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dimanche 19 juillet 2020

Wire : Pink Flag


Wire - Pink Flag (1977, Green Labels, Vinyl) | Discogs

Nous sommes en 1977 et , après avoir conquis les Etats Unis , le punk atteint son apogée en Angleterre. Dirigée par Johnny Rotten , la déferlante punk anglaise est plus violente , plus politisée , et plus nihiliste que sa version américaine. Les clash n’ont pas encore sorti london calling , et appellent à la révolution sur des rythmes Ramonesques.

Les anglais n’ont pas connu leur Patti Smith ou leur Tom Verlaine , et ils se servent du mouvement pour crier leur rage. Le pays est en pleine crise, et le chômage devient une fatalité pour une bonne partie de la population. Ajoutez à cela les émeutes dans les quartiers de Brixton , où les noirs ne supportent plus le harcèlement policier , et vous obtenez le terreau dont se nourrit les sex pistols et leurs contemporains.

Le punk anglais n’était pas seulement une tarte lancée au visage d’un rock prétentieux, c’était le cri de rage de la génération du vide. Musicalement, le mouvement ne pouvait en rester à cette rage juvénile, il fallait proposer une porte de sortie.

Et c’est précisément ce que représente ce Wire , disque maudit d’une bande de visionnaires minimalistes. Wire sonne comme le plus américains des groupes anglais, pour eux l’esthétique punk n’est pas une formule figée. Boucles hypnotiques répétitives, les titres qui composent pink flag sonnent comme Television tentant de ressusciter le minimalisme froid du Velvet.

Pink Flag prend le punk à contrepied pour mieux le transcender, il passe par des chemins détournés pour réinventer sa verve minimaliste. Les rythmes sont lents, hypnotiques , ils ressemblent à un nouveau minimalisme industriel. Puis les instrumentaux anarchiques viennent déchirer ce chaos synth punk , et on finit par se demander où wire veut en venir.

Les titres les plus violents entrent dans un véritable tourbillon de cris rageurs, ils forment des hymnes vindicatifs portés par des riffs pesants. Pink Flag pose les bases d’un certain élitisme punk, une symphonie aride et minimaliste.

« fragile » et « mannequin » inventent une pop destroy , les mélodies sont réduites à leur plus simple expression. Quand il hausse le ton, wire se rapproche d’un mélange détonnant entre le rock gothique des damned, et la folie juvénile des ramones.

Malgré sont faible succès , Pink Flag représente une première révolution pour le mouvement punk. En montrant la voie vers un minimalisme ambitieux, le groupe a évité au punk de devenir un nouveau conformisme. De Costello aux Clash , des Pogues aux jam , tous contribueront ensuite à élargir le spectre musical du mouvement.

Après avoir annoncé cette nouvelle ère , le chaos rageur de ce disque continuera de résonner dans les hurlements dépressifs du grunge. Avec Pink Flag, Wire a fait au punk ce que les Stooges firent au psychédélisme, il l’a enterré vivant.  

Chaos anticonformiste, Pink Flag est proche de son époque sans s’y conformer, il donne des pistes pour l’avenir sans tracer de lignes claires. C’est un disque qui propose des solutions sans imposer un plan , son foisonnement l’a toujours protégé de toute récupération.

Voilà pourquoi, plus de trente ans après sa parution, il sonne encore comme si il avait été enregistré hier.      

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