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samedi 25 juillet 2020

Tin House : éponyme



Tin House - Tin House (2011, Vinyl) | Discogs

Il est celui qui transforma le psychédélisme, l’exilé venu chercher en Angleterre la reconnaissance que son pays lui refuse. Dans la salle Londonienne, le corps d’Hendrix se secoue violemment au rythme du blues destructeur de Purple Haze. Les murs tremblent comme si le monde s’apprêtait à s’effondrer, comme si cette décharge allait détruire toute trace du passé.

En coulisse, Eric Clapton est assommé, le monstre qu’il a créé est en train de lui échapper sous ses yeux. C’est lui qui, dans le groupe de John Mayall, inventa le culte du guitare hero, et une nouvelle façon de jouer le blues. Cet homme venu de nulle par semble détruire toute sa crédibilité, il le fait passer pour un petit bourgeois récitant les leçons de ses héros misérables. Clapton doit désormais suivre le mouvement, ce qu’il fera avec brio en créant Cream.

Hendrix a aussi traumatisé le rock américain, il a montré que trois hommes peuvent sonner comme une armée de musiciens. La leçon fait des disciples. Elle se perpétue à travers le rock psychotique de blue cheers , le hard boogie de grand funk railroad, ou le blues enjoué de ZZ top. En Floride , les musiciens de Tin House tentent eux aussi de suivre la voie du blues moderne. Dans leur garage, ils improvisent à partir des grands classiques de l’experience , et reproduisent les riffs du tout jeune led zeppelin 1.

Comme Bonham , le batteur déclenche des secousses sismiques , amplifiées par une basse au grondement menaçant. Plongé dans ce bain brûlant, la guitare hurle sa joie sauvage lors de solos déchirants. Le groupe est repéré dès ses premiers concerts, et devient le plus jeune groupe signé sur un label. Sur de son succès, son label parvient à les faire participer au Festival de Bethlo.

Grande date oubliée de l’histoire du rock , ce rendez-vous annonçait ce que sera le rock n roll moderne. Fort du succès de leur premier album, les frères Allman tiennent la tête d’affiche en compagnie de Mountain et Johnny Winter. Le country blues sudiste côtoyait ainsi le proto hard rock de Leslie West , et le rock n roll puriste de Johnny Winter ressemblait à une apothéose orgiaque. L’albinos venait de sortir deux disques dépoussiérant le rock n roll des origines. Quelques jours plus tôt, son jeu supersonique avait éclipsé led zeppelin , qui l’avait embauché sur une tournée Américaine.

Et pourtant, malgré le statut de ces nouveaux géants du rock , Tin House allait être le grand héros de la soirée. Dans les coulisses, Leslie West et Johnny Winter sont scotchés par ce trio déchaîné, qui balance ses torrents acides devant un public reconnaissant. Winter prend rapidement ces jeunots sous son aile, et en fait l’attraction ouvrant ses concerts.

Leslie West tente de faire de même, mais le management du groupe siffle la fin de la récré. Le groupe doit rapidement enregistrer son premier disque, si il ne veut pas être enseveli sous la montagne de chefS-d’œuvre de ses contemporains. Les producteurs sont confiants, ils se dirigent pourtant vers une des pires débâcles de l’histoire de la musique.

Sorti en 1970, le premier album du groupe ne se vend qu’à 250000 exemplaires, un nombre ridicule pour l’époque. Beaucoup trop cru pour surfer sur la vague engendrée par led zeppelin , tin house (l’album) représente la régression d’un psychédélisme sorti de ses rêves utopiques.  

I want your body ouvre le délire sur un rock vicieux, une énergie à la Bo Diddley boosté aux hormones. 30 weight blues vient ensuite déformer ce bon vieux chicago blues, il le plonge dans un bain d’acide qui rend sa nonchalance hypnotique. Les rythmes binaires servent de rampe de lancement à des solos pleins de fuzz , une éruption Hendrixienne qui vous propulse dans le cosmos.

Good to be a king , silver star , personal gain , give me your lovin, endamus finalmus , tous ces titres suivent le même plan d’attaque. La rythmique forme un pylônne  imposant, sur lequel la guitare bâtie un édifice gargantuesque. Ces rocks ont l’allure menaçante d’un château planté au sommet de la plus haute montagne, ils écrasent le rock psychédélique de leur grandeur destructrice.

Un disque pareil serait devenu un classique, si il avait bénéficié d’une production digne de ce nom. Ne jouant qu’en première partie de Johnny Winter , Tin House s’est fait écraser par la notoriété de son protecteur. L’albinos finit par achever le trio en 1974, quand il récupère son flamboyant guitariste. Tin House était le véritable phénomène heavy rock de l’année 1969, et ce seul disque le montre dans toute sa grandeur sauvage.

 On en viendrait presque à regretter que Johnny Winter ne soit pas resté au Texas.


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