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samedi 4 juillet 2020

jack white 6

Icky Thump

Même si ils sont au bord de l’implosion, les whites stripes restent très demandés , et les concerts se poursuivent à un rythme irrégulier. Du coup, Jack White passe de son duo phare aux raconteurs et , si les concerts déçoivent rarement , on attend avec impatience un nouvel album.

C’est logiquement les raconteurs qui mettent fin à deux ans de silence discographique. Enregistré dans l’urgence entre deux engagements, consoler of the lonely est bouclé quelques jours seulement avant sa parution. Résultat, la presse découvre le LP en même temps que les fans, ce qui ne lui laisse pas le temps de faire naître la rumeur sensée porter un disque au sommet des ventes.

Orné d’une pochette rendant hommage à sergent pepper , consoler of the lonely est l’œuvre la plus ambitieuse des raconteurs. Le disque lorgne du côté du hard rock baroque , une sorte de rencontre entre le bluegrass et led zeppelin III. La fougue venue de Détroit laisse place à des mélodies tolkenniennes, Jack White redevient le troubadour blafard de retour à cold Mountain. Ce disque a des airs de fresque épique, la beauté chaleureuse de l’étoile guidant le voyageur égaré.

Les chœurs se font plus apaisés, la musique développe un mysticisme qui semble sortie d’un autre âge. Même le blues top yourself semble sorti des caravanes transportant les premiers conquérants de l’Amérique. L’influence de Détroit a beau ressortir le temps de quelques riffs énervés , Salute your solution et hold up sont couverts de la même patine que les grandes mélodies de ce disque.

Rich Kid blues réinvente la poésie nonchalante de Lou Reed , alors que many shades of black s’inscrit dans la lignée des grandes bluettes pop anglaise. Ce disque est le concert de voyageurs ayant découvert le rock par hasard , et y injectent tout le mysticisme de leur temps. C’est une symphonie folk heavy rock dont « carolina drama » constitue le final lumineux.

Les raconteurs ne pouvaient en lâcher quelques bribes avant sa parution , elles auraient sonné comme les morceaux d’un édifice en construction. Ce disque ne comporte aucun tube, aucun titre capable de fédérer l’humanité autour de son énergie viscérale. Et c’est justement là que réside sa force, c’est un monolithe épique, une fresque musicale.

Après avoir redonné au rock une urgence qu’il avait un peu perdu , les raconteurs ressuscitait l’ambition artistique de son âge d’or.

Imaginé en 2001, le studio third man voit enfin le jour huit ans plus tard. C’est un grand jour et, alors que son nouveau groupe se prépare, Jack se sent comme le citoyen Kane lors de la fameuse scène du meeting. Seuls 150 chanceux sont invités à son triomphe, et il compte bien profiter de l’occasion pour dévoiler son nouveau projet musical.

Alors que les invités sont entrés dans la salle de concert de cet electric lady studio moderne, c’est Allison Mossart qui se présente face à eux. Chanteuse d’un duo de power pop , elle semble à des années lumières de l’univers de l’organisateur de l’événement , mais ses accompagnateurs rassurent tout le monde. Même si il participe désormais à l’âge d’or de Queen of the Stone Edge , Dean Fertita restera toujours un membre des raconteurs. Jack Lawrence vient lui aussi de cette formation, et le public n’a pas encore remarqué l’homme qui se place discrètement derrière la batterie.  Le clavier ouvre le bal sur un sifflement menaçant et moderne, un décor électronique qui tranche radicalement avec ce que Jack White proposait jusque-là.

Qu’importe, il ne semble pas décidé à se montrer, alors les invités se laissent embarquer par cette messe noire. Ouvrant le bal, Treat me like your mother redéfinit les règles du stoner rock, sa violence morbide faisant passer le magma sonore de Kyuss pour de la gadoue molle. Bourrée d’échos , la voix d’Allison Mossart entre dans un sabbat menaçant. Tout le premier disque de ce nouveau groupe est joué en avant-première et , alors que new pony réinvente le heavy rock de Black Sabbath, les spectateurs commencent à reconnaître le sauvage qui s’agite derrière la batterie.

Jack White a choisi ce poste pour se mettre en retrait , et redevenir un simple musicien d’accompagnement. Lors des sessions de « horeround » , il a laissé la majeure partie de l’écriture à ses collègues. Il découvre ainsi un univers qu’il n’aurait sans doute pas exploré seul, une musique qui élargit son horizon et nourrit ses futures productions.

La modernité de horeround guidera sa carrière solo, elle sera le filtre qui donnera à sa musique une seconde jeunesse. Le disque est bien plus qu’un simple moment charnière , c’est une création unique. Chaos electro stoner , electro rock heavy doté d’un mysticisme menaçant digne des doors , horeround est une création folle.

On a parfois l’impression d’entendre un Kyuss en plein bad trip, ou Kraftwerk ayant décidé de modernisé le heavy rock de Black Sabbath. On observe même un certain attrait derrière ce rock sombre et expérimental, une nouvelle vision du tube rock. Tout cela est contenu dans « cut like a Buffalo », une célébration démoniaque, un rock infernal qui aurait pu détruire la monotonie des classement musicaux.

Fait exceptionnel , alors que l’on est encore en train de décortiquer le charme noir de horeround , les dead Weather travaillent déjà sur son successeur.      

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