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lundi 6 juillet 2020

Jack White 7


Boarding House Reach: Jack White, Jack White: Amazon.fr: Musique

Sea of coward sort quelques mois seulement après horeround , s’inscrivant ainsi dans une continuité que l’hyperactif Jack White n’avait plus montré depuis des années. Nous sommes en 2010 et, alors que le disque sort, le public n’a d’yeux que pour under great northern light. Premier et seul live des White Stripes , l’enregistrement permet aux fans de croire au retour d’un groupe de plus en plus discret.

Si cet engouement éclipse la sortie de Sea of coward , on ne peut réellement regretter que ce disque soit passé aux oubliettes. En prolongeant le rock macabre de horeround , sea of coward en a émoussé le tranchant. Le groupe est désormais bien en place, chacun a pris ses marques , et les vieux réflexes tuent l’originalité de sa musique. Premier fautif, Dean Fertita a pris ses aises, et sa guitare prend largement le pas sur les décors sombres mis en place par le synthé.

Résultat, dans ses moments les plus violents , les dead Weathers ressemblent presque à ces groupes, qui réadaptent le heavy rock de black sabbath. Dans les passages plus posés, seule la voix caverneuse de Mossart empêche blue blood blues ou die by the droop de rejoindre le rang des puristes du heavy blues.

Seule la jam electro rock de « I’m mad » renoue avec les décors fascinants de horeround. Le titre nous fait redécouvrir ce mysticisme violent, la voix de Mossart entre dans un chaos électrique cauchemardesque, un blues de démon. Pour le reste, le groupe rentre dans le rang, accentue ses riffs bluesy pour rassurer la masse, et se met ainsi au niveau d’une concurrence qui ne lui arrivait pas à la cheville.

Hors , ce passé semblait enfin derrière nous , et tous voulaient encore croire que le rock populaire et frais représenté par Jack White n’était pas mort. C’est pour cela que under great northern light a éclipsé sea of coward . Le premier représentait le triomphe d’un groupe ambitieux, alors que le second sonne comme un aveu d’impuissance.

Le désastre que tous redoutait finit tout de même par arriver en 2011 , lorsque la séparation des whites stripes est officialisée. Le groupe était le dernier à représenter le rock au sommet des ventes, la dernière tête d’affiche d’une culture qui commence à s’enterrer. Sans eux, le rock avance comme un canard sans tête, les groupes se multiplient mais leur popularité reste limitée.

Paradoxalement, la fin du succès des White Stripes est aussi une libération, elle permet à Jack White de repartir de zéro. C’est ainsi qu’un tube venu de nulle part envahit les radios et chaînes musicales , que les bars diffusent ce nouveau riff avec le même enthousiasme que seven nation army ou Steady as she goes. Jack semble être le dernier à pouvoir pondre un riff pareil, une telle décharge transmettant le rock à une nouvelle génération.

Sixteen saltine est le riff qui ouvre cette nouvelle décennie, un swing urbain ultra moderne, le blues du futur. Son énergie irrésistible permet à blunderbuss d’être apprécié à sa juste valeur, il permet à ce premier essai novateur d’obtenir des ventes plus qu’honorables. Lassé de voir le rock ressasser son passé, tout en s’étonnant de regrouper un public vieillissant, Jack White réinvente les vieux repères.

Freedom at 21 et take me with you when you go donnent une nouvelle jeunesse au psychédélisme. La country devient un spleen urbain, une pop bardée de violons accédant à une nouvelle jeunesse. Même le blues hypocritical kiss est soutenu par un beat effréné, des percussions chromées montrant au hip hop ce que peut être la grandeur du groove urbain. Cette modernité, blunderbuss se la réapproprie, il accomplit un travail d’assimilation que le rock n’a plus effectué depuis les seventies. Symbole de cette régénération , « Weep themselve to sleep » est un spoken blues qui fait passer le rap pour un gargouillement de crétins attardés. Même « I’m shakin » , qui est une reprise d’un vieux rock n roll , sonne comme un tube capable de faire danser tous les gangsters de Harlem.   

Blunderbuss est aussi essentiel que le fut electric ladyland , il montre aux rockers un nouveau plan pour conquérir le monde. Rock du 21e siécle , pop chaleureuse réinventant son héritage , blunderbuss aurait dû être le début d’un raz de marée. Chacun aurait alors tenté de transcender cette fraicheur pop, reprenant à sa sauce cette modernité comme leurs ainés tentèrent de créer leur « revolver ». Mais notre époque n’a pas su créer ses Stones et autres Beach Boys , elle ne parvient pas à reproduire un foisonnement qu’elle ne peut que regretter.

Blunderbuss est donc la brillante base à partir de laquelle Jack White cherchera une formule capable de sortir le rock de sa léthargie. Le début d’une quête solitaire qu’il effectuera lui-même dans une relative discrétion.    



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