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dimanche 21 février 2021

Blue Oyster Cult : Revolution by night


 

Après Albert Bouchard , c’est Martin Birch qui abandonne le cult. Le producteur préfère s’occuper des désormais plus populaires Iron Maiden, plutôt que de tenter de maintenir à flot un groupe en pleine déroute. Pour remplacer son producteur ,  le cult choisit Bruce Fairbairn , qui signe avec eux sa première grosse production. Privé des talents d’écriture d’Albert Bouchard , le cult doit aussi demander les services de plusieurs compositeurs. Voici donc notre gang de héros du heavy blues occulte transformé en interprète. Comme souvent dans ces cas-là , le matériel qu’il obtient est assez disparate , chacun greffant ses propres délires à l’univers du culte.

Le résultat est un puzzle incohérent, une série de pièces sans rapport que Fairbairn relie grâce à une production très pop. Le producteur a sans doute voulu creuser le sillon de la variété rock, qui fait un tabac depuis que Scorpions a abandonné Uli John Roth. Europe , Bon Jovi , Toto , tous sont les égéries sordides d’un rock sans substance , d’une variété à guitares des plus creuses. Fairbairn est sans doute le seul qui ait atteint son objectif, c’est d’ailleurs ce que les fans du cult ne manqueront pas de lui reprocher.

Shooting shark a beau avoir été écrit par Patti Smith, la mollesse de sa mélodie rejoint le sentimentalisme ridicule des pires divas pop. Si Shadow of California renoue un peu avec le futurisme agressif de cultosaurus erectus , ce n’est qu’un rayon de lumière dans un album aussi terne que sa pochette noire et blanche. La modernité voulue par Fairbairn est une cage sur laquelle le cult se casse les griffes. Ses riffs se noient dans les ronronnements de synthés mielleux , étouffent derrière la grandiloquence surjouée de refrains ridicules. Les pires passages flirtent avec la légèreté creuse de mirrors , les quelques tentatives de réinventer l’ésotérisme futuriste de l’album précédent sont noyées dans un production trop léchée. 

Le plus sympathique passage de l’album se situe dans ce let go , qui parvient à rappeler la puissance des premiers albums , sans réellement parvenir à l’égaler. Ne sachant plus quelle voie suivre, le cult semble faire l’inventaire de ses exploits passés , le résultat tient plus de la caricature que de la réinvention. Plongé dans une époque qui n’est plus la sienne, privé du seul producteur capable de moderniser sa musique, le cult se noie dans les standards d’une époque de décadence.

Cultosaurus erectus et Fire of unknow origin n’étaient donc qu’un sursis, le dernier grognement d’un vieux lion refusant de perdre le contrôle de sa meute hard blues. Cette même meute n’existe déjà plus, Fairbairn appliquera d’ailleurs ensuite ses sombres plans aux ex Deep purple de Whitesnake. Dernier morceau de l’album, light years love est donc le dernier râle  d’une scène agonisante.

On peut essayer de trouver, dans les mélodies gluantes de Revolution by night , deux ou trois titres qui justifieraient que l’on s’inflige encore une telle daube en 2021. La difficulté de cette recherche ne fait que prouver que cet album fait partie de ces échecs que l’histoire préfère oublier.      

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