Après deux disques tout à fait corrects et plutôt intéressants mais loin d’être extraordinaires « UltraMega ok » et « Louder than love », qui aurait pu penser que Soundgarden allait sortir un des albums les plus marquants des années 90, pourtant riches en pépites, car rien ne laissait présager un tel brûlot, une telle déflagration ; et pourtant Badmotofinger est assurément l’un des enregistrements les plus excitants de cette décennie.
Comme pour Alice in Chains, Soundgarden a été catalogué un peu rapidement et un peu facilement de grunge ; bien sûr l'album est sorti en pleine période grunge, bien sûr le groupe était originaire de Seattle mais mettre une étiquette grunge à Soundgarden est fort réducteur (même s'il y a évidemment des influences et des connections avec des groupes comme Nirvana ou Mudhoney).
Cet
album est une vraie bombe sortie en 1991, du vrai métal alternatif,
on sent les influences indéniables de Black Sabbath et surtout de Led Zeppelin mais
des influences « modernisées », un son assez proche
parfois de celui d'Alice in Chains, musicalement ça apporte quelque
chose de nouveau, c'est à la fois lourd et puissant (même quand le rythme s'accélère Soundgarden garde une énergie qu'on qualifiera volontiers de pesante), c'est compact,
cohérent, d'un bloc, où chaque musicien est là où il doit être, tel un ensemble d'abord au service du collectif.
Et
puis bien sur il y a la voix assez époustouflante de Chris Cornell, qui
semble souvent à la limite quand il la pousse au maximum mais qui
s'avère redoutable (malheureusement il nous a quitté fin 2017).
Que
des bons morceaux sur ce premier grand disque de Soundgarden, que
des titres qui accrochent.
Difficile
d'en sortir un du lot car il n'y a quasiment aucun temps faible (j'ai
malgré tout une petite préférence pur « Jesus christ poses », « Searching with good eye closed » et bien sur les trois
titres qui ouvrent l'album et qui donnent le ton (« Rusty
cage », « Outshined » et « Slaves et
bulldozer »). C'est clairement novateur par rapport à ce que ce qui se faisait dans les années 80 y compris dans le métal même si bien sûr en 1991 Nirvana avait déjà sorti Bleach mais dans un relatif anonymat et en cette année là la vague grunge était encore balbutiante et confidentielle. Comme si les eighties n'avaient pas existé et qu'on revenait aux vrais bases du rock (attention loin de moi l'idée qu'il n'y a rien eu de bon dans les années 80 !!).
On
peut également citer « Drawing files » avec son côté boogie, un rock
virevoltant avec de très bons cuivres.
Pour
moi c'est le meilleur album du groupe, meilleur que le suivant
« Superunknown », davantage renommé mais essentiellement connu pour son méga tube, la ballade « Black hole
sun » .
En
tout cas l'un des groupes les plus intéressants des années 90 et
qui a su apporter quelque chose de nouveau à ce qu'on pourrait
appeler faute de mieux "métal alternatif", tout en gardant les bases des pionniers ; on peut même dire qu'après la
première vague du hard rock de 69/70 puis celle de la N.W.O.B.H.M du
début des années 80, celle des années 91/94 avec en premier lieu Alice in chains et Soundgarden puis à un degré moindre Machine Head et Korn a contribué à
renouveler et à apporter quelque chose de neuf au métal. Et assurémment dans ce renouvellement salutaire Soundgarden occupe une place majeure.
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