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samedi 9 janvier 2021

Tangerine Dream : Encore


Alors que le succès de Tangerine dream ne cesse de croitre en Europe , Stratosfear lui ouvre les portes de l’Amérique. Ces ambiances plus chaleureuses et son instrumentation plus traditionnelle ont sans doute rassuré une Amérique terre à terre. Même à l’époque du psychédélisme , l’Amérique fut toujours moins excentrique que sa voisine Anglaise. The Byrds , Mike Bloomfield , Country joe and the fish , tous les américains tombés dans le psychédélisme ont gardé de solides racines blues , folk , ou country.

Rassuré par les arpèges d’Edgard Froese et des percussions plus présentes, le pays du blues se laisse enfin séduire par l’avant-garde teutonne. Hollywood vient d’ailleurs taper à la porte de Tangerine dream. Nous sommes en 1977 , le punk déferle sur le monde , et un jeune réalisateur surfe sur le succès de son premier film. Après avoir traumatisé une génération avec le réalisme quasi documentaire de l’exorciste , William Friedkin a réalisé le trop méconnu french connexion.

L’exorciste est le plus bel exemple de symbiose parfaite entre un film et sa bande son , au point que tubular bells semble avoir été écrit pour illustrer ses images horrifiques. Quand William Friedkin contacte Tangerine Dream , aucune scène du film dont il demande la bande son n’a été tournée. Il apporte donc le script de son projet, et les allemands produisent sa musique en 6 semaines. Lorsque le réalisateur est convoqué dans un hôtel Parisien, pour découvrir le résultat, il est ravi. Sa satisfaction est telle que, alors que la plupart des réalisateurs ajoutent la musique après avoir tourné les scènes, Friedkin diffuse les morceaux pendant le tournage.

Malheureusement, sorcerer n’aura pas le même succès que l’exorciste, et la BO écrite par Tangerine dream devra se contenter d’une petite place dans les charts anglais. Suite à ce relatif échec, le groupe décide d’immortaliser sa tournée américaine d’aout 1977. Cette fois ci, il ne s’agira pas d’un faux live, d’une œuvre composée avec des fragments de prestations scéniques. Toujours soucieux de ne pas jouer deux fois la même chose, Tangerine dream improvise une nouvelle fresque électronique.

L’album « encore » est composé de prestations effectuées en Amérique du nord, où le groupe a testé un nouveau light show. Le laserium Light show donnait vraiment l’impression que ces musiciens conduisaient un engin venu d’une autre planète. Plus précis que leur ancien matériel, ce système formait des images d’un réalisme saisissant, mais les machines chauffaient comme des gros fours lumineux. Très à cheval sur la sécurité, les autorités américaines  obligèrent le groupe à se doter d’un système de refroidissement particulièrement couteux. 

Si les bénéfices n’étaient pas au rendez-vous , « encore » montre un groupe en plein âge d’or artistique. Cet album poursuit le virage esquissé sur stratosfear, c’est une musique légère et souvent lyrique. Quand deux notes synthétiques lancent un crescendo trippant, la batterie leur offre une réplique plus humaine. Instrument clef de cette musique mélodique, le mellotron crée des nuages de plus en plus somptueux, des décors aux traits pleins de finesse.

Cette musique accroche l’oreille comme un tube pop, tout en gardant cette atmosphère si particulière, que Tangerine Dream ne cesse de redéfinir. Sa musique est ici plus lumineuse et pure que jamais, le trio a atteint une symbiose parfaite. Cette beauté a pourtant déjà disparu quand le disque atterrit dans les bacs des disquaires.

Après avoir mixé « encore » , Peter Baumann quitte un groupe dans lequel il commençait à se sentir à l’étroit. Selon lui, Tangerine dream n’était pas un groupe, mais le combat de trois égos luttant pour imposer leurs vues. De cette lutte est née une série de mondes nouveaux , que le groupe ne retrouvera jamais plus.      

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