your mother redéfinit les règles du stoner rock,
sa violence morbide faisant passer le magma sonore de Kyuss pour de la gadoue
molle. Bourrée d’échos , la voix d’Allison Mossart entre dans un sabbat menaçant. Tout le premier disque de ce nouveau groupe est joué en avant-première
et , alors que new pony réinvente le heavy rock de Black Sabbath, les
spectateurs commencent à reconnaître le sauvage qui s’agite derrière la
batterie.
Jack White a choisi ce
poste pour se mettre en retrait , et redevenir un simple musicien d’accompagnement.
Lors des sessions de « horeround » , il a laissé la majeure partie de l’écriture
à ses collègues. Il découvre ainsi un univers qu’il n’aurait sans doute pas exploré
seul, une musique qui élargit son horizon et nourrit ses futures productions.
La modernité de horeround
guidera sa carrière solo, elle sera le filtre qui donnera à sa musique une
seconde jeunesse. Le disque est bien plus qu’un simple moment charnière , c’est
une création unique. Chaos electro stoner , electro rock heavy doté d’un
mysticisme menaçant digne des doors , horeround est une création folle.
On a parfois l’impression
d’entendre un Kyuss en plein bad trip, ou Kraftwerk ayant décidé de modernisé
le heavy rock de Black Sabbath. On observe même un certain attrait derrière ce
rock sombre et expérimental, une nouvelle vision du tube rock. Tout cela est
contenu dans « cut like a Buffalo », une célébration démoniaque, un
rock infernal qui aurait pu détruire la monotonie des classement musicaux.
Fait exceptionnel , alors
que l’on est encore en train de décortiquer le charme noir de horeround , les
dead Weather travaillent déjà sur son successeur.
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