Le clavier danse sur un funk endiablé, la basse invente un groove satanique, et Eric Bloom envoie un refrain à faire jubiler tous les démons de l’enfer. La tournée en compagnie de Black sabbath venait à peine de s’achever, les buchers allumés par ces prêtres du heavy rock étaient encore chauds, et Fire of unknow origin débarquait déjà dans les bacs des disquaires. Placé en ouverture de l’album, le morceau titre n’était au départ qu’une sombre ballade issue des séances de agents of fortune. Sous la houlette de Martin Birch , brillant mage ayant animé la carcasse du cultosaurus erectus , le cult transforme ce rebut en messe groovy.
Dès la pochette , le cult annonçait son retour dans un univers plus sombre , un mysticisme plus grave et menaçant. Fire of unknow origin est surtout le disque d’un groupe prêchant pour deux chapelles. La première , à mi-chemin entre le cirque choc rock d’Alice Cooper et le blues horrifique des premières heures du noir sabbath , essaie de ramener les brebis égarées du heavy metal dans le droit chemin du rock n roll. A l’image du suffocant « Veteran of the psychic wars » , le clavier se fait lourd , la mélodie est menaçante comme un ciel d’orage.
Dans ce décor, la batterie
imprime un martellement à la puissance assommante, laissant la guitare
enflammer ces cryptes heavy rock à coup de riffs incandescents. Les résistants
du Blue oyster cult reprennent place à la frontière entre le rock et les
violences barbares des heavy métalleux. Des titres comme le bien nommé heavy metal
affrontent les sauvages tels que Judas Priest sur leur propre terrain, montrent
que le rock peut aussi déboucher les oreilles abimées par leurs gesticulations pathétiques.
Si les gamins demandent désormais des chevauchées électriques à se briser la nuque dans des saccades reconnaissantes, si ils veulent montrer leurs dévotions en reprenant en chœurs des refrains ésotériques, et bien le cult leur offre l’hostie capable de les convertir à son dogme. Loin de réciter les leçons des renégats de la nouvelle vague de métal britannique , le cult s’en sert pour décupler la puissance de riffs toujours aussi tranchants. Ce n’est pas encore sur Fire of unknow origin que le cult se lancera dans un assemblage de solos pompeux, ces riffs sont des charges carrées et destructrices, son rock est aussi épique que Murat lançant l’assaut sur la pauvre infanterie russe.
Swing ésotérique entretenu par une rythmique de plomb, le charisme du cult est souligné par des claviers accentuant la violence de ses envolées , ou soulignant la beauté sombre de ses mélodies
On en vient ensuite à la seconde facette de cet album, la recherche éternelle du compromis entre hard rock et pop. Sans retomber dans la niaiserie de Mirrors, des titres comme Burnin for you montrent un groupe luttant pour rester au sommet des charts. Comme sur cultosaurus erectus, la production massive de Martin Birch permet au cult de soigner ses friandises hard pop sans perdre la puissance de son heavy rock.
C’est aussi cette production qui relie ces titres très variés entre eux. Il y’a un monde entre le déchainement sanguinaire de « heavy metal » , et un hymne de stade tel que « vengeance ». Chaque titre est comme une icône décorant une imposante cathédrale, une série d’œuvres à l’ambiance distincte mais voué au même culte.
Finalement, ce que les dévots représentés sur la pochette regardent avec tant de gravité, c’est la disparition d’une époque en train de s’éteindre. Ce que ce « feu d’origine inconnue » emmène dans l’au-delà, c’est le souvenir d’une décennie révolue.
Cet album brûle les
gimmicks des années 70 dans une grande procession fêtant l’avènement d’une
nouvelle ère. Avec cette réussite, la secte de l’huitre bleue annonce que les
eighties commencent sur le clavier flamboyant ouvrant ce Fire of unknow origin.
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